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Révolution à Kiev ou guerre des blocs ?

samedi 22 février 2014, par Robert Paris

Révolution à Kiev ou guerre des blocs ?

Les forces de l’ordre ont commencé à massacrer à Kiev et, évidemment, on ne peut que dénoncer cet assassinat programmé au plus haut niveau de l’Etat ukrainien avec la complicité et le soutien de la Russie. Cependant, on ne peut pour autant faire croire que l’objectif des manifestants soit la libération de la population ukrainienne d’un quelconque joug antidémocratique russe. Il faut plutôt remarquer que l’Ukraine est divisée, une fraction de la bourgeoisie ukrainienne faisant plutôt ses affaires avec l’Europe et l’autre partie plutôt avec la Russie. Comme par hasard, les prises de positions pro ou anti russes, pro ou anti signature d’un accord commercial avec l’Europe ou avec la Russie recouvrent exactement les intérêts contradictoires de la bourgeoisie ukrainienne. Donc, loin de recouvrir les intérêts populaires ukrainiens, la base du conflit à l’intérieur est fondé sur les intérêts des classes dirigeantes.

D’autre part, on constate que la Russie n’est pas la seule impliquée dans la dérive sanglante car l’Europe, elle aussi, y a poussé, refusant tout compromis avec le pouvoir et poussant les manifestants à croire qu’ils allaient avoir le soutien de l’Europe s’ils menaient un affrontement direct.

L’Ukraine menace donc d’être la nouvelle Syrie, une nouvelle région où les deux camps impérialistes du monde (d’un côté les anciens impérialismes dont les USA, l’Europe et le Japon et de l’autre les nouveaux dont la Russie, la Chine et l’Inde) s’affrontent de manière indirecte pour le moment, en préparant de plus en plus le jour où, du fait de l’aggravation de la crise économique, ils décideront de s’affronter directement.

Comme d’habitude, chaque camp développe les mêmes arguments : qui est l’agresseur, qui veut le compromis, qui est dans son bon droit, qui cherche à imposer ses vues, qui agit dans son seul intérêt, qui cherche la violence et chacun accuse bien entendu l’autre camp. En fait, on ne peut que rejeter dos à dos les deux camps, même si, en Ukraine même, l’un des camps possède le pouvoir d’Etat. En Syrie aussi, c’est Assad qui possède le pouvoir d’Etat mais on a bien vu que les forces impérialistes occidentales ont été capables d’aider à la mise en place d’un pouvoir d’Etat concurrent.

On n’en est pas encore là en Ukraine mais rien ne prouve que les USA et l’Europe n’attisent pas la guerre au point d’aider à la constitution de forces armées pro occidentales en Ukraine.
En tout cas, en Syrie, il est certain qu’elles le font. Les deux camps ont des forces armées directement sous leurs ordres sur place et commettent autant de crimes contre le camp adverse comme contre les civils que l’autre camp.

Entre deux camps impérialistes, les travailleurs et les peuples n’ont pas à choisir. Il n’y a pas un camp de la démocratie et un camp de la dictature. Il n’y a pas un camp de la révolution populaire et un camp de la répression.

En Ukraine comme en Syrie, on monte en épingle les morts provoqués par le pouvoir mais on cache les exactions de la soi-disant révolution. Bien sûr, la propagande est à l’œuvre. Des deux côtés, les média sont engagés. L’information n’a rien d’indépendante.

Si on lit les média occidentaux, on ignore même qu’une fraction de l’Ukraine bascule d’un côté et l’autre fraction de l’autre. On ignore que les puissances occidentales jouent la division. On ignore qu’elles font pression sur tous les pays qui entourent la Russie pour les faire basculer de leur côté, de même qu’elles font la même chose autour de la Chine.

On est déjà dans une nouvelle « guerre froide » qui n’attend qu’un signe, selon lequel le barrage artificiel des capitaux des banques centrales pour retarder la crise romprait, pour déclencher l’affrontement mondial. En attendant, on prépare les opinions publiques. On diffuse des horreurs sur la Corée du Nord. Une campagne est déclenchée aux USA contre la Chine et les produits chinois. On dénonce l’attitude de la Russie vis-à-vis de ses voisins.

Par contre, aucune campagne médiatique et politique pour dénoncer par exemple l’attitude de la France en Afrique !

Aucune campagne pour dénoncer les exactions des forces armées pro occidentales en Syrie, en Afghanistan, en Afrique, en Irak, etc…

On monte en épingle tout acte de la Russie, présentée comme belliqueuse mais on cache tous les actes des USA pour occuper la mer de Chine et mettre sous leur coupe les pays d’Europe de l’Est. On cache le plus possible en occident la nouvelle politique agressive et militariste du Japon qui réarme à toute vitesse et pratique le plus d’agressions possibles à l’égard de la Chine et de la Corée du nord.

Le fait que l’Europe et la Russie soient en ligne directe dans les négociations entre les manifestants ukrainiens et le pouvoir de Ianoukovitch montre bien qu’au-delà d’un conflit entre Ukrainiens, c’est bien un morceau du conflit mondial qui se déroule en Ukraine et qu’il ne suffit pas de prendre parti pour les pauvres manifestants assassinés pour comprendre ce qui se passe là et prendre position.

On ne peut certes pas plus prendre parti pour Ianoukovitch que pour Assad, même si le premier peut prétendre être un chef d’Etat légalement choisi, car ce sont des dictateurs sanglants mais on ne peut certainement pas créditer les anciens impérialismes de l’être moins. L’Afghanistan, l’Irak, la Côte d’Ivoire ou la Libye l’ont bien montré. Les anciens impérialismes, même s’ils dominent une grande partie du monde, n’ont rien de pacifiques, de démocratiques, n’agissent pas pour défendre les peuples ou les révolutions. Leur transformation de la révolution syrienne en guerre en a fait une véritable boucherie sans même faire tomber le dictateur Assad. En Lybie, leur intervention a fait tomber le dictateur Kadhafi que Russie et Chine ont eu des réticences à soutenir mais ces deux puissances ont ensuite regretté d’avoir laissé les impérialismes occidentaux à la manoeuvre, constatant que cette guerre se déroulait d’abord contre eux. Quant au peuple libyen, il a été volé de sa révolution et n’a nullement constaté que la victoire occidentale en Lybie n’était en rien une victoire pour le peuple libyen.

