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Luttes de classe en Grèce

mercredi 21 janvier 2015, par Robert Paris

D’autres lectures sur la Grèce

L’effondrement du gouvernement grec

Par Alex Lantier

L’effondrement lundi 29 décembre de la coalition gouvernementale du premier ministre Antonis Samaras marque une nouvelle étape dans la crise de la classe dirigeante grecque.

Le refus du parlement de soutenir le candidat présidentiel de Samaras, Stavros Dimas, qui a entraîné la chute du gouvernement et provoqué de nouvelles élections législatives, est lié à la tentative de mettre sur pied un nouveau système politique ; celui-ci doit permettre à la classe dirigeante de poursuivre les programmes d’austérité, en Grèce comme dans toute l’Europe.

Des années de brutales mesures d’austérité – exigées par la « troïka » de l’Union européenne, du Fonds monétaire International et de la Banque centrale européenne – ont précipité les travailleurs grecs dans la pauvreté et le chômage, tout en aggravant la crise économique qui a dévasté le pays. L’économie s’est contractée de 25 pour cent, des millions de personnes ont perdu leur assurance santé, les salaires ont reculé de 30 pour cent ou plus, la situation des sans abri s’aggrave et les maladies évitables se propagent rapidement, et six jeunes grecs sur dix sont au chômage.

Chaque tentative entreprise par les travailleurs et les jeunes pour s’opposer aux attaques menées contre leurs emplois et leurs conditions de vie a été trahie ou réprimée. Les partis traditionnels de gouvernement de la bourgeoisie sont profondément discrédités. Le parti Nouvelle Démocratie de Samaras et le PASOK social-démocrate sont l’objet du mépris de la vaste majorité de la population.

Dans ces conditions, la classe dirigeante se tourne vers SYRIZA, la « Coalition de la Gauche radicale », dans le but d’empêcher une crise révolutionnaire.

Les travailleurs et les jeunes en Grèce espèrent de toute évidence que SYRIZA – qui a été et s’est lui-même promu en tant que parti « anti-austérité » voire même « socialiste » – offrira une quelconque échappatoire. Le parti avait remporté les élections européennes en mai et est actuellement en tête des sondages pour l’élection parlementaire du mois prochain. Tsipras a réagi à l’effondrement du gouvernement en promettant que « dans quelques jours, les plans d’austérité appartiendr[aient] au passé. »

A en juger par la lecture de la presse des alliés internationaux de SYRIZA, la perspective que Tsipras devienne premier ministre équivaudrait à la seconde venue de Lénine. Le quotidien stalinien L’Humanité a proclamé avec enthousiasme : « Les électeurs grecs près d’un tournant anti-austéritaire, » tandis que le journal allemand Junge Welt écrit, « Pour la première fois, les Grecs peuvent élire un parti au sommet de l’Etat qui mérite vraiment l’appellation ‘politiquement de gauche’. »

Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. SYRIZA et Tsipras ont été soigneusement préparés pour assumer un rôle de premier plan dans la défense du capitalisme en Grèce, pour veiller à ce que les dictats du capital international soient appliqués et pour que la vague d’opposition populaire, qui risque de se répandre à l’Europe entière, soit neutralisée.

Au cours des cinq années écoulées depuis l’éclatement de la crise de l’euro, les forces de la classe moyenne aisée qui contrôlent SYRIZA ont été intégrées à la politique bourgeoise grecque et certains de leurs représentants ont été promus à des postes éminents dans l’Etat. Le parti a à maintes reprises exprimé son engagement en faveur de l’Union européenne et s’est efforcé de souligner son programme « pro-patronal » et pro-capitaliste.

Au début de l’année, Tsipras avait exhorté la Fédération hellénique des entreprises à développer une « relation institutionnelle fonctionnelle » avec ce parti « de la gauche radicale ». Dans une interview accordée en décembre à Reuters, il avait dénoncé l’« alarmisme » quant au programme soi-disant radical de SYRIZA, déclarant, « Une victoire de SYRIZA permettra de rompre le maléfice et de libérer les marchés [et créera] un sentiment de sécurité. » Il a promis de négocier avec la « troïka » et de parvenir à un accord avec les banques.

Pour ce qui est de la politique internationale, Tsipras, admirateur des plans de renflouement supervisés par le président Barack Obama aux Etats-Unis, s’était rendu en juin 2013 à Washington pour des réunions avec le groupe de réflexion Brooking Institut. Il s’est également déplacé pour consulter des figures du monde politique et financier à Berlin, Londres et Paris.

A l’époque, le New York Times était d’avis que « Seule SYRIZA pouvait sauver la Grèce ». Si SYRIZA prenait le pouvoir, écrivait ce journal, « rien de vital ne changerait pour les Etats-Unis. SYRIZA n’a pas l’intention de quitter l’OTAN ni de fermer les bases militaires américaines. »

Le Times conclut que la proposition de SYRIZA de restructurer la dette grecque serait bonne pour les banques : « Les banques et les fonds spéculatifs savent que la majeure partie de la dette grecque est détenue par les contribuables européens et par la Banque centrale européenne, et ce qui reste a été raflé par des investisseurs qui savent qu’elle sera remboursée. »

Le défi principal posé à la classe ouvrière européenne est de comprendre l’ampleur des tâches politiques auxquelles elle est confrontée. Alors qu’il existe un mécontentement social explosif, le besoin urgent est la construction d’une nouvelle direction politique basée sur un programme révolutionnaire.

Ce qui meut la politique frénétique de la bourgeoisie européenne et l’effondrement du vieil équilibre politique est l’échec historique du capitalisme européen. La classe dirigeante est déterminée à résoudre cette crise au moyen d’une redistribution massive des richesses de la classe ouvrière vers l’élite patronale et financière.

La Grèce est elle-même le fer de lance d’une contre-révolution sociale à l’échelle européenne. Des mesures identiques ont été imposées de l’Espagne à l’Irlande, mais les institutions politiques de la classe dirigeante se sont avérées totalement insensibles aux tentatives faites pour modifier la politique gouvernementale.

Rien ne peut être résolu dans le cadre d’un système économique mondial où chaque décision et chaque gouvernement est subordonné aux intérêts des banques et des entreprises géantes – un système que SYRIZA, au même titre que Nouvelle Démocratie et le PASOK, défend inconditionnellement.

La voie pour aller de l’avant est une lutte pour l’unification des travailleurs à travers l’Europe sur la base d’un programme de prise du pouvoir et de remplacement des institutions existantes, dont l’Union européenne, par une fédération d’Etats ouvriers – les Etats socialistes unis d’Europe. Cette perspective doit être mise en œuvre en opposition à tous les partisans du capitalisme.

