Accueil > 07- SOCIOLOGIE - SOCIOLOGY > Vive la lutte des enfants prolétaires du monde contre l’exploitation !

Vive la lutte des enfants prolétaires du monde contre l’exploitation !

dimanche 29 mars 2015, par Robert Paris

Vive la lutte des enfants prolétaires du monde contre l’exploitation !

Le travail des enfants, ce n’est pas seulement les débuts violents du capitalisme, l’accumulation primitive. C’est aujourd’hui. C’est partout. Pays riches comme pays pauvres. Nord comme sud, est comme ouest. Dans le monde entier, les gouvernants, les législations, les inspections du travail, les polices, les institutions internationales, les religions, les syndicats, les partis, les associations, tout le monde prétend lutter contre le travail des enfants. Même les exploiteurs ! Mais ce travail se poursuit, se développe, enfle et profite toujours aux mêmes, malgré les discours hypocrites... La misère, qui grandit dans le monde, fournit sa cargaison toujours plus grande d’enfants prolétaires....

Dans les charbonnages de Cornouailles travaillent soit au fond, soit à la surface, environ 19,000 hommes et 11,000 femmes et enfants. Mais dans les mines proprement dites il n’y a presque que des hommes et des enfants au-dessus de 12 ans. D’après le Children’s Employment Report, la situation matérielle de ces ouvriers semble être assez supportable [a] , et les Anglais aiment tirer gloire de leurs jeunes mineurs de Cornouailles, hardis et vigoureux, qui vont prospecter les veines de minerai jusque sous le fond de la mer. Cependant le Children’s Employment Report porte un autre jugement sur la robustesse de ces gens. Il démontre, dans l’intelligent rapport du Dr Barham [b] , que l’inspiration de l’air pauvre en oxygène, saturé de poussières et de fumée produite par la poudre des explosifs, qu’on trouve au fond des mines, affecte gravement les poumons, provoque des perturbations dans les fonctions cardiaques, et relâche l’appareil digestif ; il démontre que le travail très fatigant, et en particulier le fait de monter et de descendre les échelles - ce qui dans certaines mines nécessite même chez des jeunes gens vigoureux, au moins une heure, chaque jour avant et après le travail, - contribue pour une grande part au développement de ces maux, et que pour cette raison, des hommes qui commencent jeunes à travailler dans les mines, ne parviennent pas, tant s’en faut, au développement physique correspondant à celui des femmes travaillant à la surface ; il démontre que beaucoup meurent jeunes de phtisie galopante et la plupart à la fleur de l’âge, de tuberculose à évolution lente ; qu’ils vieillissent prématurément et devien­nent inaptes au travail entre 35 et 45 ans et que beaucoup, passant presque sans transition de l’air chaud du puits (après avoir abondamment transpiré en escaladant péniblement l’échelle) à l’air froid de la surface, contractent des inflammations aiguës des voies respiratoires déjà malades, qui ont très fréquemment des suites mortelles. Le travail à la surface, le concassage et le tri des minerais est pratiqué par des jeunes filles et des enfants et on le décrit comme étant très sain parce qu’il s’effectue en plein air.