Il en va de même en Ukraine : les puissances occidentales ne sont pas des libérateurs. Le fait que les manifestants se réclament ouvertement de ces puissances n’est en rien un gage que cette prétendue révolution en soit une. Ce n’est pas au nom d’un pouvoir exploiteur et oppressif que l’on mène une révolution !

Côté média occidentaux, on met en avant de plus en plus le nombre de manifestants morts et blessés sans le plus souvent indiquer qu’il y a presque autant de morts et blessés de l’autre côté.

Il est clair que les affrontements qui ont lieu aux quatre coins de la planète vont de plus en plus engager les deux blocs l’un contre l’autre et servir à faire pression sur les opinions publiques en les poussant à prendre parti pour un camp impérialiste contre l’autre. Cette préparation à la prochaine guerre mondiale doit être fermement combattue. Nous n’avons aucune raison de soutenir nos exploiteurs, aucune raison de les croire blancs de tous les crimes en attribuant ceux-ci uniquement à leurs adversaires. La France, l’impérialisme qui a organisé le génocide rwandais, n’a aucune leçon à donner à personne. Ses interventions en Afrique, en Afghanistan ou en Libye n’ont libéré aucun peuple. Nous n’avons aucune confiance à leur accorder dans leur intervention en Ukraine ou ailleurs !

Il n’est pas vrai que l’on doive prendre parti soit pour les puissances occidentales soit pour la Russie et la Chine !

Il n’est pas vrai que les classes ouvrières et les peuples doivent se jeter dans les bras de leurs exploiteurs et oppresseurs comme s’ils étaient leurs sauveurs.

Bien sûr, les peuples ukrainien ou russe n’ont nullement en Poutine un défenseur de leurs intérêts mais pas plus ni moins qu’Hollande n’est défenseur des prétendus intérêts du peuple français ou ukrainien et de même pour Cameron, Merkel ou Obama.
N’oublions pas que ce sont les dirigeants occidentaux qui nous ont vendu l’idée que les dirigeants actuels russes et chinois étaient devenus des défenseurs de la liberté du marché et donc de bons interlocuteurs commerciaux et politiques, qu’ils avaient rompu avec l’ancien stalinisme pour se tourner vers la démocratie. Cette fable, même les USA l’ont vendue pour une Chine qui maintient un parti unique prétendument communiste et une interdiction complète de tout droit syndical pour la classe ouvrière sans même parler du plus grand goulag du monde. Mais ce n’est pas sur ces questions que les chefs des grandes puissances prétendent réagir mais pour imposer que des îles proche de la Chine et possédant des sous-sols pleins d’hydrocarbures leur reviennent plutôt qu’à la Chine ! En Ukraine, de même, ce n’est pas le caractère dictatorial ou pas du régime qui les préoccupe mais le fait que l’Ukraine signe un accord commercial avec l’Europe plutôt qu’avec la Russie. L’Europe souligne les pressions russes mais oublie gentiment les pressions européennes…

Ces grandes puissances occidentales s’entendent avec les dirigeants russes ou chinois quand cela les arrange et leur déclarent la guerre aussi quand cela les arrange et leurs motivations n’ont absolument rien à voir avec les intérêts des peuples.

La seule qui ait une perspective autre que choisir un des deux camps impérialistes.

L’absence d’une organisation internationale des travailleurs fait certes cruellement défaut mais il est clair que si elle existait, elle affirmerait rejeter également les deux camps et proposer, comme alternative à l’effondrement mondial violent qui se prépare, l’union des prolétaires de tous les pays contre toutes les bourgeoisies impérialistes du monde, qu’elles soient anciennes ou nouvelles !

Alors, en Ukraine comme ailleurs, la seule vraie révolution est celle qui vise le pouvoir aux travailleurs et qui réaffirme que les travailleurs n’ont comme patrie que le socialisme !

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Messages

  • Déclaration sur la situation en Ukraine du Syndicat Autonome des Travailleurs de KIEV, 19 février 2014 :

    La guerre civile a commencé hier en Ukraine. Une manifestation pas si pacifique s’est confrontée aux forces de défense de l’Etat et à des divisions formées par les partisans de l’actuel gouvernement à côté de la Vekhovna Rada (Parlement). Le 18 février, la police, ainsi que des paramilitaires, ont commis un bain de sang dans le quartier gouvernemental au cours duquel de nombreux manifestants ont été tués. Les bouchers des divisions spéciales ont achevé des personnes arrêtées. Les députés du parti au pouvoir, le Parti des Régions, et leurs laquais bourgeois du Parti "Communiste" d’Ukraine ont fuit le parlement par un tunnel sous-terrain. Le vote d’amendements constitutionnels, dont le but était de limiter le pouvoir présidentiel, n’a pas pu avoir lieu. Après leur défaite, les manifestants se sont retirés à Maidan. A 18 heures, le ministère des affaires intérieures et le Bureau de la Sécurité Interne (BSI) ont déclaré un ultimatum aux manifestants, leur demandant de se disperser. A 20 heures, les forces de police spéciales et les paramilitaires, équipés de canons à eau et de véhicules blindées, ont commencé leur raid contre les barricades. La police, les divisions spéciale du BSI, ainsi que les troupes pro-gouvernementales, ont utilisé leurs armes à feu. Cependant, les manifestants ont réussi à incendier un véhicule blindé de la police, et on s’est rendu compte que les forces gouvernementales n’étaient pas les seules à avoir des armes. Selon le communiqué publié par la police (le 19 février à 16 heures), 24 personnes ont été tuées : 14 manifestants et 10 policiers. 31 policiers ont été blessés par balles. Même si leur estimation du nombre de pertes du côté de la police est réel, celui des victimes parmi les manifestants est clairement minimisé. Les soignants de Maidan cite au minimum 30 tués.

