Accueil > 16- EDITORIAUX DE "LA VOIX DES TRAVAILLEURS" - > Dans la montée guerrière, ne choisissons aucun camp impérialiste

Dans la montée guerrière, ne choisissons aucun camp impérialiste

mercredi 30 avril 2014, par Robert Paris

Dans la montée guerrière entre les pays occidentaux (USA, Canada et Europe), australien et japonais d’un côté, la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du nord et la Syrie de l’autre, pourquoi nous, travailleurs, ne devons surtout pas prendre parti pour l’un des deux camps impérialistes ?

Pendant de très longues années, Poutine comme les dirigeants chinois ont pu commettre tous les crimes de la création, que ce soit contre les travailleurs, contre la démocratie, contre les peuple tchétchène ou du Xinjiang, aucun dirigeant occidental, ni des pays alliés ne se serait permis de leur reprocher leurs privatisations mafieuses, leurs arrestations, leurs répressions et leurs crimes, leur goulag notamment. En effet, ces dirigeants russes ou chinois étaient publiquement remerciés d’un acte plus important que tous ces crimes : d’orienter la politique de leur pays vers le marché mondial en concertation avec l’impérialisme, de rompre avec la politique des blocs.

Cela vient de changer et ce n’est pas parce que le monde occidental s’est rendu compte de leurs méfaits et a compris son erreur. D’autant que ces crimes ne lui font nullement horreur : l’impérialisme occidental en commet de semblables tous les jours !

C’est pour une raison bien plus fondamentale : le monde capitaliste tout entier est au bord du gouffre. Il ne l’est pas du fait que ces pays concurrencent les pays occidentaux sur le terrain économique. S’ils l’ont fait, c’est par la volonté et dans l’intérêt même des trusts occidentaux en premier dont ils ont restauré les marges bénéficiaires.

Non, c’est la crise de l’ensemble du monde capitaliste qui est cause de la montée guerrière actuelle.

Ce n’est pas spécialement des actes agressifs de la part de la Chine et de la Russie qui en est cause car la politique belliqueuse est d’origine beaucoup plus liée aux choix des USA, du Japon, de l’Europe, de l’Australie et du Canada, c’est-à-dire du monde occidental.

Par exemple, les USA ne cessent pas de faire des manœuvres navales agressives en Asie, développent les opérations de bouclier anti-missile contre la Russie et la Chine, s’implantent dans sans cesse plus de pays. L’Ukraine est une conquête récente de l’Europe et non une conquête de la Russie. L’Europe implante dans les pays de l’Est des régimes violemment antirusses comme le régime roumain. Elle continue son offensive, par exemple en Moldavie.

En Asie, les USA ont développé leur offensive avec notamment l’implantation du bouclier antimissile aux Philippines, le soutien à la politique ouvertement belliqueuse et guerrière du nouveau gouvernement de droite japonais.

L’Ukraine n’est qu’une partie de cette montée en puissance de l’agressivité entre les blocs.

L’affaire de la Syrie en est autre exemple.

En fait toute la planète joue à ce jeu de pions noirs et blancs et bascule dans un camp ou dans un autre : l’Egypte et l’Algérie basculant du côté russe ou chinois pendant que des pays d’Asie ou d’Europe de l’Est basculent du côté des puissances occidentales.

Les pays occidentaux ont mené bien plus de guerres ces dernières années dans le monde que l’autre camp mais cela ne signifie pas qu’il y ait d’un côté des bandits et de l’autre des anges. Ce sont deux camps impérialistes. Bien sûr, le camp lié aux USA dispose pour le moment d’une très grande supériorité militaire mais cela ne signifie pas qu’un seul des deux camps soit agressif et guerrier. Ils le sont tous les deux. Les mêmes buts réels les animent. Les justifications des deux camps sont tout aussi mensongères les unes que les autres.

Dans chaque pays, le mouvement ouvrier essaie de ne pas trop se laisser entraîner dans ces débats guerriers mais cela signifie que le syndicalisme et les partis de gauche sont incapables de se démarquer des buts de guerre de l’impérialisme de « leur pays ». Il n’y a quasiment aucune organisation ouvrière d’importance dans le monde qui dénonce les crimes guerriers de son pays.