Dans le nord de l’Angleterre, à la limite des Comtés de Northumberland et de Durham, se trouvent les très importantes mines de plomb d’Alston Moor. Les rapports en provenance de cette région - également, dans le Children’s Employment Report, le rapport du commissaire Mitchell - concordent avec ceux de Cornouailles. On se plaint là aussi d’un manque d’oxygè­ne, d’un excès de poussières, de fumée de poudre, d’acide carbonique et de gaz sulfureux dans les galeries. Pour cette raison les mineurs, comme ceux de Cornouailles, sont de petite stature et, dès l’âge de 30 ans, ils souffrent presque tous d’affections pulmonaires qui finissent par dégénérer en véritable tuberculose, surtout s’ils continuent à travailler - ce qui est presque toujours le cas -d’où une baisse très nette de la moyenne de vie de ces gens. Si les jeunes mineurs de cette région vivent un peu plus longtemps que ceux de Cornouailles, cela tient au fait qu’ils ne commencent à descendre au fond qu’à 19 ans alors qu’en Cornouailles, nous l’avons vu, on commence à 12 ans. Cependant, là aussi, la majorité des mineurs meurt entre 40 et 50 ans. Sur 79 mineurs dont le décès était consigné dans le registre public du district, et qui étaient morts en moyenne à 45 ans [c] , 37 étaient morts de tuberculose et 6 d’asthme. Dans les localités des environs : Allendale, Stanhope, et Middleton, la longévité atteignait respective­ment 49, 48 et 47 ans en moyenne, et les décès dus aux affections pulmonaires représentaient respectivement 48, 54 et 56 % du total [d] . Il ne faut pas oublier que toutes ces données statistiques concernent exclusivement des mineurs qui n’ont pas commencé à travailler avant l’âge de 19 ans. Comparons maintenant ces chiffres à ce qu’on appelle les statistiques suédoises - statistiques détaillées de la mortalité pour tous les habitants de la Suède - qui sont considérées en Angleterre comme le critère jusqu’à présent le plus exact de la longévité moyenne de la classe ouvrière anglaise [e] . D’après elles, les individus du sexe masculin qui ont franchi le cap de leur dix-neuvième année parviennent en moyenne à l’âge de 57 ans ½, nous en concluons que l’existence des mineurs du nord de l’Angleterre subit en moyenne une réduction de 10 ans du fait de leur travail. Cependant les statistiques suédoises sont tenues pour le critère de la longévité des ouvriers, et présentent donc un tableau des chances de survie dans les conditions où vit le prolétariat, qui sont de toutes façons défa­vorables ; elles indiquent par conséquent une longévité déjà inférieure à la normale. Dans ces régions, nous retrouvons les maisons-dortoirs et les asiles de nuit que nous avons déjà rencontrés dans les grandes villes, et ils sont pour le moins dans le même état de saleté écœurante que là-bas et l’entassement y est le même. Mitchell a visité un de ces dortoirs qui mesurait 18 pieds de long et 15 pieds de large et était prévu pour accueillir 42 hommes et 14 garçons, soit 56 personnes en 14 lits [f] , dont la moitié était disposée comme dans un navire, les uns au-dessus des autres. Il n’y avait pas d’ouverture pour l’évacuation de l’air vicié ; bien que personne n’y eût couché de trois nuits, l’odeur et l’atmosphère étaient tels que Mitchell ne put pas même les supporter un court instant. Que doit-ce être par une chaude nuit d’été avec 56 personnes ! Et ce n’est pas l’entrepont d’un navire d’esclaves américain, mais bien la demeure « de Britanniques nés libres ».

Passons maintenant. aux branches les plus importantes de l’industrie minière anglaise, les mines de fer et les mines de charbon, dont le Children’s Employment Report traite ensemble, avec tous les détails qu’exige un tel sujet. La première partie de ce rapport est consacrée presque entièrement à la situation des ouvriers employés dans ces mines. Cependant, après la description détaillée que j’ai donnée de la situation des ouvriers de l’industrie, il me sera possible d’abréger comme l’exigent les limites de cet ouvrage.

Dans les mines de charbon et de fer, où la méthode d’exploitation est à peu près la même, travaillent des enfants de 4, 5, 7 ans. La majorité a cependant plus de 8 ans. On les emploie à transporter le minerai du lieu d’abattage à la galerie des chevaux ou jusqu’au puits principal, ou bien encore à ouvrir et fermer les portes roulantes séparant les différents compartiments de la mine, avant et après le passage des ouvriers et du matériel. Ce sont, le plus souvent, les plus petits enfants qu’on emploie à la garde de ces portes ; il doivent rester assis douze heures par jour dans l’obscurité, seuls dans un couloir étroit et, dans la plupart des cas, humide, sans avoir le peu de travail dont ils auraient besoin pour être à l’abri de l’ennui abrutissant abêtissant qu’engendre l’inaction totale. En revanche le transport du charbon et du minerai de fer est un labeur très pénible, car il faut traîner ces matériaux dans d’assez grands baquets sans roues, sur le sol inégal de la galerie, ou sur l’argile humide, ou encore dans l’eau, souvent les hisser le long de pentes abruptes et à travers des couloirs si étroits par endroits, que les ouvriers doivent se mettre à quatre pattes. C’est pourquoi on utilise pour ce travail fatigant, des enfants plus âgés et des adolescentes. Selon les cas, il y a un ouvrier par baquet ou deux jeunes dont l’un tire et l’autre pousse. Le travail de haveur, effectué par des hommes adultes ou des jeunes gens vigoureux âgés de 16 ans ou plus, est également un travail très fatigant. - La durée habituelle du travail est de 11 ou 12 heures, souvent plus. En Écosse, elle atteint jusqu’à 14 heures, et il arrive fréquemment de faire des journées doubles de sorte que tous les ouvriers sont contraints de travailler 24 heures, voire parfois 36 heures d’affilée au fond. Les repas à heures fixes sont chose inconnue la plupart du temps, si bien que les gens mangent quand ils ont faim et quand ils en ont le temps.