    On a l’impression que le président Yanoukovich était certain que dans la matinée, la résistance serait écrasée, et c’est ainsi qu’il a arrangé une rencontre avec les leaders de l’opposition le 19 février à 11 heures. Comme les négociations n’ont pas eu lieu, on peut conclure que le plan du gouvernement a été un échec. Lors de l’opération qui a échoué de nettoyer Maidan , les citoyens de plusieurs régions occidentales ont occupé les bâtiments administratifs et repoussé la police. A ce moment, la police, en tant qu’institution, n’existe pas à Lvov. Selon le BSI, les manifestants ont pris possession de 1500 armes à feu. En moins de 24 heures, le gouvernement a perdu le contrôle d’une partie du pays.

    Actuellement, la seule solution pourrait être la démission du président, mais cela signifierait que lui, sa famille, et leurs nombreux acolytes et vassaux, qui forment le plus grand groupe dans le gouvernement au pouvoir, perdraient leurs sources de profits. Et il est probable qu’ils ne l’accepteront pas.

    En cas de victoire de Yanoukovich, il deviendra dirigeant à vie et le reste de la population sera condamnée à une vie où elle devra subir la pauvreté, la corruption et l’abolition des droits et libertés. Les régions rebelles font actuellement l’expérience de la restauration de "l’ordre constitutionnel". Et il n’est pas improbable que la répression des "groupes terroristes" en Galicie aura le caractère d’une épuration ethnique. Les fous extrémistes orthodoxes du Parti des Régions considèrent, depuis longtemps, les catholiques grecs comme les défenseurs de "l’Europe de Sodom". Une telle "opération anti-terroriste" sera menée avec l’aide de l’armée comme l’a annoncé Lebedev, le ministre de la défense.
    Aujourd’hui, l’Ukraine vit une tragédie, mais la véritable horreur commencera lorsque le gouvernement aura briser l’opposition et "stabiliser" la situation. Les signes de la préparation d’une opération de nettoyage de masse sont devenus visibles dès début février avec des poursuites criminelles à l’encontre des divisions d’auto-défense de Maidan en tant de formations militaires illégales. Selon l’article 260 du Code Criminel, les membres de telles divisions sont passibles de 2 à 15 ans de prison. Cela veut dire que le gouvernement prévoit de mettre plus de 10.000 citoyens derrière les barreaux. Dans les régions, comme dans la capitale, des escadrons de la mort agissent comme supplétifs des forces de police habituelles. Par exemple, un tel escadron de la mort, qui se fait appelé "les fantômes de Sébastopol" a revendiqué d’avoir brûlé vif un militant de Maidan originaire de Zaporijia. Ils ont annoncé qu’ils étaient près à faire subir le même traitement à des participants de Maidan à l’Est.

    En cas de victoire de l’opposition, la vie sera aussi loin d’être parfaite. Même si les fascistes forment une minorité des manifestants, ils sont particulièrement actifs et ne sont pas les moins bien armés. Après quelques jours de trêve à la mi-février, des conflits entre groupes de droite ont conduit à plusieurs affrontements violents ainsi qu’à des agressions contre des "hérétiques" idéologiques. Derrière les fascistes, les anciens membres expérimentés de l’opposition font aussi tenter de prendre le pouvoir. Parmi eux, ils sont nombreux à avoir travaillé au sein du gouvernement et ne sont pas étrangers à la corruption, au favoritisme et à l’utilisation de fonds publics pour leurs intérêts personnels.
    Les "concessions" que l’opposition demande au parlement sont pitoyables. Même la constitution de 2004, qu’ils veulent rétablir, donne trop de pouvoir au président (le contrôle de la police anti-émeute et des forces spéciales n’est qu’un exemple), et le système électoral à la proportionnelle, avec des listes fermées, met le parlement entre les mains de leaders dictatoriaux qui peuvent être comptés sur les doigts d’une main. Avec le président, ils dirigeront sans la moindre limite.

    La seconde revendication, la mise en place d’un cabinet de ministres composés des leaders de l’opposition, est tout aussi honteuse. Est-ce que les gens risquent leur santé, leur liberté et leur vie pour que quelqu’un devienne premier ministre et que quelqu’un d’autre puisse profiter des flux monétaires de la corruption ? C’est la conclusion logique des discours pathologiques sur "la nation" et la défense des même structures verticales des politiciens haïs au lieu de développer des organisations de base pour la défense des intérêts financiers et matériels. C’est la principale leçon que doit apprendre Maidan. Mais cette leçon ne pourra être apprise en pratique que si l’actuel gouvernement perd la bataille.
    L’opposition, au sein comme à l’extérieur du parlement, est divisée entre de multiples fractions hostiles. En cas de victoire, son régime sera instable et manquera de cohérence. Il sera tout aussi bourgeois et répressif que celui du Parti des Régions avant sa première épreuve de force en novembre contre les manifestants.

    La responsabilité de sang versé revient aussi en partie à l’Union Européenne qui reçoit volontiers l’argent des salauds corrompus d’Ukraine, de Russie et de plusieurs pays d’Afrique, en négligeant l’origine de tels "investissements". Ce n’est qu’après avoir vu les corps des victimes de ces "investisseurs" qu’ils versent des larmes de crocodiles sentimentales et humanitaires.

    Ce n’est pas notre guerre, mais la victoire du gouvernement sera une défaite pour les travailleurs. La victoire de l’opposition n’annonce, elle aussi, rien de bon. Nous ne pouvons pas appeler le prolétariat à se sacrifier pour le bien et les intérêts de l’opposition. Nous pensons que la participation aux affrontement est une question de choix personnel. Cependant, nous encourageons à refuser de servir dans les forces militaires contrôlées par Yanoukovich et à saboter par tous les moyens possibles les actions du gouvernement.

    Ni dieu, ni maître, ni nations ni frontières !