Une telle lutte est inséparable de la construction de sections du Comité International de la Quatrième Internationale en Grèce et dans toute l’Europe.

Grèce : élections anticipées début 2015 après la chute du gouvernement

Par Robert Stevens

Des élections législatives seront tenues en Grèce le 25 janvier suite à l’échec du parlement d’élire comme président grec, lundi 29 décembre, le candidat de la coalition gouvernementale Nouvelle Démocratie-PASOK, Stavros Dimas. L’effondrement de la coalition gouvernementale témoigne d’une profonde crise de pouvoir en Grèce et d’une instabilité sociale et politique croissante dans toute l’Europe.

D’après la constitution, Dimas devait obtenir les voix d’au moins 180 des 300 députés du parlement grec pour éviter un effondrement du gouvernement et la tenue automatique de nouvelles élections parlementaires. Le 29 décembre, lors du troisième et dernier tour de scrutin de l’élection à la présidence (deux tours précédents n’ayant pas réussi à faire élire Dimas), le gouvernement ne fut en mesure de recueillir que 168 voix. C’était exactement le même score que celui obtenu lors du tour précédent où il s’était seulement assuré les voix d’une poignée de députés indépendants non-alignés.

Tous les principaux partis d’opposition – SYRIZA (Coalition de la Gauche radicale, 71 députés), le parti fasciste Aube dorée (16), le parti de droite Grecs indépendants (12), le Parti communiste de Grèce (KKE, 12) et la Gauche démocratique (Dimar, 9) – ont voté contre le gouvernement.

Six années de mesures d’austérité brutales imposées par les gouvernements successifs de ND et du PASOK œuvrant en association avec la « troïka » (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) ont créé des ravages dans la classe ouvrière grecque. ND et PASOK, les partis traditionnels de gouvernement de la bourgeoisie grecque, sont à présent profondément haïs.

Que Dimas ait fait l’unité des partis d’opposition, toutes tendances confondues, contre lui, reflète le fait qu’une grande partie de la bourgeoisie grecque a perdu confiance dans le gouvernement du premier ministre et dirigeant de ND, Antonis Samaras. Elle craignait de ne pas pouvoir imposer de nouvelles attaques, plus dures encore, contre le niveau de vie des travailleurs sans provoquer une éruption de l’opposition sociale de leur part.

Elle recherche un nouveau mécanisme politique pour imposer de nouvelles attaques à la classe ouvrière, pour sauvegarder les relations de la Grèce avec l’Union européenne et les banques et pour empêcher une mobilisation des travailleurs grecs et européens contre le programme d’austérité de l’UE, profondément impopulaire.

Les événements survenus ces derniers jours à Athènes ont plus encore démasqué l’UE comme une entité dictatoriale, déterminée à piller la population grecque dans le but de renflouer les banques et les super-riches. Samaras lui-même avait comparé la perspective de nouvelles élections au terrorisme, déclarant candidement que « les marchés ne souhaitaient pas d’élections. »

L’élection à la présidence grecque donna lieu à des interventions extraordinaires de la part de figures marquantes de l’UE. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a quasiment déclaré soutenir le candidat de Samaras, mettant en garde contre les dangers d’un « mauvais résultat électoral. » Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici a, de façon semblable, souligné que ce qui importait c’était « d’en terminer avec le second programme d’assistance rapidement et dans de bonnes conditions, » ajoutant que Bruxelles préfèrait traiter avec ceux qui s’engagent à préserver « l’intégrité de la zone euro et les réformes. »

Samedi, en amont du dernier tour, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a été encore plus catégorique, disant : « Les réformes difficiles sont en train de porter leurs fruits et il n’y a pas d’alternative. Les prochaines élections ne changeront pas la dette grecque. Chaque nouveau gouvernement devra respecter les accords conclus par ses prédécesseurs. » Il a poursuivi en précisant, « Si la Grèce choisit une autre direction, cela débouchera sur une situation difficile. »

En réaction à la chute du gouvernement, le capital financier menace une fois de plus d’étrangler l’économie grecque. Le porte-parole du FMI, Gerry Rice, a annoncé que le FMI allait suspendre les prêts accordés à Athènes. « Les discussions avec les autorités grecques sur l’achèvement du sixième examen du programme… reprendront une fois qu’un nouveau gouvernement sera en place, après consultation avec la Commission européenne et la Banque centrale européenne, » a-t-il dit.

La décision de Samaras de tenir l’élection présidentielle de façon anticipée est survenue après que son gouvernement a échoué à parvenir à un accord avec la « troïka » en vue d’une nouvelle tranche de prêts indispensable pour éviter un défaut de paiement et pour honorer sa dette de 319 milliards d’euros. La troïka avait au lieu de cela autorisé une prolongation de deux mois, jusqu’en février, de son actuel plan de sauvetage. Dans les termes du Financial Times, l’objectif était « l’adoption de nouvelles dures mesures dont des augmentations d’impôts et des réductions des retraites. »

Samaras a calculé que ce calendrier ferait que son gouvernement – qui ne disposait que d’une très mince majorité parlementaire – tiendrait l’élection présidentielle au même moment qu’il aurait à imposer des coupes encore plus vastes contre une écrasante opposition populaire. En organisant cette élection plus tôt, il espérait rassembler une majorité parlementaire suffisante pour éviter tout recours à une élection. Cette stratégie a maintenant échoué.

Il est significatif que, dans le cadre de ses manoeuvres anti-démocratiques, l’Etat grec a libéré sept députés d’Aube dorée de prison où ils étaient écroués en attendant leur procès pour appartenance à une organisation criminelle. Malgré les rumeurs d’un éventuel arrangement dans lequel le gouvernement assurerait l’élection de Dimas avec les voix d’Aube dorée, ceci ne s’est pas matérialisé.

Des parties de la classe dirigeante étaient inquiètes que le fait que la survie du gouvernement dépendait de nervis néonazis ne discrédite encore davantage l’ensemble du système politique. Dans le cas présent, Aube dorée a voté contre le gouvernement.

Les sondages d’opinion montrent actuellement le parti de pseudo-gauche SYRIZA devant ND et sortant vainqueur des élections législatives anticipées. Sa marge de victoire ne devrait toutefois pas être grande, ce qui signifie qu’il devrait gouverner au sein d’un gouvernement de coalition.

Le dirigeant de SYRIZA, Alexis Tsipras, a réagi au scrutin présidentiel en suggérant qu’une victoire de SYRIZA et un changement de cap pour la Grèce étaient imminents. Il a déclaré : « Dans quelques jours, les plans d’austérité appartiendront au passé… Les législateurs ont prouvé que la démocratie ne cédait pas au chantage. »

C’est une escroquerie cynique. Quel que soit le gouvernement qui sortira du scrutin de janvier, il sera implacablement hostile à la classe ouvrière.