La situation extérieure des mineurs est considérée en général comme assez bonne, et on dit que leur salaire est élevé en comparaison de celui des journaliers agricoles des environs (qui, il est vrai, meurent de faim), à l’exception de quelques régions d’Écosse et du district charbonnier d’Irlande, où règne une grande misère. Nous aurons l’occasion de revenir ultéri­eu­rement sur ces données (toutes relatives d’ailleurs) concernant la classe la plus misérable de toute l’Angleterre. Dans l’intervalle nous allons considérer les maux qu’entraî­nent l’exploitation actuelle des mines et les lecteurs pourront alors trancher si un salaire quel qu’il soit est en mesure de dédommager l’ouvrier de pareilles souffrances.

Les enfants et les jeunes gens chargés du charroi du charbon et du minerai de fer se plaignent tous d’une grande fatigue. Même dans les établissements industriels où l’exploita­tion est la plus brutale, on ne constate pas un état d’épuisement aussi généralisé et aussi poussé. Chaque page du rapport fournit une longue série d’exemples. On constate très souvent que les enfants à peine arrivés à la maison se jettent sur le sol pavé devant l’âtre et s’endorment instantanément ne pouvant avaler la moindre miette de nourriture, leurs parents sont alors obligés de les débarbouiller tout endormis et de les porter au lit, il est même fréquent qu’ils se couchent, épuisés, sur la route, et quand les parents viennent les chercher, tard dans la nuit, ils les trouvent en train de dormir. Il semble qu’à l’ordinaire ces enfants passent la plus grande partie du dimanche dans leur lit, pour se remettre quelque peu des fatigues de la semaine ; un très petit nombre fréquentent l’église et l’école et les maîtres se plaignent de leur somnolence et de leur hébé­tude malgré leur désir de s’instruire. Il en va de même pour les adolescentes plus âgées et les femmes. On les contraint de la façon la plus brutale à se surmener. Cette fatigue, poussée jusqu’à devenir extrêmement douloureuse ne laisse pas d’avoir de fâcheuses répercussions sur l’organisme [g] . L’effet le plus immédiat du surmenage est que toute l’énergie vitale est utilisée pour un développement unilatéral de la musculature ; à telle enseigne que ce sont surtout les muscles des bras et des jambes, du dos, des épaules et du thorax, ceux-là même qui sont principalement sollicités dans les efforts de traction et de poussée, qui bénéficient d’un déve­lop­pe­ment exceptionnel, tandis que tout le reste du corps souffre d’un manque de nourriture et s’atrophie. C’est surtout la taille qui reste petite et tassée ; presque tous les mineurs sont de stature trapue, à l’exception de ceux du Warwickshire et du Leicestershire, qui travaillent dans des conditions particulièrement favorables. Puis il faut noter le retard de la puberté tant chez les garçons que chez les filles ; chez les premiers, il faut parfois attendre dix-huit ans ; le commissaire Symons eut même sous les yeux un garçon de dix-neuf ans, qui, à l’exception de la dentition, n’était pas plus développé qu’un garçon de onze ou douze ans. Cette prolon­ga­tion de la période infantile, n’est au fond rien d’autre que la preuve d’un développement ralenti et ne laisse pas de porter ses fruits à un âge plus avancé. jambes torses, genoux cagneux, pieds tournés en dehors, déviation de la colonne vertébrale et autres malformations sont à déplorer dans de semblables conditions et aussi en raison de la faiblesse de ces organismes ; et l’apparition de ces maux - par suite de l’attitude presque toujours défectueuse imposée au corps - en est grandement favorisée ; ils sont du reste si fréquents, que bien des gens et même des médecins affirment, dans le Yorkshire et le Lancashire comme dans le Northumberland et le Durham, qu’on peut reconnaître un mineur entre cent autres personnes uniquement à son corps. Ce sont surtout les femmes qui semblent beaucoup souffrir de ce travail et elles ne se tiennent que rarement - voire jamais - aussi droites que les autres femmes. On certifie également que le travail des femmes dans les mines provoque aussi des malformations du bassin et par voie de consé­quence des accouchements pénibles, voire mortels. Outre ces malformations locales, les mineurs de charbon souffrent encore de toutes sortes de maladies spécifiques, qui se retrou­vent souvent chez les autres mineurs et s’expliquent aisément par la nature de leur travail ; c’est surtout l’abdomen qui est affecté ; l’appétit disparaît, puis ce sont, dans la majorité des cas, des douleurs d’estomac, des nausées et des vomissements, de plus une soif ardente qu’on