    Organisation de Kiev du Syndicat Autonome des Travailleurs

  • L’Ukraine, prise entre deux feux

    L’Ukraine n’est pas loin d’être coupée en deux, entre pro et anti européens qui sont, bien entendu, anti ou pro russes. Et l’affrontement est fortement encouragé d’un côté par les USA et l’Europe (qui parlent maintenant de sanctions contre le gouvernement ukrainien) et de l’autre par la Russie. Au départ, il y avait juste une proposition d’accord économique entre l’Ukraine et l’Europe, cette dernière prétendant s’entendre parfaitement avec les dirigeants actuels ukrainiens. Ensuite, l’Europe a protesté auprès de la Russie contre des pressions que celle-ci aurait exercées pour faire échouer l’accord. La Russie aurait proposé un accord économique plus intéressant. En fait, il s’avérait surtout que les accords européens étaient dirigés contre la Russie et l’accord avec la Russie contre l’Europe. Les deux étaient donc du même type : des accords exclusifs et des accords en vue d’un affrontement. Rien d’étonnant qu’on en arrive donc à l’affrontement puisqu’il est voulu des deux côtés.

    L’Ukraine n’est pas la seule des pays de l’Est à avoir choisi l’accord russe plutôt que l’européen mais par exemple la Moldavie fait moins de bruit car l’enjeu est bien moins important économiquement et politiquement pour le camp occidental. Du coup, le bras de fer a lieu seulement avec l’Ukraine et il se déroule côté occidental comme un combat pour la défense de la démocratie contre un gouvernement dictatorial, le même gouvernement qui serait considéré comme parfaitement démocratique s’il signait avec l’Europe…

    Du côté occidental, le discours est le suivant : « Si l’Europe offre un accord à l’Ukraine, c’est de la libre concurrence, si c’est la Russie ce sont des pressions inadmissibles et si le gouvernement ukrainien fait jouer la concurrence entre les deux, c’est du chantage. »

    Ce n’est pas spécialement en Ukraine que les deux camps s’affrontent. Tous les pays de l’Est sont également objets de pressions des deux côtés. Il n’y a pas un camp bien intentionné, intervenant pour des motifs démocratiques, purement fraternels et un camp antidémocratique et impérialiste. Les deux camps veulent exactement la même chose : dominer la région. La Russie essaie de conserver sa zone d’influence autour d’elle. Les USA et l’Europe essaient de la contester et d’entourer la Russie de nations hostiles.

    Autrefois, quand les impérialismes occidentaux menaient ce type d’actions et de pressions, c’était à cause de la « guerre froide » mais maintenant que tout le bloc de l’Est, y compris la Russie et également la Chine participent au marché mondial, ils sont concurrents des précédents et la lutte économique et politique se mène avec tous les outils, y compris des manifestations populaires.

    Et côté Ukrainien, qu’est-ce qui motive la division en deux camps ? Une petite moitié de l’Ukraine commerce davantage avec l’Europe et une grande moitié commerce davantage avec la Russie qui est également fournisseur d’énergie et consommateur de produits agricoles. D’autre part, les classes dirigeantes ukrainiennes ne voient pas d’un mauvais œil que la population soit polarisée violemment par une autre question que la situation sociale, que la lutte contre les classes dirigeantes. En somme, les masses populaires devraient se diviser entre ceux qui soutiennent telle fraction des classes dirigeantes et ceux qui soutiennent telle autre. Par contre, personne ne propose d’unir les travailleurs et les masses populaires contre tous ces profiteurs, et ces politiciens tous aussi liés aux capitalistes locaux comme étrangers. Tous ces bonimenteurs n’ont que l’intérêt du pays à la bouche mais tous sont dans des calculs pour trouver le camp qui leur profitera le plus.

    En attendant, en Ukraine comme dans le reste du monde, on attise des motifs d’affrontements entre le bloc Russie-Chine et le bloc USA-Europe-Japon, entre nouveaux pays capitalistes et anciens. Le partage du monde, voilà qui a justifié toutes les guerres mondiales et cette fois encore c’est la crise du système qui décidera du moment.

    Plus que jamais, il ne s’agit nullement dans ces affrontements de défendre la démocratie ou la liberté des peuples mais de défendre les intérêts d’une poignée de profiteurs.

    Nous n’avons pas à choisir, en Ukraine comme ailleurs, entre un camp pro-européen et un camp pro-Russe. Ce n’est pas une question de démocratie, l’Occident étant censé défendre la démocratie. Car Poutine ne défend pas plus la démocratie en Tchétchénie, que la Chine chez les Ouighours ou la France en Centrafrique ou les USA en Afghanistan ou en Irak. La domination et l’exploitation du monde, voilà la seule motivation de la classe capitaliste mondiale, qu’elle s’entende ou qu’elle ne s’entende pas entre elle. La seule capable de mettre tout ce joli monde d’accord, c’est la classe ouvrière mondiale. Et elle seule peut en finir avec un monde capitaliste qui place l’humanité sans cesse au bord du gouffre ! Nous n’avons pas à attendre les bras ballants que l’effondrement financier décide les classes dirigeantes et les hommes politiques à leur service à rejeter l’humanité dans la boucherie. Il faut ôter aux capitalistes les rênes de la direction de la société et c’est seulement la classe ouvrière, à la tête de toutes les couches populaires, qui est capable de le faire.

    A bas les discours mensongers sur l’Ukraine, sur l’Europe, sur la démocratie ! A bas tous les discours belliqueux qui présentent les pays de l’autre camp comme des ennemis ! Les travailleurs sont tous des frères ! Leur préparation à la guerre mondiale ne doit pas nous influencer et nous empêcher de développer nos propres perspectives de classe : la république des conseils de travailleurs à l’échelle planétaire.

  • La subordination de l’Ukraine est l’une des ambitions géostratégiques de longue date de l’impérialisme allemand, qui remonte à la Première Guerre mondiale. La politique actuelle agressive de l’Allemagne à l’égard de l’Ukraine coïncide avec un renouveau du militarisme allemand. Lors de la récente Conférence sur la sécurité à Munich, de haut responsables allemands ont affirmé que le temps est venu pour Berlin d’abandonner les limites et restrictions d’après-guerre qui lui avaient été imposées concernant l’usage de la force militaire.

