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Les écrits et les idées de Charles Darwin

mardi 27 mai 2014, par Robert Paris

« Même si une certaine obscurité subsiste, et subsistera encore longtemps, après l’étude la plus assidue et le jugement le plus dénué de passion dont je suis capable, je ne peut conserver de doute que la conception qu’entretiennent la plupart des naturalistes, et que j’ai autrefois moi-même partagée - nommément, que les espèces ont été crées indépendamment, est erronée. En outre, je suis convaincu que la sélection naturelle a été le principal, mais non exclusif, moyen de modification. »

« Quiconque croit qu’une forme ancienne a été subitement transformée par une force ou une tendance interne en une autre forme pourvue d’ailes par exemple, est presque forcé d’admettre, contrairement à toute analogie, que beaucoup d’individus ont dû varier simultanément. Or, on ne peut nier que des modifications aussi subites et aussi considérables ne diffèrent complètement de celles que la plupart des espèces paraissent avoir subies. On serait, en outre, forcé de croire à la production subite de nombreuses conformations admirablement adaptées aux autres parties du corps de l’individu et aux conditions ambiantes, sans pouvoir présenter l’ombre d’une explication relativement à ces coadaptations si compliquées et si merveilleuses. On serait, enfin, obligé d’admettre que ces grandes et brusques transformations n’ont laissé sur l’embryon aucune trace de leur action. Or, admettre tout cela, c’est, selon moi, quitter le domaine de la science pour entrer dans celui des miracles. »

Charles Darwin

Les pinsons de Darwin

1) Camarhynchus pauper ; 2) Camarhynchus heliobates ; 3) Camarhynchus psittacula ; 4) Camarhynchus pallidus ; 5) Camarhynchus parvulus ; 6) Camarhynchus crassirostris ; 7) Geospiza magnirostris ; 8) Geospiza fortis ; 9) Geospiza fuliginosa ; 10) Geospiza scandens ; 11) Geospiza conirostris ; 12) Geospiza difficilis ; 13) Certhidea olivacea ; 14) Pinaroloxias inornata.


Les écrits et les idées de Charles Darwin

Qui était Charles Darwin et quelles étaient ses idées

Comprendre la théorie de Darwin

Darwin et D’Arcy Thompson

Quelle convergence entre Darwin et Marx

L’autobiographie de Darwin (en anglais)

L’Origine des espèces

La descendance de l’homme de Charles Darwin

Voyage d’un naturaliste

Des différentes formes de fleurs dans les plantes de la même espèce

Les mouvements et les habitudes des plantes grimpantes

De la variation des animaux et des plantes à l’état domestique

Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale

Les récifs de corail, leur structure et leur distribution

De la Variation des animaux et des plantes, sous l’action de la domestication, Tome 1

De la Variation des animaux et des plantes, sous l’action de la domestication, Tome 2

L’expression des émotions chez l’homme et les animaux

De la fécondation des orchidées par les insectes : et des bons résultats du croisement

Des effets de la fécondation croisée et de la fécondation directe dans le règne végétal

La faculté motrice des plantes

Observations géologiques sur les îles volcaniques

Les plantes insectivores

Geoffroi Saint-Hilaire sur Darwin

Que penser aujourd’hui de l’évolutionnisme darwinien

Continuité du vivant ?

Quelques idées fausses sur l’évolution darwinienne des espèces ou l’évolution comme philosophie

Le darwinisme social de la sociobiologie

Qu’est-ce qui caractérise finalement la vie et son évolution ?