ne peut apaiser qu’en buvant l’eau sale, souvent tiède de la mine ; les fonctions digestives sont ralenties ce qui favorise l’éclosion des autres maladies. On indique également, de différentes sources, que les maladies de cœur, surtout l’hypertrophie cardiaque, l’inflamma­tion du péricarde, les spasmes des orifices auriculo-ventriculaires et de l’entrée de l’aorte, sont des maux fréquents chez les mineurs et s’expliquent aisément par le surmenage. Il en va de même pour les hernies qui sont, elles aussi, la conséquence directe d’efforts musculaires excessifs. En partie pour les mêmes raisons, en partie à cause de l’atmosphère viciée et poussiéreuse des mines, de l’air charge de gaz carbonique et d’hydrogène carburé - et pour­tant ce serait si facile à éviter - se déclarent une foule de maladies pulmonaires douloureuses et dangereuses, surtout l’asthme, qui apparaît dans certains districts à l’âge de quarante ans, dans d’autres dès l’âge de trente ans chez la plupart des mineurs et a tôt fait de les rendre inaptes au travail. Chez ceux qui doivent travailler dans des galeries humides, cette oppression de la poitrine survient encore bien plus vite ; dans quelques régions d’Écosse, c’est entre vingt et trente ans, période pendant laquelle les poumons ainsi attaqués sont en outre très vulnérables aux inflammations et aux affections fébriles. Une maladie spécifique de cette catégorie d’ouvriers est celle de l’expectoration noire (black spittle) due au fait que le tissu pulmonaire tout entier s’imprègne d’une fine poussière de charbon ; les symptômes en sont une faiblesse générale, des maux de tête, une gêne respiratoire intense, et des expectorations épaisses et de couleur noire. Dans certaines régions ce mal apparaît sous la forme bénigne, dans d’autres au contraire, il semble tout à fait incurable, surtout en Écosse. Dans cette con­trée, en plus d’une aggravation des symptômes décrits plus haut, il faut ajouter une respiration courte et sifflante, un pouls rapide (plus de 100 pulsations à la minute) une toux saccadée, l’amaigrissement et la faiblesse vont s’accentuant et le patient est bientôt hors d’état de travailler. Dans tous les cas, ici, ce mal est mortel. Le Dr Makellar, de Pencaitland, East Lothian, déclare que dans toutes les mines bien ventilées cette maladie n’apparaît pas, alors que bien souvent les ouvriers venant de mines bien ventilées dans des mines qui le sont mal, en sont victimes. La cupidité des propriétaires de mines qui négligent d’installer des puits d’aération, est donc responsable de l’existence même de cette maladie. Les rhumatismes sont également, à l’exception du Warwickshire et du Leicestershire, un mal commun à tous les ouvriers de la mine, et qui résulte surtout de l’humidité qui règne fréquemment sur le lieu du travail. Le résultat de toutes ces maladies, c’est que dans tous les districts sans exception, les ouvriers vieillissent prématurément et qu’au delà de quarante ans - la limite précise varie avec les différents districts -ils deviennent rapidement inaptes au travail. Il est extrêmement rare qu’un mineur puisse continuer à travailler au delà de quarante-cinq ou a fortiori de cinquante ans. A quarante ans, - indique-t-on généralement - un ouvrier de ce genre entre dans la vieillesse. Ceci s’applique à ceux qui abattent le charbon ; les chargeurs qui doivent soulever constamment de lourds blocs de charbon pour les jeter dans les wagonnets, vieillissent dès vingt-huit ou trente ans, à telle enseigne qu’un proverbe des régions charbon­nières dit : « Les chargeurs sont déjà vieux avant d’avoir été jeunes ». Il va de soi que ce vieillissement prématuré entraîne une mort pré­co­ce et un sexagénaire est chez eux une véritable rareté ; même dans le sud du Staffordshire où les mines sont relativement saines, bien peu d’ouvriers parviennent à leur cinquante et unième année. Étant donné que les ouvriers vieillissent si précocement, on peut constater, comme nous l’avons vu pour les usines, que fréquemment les parents sont en chômage et qu’ils sont nourris par leurs enfants souvent très jeunes encore. Si nous résumons les résultats du travail dans les mines, nous pouvons dire avec l’un des commissaires, le Dr Southwood Smith, que la période de l’existence où l’homme est en pleine possession de ses moyens, l’âge d’homme, est considérablement réduite Par suite de la prolongation de la période infantile d’une part, et par le vieillissement prématuré d’autre part, et que la durée de la vie elle-même est abrégée par une mort précoce [h] . Voilà qui est à inscrire également au passif de la bourgeoisie !