Les avertissements les plus sévères doivent être lancés concernant les organisations réactionnaires soi-disant de gauche de la classe moyenne aisée, telles SYRIZA qui propose de renégocier avec la troïka les plans d’austérité de l’UE, ce qui ne peut que signifier donner un nouvel emballage et un autre nom aux coupes. Ses partis frères – Rifondazione Comunista en Italie, le Bloc de Gauche au Portugal, la Unity List au Danemark – ont à maintes reprises rejoints des coalitions gouvernementales qui ont imposé des mesures d’austérité contre la classe ouvrière tout en menant des guerres impérialistes outre-mer.

Des parties de la bourgeoisie estiment qu’un gouvernement mené par SYRIZA pourrait être le meilleur instrument pour gérer une crise qui ne cesse de s’aggraver – et surout pour dissiper l’opposition de la classe ouvrière contre l’austérité causée par l’UE. SYRIZA, qui soutient farouchement l’UE, a passé ces deux dernières années à gagner les faveurs des banques et de l’appareil militaire et du renseignement des principales puissances impérialistes. Les dirigeants de SYRIZA, dont Tsipras, ont fait de nombreux voyages à Washington, Berlin, Paris et Londres.

La question cruciale à laquelle la classe ouvrière est actuellement confrontée en Grèce, comme partout en Europe est de savoir comment intervenir indépendamment dans cette crise politique, contre l’UE et toutes les sections de l’élite dirigeante, y compris contre les partis comme SYRIZA. Il existe au sein de la classe ouvrière dans toute l’Europe une hostilité massive contre les plans d’austérité de l’UE et les tensions de classe ont pris des dimensions explosives. Le défi posé à la classe ouvrière est de comprendre politiquement les dangers que représentent SYRIZA et les autres factions de l’establishment politique.

En Grèce, où une junte militaire soutenue par la CIA était au pouvoir jusqu’en 1974, la classe dirigeante est prête à utiliser tous les moyens pour casser l’opposition de la classe ouvrière. Juste avant le scrutin présidentiel, Panayiotis Baltakos, l’ancien secrétaire général du gouvernement, avait annoncé son intention de former un nouveau parti d’extrême-droite, Rizes (Racines). Il a dit que celui-ci serait basé sur « nos traditions, l’église orthodoxe, les services de sécurité et l’armée. »

Les questions politiques dans les élections grecques

Par Chris Marsden et Julie Hyland

Les élections législatives de dimanche en Grèce sont uniformément présentées comme étant un moment charnière où la population grecque aura la possibilité de déterminer non seulement l’avenir de son propre pays mais le cours de l’Europe. Mais, en ce qui concerne l’élite dirigeante européenne, le sort de la Grèce a déjà été fixé.

Quel que soit celui qui remporte les élections, la classe ouvrière sera obligée de rembourser le renflouement de plus de 200 milliards d’euros par le biais de mesures d’austérité liées au mémorandum signé avec la troïka – l’Union européenne (UE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire International (FMI). Ceci sera inévitablement suivi par des appels à des sacrifices supplémentaires, que la Grèce soit ou non autorisée à rester dans la zone euro.

La chancelière allemande, Angela Merkel, a choisi la veille des élections grecques pour déclarer de façon directe que « les ressources de l’Allemagne ne sont pas illimitées » et pour exclure toutes les suggestions proposant que Francfort règle l’addition des euros obligations et la garantie des dettes par la BCE. Les déclarations de la chancelière visaient la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Mais, quels que soient leurs désaccords sur la Grèce, ils partagent tous le même avis.

Il existe de nombreux rapports de projets détaillés élaborés par l’UE et les banques centrales partout dans le monde qui anticipent la sortie de la Grèce de l’euro. Le renflouement de 100 milliards d’euros pour l’Espagne pas plus tard que le week-end dernier a été largement compris comme une tentative de créer un pare-feu pour empêcher qu’une contagion financière ne se propage à partir de l’effondrement de l’économie grecque.

Le ministre britannique des Finances, George Osborne, a dit cette semaine que la sortie de la Grèce pourrait être le prix à payer pour persuader l’Allemagne de « sauver » l’euro. Une raison de l’affirmation d’Osborne se trouve dans la ruée continue sur les banques en Grèce et qui a entraîné une baisse des dépôts totalisant près de 50 pour cent, et 500 millions d’euros retirés chaque jour. Michael Tory, l’ancien banquier de Lehman Brothers, a même été plus explicite qu’Osborne en disant que la sortie de la Grèce de l’euro pourrait bien être le « le moment Lehman » dont l’Europe a besoin comme choc salutaire.

La référence à Lehman montre clairement qu’il s’agit d’une exigence venant de la finance internationale pour qu’encore plus d’argent soit octroyé aux banques et payé au moyen de coupes encore plus profondes et plus brutales.

La proposition de quelques concessions provisoires n’est pas exclue comme partie intégrante de l’effort de gestion de la crise. Mais la spirale descendante de la Grèce continuera.

De par l’Europe, la crise s’intensifie chaque jour et toutes les mesures prises pour trouver une solution se révèlent inefficaces. D’ores et déjà, l’attention des spéculateurs se porte au-delà de la Grèce. L’impact du sauvetage de l’Espagne a été de courte durée. Son taux d’emprunt a maintenant grimpé au-dessus du niveau jugé insoutenable de 7 pour cent. Il est maintenant largement question de l’Italie comme prochain candidat sur lequel la troïka devra agir.

Le sillage de dévastation résultant des exigences prédatrices des banques et des spéculateurs n’est nulle part plus apparent qu’en Grèce. Après cinq années d’austérité, son produit intérieur brut est estimé avoir chuté de 27 pour cent, un niveau sans précédent par temps de paix.

Un quart des travailleurs et la moitié de l’ensemble des jeunes sont officiellement sans emploi. Des millions d’autres sont employés sur des contrats à court terme, gagnant à peine 300 euros par mois. Les salaires ont été réduits jusqu’à 50 pour cent alors que les services sociaux sont en état d’effondrement. La famine, la situation des sans-abri et les suicides font l’objet d’innombrables articles de presse insoutenables.

Malgré ce sort terrible, aucun parti en Grèce ne parle vraiment en faveur des intérêts des travailleurs.

Nouvelle Démocratie et PASOK sont directement complices de la ruine de leur propre population. Leur campagne électorale traduit les exigences de la troïka en cet ordre formel : Faites ce que l’on vous dit, sinon vous serez confrontés à un Armageddon social !