La notion d’espèce

Comment fonctionne l’évolution des espèces

Le changement brutal d’espèces

Les révolutions qui ont donné naissance aux mousses, aux plantes et aux arbres

L’évolution des espèces aujourd’hui et en films

La nouveauté apparaît, au sein du vivant, ponctuellement, dans le temps comme dans l’espace

L’évolution comme théorie scientifique

Évolution de l’environnement et évolution des espèces

Œuvres parues du vivant de l’auteur :

— Journal of Researches into the Geology and Natural History of the Various Countries by H.M.S. Beagle, Londres, Henry Colburn, 1839, 614 pp. ; 2ème édition, 1845 ;

Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. E. barbier, Paris, Reinwald, 1875 ; réed. Paris, La Découverte, 2003 ;

— The Structure and Distribution of Coral Reefs. Being the First of the Geology of the Voyage of the Beagle, under the Command of Capt. Fitzroy, during the Years 1832 to 1836, Londres, Smith, Elder and Co., 1842 ; 2ème édition, 1874 ; 3ème édition, 1889 ;

Les Récifs de corail, leur structure et leur distribution, trad. sur la seconde édition par M. L. Cosserat, Paris, Germer-Baillière, 1878 ;

— Geological Observations on the Volcanic Islands Visited during the Voyage of H.M.S. Beagle, together with some Brief Notices of the Geology of Australia and the Cape of Good Hope, Londres, Smith, Elder and Co., 1844 ; 2ème édition, 1876 ; 3ème édition, 1891 ;

— Geological Observations on South America, Londres, Smith, Elder and Co., 1846 ;

— Geological Observations on Coral Reefs, Volcanic Islands and on South America, Londres, Smith, Elder and Co., 1851 - Reprise des textes de 1842, 1844 et 1846, rééditions souvent abrégées ;

— A Monograph of the Sub-Class Cirripedia, with Figures of all the Species, vol. I : The Lepadidae, Londres, The Ray Society, 1851 ;

— A Monograph of the Fossil Lepadidae, or Pedunculated Cirripedes of Great Britain, vol. II, The Balanidae (or Sessiles Cirripedes) ; The Verrucidae, etc., Londres, The Ray Society, 1854 ;

— « On the Tendency of Species to Form Varieties, and on the Perpetuation of Varieties by Natural Means of Selection » (avec A.R. Wallace), Journal of Proceedings of the Linnean Society of London (Zoology), vol. III, n°9, 1er juillet 1858, pp. 1-62 ;

— On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life, Londres, John Murray, 1859 ; 2ème édition, janvier 1860 ; 3ème édition, avril 1861 ; 4ème édition, juin 1866 ; 5ème édition, 1869 ; 6ème édition, février 1872 ;

De l’Origine des espèces, ou des Lois du progrès chez les êtres organisés, trad. sur la 3e édition par Mlle Clémence-Auguste Royer, avec une préface et des notes du traducteur, Paris, Guillaumin, 1862 ;
L’Origine des espèces, trad. d’Edmond Barbier sur la 6e édition, présentation par C. Guillaumin, Paris, Maspero, 1980 ;
L’Origine des espèces, trad. d’Edmond Barbier revue par Daniel Becquemont sur la 1ère édition, présentation par Jean-Marc Drouin, Paris, Garnier Flammarion, 2008 ;
L’Origine des espèces [édition du Bicentenaire], trad. A. Berra sous la direction de P. Tort, coordination de M. Prum. Précédé de P. Tort, « Naître à vingt ans. Genèse et jeunesse de L’Origine ». Vol. XVII des Œuvres complètes de Darwin, Travaux de l’Institut Charles Darwin International, Genève, Slatkine, 2009, 800 p.
L’Origine des espèces, même édition version poche, Paris, Champion Classiques, 2009.

— On the Various Contrivances by which British and Foreign Orchids are Fertilised by Insects, and on the Good Effects of Intercrossing, Londres, John Murray, 1862 ; 2ème édition, 1877 ;

De la Fécondation des orchidées par les insectes et des bons résultats du croisement, trad. par L. Rérolle, Paris, Reinwald, 1891, 2e éd. ; réed.

— On the Movements and Habits of Climbing Plants, Londres, Longman, 1865 ; 2ème édition, 1875 ;

Les mouvements et les habitudes des plantes grimpantes, trad. sur la deuxième édition par le docteur Richard Gordon, Paris, Reinwald, 1877 ;

— « Queries about Expression », 1867. Article publié par R.B. Freeman et P. J. Gautrey, « Charles Darwin’s Queries about Expression », Bulletin of the British Museum of Natural History, vol. 4, 1972, pp. 205-219.