Toutes ces constatations valent pour la moyenne des mines anglaises. Mais il y en a beaucoup où la situation est bien pire, en particulier celles où l’on exploite de minces veines de charbon. Le prix de revient du charbon serait trop élevé si l’on voulait en plus du charbon déblayer les couches de sable et d’argile attenantes ; c’est pourquoi les propriétaires se con­ten­tent de faire abattre la couche de charbon, et c’est pourquoi les couloirs qui mesurent ordi­nai­re­ment quatre ou cinq pieds de haut ou davantage sont ici si bas, qu’il est rigoureusement impossible de s’y tenir debout. L’ouvrier est couché sur le flanc et détache le charbon à l’aide de son pie, utilisant ses coudes comme points d’appui. Il en résulte une inflammation de ces articulations, et dans le cas où il est contraint de rester à genoux, le même mal à l’articulation de la jambe. Les femmes et les enfants qui transportent le charbon marchent à quatre pattes, attelés au baquet par un harnais et une chaîne qui dans de nombreux cas, passe entre les jambes, le long de ces galeries basses, tandis qu’un autre pousse par derrière avec la tête et les mains. La pression exercée par la tête provoque une irritation locale, des enflures douloureuses et des abcès. Très souvent ces galeries sont aussi humides si bien que les ouvriers doivent ramper dans des flaques d’eau profondes de plusieurs pouces ; cette eau sale ou salée, provoque également une irritation de la peau. On imagine aisément combien un travail d’esclave aussi odieux doit favoriser l’éclosion des maladies caractéristiques des mineurs.

En ce qui concerne l’instruction et la moralité de la population minière, elles sont, selon le Children’s Employment Report assez bonnes en Cornouailles et même excellentes dans l’Alston Moor ; par contre, elles sont en général à un niveau très bas dans les districts char­bon­niers. Ces gens vivent à la campagne dans des régions laissées à l’abandon et, lorsqu’ils effectuent leur dur travail, personne, si ce n’est la police, ne s’occupe d’eux. Pour cette raison et aussi parce qu’on envoie les enfants travailler dès leur plus jeune âge, leur formation intellectuelle est totalement négligée. Ils ne peuvent fréquenter les écoles ouvertes la semai­ne, les écoles du soir et du dimanche sont illusoires, les maîtres n’ont aucune valeur. Il n’y a par conséquent qu’un très petit nombre de mineurs qui sachent lire, et moins encore qui sa­chent écrire. Selon les déclarations des commissaires, la seule chose qu’ils aient vue claire­ment, c’est que leur salaire est trop bas pour le travail pénible et dangereux qu’ils ont à effec­tuer. Ils ne vont jamais ou presque à l’église ; tous les ecclésiastiques se plaignent d’une irréligiosité sans égale. Effectivement, il y a chez eux une ignorance des choses religieuses et profanes, auprès de laquelle l’ignorance de nombreux ouvriers d’usine, illustrée précédem­ment par des exemples, semble encore être toute relative. Ils n’ont connaissance des notions religieuses que par les jurons. Le travail se charge à lui seul de détruire leur moralité. Il est évident que le surmenage de tous les mineurs doit fatalement engendrer l’ivrognerie. Quant aux rapports sexuels, notons que dans les mines, en raison de la chaleur ambiante, hommes, femmes et enfants y travaillent souvent tout nus et dans la plupart des cas quasi-nus, et chacun peut imaginer quelles en sont les conséquences dans la solitude et l’obscurité de la mine. Le nombre des enfants adultérins, anormalement élevé dans ces régions, témoigne de ce qui se passe au fond de la mine parmi cette population à demi sauvage, mais prouve aussi que les rapports illégitimes entre les sexes n’ont pas sombré, comme dans les villes, dans la prostitution. Le travail des femmes a les mêmes conséquences que dans les usines ; il dissout la famille et rend les mères totalement incapables de vaquer à leurs occupations domestiques.