    Depuis plus de vingt ans, soit depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, l’’impérialisme américain poursuit sans relâche une stratégie consistant à affaiblir et isoler la Russie. Depuis les guerres en Yougoslavie de 1990, Washington encourage et soutient les prétendues révolutions colorées dans les anciennes républiques soviétiques. Il a envahi l’Afghanistan pour établir une base d’opération en Asie centrale et cherché, par des sanctions et des menaces militaires, à mener un changement de régime en Iran et en Syrie, meilleurs alliés de la Russie au Moyen-Orient.

    La capacité de l’impérialisme à intervenir agressivement est la conséquence directe de la dissolution de l’URSS, de la restauration du capitalisme et de l’ouverture des anciennes républiques soviétiques au pillage des corporations transnationales mondiales. En s’opposant à l’intervention impérialiste actuelle en Ukraine, il ne faut accorder aucun soutien politique à Yanukovitch ou au président russe Vladimir Poutine, qui représentent des oligarques avides et corrompus, qui se sont enrichis aux dépens de la classe ouvrière.

    L’unique force sociale capable de s’opposer aux intrigues impérialistes, aux menaces militaires et à la course à la guerre, est la classe ouvrière. Il faut commencer par rejeter toutes les formes de nationalisme et mener une lutte politique pour unifier les travailleurs d’Ukraine avec leurs frères et sœurs de classe à travers toute l’Europe, la Russie et internationalement. Cela exige une lutte commune pour abolir le système capitaliste en faillite et établir une économie mondiale planifiée qui réponde aux besoins sociaux urgents de tous. WSWS

  • A Sébastopol, ville du sud de l’Ukraine qui héberge la flotte russe de la mer Noire, quelque 10 000 personnes se sont rassemblées dimanche pour dénoncer à l’appel de mouvements pro-russes "les fascistes [qui] ont pris le pouvoir à Kiev".

  • Une fois encore, en Ukraine, après la Syrie, la Tunisie, le Mali, l’Egypte, la Yougoslavie, l’Algérie et la Côte d’Ivoire, ce sont les classes dirigeantes qui transforment leur faillite sociale et économique, la crise politique de la domination de la bourgeoisie, en luttes internes, en guerre entre les civils quand ce n’est pas en guerre tout court et demain en guerre mondiale.

  • L’Ukraine bourgeoise en faillite...

    L’Ukraine se trouve au bord d’un défaut de paiement, a déclaré dimanche 23 février le président par intérim Olexandre Tourtchinov dans une adresse à la nation.

    "L’Ukraine est en train de glisser dans le précipice, elle est au bord d’un défaut de paiement", a déclaré M. Tourtchinov, dénonçant la gouvernance du président déchu Viktor Ianoukovitch et de son premier ministre Mykola Azarov, qui ont "ruiné le pays".

    Un tel défaut de paiement est assez prévisible. En effet, l’économie du pays est sous perfusion, et comptait jusqu’à récemment sur des emprunts russes. En décembre, Moscou a promis de prêter 15 milliards de dollars, et a déjà versé 3 milliards, à rembourser sous deux ans avec un taux d’intérêt de 5%. "Ces 15 milliards auraient permis de couvrir les besoins de trésorerie jusqu’aux élections présidentielles jusqu’à alors prévues en mars 2015", relève Moody’s.

    Mais, au vu des événements, Moscou n’a pas versé les deux tranches suivantes de 2 milliards chacune, attendues respectivement en janvier et mi-février.
    Dévaluation en vue

    Problème : selon Standard & Poor’s, il y a 13 milliards de dollars de dettes à rembourser en 2014, si l’on additionne la dette souveraine, celle de la banque nationale, et celle de Naftogaz, la compagnie publique de gaz.

    L’agence de notation ajoute que les réserves de change du pays ont chuté de 20,4 à 17,8 milliards de dollars entre décembre et janvier, soit 2,6 milliards en un mois... La banque nationale a notamment dépensé 1,7 milliard de dollars de réserve de change durant le seul mois de janvier pour défendre la monnaie nationale. "La probabilité d’une dévaluation forcée s’accroît significativement", estimait Standard & Poor’s vendredi.

  • L’Algérie bascule du côté de la Chine, l’Egypte du côté de la Russie, la France mène des guerres en Afrique pour combattre la Chine, l’Europe fait basculer l’Ukraine de son côté (l’Allemagne faisant la loi dans le nouveau pouvoir) contre la Russie, les deux blocs s’affrontent en Syrie, la Chine et l’Iran on choisi le camp Russie-Chine et subissent des pressions de l’autre camp, Japon (militairement soutenu par les USA) et Chine s’affrontent en mer de Chine, etc, etc… Le monde est à la confrontation entre les blocs….

  • Le ton monte à Moscou alors que l’Allemagne triomphe....
    « Si on considère que des gens qui se baladent dans Kiev avec des masques noirs et des kalachnikovs sont le gouvernement, alors il nous sera difficile de travailler avec un tel gouvernement », a lancé le premier ministre, Dmitri Medvedev. Dans la foulée, le chef du gouvernement russe a jugé « aberrante » la reconnaissance, par l’UE, la Pologne, la France, l’Allemagne et les États-Unis, du nouveau pouvoir exécutif. « Nous ne comprenons pas ce qui se passe là-bas, il y a une véritable menace pour nos intérêts, la vie et la santé de nos citoyens », a encore affirmé Medvedev. L’ambassadeur russe en Ukraine a été rappelé à Moscou.

  • La pression monte en Ukraine. Alors que des soldats russes ont été déployés en Crimée, une région ukrainienne proches de la Russie, les Etats-Unis ont haussé le ton vendredi, à quelques heures du premier conseil des ministres du nouveau gouvernement ukrainien ce samedi.

    « Nous sommes profondément inquiets au sujet d’informations sur des mouvements de troupes entrepris par la fédération russe en Ukraine », a déclaré le président américain Barack Obama, évoquant, sans en dire plus, « un coût à toute intervention militaire en Ukraine ». Les autorités ukrainiennes de transition estiment elles que 2000 militaires russes ont été aérotransportés sur un aéroport militaire près de Simféropol, la capitale de cette région russophone.