Ceux qui cherchent en SYRIZA (Coalition de la Gauche radicale) une alternative n’en trouveront pas. La coalition et son dirigeant, Alexis Tsipras, s’insurgent contre les injustices endurées en raison du mémorandum. Toutefois, l’intention déclarée de SYRIZA est de faire tout ce qui est nécessaire pour maintenir la Grèce dans l’UE et la zone euro. A cette fin, SYRIZA ne propose qu’un prolongement du délai de remboursement de la dette grecque combiné à des efforts pour augmenter les recettes au moyen d’une imposition plus efficace. Elle espère persuader les principales puissances en Europe qu’il s’agit là d’une option plus attrayante que d’obliger la Grèce à s’effondrer tout de suite.

C’est une voie sans issue.

Ce qui unit tous les partis c’est leur insistance pour que les travailleurs et les jeunes placent tous leurs espoirs de trouver un compromis dans une section de la bourgeoisie ou une autre. En cela, ils sont assistés par les syndicats qui ont cessé toute lutte contre l’austérité dictée par la troïka.

Tout dépend à présent de l’intervention indépendante de la classe ouvrière dans la vie politique.

Les travailleurs et les jeunes en Grèce sont confrontés au plein impact de l’échec mondial du capitalisme. Quelles que soient les caractéristiques spécifiques de la crise grecque et de celle de l’Union européenne et de l’euro, ce qui est fondamental c’est que la poursuite de l’existence du système de profit est incompatible avec les besoins essentiels de la grande masse de l’humanité. Ceci vaut tout autant pour les Etats-Unis, la Russie, le Japon, l’Inde et la Chine que l’Europe.

La Grèce est victime d’une contre-révolution sociale mise en place par l’élite dirigeante qui est déterminée à la déployer à travers l’Europe. Des coupes sociales s’élevant à des centaines et des centaines de milliards d’euros ont déjà été faites partout sur le continent. En Grèce, la classe dirigeante est en train de tester pour voir jusqu’où elle peut aller.

Sur cette voie, un conflit décisif entre l’élite dirigeante et la classe ouvrière est inévitable. On parle ouvertement d’une aggravation telle des troubles sociaux en Grèce qu’il faille faire appel à l’armée. Des plans pour une sortie de la Grèce de l’euro prévoient la fermeture des frontières du pays, et des manoeuvres militaires ont déjà lieu en préparation de troubles civils.

Le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung a résumé l’atmosphère au sein des cercles dirigeants lorsqu’il a avancé la nécessité pour l’Europe de déployer des troupes en Grèce au cas où elle deviendrait un « Etat failli. » Si « Athènes n’était plus en mesure de payer ses responsables ou de seulement les payer en drachme, » la situation deviendrait « chaotique », et la Grèce « serait secouée par des rébellions, » avait-il écrit le mois dernier.

Remarquant la récente extension du déploiement de troupes de l’UE vers la frontière turco-grecque, il a conclu, « Espérons, qu’une force de protection internationale, comme celle qui est stationnée dans les pays chancelants plus au Nord, ne devienne une option. »

La classe ouvrière grecque ne peut fonder ses actions politiques ni sur les faux espoirs promus par SYRIZA ni sur les frayeurs qui sont attisées par Nouvelle Démocratie et PASOK. Elle doit regarder la réalité droit en face.

Il en va de même pour tous les travailleurs en Europe qui doivent être tout aussi déterminés à défendre leurs frères et soeurs grecs que l’élite dirigeante est déterminée à les appauvrir.

La solidarité avec les travailleurs de Grèce doit devenir le centre d’un mouvement politique de toute la classe ouvrière européenne contre les gouvernements prédateurs de Berlin, Paris, Londres, etc. Les patrons de l’Union européenne doivent être renversés et remplacés par des gouvernements ouvriers organisés au sein des Etats socialistes unis d’Europe.

A cette fin, des organes indépendants de lutte doivent être forgés sur chaque lieu de travail et dans chaque quartier. Ce qui est requis avant tout c’est une authentique direction socialiste développée grâce à la construction de sections du Comité international de la Quatrième Internationale.

Le dirigeant de SYRIZA, Tsipras, promet de sauver le capitalisme grec et européen

Par Chris Marsden

Le dirigeant de SYRIZA, Alexis Tsipras, a choisi d’écrire une rubrique dans le Financial Times pour promettre que son parti agira comme sauveur de l’euro et percepteur des impôts pour le compte de la troïka.

« Je maintiendrai la Grèce dans la zone euro et je restaurerai la croissance, » a-t-il promis le 12 juin dans un article d’opinion.

Dans ce cas du moins, le vrai message c’est le médium lui-même. Le FT est l’organe de prédilection de l’oligarchie financière mondiale. Et c’est à cette oligarchie que Tsipras s’adresse. Il est souvent nécessaire d’extraire la véritable substance de tout ce que dit Tsipras. Il dirige un parti qui représente les intérêts politiques de la bourgeoisie grecque et d’une couche de la classe moyenne qui estiment que leur existence est menacée – tant par l’exigence d’une austérité brutale exprimée par l’Union européenne, le Fonds monétaire International et la Banque centrale européenne, dans le mémorandum accepté par le gouvernement précédent, que par l’opposition explosive que tout ceci a généré au sein de la classe ouvrière. Pour combler cet écart, Tsprias utilise régulièrement un discours gauchiste contre l’austérité pour couvrir ses promesses constamment répétées de sauver le capitalisme grec et européen.

Mais cette fois-ci, Tsipras s’adresse aux spéculateurs, aux banquiers et aux gouvernements de l’Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Il y a donc bien moins d’ambiguïté sur la nature du message. Il y a quelques références traditionnelles faites à la « crise humanitaire », mais rien de plus.

« Pour qu’il ne subsiste pas de doute, » proclame-t-il, « mon mouvement – SYRIZA – est engagé à maintenir la Grèce dans la zone euro. »

Suit un message à l’attention du président américain, Barack Obama, qui solidarise SYRIZA avec l’appel en faveur d’un plan « raisonnable » pour stabiliser « nos dettes et nos déficits. »

Tsipras se présente comme l’homme de la situation pour rembourser les dettes de la Grèce. « SYRIZA est le seul mouvement politique en Grèce qui peut assurer aujourd’hui la stabilité économique, sociale et politique de notre pays, » écrit-il, et qui « profitera à la zone euro » en « sauvant la monnaie commune. »

Les « problèmes » de la Grèce sont attribués non pas aux activités spéculatives criminelles des banques et aux exigences voraces de ses créanciers pour le remboursement de ces dettes de jeu, mais à des« faibles revenus publics ». Il a promis de mettre fin aux « allègements fiscaux et aux exemptions accordées à des intérêts particuliers par les gouvernements précédents ainsi qu’à un taux d’imposition effectif bas aussi bien des revenus personnels que du capital. »

Cette « stabilisation budgétaire pragmatique et socialement juste » est censée fixer les dépenses publiques « à environ 44 pour cent du PIB » et à éliminer l’écart de quatre pour cent dans les revenus provenant de l’imposition directe par rapport aux niveaux européens moyens.