Lorsque le Children’s Employment Report fut présenté au Parlement, Lord Ashley se hâta de proposer un bill stipulant que le travail des femmes était désormais absolument interdit dans les mines et celui des enfants considérablement restreint. Le bill passa [k] , mais il resta lettre morte dans la plupart des régions, car on ne prit pas le soin de nommer des inspecteurs des mines chargés de veiller à son exécution [l] . L’inobservance de ce bill est d’ailleurs grandement facilitée par la situation des mines dans les districts ruraux ; ne soyons donc pas surpris d’apprendre que l’an passé l’association des mineurs a transmis au ministère une plainte officielle dans laquelle elle signalait que plus de 60 femmes travaillaient dans les mines du duc de Hamilton, en Écosse, ou bien encore que le Manchester Guardian a relaté un jour que, près de Wigan, si je ne m’abuse, une jeune fille a été tuée par une explosion dans une mine sans que personne s’émeuve de voir ainsi révélée une illégalité [m] . Il est possible que dans certains cas isolés on ait mis fin à ces abus, mais en général le régime est demeuré le même que par le passé.

Cependant nous n’en avons pas encore terminé avec les maux qui s’abattent sur les mineurs. La bourgeoisie, non contente de ruiner leur santé, de mettre chaque instant leur vie en danger, de leur ôter toute occasion de s’instruire, les exploite en plus de la façon la plus éhontée. Le système du paiement en nature n’est pas ici une exception, c’est la règle générale, et on le pratique de la façon la plus impudente, la plus directe. Le système des cottages est, lui aussi, généralisé et il représente dans ce cas presque une nécessité ; mais on l’utilise pour mieux exploiter les ouvriers. A cela s’ajoutent encore toutes sortes d’autres escroqueries. Alors que le charbon se vend au poids, on paye l’ouvrier à la mesure, et lorsque son baquet n’est pas tout à fait plein, on ne le lui paie pas du tout, alors qu’il ne touche pas un liard pour un éventuel trop-plein. Si dans son wagonnet la quantité de houille menue dépasse une certaine proportion - ce qui dépend davantage de la nature de la veine de charbon que de l’ouvrier - non seulement il ne touche rien, mais il doit encore payer une amende. Du reste le système des amendes est développé à tel point dans les mines qu’il arrive qu’un pauvre diable qui a travaillé toute la semaine et vient chercher son salaire apprend de la bouche du contre­maître - car celui-ci distribue les sanctions selon son bon vouloir sans convoquer l’ouvrier - que non seulement il ne doit pas attendre de salaire, mais qu’il doit en outre payer tant d’amende ! D’une façon générale le contremaître a pouvoir absolu sur le montant du salaire ; c’est lui qui note le travail fourni et peut payer ce qu’il veut à l’ouvrier, qui est bien forcé de l’en croire. Dans quelques mines où l’on paye au poids, on utilise des bascules décimales fausses dont les poids n’ont pas besoin d’être contrôlés par l’autorité publique ; dans une de ces mines on était allé jusqu’à instituer la règle que tout ouvrier voulant se plaindre du mauvais fonctionnement de la balance était tenu de le signaler au surveillant trois semaines à l’avance. Dans maintes régions, notamment dans le nord de l’Angleterre, la coutume est d’embaucher les ouvriers pour un an ; ils s’engagent à ne travailler pour personne d’autre durant cette période, mais le patron, lui, ne s’engage nullement à leur donner du travail, si bien qu’ils restent souvent des mois sans travail et que s’ils cherchent du travail ailleurs on les expédie six semaines au bagne pour abandon de poste. Dans d’autres contrats, on leur assure du travail à concurrence de 26 shillings tous les 15 jours, mais on ne le leur donne point ; dans d’autres districts les patrons avancent aux ouvriers de petites sommes à rembourser ensuite en travail, ce qui est une manière de les enchaîner. Dans le nord, il est d’usage de retenir toujours le salaire d’une semaine pour attacher les gens de cette manière à la mine. Et pour parfaire l’esclavage de ces ouvriers asservis, presque tous les juges de paix des districts charbonniers sont eux-mêmes propriétaires de mines ou parents ou amis des propriétaires et ils exercent un pouvoir presque discrétionnaire dans ces contrées pauvres et arriérées où il y a peu de journaux - ceux-ci étant du reste au service de la classe possédante. On peut diffici­lement se faire une idée de la façon dont ces pauvres mineurs sont pressurés et tyran­nisés par ces juges de paix à la fois juges et parties.