    CNN a diffusé cette nuit des images de tanks russes arrivant à Sébastopol.

    L’impérialisme mondial amène le monde au bord du gouffre...

  • Le président russe Vladimir Poutine a obtenu samedi de son parlement l’autorisation qu’il demandait de pouvoir envoyer des forces armées en Ukraine alors que des hommes en armes ont pris le contrôle de la péninsule de Crimée et que des manifestations violentes se multiplient dans l’est du pays.

    En revendiquant le droit d’intervenir militairement dans l’ancienne république soviétique que Moscou considère comme appartenant à sa sphère d’influence, Poutine impose aux Occidentaux un bras de fer inédit depuis la Guerre froide.

    Cette décision fait suite à plusieurs journées au cours desquelles les Etats-Unis -y compris par la voix de Barack Obama- et les Européens ont mis Moscou en garde contre la tentation d’une intervention.

    A tous ces appels, le Kremlin a répondu en donnant l’assurance qu’il n’avait pas l’intention de s’embarquer dans une aventure militaire.

    Pratiquant un double langage, Poutine s’est assuré d’un rapide soutien du Conseil de la Fédération, la chambre haute du parlement, qui a autorisé le recours à la force armée sur le territoire ukrainien au nom de la sécurité des ressortissants russes. Le même motif avait été évoqué pour l’intervention en Géorgie en 2008.

    Poutine a justifié sa demande d’emploi de l’armée par "la situation extraordinaire en Ukraine, les menaces contre la vie de citoyens de la Fédération de Russie", mais aussi pour protéger la flotte basée en Crimée.

    L’autorisation accordée dans l’urgence par la chambre haute du parlement prévoit que la force pourra être utilisée "jusqu’à la normalisation de la situation socio-politique dans le pays".

    Vladimir Poutine, qui dispose désormais de "l’arsenal complet des moyens nécessaires pour résoudre la situation", selon les termes de son porte-parole, n’a pas encore pris sa décision concernant ce déploiement de troupes.

  • Et si la révolution de palais présidentiel en Ukraine déclenchait finalement une guerre ? Quelques jours après la chute de Viktor Ianoukovitch, le monde entier a les yeux rivés vers la Russie et la Crimée, cette région du sud de l’Ukraine où Vladimir Poutine songe à envoyer des soldats, au risque de faire basculer les deux pays dans un conflit armé.

    A bas la guerre des blocs impérialistes !

  • Le spectre d’une opération militaire russe plane au-dessus de l’Ukraine qui accuse la Russie de « déclaration de guerre ». Après le feu vert obtenu samedi par Vladimir Poutine auprès de son Parlement pour une intervention en Crimée, au sud du pays, les Occidentaux tentent de faire pression contre Moscou.

    L’Alliance atlantique a décidé de convoquer une réunion d’urgence des 28 ambassadeurs des pays membres de l’OTAN. Dès samedi, les Etats-Unis ont exigé de la Russie qu’elle replie ses forces déployées en Crimée, faute de quoi elle s’exposait à un isolement international et à un impact « profond » sur ses relations avec Washington. Ce dimanche, des représentants de l’UE se rendent à Kiev.

    L’ancien président géorgien Mikheïl Saakachvili harange la foule sur le Maïdan. A Kiev, environ 50.000 personnes se sont rassemblées dimanche sur le Maïdan, la place de l’Indépendance, selon l’AFP. « Nous ne nous rendrons pas ! » ont-ils crié à l’adresse de la Russie. Certains portaient des pancartes proclamant : Poutine, bas les pattes de l’Ukraine ! » L’ancien président géorgien pro-occidental Mikheïl Saakachvili a harangué la foule depuis le podium : « Poutine est intervenu chez vous, ce n’est pas un signe de force, mais un signe d’agonie. Il n’y a pas de trouillards ici ! »

    L’Ukraine a placé son armée en état d’alerte samedi mais dans les faits, le contrôle d’une bonne partie de la Crimée échappe aux autorités ukrainiennes. Sur le papier, le combat annoncé rappelle celui de David contre Goliath : « La Russie compte six fois plus de soldats que l’Ukraine et ses avions et ses hélicoptères sont de modèles plus récent », rappelle Valentin Badrak, directeur du Centre de recherche sur l’armée, la démilitarisation et le désarmement à Kiev. En dépit de ces carences matérielles, le moral de l’armée ukrainienne, restée à l’écart de la crise politique qui a abouti au renversement du président Viktor Ianoukovitch, est très élevé, selon le chercheur.

    Quelque 15.000 soldats ukrainiens sont théoriquement stationnés en Crimée, un nombre approximativement équivalent à celui des forces russes de la flotte de la mer Noire en temps normal. Mais la plupart ne semblaient pas se trouver dans leurs casernes lors de l’arrivée des mystérieux commandos armés pro-russes. Et Kiev accuse Moscou d’avoir transporté par voie aérienne vendredi et samedi quelques 6.000 soldats supplémentaires en Crimée. Au-delà de la Crimée, certains s’inquiètent déjà de la perspective d’une entrée de soldats russes dans l’est russophone de l’Ukraine, et jusqu’à Kiev.

    La Russie risque sa place au sein du G8. C’est ce que déclare le secrétaire d’Etat américain, John Kerry. Si les pays occidentaux n’envisageaient plus d’assister au G8 en juin à Sotchi, la diplomatie américaine va plus loin. Vladimir Poutine « pourrait même ne pas rester au sein du G8 si cela continue », ajoute Kerry.

    La marche à la guerre est une menace crédible mais la guerre entre les blocs ne sera décidée que lorsque la crise deviendra un effondrement inéluctable comme lors des précédents conflits mondiaux.