Plutôt que de refuser d’octroyer davantage d’argent aux banquiers, il dit que la recapitalisation des banques grecques, « avec des prêts de la troïka, » sera faite « de manière transparente. »

Pendant des années, SYRIZA s’était engagée à nationaliser les banques comme partie intégrante de son programme. A présent, elle a décidé de les recapitaliser grâce à l’argent de la troïka. Ceci contredit sa menace de ne pas honorer le mémorandum et les mesures d’austérité brutales acceptées comme condition préalable au sauvetage des banques à hauteur de 110 milliard d’euros.

SYRIZA souhaite toujours que l’UE, la BCE et le FMI financent les banques mais c’est celui qui a l’argent qui décide. Il n’est donc pas étonnant que dans le principal quotidien conservateur de Grèce, Kathemerini, Tsipras ajoute que son parti ne va pas se rapprocher des créanciers étrangers de la Grèce « pour chercher querelle mais pour les convaincre. »

Le succès électoral de SYRIZA repose sur son opposition, publiquement affichée, aux mesures d’austérité. Mais ceci est incompatible avec son insistance que la Grèce doit rester au sein de l’UE et de la zone euro. Tous deux sont des instruments des principaux groupes mondiaux, des banques et des plus puissantes nations impérialistes européennes. Tout accord signé avec la troïka, et pas uniquement le mémorandum, ne sera façonné que par ces parties intéressées et aux dépens de la classe ouvrière.

Les conditions même du « sauvetage », dont 45 milliards d’euros ont jusque-là été versés, le prouvent. Comme c’est toujours le cas pour ce genre de sauvetage – pour l’Espagne, le Portugal et l’Irlande – il s’agit d’argent qui est remis aux banques et payé par les travailleurs. Exactement 40 pour cent du prêt de la troïka à la Grèce sont allés tout droit dans les poches de financiers qui ne sont pas grecs, 23 pour cent aux financiers grecs et 18 pour cent sont directement retournés à la BCE. Et tous continuent aussi de profiter des intérêts du prêt !

SYRIZA n’a nullement l’intention de fondamentalement remettre en question ce schéma. Ses nombreux apologistes au sein des groupes faussement de gauche, dont bon nombre ont des factions au sein de la coalition, affirment que SYRIZA veut annuler la dette. Mais, c’est un mensonge. Son programme en dix points n’insiste que sur un « moratoire sur le service de la dette » et sur des « négociations pour l’annulation de la dette » – et ce uniquement pour une partie de la dette – avec « une régulation pour la dette restante. »

Ses mesures économiques ne sont pas aussi radicales que celles qui existaient jusque dans les années 1980 dans la plupart des pays européens. Elle demande simplement une « taxation des fortunes supérieures à 1 million d’euros et des gros revenus, » sans spécifier ce qu’un tel prélèvement pourrait être. Elle réclame aussi une « augmentation progressive, jusqu’à 45 pour cent, de la taxe sur les dividendes versés par les entreprises. »

En réalité, de nos jours la plupart des entreprises paient peu ou pas d’impôt et la grande majorité des recettes de l’Etat proviennent des impôts sur le revenu et sur la consommation.

Le manifeste de SYRIZA conclut en affirmant, « Notre objectif stratégique est le socialisme avec la démocratie, » mais ceci a le même caractère que les promesses des anciens partis sociaux-démocrates et staliniens, promesses qui n’ont jamais empêché leur véritable politique pro-capitaliste.

Entre-temps, SYRIZA prend fait et cause pour « l’alliance du peuple » qui ne veut rien dire d’autre qu’une subordination de la classe ouvrière à la politique formulée pour satisfaire les intérêts stratégiques de la bourgeoisie grecque, européenne et internationale.

Tsipras tient un double discours. En public, il peste contre les iniquités subies par la population grecque tout en complotant en privé avec leurs auteurs. Si SYRIZA devait former un gouvernement ou faire partie d’une coalition, elle ferait ce que la troïka, Wall Street et la City de Londres exigeront d’elle.

Les travailleurs et les jeunes les plus clairvoyants doivent rejeter le faux gauchisme de SYRIZA pour construire un parti authentiquement socialiste afin de représenter leurs intérêts.

Sous le capitalisme grec, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’euro et de l’UE, les travailleurs grecs sont confrontés à une austérité brutale et à une répression féroce. Le Comité international de la Quatrième Internationale et ses sections européennes appellent à une offensive politique soutenue par des grèves de masse afin de mettre en place un gouvernement ouvrier qui mettra fin à la dictature du patronat grec et à la troïka, qui confisquera les biens des banques et des grandes entreprises et appliquera un programme d’urgence de travaux publics pour fournir des emplois décents, l’éducation, le logement et des soins de santé à tous.

Ces mesures ne sont possibles que dans le cadre d’une mobilisation politique des travailleurs sur l’ensemble du continent afin d’établir les Etats socialistes unis d’Europe. Nous nous engageons pour cette lutte aux côtés de nos frères et soeurs grecs.

Luttes de classes en Grèce

30.000 personnes dans les rues d’Athènes, environ 10.000 à Salonique : la Grèce observait sa deuxième grève générale de l’année. Un débrayage de 24 heures du public et du privé contre l’austérité : transports en commun, liaisons aériennes et maritimes, hôpitaux, banques ou encore écoles ont été touchés.

Retraités, chômeurs, actifs se mobilisent à une semaine du vote de la loi de finance 2015, alors que les créanciers internationaux – l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – exigent d’Athènes de nouvelles coupes budgétaires. Le gouvernement conservateur, qui espérait sortir du plan de sauvetage avant la fin de l’année, n’a obtenu aucune concession de la troïka qu’il a retrouvé cette semaine à Paris. Un accord avant la réunion de l’Eurogroupe, le 8 décembre, est peu probable.

Pourtant, de ces économies budgétaires dépend le versement de la toute dernière tranche d’aide du plan de sauvetage de 240 milliards d’euros concédé à la Grèce en faillite en 2010. Si Athènes parvient à s’en émanciper, elle restera épaulée par le FMI jusqu’en 2016.
Ce petit jeu du donnant-donnant irrite des Grecs à genoux. “ Les Grecs ne peuvent pas supporter davantage d’austérité. Les discussions avec la troïka devrait cesser sur le champ ! “ s’insurgeait un quinquagénaire dans la manifestation. “ Ce qui arrive à mon pays me rend très triste, les Grecs devraient se soulever ! “ renchérissait une femme.