Les choses allèrent ainsi pendant longtemps. Tout ce que les ouvriers savaient c’est que leur raison d’être, c’était d’être sucés jusqu’au sang. Mais peu à peu se manifesta même parmi eux un esprit d’opposition à l’oppression scandaleuse des « rois du charbon », notamment dans les districts industriels où le contact qu’ils eurent avec les ouvriers d’usine plus intelli­gents ne laissa pas d’avoir une influence favorable. Ils se mirent à fonder des associations et à cesser le travail de temps à autre. Dans les régions plus évoluées, ils adhérèrent même corps et âme au chartisme. Le grand district charbonnier du nord de l’Angleterre, coupé de toute industrie, restait cependant en arrière, jusqu’à ce qu’enfin s’éveillât en 1843 dans cette contrée aussi, après bien des tentatives et des efforts, tant de la part des chartistes que des mineurs les plus intelligents eux-mêmes, un esprit de résistance qui s’empara de tous. Une agitation si intense gagna les ouvriers du Northumberland et du Durham qu’ils prirent la tête d’une association générale des mineurs de tout l’Empire et nommèrent un chartiste, l’avocat W. P. Roberts de Bristol [n] - qui s’était déjà distingué dans les procès antérieurs des chartistes - leur « Procurateur général ». L’ « Union » s’étendit rapidement à la grande majorité des districts ; partout on nomma des délégués, qui organi­saient des réunions et recrutaient de nouveaux membres ; lors de la première conférence de délégués à Manchester, en janvier 1844, l’Union avait 60,000 membres [o] , lors de la seconde, six mois plus tard à Glasgow, il y en avait déjà plus de 100,000 .Tout ce qui concernait les mineurs y fut discuté et on y prit des décisions quant aux arrêts de travail importants. Plusieurs journaux furent fondés, notamment la revue mensuelle The Miner’s Advocate à Newcastle-upon-Tyne, qui défendaient les droits des mineurs....

Les enfants qu’on emploie pour le bobinage et la couture (des ourlets) subissent d’ordinaire de graves atteintes à leur santé et à leur constitution. Ils travaillent dès l’âge de six, sept ou huit ans, de dix à douze heures par jour dans de petites pièces à l’atmosphère confinée. Beaucoup ont des syncopes durant leur travail, deviennent trop faibles pour vaquer aux occupations domestiques les plus banales et si myopes, qu’ils doivent porter des lunettes dès l’enfance. Les commissaires ont constaté chez un grand nombre d’entre eux les symptômes de scrofules et les industriels refusent souvent d’embaucher à l’usine, en raison de leur faiblesse, des jeunes filles qui ont pratiqué ce genre de travail. L’état de ces enfants est, « une marque infamante pour un pays chrétien » et on exprime le vœu qu’intervienne une protection légale (Grainger Rept. App., Pt. I, p. F. 16, pp. 132 à 142)...

Étant donné que déjà la première machine inventée, la Jenny (voir plus haut) [b] était mue par un seul ouvrier, et fournissait à temps égal au moins six fois plus qu’un rouet, chaque nouvelle Jenny mit cinq ouvriers en chômage. La Throstle qui, à son tour, fournissait bien davantage que la Jenny et n’exigeait elle aussi qu’un seul ouvrier, en mit encore plus en chômage. La Mule, qui par rapport à sa production, réclamait [c] encore moins d’ouvriers, eut le même effet et chaque perfectionnement de la Mule, c’est-à-dire chaque augmentation du nombre de ses broches, réduisit à son tour le nombre des ouvriers nécessaires. Cette augmentation du nom­bre des broches est si importante, qu’à cause d’elle des foules d’ouvriers sont devenus chô­meurs ; car si jadis un « fileur » aidé de quelques enfants (piecers) pouvait actionner 600 broches, il put désormais en surveiller de 1,400 à 2,000 sur deux Mules - ce qui fait que deux fileurs adultes, et un certain nombre des piecers qu’ils employaient, furent mis en chômage. Et depuis que, dans un nombre important de filatures, on a introduit les self-actors, le rôle du fileur disparaît complètement et c’est la machine qui travaille...