— The Variation of Animals and Plants under Domestication, Londres, John Murray, 1868, 2 volumes, 2ème édition, 1875 ;

De la Variation des animaux et des plantes sous l’action de la domestication, trad. par J.-J. Moulinié, préface de Carl Vogt, Paris, Reinwald, 1868 ;
De la variation des animaux et des plantes à l’état domestique, trad. sur la seconde édition par Ed. Barbier, préface de Carl Vogt, Paris, Reinwald, 1879-1880 ;
La variation des animaux et des plantes à l’état domestique, tard. par M. Prum, précédé de P. Tort : « L’épistémologie implicite de Charles Darwin », Genève, Slatkine, 2008 ;

— The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex, Londres, John Murray, 1871, 2 volumes, 2ème édition, 1874 avec une note additionnelle de Th. Huxley ;

La descendance de l’homme et la sélection sexuelle, trad. par J.-J. Moulinié, préface par Carl Vogt, Paris, Reinwald, 1872 ;
La Filiation de l’homme et la Sélection liée au sexe, trad. M. Prum, préface de P. Tort, Paris, Sylepse, 1999 ;

— « Pangenesis », Nature, vol. 3, 27 avril 1871, Proceedings of the Royal Society, vol. 19, pp. 393-410 ;

— The Expression of the Emotions in Man and Animals, Londres, John Murray, 1872 ; 2ème édition (par Francis Darwin), 1890 ;

L’expression des émotions chez l’homme et les animaux, trad. par les Drs Samuel Pozzi et René Benoit, Paris, Reinwald, 1874 ; 2eme édition, 1877 ; réed. Bruxelles, Complexe, 1981 ; réed. des 5 premiers chapitres, Paris, Rivages, 2001 ;

— « Origin of Certain Instincts », Nature, vol. 7, 3 avril 1873, pp. 417-418 ;

— Insectivorous Plants, Londres, John Murray, 1875 ; 2ème édition revue par Francis Darwin, 1888 ;

Les plantes insectivores, trad par Ed. Barbier, précédé d’une introduction biographique et augmenté de notes complémentaires par Charles Martins, Paris, Reinwald, 1877 ;

— The Effects of Cross and Self-Fertilisation in the Vegetable Kingdom, Londres, John Murray, 1876 ; 2ème édition, 1878 ;

Des effets de la fécondation croisée et de la fécondation directe dans le règne végétal, trad. et annoté par le Dr Edouard Heckel, Paris, Reinwald, 1877 ;

— « Report of the Royal Commission on the Pratice of Subjecting Live Animals to Experiments for Scientific Purposes », Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1876, pp. 234, 4662-4672 ;

— The Different Forms of Flowers on Plants of the Same Species, Londres, John Murray, 1877, 2ème édition, 1878 ; 3ème édition avec une préface de Francis Darwin, 1880 ;

Des différentes Formes de fleurs dans les plantes de la même espèce, trad. et annoté par le Dr Edouard Heckel, Paris, Reinwald, 1878 ;

— « A Biographical Sketch of an Infant », Mind, vol. 2, juillet 1877, pp. 285-294 ;

Trad. française dans la Revue scientifique, vol. 13, 1877, pp. 25-29 ;

— « Preliminary Notice » dans E. Krause, Erasmus Darwin, Londres, John Murray (ouvrage traduit de l’allemand), 1879 ;

— The Power of Movement in Plants (en collaboration avec Francis Darwin), Londres, John Murray, 1880 ;

La Faculté motrice dans les plantes, avec la collaboration de Fr. Darwin fils, trad., annoté et augmenté d’une préface par le Dr Edouard Heckel, Paris, Reinwald, 1882 ;

— The Formation of Vegetable Mould, through the Action of Worms, with Observations on their Habits, Londres, John Murray, 1881 ;

Rôle des vers de terre dans la formation de la terre végétale, trad. par M. Lévêque, préface de M. Edmond Perrier, Paris, Reinwald, 1882 ;
La Formation de la terre végétale par l’action des vers de terre, avec des réflexions sur leurs habitudes, trad. par A ; Berra, introduction de P. Tort, Paris, Syllepse, 2001 ;