Privé et public unis, plus de 25 000 personnes ont manifesté jeudi 27 novembre à Athènes et Salonique, les deux principales villes grecques, contre la poursuite de la politique d’austérité. Les transports en commun, les liaisons aériennes, ainsi que tous les bateaux étaient à l’arrêt, tandis que les services publics, en particulier les écoles, les hôpitaux et les banques fonctionnaient au ralenti.

Les manifestants contestent le maintien de l’austérité malgré la reprise progressive de leur économie, le PIB ayant ainsi progressé de 0,7 % au troisième trimestre. Selon les statistiques, la Grèce serait officiellement sortie de cinq ans de récession au premier trimestre de cette année avant de connaître deux autres trimestres de croissance entre avril et septembre.

A l’origine de cette mobilisation, les syndicats GSEE (du secteur privé) et Adedy (du secteur public) dénoncent « les mesures gouvernementales qui entretiennent le Moyen Age social, le chômage à un niveau record, les politiques qui font des travailleurs la variable d’ajustement de la crise et des déficits ». Cette grève générale, la première depuis avril, intervient à quelques jours du vote du budget de 2015 par le Parlement, qui poursuit une politique de baisse des dépenses, notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation.

Malgré les signes de vitalité de l’économie, le taux de chômage grec reste en effet le plus élevé de l’Union européenne (25,9 % en août) et touche un jeune sur deux. Un emploi sur quatre a disparu pendant la crise, selon l’Organisation internationale du travail (OIT) qui a mis en garde cette semaine contre le risque de « crise sociale prolongée ».

« Non au chômage partiel, non aux licenciements ! Oui à un emploi stable et permanent ! », pouvait-on lire sur les banderoles, à Athènes, il faut mettre « fin à la pauvreté, renverser [le gouvernement] maintenant ».

Lire encore sur les luttes de classe en Grèce

Les dernières grèves en Grèce

Les lycéens occupent des centaines d’écoles à travers la Grèce

Par John Vassilopulos

Les lycéens ont occupé presque six cent écoles à travers la Grèce lundi dernier pour protester contre la législation New Lyceum qui a été votée par le parlement grec l’année dernière et qui a radicalement réformé la procédure des examens d’admissibilité aux écoles et aux universités. Les écoles chroniquement sous-financées aussi bien que le manque de personnel enseignant étaient également des facteurs qui ont déclenché les occupations.

Depuis la fin de la dictature militaire dans les années 1970, les étudiants ont fréquemment occupé leurs établissements scolaires en signe de protestation. Ces dernières occupations étaient déclenchées selon la presse par une page d’évènement sur Facebook intitulée « Occupations panhélleniques, Dites non au nouveau système, » et ouverte par un usager utilisant le nom de Yiannis Georgiou.
Outre l’introduction d’exigences de notation plus strictes pour le passage d’une classe à l’autre, la législation New Lyceum a introduit une Banque de donnés par sujets, centralement compilée, pour chaque matière. Selon les nouvelles règles, la moitié de toutes les questions d’examen doit trouver son origine dans cette Banque de données, le reste étant fourni par des enseignants individuels. Selon un article paru en mai dans I Efimerida Ton Syntakton (Ef.Syn.) cette mesure obligera les enseignants à adapter leur enseignement au genre de questions prescrites par la Banque de données, qui verra le rôle des enseignants réduit à l’enseignement de techniques de mémorisation d’information. La Banque de sujets est un pas vers les tentatives progressives faites par le gouvernement pour « évaluer enseignants et écoles selon le taux de réussite des élève ».
Les dépenses publiques grecques dans l’éducation représentent 2,5 pourcent du PBI, ce qui est bien au-dessous du niveau moyen de 5 pourcent de l’Union Européenne. Cette situation est le résultat des mesures d’austérité appliquées depuis 2010 par des gouvernements successifs sur l’ordre de l’UE, de la Banque centrale européenne et du Fonds monétaire international – collectivement connu comme la ‘troïka’. Les dépenses dans l’éducation sont tombées de 35,5 pourcent entre 2009 et 2014 et il est prévu que ces dernières tomberont au-dessous de 2 pourcent du PIB d’ici 2018.

Dans ce contexte, la législation New Lyceum et la Banque de sujets sont un moyen de dresser les étudiants et les écoles les uns contre les autres et de les mettre en concurrence pour l’obtention de ressources de plus en plus rares.

Ceci stimulera le secteur éducatif privé, à savoir la pléthore des écoles de bachotage connues sous le nom de frontistiria. Les frontistria ont historiquement bouché le trou laissé par un manque chronique de financement du système éducatif grec, les ménages dépensant actuellement un total de €1 milliard par an pour les frontistiria ou des cours privés. Les familles se battant pour la survie économique, les contributions financières à débourser en plus pour l’éducation signifient que les perspectives d’étudiants venant de familles défavorisées vont souffrir.

La réponse du ministre de l’Education Andréas Loverdos aux occupations fut de menacer de punition ceux qui y participent. Il évoqua un décret présidentiel stipulant que pour toute occupation d’une école dépassant 3 trois jours, les heures perdues seraient compensées par des cours tenus pendant les weekends, les vacances de Noël et de Pâques et par une réduction du nombre de sorties scolaires. Le décret avait été signé par le président de la République, Karalos Papoulias en décembre 2013, en réponse à la vague d’occupations d’écoles en octobre de la même année.

Loverdos a aussi travaillé avec Manolis Sfakianakis, chef de l’unité du Crime électronique de la police grec, et avec le procureur de la Cour suprême Efterpi Koutzamani afin de découvrir l’identité de la personne qui a créé la page Facebook. Loverdos a dit, « si la page a été créée par un étudiant et bien cela est sans problème. Cependant, si cette personne est d’un âge différent et qu’elle veut déterminer la façon dont les écoles s’organisent, alors c’est un problème. »
La page Facebook a été enlevée du site du réseau social mercredi, mais rétablie le lendemain.

Koutzamani a envoyé une circulaire mardi aux parquets locaux en Grèce, leur demandant qu’ils interviennent pour restaurer l’ordre dans les écoles. Elle a cité une circulaire de 2009 émanant de son prédécesseur, Ioannis Tentes, dans lequel il a instruit les parquets qu’en cas de comportement « extrêmement criminel » pendant les occupations, les parents des auteurs de délits devraient être mis en examen pour établir la base d’une inculpation pour surveillance négligée.

La réponse de l’Etat aux occupations est une expression des mesures autoritaires que les gouvernements successifs ont pris afin de réprimer l’opposition contre les mesures d’austérité qu’ils ont imposées à la demande de la troïka. En février cette année, la police a fait une descente dans une série d’écoles à Athènes et au Pirée, arrêtant des étudiants pour les interroger sur les occupations des écoles d’octobre dernier.