En France comme ailleurs, les partis et syndicats s’alignent globalement sur la politique de la bourgeoisie, même dans les cas de crimes d’une extrême gravité. Le mouvement ouvrier ne s’est nullement signalé par une prise de position sur le crime de la France au Rwanda. Pas plus concernant les guerres néocoloniales de la France en Afrique. Pas davantage sur les crimes de la France en Libye et en Syrie. Les organisations se revendiquant de la classe ouvrière n’ont pas démasqué la fausse lutte soi-disant en faveur de « révolutions » et contre un dictateur.

Y compris en ce qui concerne la guerre d’Afghanistan, il n’y a eu quasiment aucune protestation alors qu’on dénonçait en France la guerre des USA en Irak, ce qui montre bien qu’il n’est pas question pour ces organisations de se démarquer des buts de la bourgeoisie nationale, tant ces organisations sont liées à l’Etat et aux classes dirigeantes.

Inversement, il existe actuellement des mouvements politiques ou sociaux, très minoritaires pour le moment, qui penchent pour soutenir le camp adverse de celui de leur propre impérialisme. C’est passer de l’autre côté du cheval…

Nous n’avons pas plus à tresser des lauriers à Poutine ou aux dirigeants chinois qu’à laisser l’impérialisme occidental commettre de plus en plus de crimes et de guerres au nom de l’antiterrorisme, de la lutte contre les dictatures ou contre la Russie et la Chine.

Le but de ces guerres n’est nullement de contrer une offensive terroriste islamique ni de combattre une quelconque conquête russe ou chinoise mais de détourner la classe ouvrière de ses intérêts de classe en tournant l’opinion mondiale vers un nouvel affrontement sanglant mondial.

Le capitalisme s’est heurté à un mur en 2007 et depuis sept ans, loin de trouver les moyens d’un nouveau rebond, il n’a mené que des politiques palliatives visant à satisfaire momentanément le marché des capitaux par des injections massives de milliers de milliards de dollars sans que l’économie reparte pour autant.

Les classes dirigeantes savent parfaitement que ces moyens financiers massifs, tirés des caisses des Etats et des banques centrales, n’avaient nullement pour but de relancer le système mais seulement de retarder l’effondrement inévitable afin de préparer des solutions politiques permettant d’éviter les risques révolutionnaires, de détourner la colère populaire vers le fascisme et la guerre.

Le délai qu’ils ont ainsi obtenu leur sert à tromper les peuples et les classes ouvrières, en les montant les uns contre les autres, en faisant croire que les gouvernants de la bourgeoisie se battent pour défendre les emplois contre les étrangers qui chercheraient à leur enlever.
Il est donc vital que le mouvement ouvrier se démarque des propagandes xénophobes, guerrières, racistes qui montent partout dans le monde. Il est vital que l’internationalisme prolétarien fasse entendre sa voix et donne une perspective différente à la crise de la domination du monde capitaliste.

Ce n’est pas tel ou tel pays, tel ou tel dirigeant, tel ou tel bloc qui menace la paix du monde, c’est le fait que le capitalisme a atteint ses limites et menace de jeter l’humanité dans la barbarie.

Il n’y a pas de lutte contre la guerre mondiale qui se prépare, pas plus que de lutte contre le fascisme que les Etats et les classes dirigeantes font consciemment monter sans combat du prolétariat pour renverser le capitalisme car c’est uniquement la crainte de ce combat prolétarien qui amène les classes dirigeantes aux choix sanglants de la guerre et du fascisme.

C’est dire que toutes les forces réformistes, politiques et syndicales, ne sont pas un point d’appui dans le combat à mener et sont même le principal handicap du prolétariat dans la période qui vient, à la fois un handicap pour concevoir une politique prolétarienne, complètement détachée des buts bourgeois et pour développer une auto-organisation politique et de classe du prolétariat. Bien des extrêmes gauches elles-mêmes ont dores et déjà reculé devant ce pas à franchir et elles justifient les compromis avec les réformistes qui les amènent à ne même pas être capables de dénoncer les deux camps impérialistes et à ne pas voir que le fascisme fleurit non seulement chez Le Pen mais chez Valls, chez Estrosi-Guéant, chez Montebourg ou chez Mélenchon. Toute démagogie nationaliste sous couleur sociale mène au fascisme en période de crise. Et toute conception nationaliste mène à la guerre. Tout refus de renverser le capitalisme et tout refus de l’organisation des travailleurs en conseils de salariés ne font que désarmer les travailleurs, de les bâillonner et d’armer leurs ennemis.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.