— « The Action of Carbonate of Ammonia on Chlorophyll Bodies », Journal of the Linnean Society of London (Botanic), vol. 19, 1882, pp. 262-284. Communication lue par Francis Darwin le 6 mars et le 28 août 1882 ;

Œuvres posthumes :

— « Préface » à A. Weismann, Studies in the Theory of Descent. With Notes and Additions by the Author, Londres, Sampson Low, 1882, pp. V-VI ;

— « Préface » à Hermann Müller, The Fertilisation of Flowers, Londres, Macmillan, 1883, pp. VII-X ;

— « Essay on Instinct », in G. J. Romanes, Mental Evolution in Animals. With a Posthumous Essay on Instinct by Charles Darwin, Londres, Kegan Paul, 1883, pp. 355-384 ;

L’Évolution mentale chez les animaux, par George John RomanesSuivi d’un essai posthume sur l’instinct, par Charles Darwin, trad. par le Dr Henry C. de Varigny, Paris, Reinwald, 1884 ;
L’instict - « inédit », préface de Pascal Picq, Paris, L’esprit du temps, 2009 ;

— Francis Darwin (éd.), The Life and Letters of Charles Darwin, including an Autobiographical Chapter, Londres, John Murray, 2 volumes, 1887 ;

Origines - Lettres choisies 1828-1859, introduction et édition française dirigée par Dominique Lecourt, Paris, Bayard, 2009 ;

— More Letters of Charles Darwin, Londres, John Murray, 1903, 2 volumes ;

— F. Darwin et A. C. Seward (éds.), Emma Darwin, Wife of Charles Darwin. A Century of Family Letters, Cambridge University Press, 1904 ;

— Francis Gélinas (ed.), The Foundations of the ‘Origin of Species’. Two Essays written in 1842 and 1844, Cambridge University Press, 1909 ;

Esquisse au crayon de ma théorie des espèces (Essai de 1842), trad. de Jean-Michel Benayoun, Michel Prum et Patrick Tort, précédé de Patrick Tort, « Un manuscrit oublié », Travaux de l’Institut Charles Darwin International, Genève, Éditions Slatkine, 2007 ;

— ‘Beagle’ Diary : Charles Darwin’s Diary of the Voyage of H.M.S. Beagle, ed. by Nora Barlow, Cambridge University Press, 1933 ;

Journal de bord (Diary) du voyage du Beagle (1831-1836), trad. Christiane Bernard et Marie-Thérèse Blanchon (Traducteur), préface de Patrick Tort et Claude Rouquette (Préfacier), vol. I des Œuvres complètes de Darwin, Travaux de l’Institut Charles Darwin International, Genève, Slatkine, 2011, 624 p.

— The Autobiography of Charles Darwin, with Original Omissions Restored, ed. by Nora Barlow, Londres, Collins, 1958 ;

L’Autobiographie, trad. de l’anglais (Grande-Bretagne) par Jean-Michel Goux, revue et complétée, Paris, Belin - Collection « Science ouverte », 2008 ;
L’Autobiographie, version poche, Paris, Seuil - Collection « Points Science », 2011, 244 p. ;

— Darwin’s Journal, ed. by Sir Gavin De Beer, Bulletin of the British Museum, 1959, 2, pp. 1-21 ;

— Charles Darwin’s Notebooks, 1836-1844. Geology, transmutation of species, metaphysical enquiries, British Museum of Natural History, Cambridge University Press, 1987 ;

— M. A. Di Grigorio, N.W. Gill (eds), Charles Darwin’s Marginalia, vol. I, New York-Londres, Garland, 1990 ;

La pensée de Darwin aujourd’hui, Jean-Claude Ameisen à l’Université de tous les savoirs (vidéo)

Qu’est-ce que la vie de François Jacob pour l’Université de tous les savoirs (vidéo)

Mutation, évolution, sélection, Miroslav Radman pour l’Université de tous les savoirs (vidéo)