La réponse du pseudo-gauche SYRIZA (Coalition de la gauche radicale) aux occupations est venue de son aile de jeunesse, Jeunesse SYRIZA, lequel a distribué une déclaration mercredi, deux jours après le début des occupations, déclarant vaguement que « les étudiants luttaient contre l’école qu’on préparait pour eux et qu’ils luttent pour une école d’un type différent. »

Ceci a poussé Loverdos à accuser SYRIZA d’être à l’origine des occupations. Selon le journal financier online capital.gr, la direction de SYRIZA était « furieuse » des accusations de Loverdos « étant donné qu’elle s’attendait à ce qu’on comprenne la réponse discrète et le profile bas pris vis-à-vis de cette question. »

Le président du syndicat des enseignants de lycées (OLME) Themis Kotsifakis a réagi de la même façon, lorsque dans un entretien avec Vima FM il s’est tenu à l’écart des manifestants lycéens. Kotsifakis, qui s’est présenté comme candidat de SYRIZA dans les élections européennes cette année, a déclaré, « Je ne veux pas m’engager dans un processus menant à dire, ‘ les jeunes, occupez vos écoles’ ou ‘les jeunes, n’occupez pas vos écoles’ ».

La pseudo-gauche et la bureaucratie syndicale ont fait en sorte d’affaiblir, à travers les grèves limitées de 24 heures, l’opposition aux vagues successives des mesures d’austérité imposées depuis 2010. Les grèves militantes qui menacent directement la politique gouvernementale ont été arrêtées et affaiblies, même au moment où le gouvernement utilisait des ordres de mobilisation civile pour les casser.

Soumettant les grévistes à la loi martiale et leur ordonnant de reprendre le travail, les ordres de mobilisation civile ont été utilisés par des gouvernements successifs depuis 2009. En mai 2013, de tels ordres étaient imposés aux enseignants de lycées en grève après que leur action a été trahie par le syndicat OLME. La grève des ouvriers de l’Entreprise Publique d’Energie en juillet fut la dernière grève en date contre laquelle on utilisait la mobilisation civile pour casser une grève.

Messages

  • Au lendemain de la victoire aux législatives d’Alexis Tsipras, leader du parti anti-austérité Syriza, Benoît Coeuré, un membre du directoire de la BCE, estime impossible un allègement de la dette grecque.

    "Il n’appartient pas à la BCE de décider si la Grèce a besoin d’un allègement de la dette. Mais il est absolument clair que nous ne pouvons pas être d’accord avec l’allègement d’une dette qui comprend des obligations grecques détenues par la BCE" assure Benoît Coeuré, dans un entretien publié par le journal allemand Handelsblatt lundi. Il assure que cette impossibilité tient à des raisons légales.

    Si les Grecs ont massivement voté ce dimanche pour le parti de gauche radicale Syriza, c’est avec l’espoir de "laisser derrière eux" la politique d’austérité dictée au pays par la Banque centrale européenne, l’Union européenne et le Fonds monétaire international. Une politique imposée en échange de 240 milliards d’euros de prêts pour sauver le pays de la faillite.

  • Des centaines de milliers de manifestants, rassemblés place Syntagma, faisant le blocus du Parlement et le vote dans ce même Parlement du nouveau plan d’austérité, sous la protection du service d’ordre du KKE, encerclant le Parlement, avant tout pour contenir les masses, parti issu du stalinisme dont la secrétaire générale expliquait trois jours plus tôt que « l’encerclement et le blocus du Parlement ne signifient en aucun cas empêcher les députés d’y entrer », le journal britannique The Guardian expliquant « sans la chaine humaine formée autour du Parlement par les militants du très discipliné parti communiste, il est probable que la masse bouillonnante aurait tenté de prendre d’assaut le bâtiment dès le début ».

  • Jusqu’à 50.000 travailleurs ont défilé à Athènes jeudi lors d’une grève générale de 24 heures qui a vu l’une des plus grandes mobilisations contre l’austérité en Grèce ces derniers temps.

    La grève témoigne de la colère explosive dans la classe ouvrière contre la politique d’austérité actuellement imposée par le gouvernement Syriza (‘Coalition de la gauche radicale’). Un an seulement après être arrivé au pouvoir avec la promesse de s’opposer aux demandes rapaces de l’UE et du FMI, le parti salué par les groupes de la pseudo-gauche partout dans le monde est un objet de haine et de mépris.

    Un rassemblement a aussi eu lieu à Thessalonique, la deuxième ville de Grèce, et dans d’autres villes dont Patras, Larissa et la capitale de la Crète, Héraklion.

    La grève, appelée par les fédérations syndicales du secteur privé (GSEE) et du secteur public (ADEDY), s’opposait à la diminution brutale des retraites imposée par Syriza à la demande des créanciers internationaux de la Grèce.

    Syriza est résolu à sabrer dans les dépenses de retraite à hauteur d’un pour cent du PIB (1,8 milliard d’euros) cette année afin de recevoir de nouveaux prêts de sauvetage de l’UE. Il prévoit de réduire la retraite maximum de l’Etat de 2.700 euros mensuels à 2300 euros et de mettre en place une retraite minimum de base garantie de seulement € 384. Certaines retraites pourraient être réduites de jusqu’à 30 pour cent, cela alors que les gouvernements successifs ont déjà réduit les retraites onze fois depuis 2010. Syriza compte éliminer aussi progressivement le paiement d’allocations complémentaires aux retraités d’ici 2019.

    Les coupes dans les retraites sont un élément central du programme d’austérité imposé par Syriza. Cette semaine, les responsables de la « troïka » (UE, BCE et FMI) sont arrivés à Athènes pour y rencontrer le ministre du Travail George Katrougalos dans un hôtel du centre, fortement protégé par la police pendant la grève, et où ils ont discuté les coupes dans les retraites.

  • La Grèce paralysée par une grève générale

    Ce mouvement doit durer 48 heures. C’est la quatrième grève contre le gouvernement d’Alexis Tsipras depuis sa réélection en septembre 2015.

    Cela démontre à nouveau que Tsipras est du côté des capitalistes et l’a toujours été mais son opposition politique et syndicale n’est pas davantage ennemie réelle du capitalisme, en tout cas pour sa direction. Ce sont encore des réformistes.

  • Le 17 mai, les travailleurs à travers la Grèce se sont mobilisés pour une grève générale d’un jour à l’appel des syndicats grecs contre de nouvelles mesures d’austérité dictées par l’Union européenne (UE) et imposées par le gouvernement Syriza (la « Coalition de la gauche radicale »).