  • L’Ukraine s’est déclarée, dimanche 2 mars, « au bord de la catastrophe » à la suite des opérations de l’armée russe sur son territoire, et semblait perdre rapidement le contrôle de la Crimée, alors que l’Occident cherchait une issue à l’un des plus graves conflits avec Moscou depuis la guerre froide. Des milliers de soldats russes, sans insignes, bloquaient les militaires ukrainiens dans leurs casernes dans cette péninsule russophone du sud de l’Ukraine, qui abrite la flotte russe de la mer Noire.

    Coup dur pour les nouvelles autorités de Kiev, le chef de la marine ukrainienne, l’amiral Denis Berezosvki, a prêté allégeance aux autorités prorusses de Crimée, livrant le quartier général de Sébastopol aux forces russes, dès le lendemain de sa nomination par le président par intérim Olexandre Tourtchinov.

    Le premier ministre pro-russe de Crimée, Serguiï Axionov, que Kiev considère comme illégitime, a salué un « événement historique ». « Durant le blocus par les forces russes du quartier général central de la marine, il a refusé de résister et rendu les armes », a déclaré de son côté la vice-secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien. « Le bureau du procureur a engagé des poursuites criminelles contre Denis Berezovski en vertu de la clause 111 : trahison d’Etat », a-t-elle réagi.

    Plus tôt, c’est le fleuron de la marine ukrainienne et son navire amiral, la frégate Hetman-Sahaydachniy, qui aurait fait défection, selon les médias russes, une information démentie par le ministère de la défense ukrainien. Selon la chaîne d’information en continu Russia Today, cette frégate aurait refusé de suivre les ordres du gouvernement de Kiev, et aurait hissé le pavillon russe après une patrouille dans le golfe d’Aden.

    Deux frégates anti-sous-marins russes ont pris position aux larges des côtes de Crimée, en violation de l’accord régissant le bail dont bénéficie la Russie pour sa flotte installée dans la base navale de Sébastopol, selon une source militaire ukrainienne. Ces deux navires de guerre feraient partie de la flotte de la Baltique et ont été signalés dans la baie de Sébastopol.

  • L’Ukraine a mobilisé dimanche l’ensemble de ses réservistes et Washington menace d’isoler économiquement la Russie, au lendemain d’un vote du parlement russe donnant au président Vladimir Poutine le feu vert pour envoyer des forces armées sur le territoire de l’ancienne république soviétique.

    "Ce n’est pas une menace : c’est en fait une déclaration de guerre à mon pays", a déclaré en anglais le chef du nouveau gouvernement de Kiev, Arseni Iatseniouk.

    Engageant un bras de fer avec l’Occident sans précédent depuis la Guerre froide, Vladimir Poutine a obtenu samedi du parlement l’autorisation d’employer la force pour protéger les ressortissants russes en Ukraine.

    Les investisseurs ont réagi à la montée des tensions à l’ouverture des marchés en Asie, en vendant leurs actions et en achetant les contrats à terme sur le pétrole et le blé. Le yen et le franc suisse ont été recherchés pour leur statut de valeurs refuge.

    Les forces russes ont en pratique déjà pris - sans effusion de sang - le contrôle de la République autonome de Crimée, où elles disposent d’une flotte dans le port de Sébastopol, et où les tensions déclenchées en Ukraine par la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch il y a huit jours sont les plus vives.

  • Vladimir Poutine a assuré à la chancelière allemande Angela Merkel que la réponse de la Russie à « la menace constante d’actes violents de la part des forces ultranationalistes était totalement adaptée » en Ukraine. Il a néanmoins accepté la création d’un « groupe de contact » pour entamer « un dialogue politique ».

    Mais cela n’a pas suffit à calmer les marchés financiers qui paniquaient en Russie, poussant la Banque centrale à une hausse surprise de son taux directeur.

    Les troupes russes se sont déployées dans la République autonome de Crimée, en Ukraine. Dimanche soir, des responsables américains considéraient que la péninsule était sous « le contrôle opérationnel » du Kremlin. Face à cette invasion, les Occidentaux du G7* multiplient les pressions sur la Russie. Selon les experts, il s’agit là d’un des plus graves conflits depuis la chute du mur de Berlin. Les Etats-Unis demandent l’envoi « immédiat » d’observateurs de l’OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe).

  • Entraînée par la crise en Ukraine, la Bourse de Moscou a gravement chuté lundi 3 mars à l’ouverture des marchés en Russie. Les deux indices de la place financière moscovite, le Micex et le RTS, dégringolaient respectivement de 5,89 % et 7,08 % vers 7 h 15. Au même moment, le rouble atteignait des records historiques de faiblesse, l’euro dépassant 50 roubles, réagissant à la décision inattendue de la Banque centrale russe de relever son taux directeur à 7 %, contre 5,5 % auparavant, en raison de l’apparition de « risques pour l’inflation et la stabilité financière ».

    L’aggravation des tensions en Crimée ce week-end – qui pourraient déboucher sur l’un des plus graves conflits entre les pays occidentaux et la Russie depuis la guerre froide –, a également pesé sur l’ouverture des Bourses en Asie. A la pause de la mi-journée, l’indice Nikkei des 225 valeurs vedettes de la Bourse de Tokyo perdait 1,75 %. Vers 4 h 30 heure française, Hongkong cédait 0,71 %, Séoul 0,87 % et Sydney 0,63 %, limitant ainsi leurs pertes par rapport aux débuts de séance.

    Le yen, considéré comme une valeur refuge en cas de crise, s’est par ailleurs apprécié. Autre facteur à la baisse pour les Bourses asiatiques, la contraction de la production manufacturière chinoise en février, la plus forte depuis sept mois, selon l’indice définitif publié lundi par la banque HSBC, qui confirme le ralentissement de la deuxième économie mondiale.

    La brusque montée des tensions en Ukraine a en revanche dopé les cours du pétrole. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en avril gagnait 1,15 dollar à 103,74 dollars en milieu de matinée à Singapour, tandis que le baril de brent de la mer du Nord à même échéance s’appréciait de 1,43 dollar à 110,50 dollars.