Evolution et astrophysique, la querelle de Darwin et Herschel, Pascal Picq pour l’Université de tous les savoirs (vidéo)

Par delà la vie et la mort, Jean-Claude Ameisen pour l’Université de tous les savoirs (vidéo)

Encore des idées fausses sur ce qu’est la théorie de Darwin

L’Oeuvre de Darwin en anglais

L’institut Charles Darwin International

Messages

  • Charles Darwin :

    « La croyance en Dieu a été souvent présentée comme non seulement la plus grande, mais la plus fondamentale de toutes les différences entre l’homme et les animaux inférieurs. Il est pourtant impossible, comme nous l’avons vu, de continuer à prétendre que cette croyance serait innée ou instinctive chez l’homme. Il est vrai cependant qu’une croyance en des forces spirituelles qui agiraient sur tout semble être universelle ; et elle semble le résultat d’un progrès considérable dans la raison humaine et d’un progrès incessant dans sa capacité d’imaginer, de s’interroger et de s’émerveiller. Je suis conscient que supposer qu’il existe une croyance instinctive en Dieu a servi à bien des gens comme un argument en faveur de son existence. Mais c’est un argument irréfléchi, puisqu’il nous obligerait à croire à l’existence d’un grand nombre d’esprits cruels, malfaisants et qui ne seraient qu’un peu plus puissants que l’homme ; en effet, la croyance en eux est bien plus générale qu’en une divinité bienveillante. L’idée d’un Créateur universel et bienveillant ne semble pas avoir surgi dans l’esprit d’homme, jusqu’à ce qu’il y eût été élevé par une longue tradition de culture. »

  • Autobiographie de Charles Darwin :

    « En continuant à réfléchir sur le fait qu’il faudrait les preuves les plus manifestes pour persuader tout homme sensé de la vérité des miracles sur lesquels est fondé le christianisme ; que plus nous connaissons les lois fixées par la nature plus il devient impossible de croire aux miracles ; que les hommes de ce temps-là étaient ignorants et naïfs à un point que nous n’arrivons presque plus à comprendre ; qu’il est impossible de prouver que les Évangiles ont été écrits à l’époque des événements qu’ils rapportent ; qu’ils diffèrent entre eux par une foule de détails importants, trop importants pour qu’on puisse les expliquer par les inadvertances ordinaires des témoins oculaires ; toutes réflexions que je ne donne pas comme nouvelles et dont je ne discute pas la valeur, mais qui m’ont influencé, j’en suis venu peu à peu à refuser de croire au christianisme comme à une révélation divine. Je tenais compte aussi du fait que beaucoup de fausses religions se sont répandues comme une traînée de poudre sur de grandes parties de la terre. Aussi belle que soit la moralité du Nouveau Testament, on peut difficilement refuser que sa perfection dépende en partie de l’interprétation que nous donnons maintenant à des métaphores et à des allégories.(p. 86)

    C’est ainsi que l’incrédulité m’a envahi très lentement, mais au bout du compte d’une façon complète. Les progrès ont été si lents que je n’ai senti aucun désarroi et depuis n’ai jamais douté fût-ce une seconde que ma conclusion était exacte. (p. 87)

    J’ai peine à croire comment quelqu’un pourrait souhaiter que le christianisme fût vrai ; car en pareil cas la langue simple de ce texte semble montrer que les hommes qui ne croient pas – et parmi eux mon père, mon frère et presque tous mes meilleurs amis – seront punis éternellement. Et c’est une doctrine abominable. (p. 87)

    Le vieil argument du dessein dans la nature, tel que le donnait Paley, me paraissait autrefois des plus concluants, il tombe aujourd’hui après qu’a été découverte la loi de sélection naturelle. Nous ne pouvons plus soutenir que, par exemple, l’admirable charnière d’une coquille bivalve a dû être faite par un être intelligent, comme la charnière d’une porte par l’homme. Il semble qu’il n’y a pas plus de dessein dans la variabilité des êtres organiques et dans l’action de la sélection naturelle, que dans la façon dont le vent souffle. Tout dans la nature est le résultat de lois fixées à l’avance. (p. 87)