    Le projet de loi préparé par l’UE et par Syriza, qui fait environ 900 pages, contient encore une réduction des retraites, de 9 à 18 pour cent ; l’imposition de l’impôt sur le revenu à tous ceux qui gagneraient plus de €5.681 par an ; des réductions allant jusqu’à 50 pour cent des subventions pour le chauffage, des allocations-chômage ; des mesures pour faciliter les licenciements de masse ; et davantage de privatisations. L’accord contiendrait également des promesses de Syriza d’introduire des lois pour limiter le droit de grève et faciliter l’interdiction des grèves.

    C’est une étape de plus dans la trahison par Syriza de toutes les promesses qu’elle avait faites au peuple grec de mettre fin à l’austérité, en arrivant au pouvoir en janvier 2015. Le premier ministre, Alexis Tsipras a déclaré hier que ces mesures provoqueraient « un tsunami d’investissement », manifestement parce que les capitaux seraient attirés par une main d’oeuvre grecque surexploitée et payée à des salaires comparables à ceux de ses frères et soeurs de classe en Chine.

    Parmi les travailleurs, par contre, la colère monte contre Syriza, et le grève a été largement suivie sur fond de tensions explosives également au sein de l’appareil de l’Etat bourgeois. Hier, les trains, les bus, les transports en commun d’Athènes et les hôpitaux publics étaient tous en grève ou fonctionnaient avec des équipes et des horaires réduits. Les aiguilleurs du ciel ont fait grève pendant quatre heures hier et le feront à nouveau aujourd’hui.

    Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs manifestations à Athènes organisées par les différents appareils syndicaux : le syndicat de la fonction publique Adedy, le syndicat du privé GSEE, et le syndicat PAME lié au Parti communiste grec (KKE) stalinien.

    La Fédération panhellénique de marins a annoncé la prolongation de leur grève, projetée pour mardi et mercredi, jusqu’à vendredi. Dans un communiqué, le syndicat a demandé « la compréhension et le soutien des usagers voyageurs et de tous les travailleurs grecs », expliquant que les nouvelles mesures exposeraient les marins « à la pauvreté et à la misère ». Leur grève touche notamment les îles grecques, privées de ferries et donc isolées du continent.

    A Thessalonique, la deuxième ville du pays, les travailleurs des transports en commun ont continué une grève lancée lundi. Les 2.300 travailleurs des Transports Publics de Thessalonique (OASTh) exigent le paiement de leurs salaires de mars et avril 2017, que leur refuse toujours la direction, qui a riposté en exigeant aux tribunaux l’interdiction de la grève. La direction a été déboutée par le tribunal de première instance, qui a estimé que sa requête n’avait aucun fondement juridique et a remis la prochaine audience au 26 septembre.

    Une confrontation tendue s’est déroulée à Athènes entre les forces de l’ordre et des grévistes en uniforme – pompiers, soldats, et policiers – qui perçoivent des « salaires spéciaux » menacés par la réforme actuelle. A midi, les représentants syndicaux de la police, des militaires et des autres forces de l’ordre ont occupé le Bureau général des comptes et ont insisté à voir le ministre adjoint des Finances, Georges Chouliarakis.

    Ils ont aussi déployé une bannière qui demandait au premier ministre Alexis Tsipras en grec, et à la chancelière Angela Merkel en allemand : « Combien vaut la vie d’un policier grec » ?

    Ils ont finalement marché sur le parlement. Trois escadrons de gardes mobiles non-grévistes les ont bloqués à la porte Vasilissis Sofias du parlement pour les empêcher de prendre le bâtiment d’assaut.

    Des responsables syndicaux et des dirigeants d’associations de professions libérales ont toutefois pu pénétrer dans le parlement pour dénoncer les parlementaires Syriza qui discutaient du projet de loi. Des cris de « Vous n’avez pas honte ? », « Vous n’avez rien à voir avec la gauche », et « Vous trahissez tout » ont fusé dans l’assemblée.

    Un membre d’Adedy a pris à part l’ex-ministre du Travail Giorgios Katrougalos, qui avait promis lors de l’arrivée au pouvoir de Syriza qu’il n’a aurait plus de réformes des retraites. Le dirigeant du syndicat des handicapés grecs a dénoncé la réduction des aides sociales, et les représentants des syndicats des soldats et des policiers ont dénoncé l’appauvrissement de leurs membres et la trahison des promesses faites par Syriza au peuple grec.

    La responsabilité de cette crise politique aigüe en Grèce appartient avant tout à Syriza. Dans des conditions d’effondrement économique et de chômage de masse, quand la faillite du capitalisme grec et européen était évidente après six ans d’austérité, Syriza a pris le pouvoir en promettant de mettre fin à l’austérité, mais en insistant sur la nécessité d’un accord avec l’UE. Ils ont refusé de faire un appel plus large aux travailleurs européens pour défendre les travailleurs grecs contre l’UE, qui menaçait de couper les flux de crédit vers la Grèce et d’imposer la faillite au pays.

  • A l’occasion de l’anniversaire du soulèvement de 1973, des affrontements ont encore eu lieu à Athènes et Thessalonique – 17 novembre 2017 :

    Lire ici

  • Les travailleurs grecs ont fait grève lundi contre le gouvernement Syriza (Coalition de la gauche radicale) et des protestations ont éclaté à Athènes dans la soirée, alors que Syriza a fait passer en force au parlement grec un « multi-projets de lois » de 1300 pages de mesures d’austérité de l’Union européenne. La Nouvelle démocratie conservatrice, l’Alignement démocratique social-démocrate, l’Union nationaliste des centristes et l’Aube dorée néo-nazie ont voté contre le projet de loi au parlement.

    Le transport maritime et les transports en commun à Athènes ont été presque entièrement paralysés, dans un contexte d’opposition massive à de nouvelles attaques de l’UE contre les droits sociaux et démocratiques fondamentaux, y compris le droit de grève. Le métro d’Athènes, les travailleurs des bus et tramways et les contrôleurs aériens ont tous fait grève. Les écoles ont été fermées et les hôpitaux ont tourné au ralenti pendant que les médecins ont rejoint la grève. Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans la capitale en deux manifestations distinctes.

    Des affrontements ont éclaté entre les manifestants et la police antiémeute à Athènes après que le parlement grec, dirigé par les députés Syriza, a voté 154 à 141 pour approuver le projet de loi, qui réduit les allocations familiales, facilite les saisies et inclut des restrictions draconiennes au droit de grève.

    Les manifestants ont lancé des cocktails Molotov, des morceaux de pavé et des pierres, tandis que la police ripostait avec des grenades lacrymogènes et des grenades assourdissantes.

  • Alexis Tsipras restreint le droit de grève !!!

    Le Parlement grec vient en effet d’adopter une loi qui restreint le droit de grève.

    Les salariés des transports, des hôpitaux et des écoles se sont donc mis en grève pour défendre le droit de grève !

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