    « Pour le moment, nous avons tous les yeux rivés sur l’Ukraine, sur la situation en Crimée [...]. Je crois que, pour les jours à venir au moins, ce facteur éclipsera tous les autres, a déclaré Desmond Chua, analyste chez CMC à Singapour. Etant donné que l’Ukraine se situe dans la chaîne d’approvisionnement du brent, la prime de risque a augmenté, poussant vers le haut les prix [du brut]. »

    L’Ukraine n’est ni un producteur pétrolier majeur ni un gros consommateur, mais le pays occupe une position géographique stratégique pour le transport des hydrocarbures russes, soulignent les analystes de la division matières premières chez JP Morgan. Ainsi, plus de 70 % du gaz et du pétrole russes passe par l’Ukraine, et l’Europe représente 90 % des achats du pétrole russe.

  • Des manifestants pro-russes occupent en partie le siège du gouvernement régional de Donetsk, ville natale de l’ex-président Viktor Ianoukovitch dans l’est russophone de l’Ukraine, a rapporté lundi un journaliste de Reuters.

    Le pouvoir régional siège dans un immeuble de onze étages.

    D’après une journaliste de Reuters présente au centre de presse installé au troisième étage, les manifestants occupent le rez-de-chaussée du bâtiment.

    Tous les ascenseurs ayant été mis hors service et les portes ayant été verrouillées, ils n’ont pu gagner les étages supérieurs.

    Plusieurs centaines de manifestants munis de drapeaux russes et scandant : "Viens Poutine !" avaient auparavant réussi à pénétrer dans le bâtiment par une porte latérale après s’être heurtés aux forces de l’ordre devant l’entrée principale. Des fenêtres ont été brisées au premier étage, que les assaillants ont tenté de gagner.

    Selon leur chef de file, Pavel Goubarev, ils demandent que la Rada, le parlement national, soit déclaré illégitime, qu’un gouverneur pro-russe soit nommé à Donetsk et que les forces locales soient placées sous l’autorité du commandement de région.

  • Le président ukrainien déchu Viktor Ianoukovitch a demandé à Vladimir Poutine une aide militaire "pour défendre la population ukrainienne", a assuré lundi l’ambassadeur russe à l’ONU Vitali Tchourkine.

    Il s’exprimait lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la crise en Ukraine qui a tourné une nouvelle fois au dialogue de sourds entre Moscou et les Occidentaux.

    M. Tchourkine a cité un "message" au président russe dans lequel M. Ianoukovitch affirme que "l’Ukraine est au bord de la guerre civile à la suite des événements intervenus à Kiev".

    "Des vies sont menacées (...) des gens persécutés", souligne le message. L’ex-président ukrainien y "demande l’utilisation des forces armées de la Fédération de Russie pour protéger la population ukrainienne".

    Selon Moscou, M. Ianoukovitch, réfugié en Russie, est toujours le président légitime de l’Ukraine.

    L’intervention russe en Crimée a pour objectif de "défendre nos compatriotes et nos citoyens", a déclaré l’ambassadeur russe, répétant la position de Moscou. Il a accusé "les vainqueurs (à Kiev) de piétiner les droits fondamentaux" des minorités pro-russes et de "menacer nos compatriotes et la flotte de la Mer noire", concluant : "les actions de la Russie sont légitimes".

    Tour à tour, l’ambassadrice américaine Samantha Power et ses homologues britannique, Mark Lyall Grant, et français, Gérard Araud, ont réfuté les arguments russes.

    L’initiative russe en Crimée "n’est pas une mission de protection des droits de l’homme mais une violation des lois internationales et de la souveraineté de l’Ukraine", a affirmé Mme Power. "C’est un acte d’agression et il doit cesser". "Il n’y a aucune preuve de violences contre les communautés russes ou pro-russes" en Ukraine, a-t-elle martelé. "La Russie réagit à une menace imaginaire". Pour les Etats-Unis, a-t-elle ajouté, les autorités de Kiev "ne sont pas un gouvernement de vainqueurs mais un gouvernement du peuple".

    S’adressant au Conseil, l’ambassadeur ukrainien Iouri Sergueyev a souligné que les forces armées ukrainiennes "avaient fait preuve de retenue jusqu’à maintenant". Mais il a mis en garde contre le risque de "provocations" qui pourraient être utilisées par l’armée russe pour attaquer l’Ukraine. Il a demandé au Conseil "d’autoriser une médiation internationale" dans cette crise.

  • Kharkov, seconde ville du pays et capitale de l’Ukraine soviétique après 1917, compte un million et demi d’habitants : très industrialisée et située à proximité de la Russie, c’est là que vient de se former un Front ukrainien anti-Maïdan. Dans la région de Donetsk, avec sa sidérurgie et ses mines, les autorités menacent de faire sécession.
    C’est également le cas au sud du pays, dans la presqu’île de Crimée, avec sa population majoritairement russe. Khrouchtchev l’avait rattachée administrativement à l’Ukraine en 1954, ce qui n’avait aucune incidence dans le cadre unifié de l’Union soviétique. Mais l’URSS a disparu, des frontières jusqu’alors administratives sont devenues étatiques. Et cela change bien des choses.

    La coupure du pays en deux entités plus ou moins opposées par la langue, le degré de développement économique, l’environnement géographique et plus encore par la démagogie de politiciens sans scrupules dans chaque camp, est grosse de dangers. Les interventions répétées d’Obama et de ses collègues européens ces jours derniers, leurs mises en garde contre la tentation que Poutine aurait de jouer l’est de l’Ukraine contre le pouvoir nationaliste qui se met en place à Kiev, dit assez que les dirigeants occidentaux prennent au sérieux l’éventualité d’un éclatement de l’Ukraine. Depuis des années, ils l’ont poussée à s’éloigner de la Russie et ont soutenu les forces pesant en ce sens. Maintenant ils s’inquiètent de la possibilité d’un incendie qu’ils ont contribué à lancer et qui, échappant à leur contrôle, ravagerait cette partie de l’Europe.

    Rien ne dit que l’on en arrivera là. Mais une chose est certaine : si l’Ukraine devait éclater, l’Occident aurait une responsabilité énorme dans une séparation qui, vu les circonstances, n’aurait rien d’amiable.

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