    De nos jours (vers 1872) l’argument le plus ordinaire en faveur de l’existence d’un dieu intelligent est tiré de la profondeur des convictions et des sentiments intérieurs tels que les connaissent la plupart des gens. Mais comment douter que les hindous, les mahométans et d’autres pourraient argumenter de la même manière et avec autant de force en faveur de l’existence d’un dieu, ou d’un grand nombre de dieux, ou comme le font les bouddhistes de l’inexistence d’un dieu… Cet argument vaudrait si tous les hommes de toutes les races avaient la même conviction intérieure de l’existence d’un dieu : mais nous savons que c’est bien loin d’être le cas. C’est pourquoi je ne vois pas comment de telles convictions, de tels sentiments intérieurs auraient un poids quelconque pour prouver ce qui existe vraiment. (p. 91)

    Il ne faut pas négliger non plus le fait que l’on inculque toujours aux enfants la croyance en un dieu, à une époque où leur cerveau n’est pas totalement formé. L’effet sur eux est si puissant, et comparable à un caractère hérité, qu’il serait aussi difficile pour eux de rejeter cette croyance que de faire disparaître chez un singe sa peur instinctive et sa haine des serpents. » (p. 93)

  • Lire aussi : Le fonctionnement révolutionnaire du vivant

    cliquer ici

  • Darwin, « Autobiographie » :

    « Durant ces deux années (à bord du Beagle d’octobre 1836 à janvier 1839), je fus souvent amené à réfléchir à la religion. Lorsque j’étais à bord du Beagle, j’étais tout à fait orthodoxe, et je me souviens d’avoir déclenché de grands rires chez plusieurs officiers (eux-mêmes pourtant orthodoxes) en citant la Bible comme une autorité incontestable sur un point de morale. Je suppose que c’était la nouveauté de l’argument qui les amusait. Mais j’en venais peu à peu à considérer, à cette époque, que l’Ancien Testament, avec son histoire du monde manifestement fausse, la tour e Babel, l’arc-en-ciel comme signe, etc., et parce qu’il attribuait à Dieu les sentiments d’un tyran vindicatif, n’était pas plus digne de confiance que les livres sacrés des hindous, ou les croyances d’autres barbares. (…) J’en vins graduellement à ne plus croire au christianisme comme révélation divine. (…) En fait, je peux difficilement admettre que quelqu’un puisse souhaiter que le christianisme soit vrai ; car si c’était le cas, les Ecritures indiquent clairement que les hommes qui ne croient pas, à savoir mon père, mon frère et presque tous mes meilleurs amis, seront punis éternellement. Et ceci est une doctrine condamnable. (…) le vieil argument d’une finalité dans la nature, comme le présente Paley, qui me semblait autrefois si concluant, est tombé depuis la découverte de la loi de la sélection naturelle. Désormais, nous ne pouvons plus prétendre, par exemple, que la belle charnière d’une coquille bivalve doive avoir été faite par un être intelligent, comme la charnière d’une porte par l’homme. Il ne semble pas qu’il y ait une plus grande finalité dans la variabilité des êtres organiques et dans l’action de la sélection naturelle que dans la direction d’où souffle le vent. Tout dans la nature est le résultat de lois immuables. (…) La totalité ou au moins la plupart des êtres vivants se sont développés par sélection naturelle d’une manière telle que les sensations de plaisir guident ordinairement leur conduite. (…) A l’heure actuelle, l’argument le plus courant en faveur de l’existence d’un Dieu intelligent est tiré des sentiments et de la profonde conviction intérieure ressentis par la plupart des gens. On ne peut pourtant pas douter que des hindous, des mahométans et d’autres pourraient argumenter de la même manière, et avec une force égale, en faveur de l’existence d’un Dieu, ou de nombreux dieux, ou bien, comme les bouddhistes, en faveur de la non-existence de Dieu. (…) Avant les fiançailles, mon père me conseilla de cacher soigneusement mes doutes, car, disait-il, il avait été témoin des effets destructeurs d’une telle perte de foi chez des couples. »

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