Certes, la bourgeoisie a tout à fait raison d’affirmer que, dans certaines conditions favorables au développement industriel, toute baisse du prix d’une marchandise dont la matière première coûte peu, accroît beaucoup la consommation et donne naissance à de nouvelles usines ; mais ceci mis à part, tous les autres mots dans cette affirmation sont mensonge. Elle compte pour rien qu’il faille attendre des années jusqu’à ce que les conséquences de la baisse de prix se fassent réellement sentir, jusqu’à ce que les nouvelles usines soient bâties ; elle nous dissimule que tous les perfection­ne­ments rejettent de plus en plus sur la machine le véritable travail, le travail fatiguant, transformant ainsi le travail des adultes en une simple surveillance que peut tout aussi bien assumer une faible femme, voire un enfant, ce qu’ils font effectivement pour le tiers ou la moitié du salaire de l’ouvrier ; que, par conséquent, les hommes adultes sont de plus en plus écartés de l’industrie et ne sont plus réemployés dans cette production accrue ; elle nous dissimule que des branches entières disparaissent ainsi ou sont tellement transformées, qu’elles exigent un nouvel apprentissage ; et elle se garde bien d’avouer ici ce dont elle se vante habituellement, quand on parle d’interdire le travail des jeunes enfants : à savoir que le travail en usine pour être appris comme il convient, doit l’être dès la tendre jeunesse et avant l’âge de dix ans (cf. par ex : de nombreux passages du Factories Inq. Comm. Rept [e] ) ; elle ne dit pas que le perfectionnement des machines se poursuit continuellement et que dès l’instant où l’ouvrier s’est acclimaté dans un nouveau secteur de travail, à supposer que cela soit possible, elle lui ravit ce travail, ôtant ainsi à sa situation le peu de sécurité qui lui restait encore. Mais la bourgeoisie elle, tire profit des perfectionnements mécaniques ; durant les premières années où beaucoup d’anciennes machines travaillent encore et où le perfectionnement n’est pas généralisé, elle a la plus belle occasion d’amasser de l’argent ; ce serait trop demander que de vouloir qu’elle ait aussi des yeux pour les inconvénients des machines ainsi perfection­nées.

Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre

Portfolio

Messages

  • Sans la moindre gêne, le PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, bavarde sur un sujet que l’on pensait désormais impossible à remettre en cause : l’interdiction du travail des enfants. Mais manifestement, pour le patronat décomplexé, aucun sujet n’est tabou. « Je me suis penché sur l’évolution du travail des enfants. On a d’abord interdit aux enfants de moins de huit ans de travailler, puis l’interdiction a été portée à douze ans, puis à seize. (…) Qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? Est ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr », disserte-t-il. C’est vrai, rien n’est sûr. Dans la grande compétition mondiale, il faut savoir tout relativiser. Dommage qu’il n’y ait plus de mines en France, on pourrait remettre les petits de cinq ans à pousser les chariots. Même une partie de son auditoire a paru en être gênée. (...)

    Se sentant porté par son sujet, le PDG d’Air France ne peut s’empêcher alors de raconter une anecdote, qui manifestement lui tient à cœur : « Comme le disait mon homologue de Qatar Airways hier à propos de la grève, “M. de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison” », raconte-t-il d’une mine gourmande, sous les applaudissements de la salle. C’est dire combien la France est défavorisée ! Et le Qatar est un si bel exemple ! Les salariés émigrés, traités comme des esclaves, y meurent par tombereaux sur les chantiers. N’est-ce pas un modèle pour les Français, à moins qu’on ne préfère les camps de travail chinois ?

    Quand un patron, qui lui bénéficie d’acquis et de protections intangibles pour avoir réussi dans sa jeunesse un examen à Polytechnique et à l’ENA, en arrive à défendre de telles vues, il ne faut pas s’étonner que la confiance avec les syndicats ne puisse plus exister. Même s’ils sont tous convaincus de la nécessité d’évoluer, ils ne peuvent poursuivre avec une direction qui affiche mépris, arrogance, ignorance comme mode de gouvernance sociale. Ce dont on s’étonne, en revanche, c’est que le gouvernement tolère de tels propos d’un dirigeant d’une entreprise où l’État détient encore 15,9 % du capital.

  • Plus de 2.000 orphelins haïtiens auraient été kidnappés par des trafiquants d’enfants depuis le séisme de janvier 2010, qui a fait plus de 220.000 victimes. Le phénomène existait déjà avant le tremblement de terre mais l’ONU a noté qu’il était en augmentation.

    Les enfants enlevés et vendus sont exploités comme domestiques ou comme esclaves sexuels, en République dominicaine ou en Amérique latine. Nouveau-nés et enfants sont monnayés pour une bouchée de pain, parfois pour l’équivalent de 35 euros à peine.

    Dans un rapport daté du 6 janvier, l’organisation Amnesty International avait par ailleurs dénoncé les risques accrus de viols et de violences sexuelles dont les Haïtiennes font l’objet dans les camps de réfugiés. L’ONG déplore un manque de forces de police dans et aux alentours des camps.

  • Un enfant sur cinq, soit trois millions de jeunes Français vivent en dessous du seuil de pauvreté. Entre 2008 et 2012, 440.000 enfants supplémentaires ont plongé dans la pauvreté… Vivent les enfants, dit le gouvernement.

  • Une loi vient d’être votée en Bolivie qui autorise le travail des enfants dès l’âge de 10 ans à manipuler 9 000 briques par jour pour un salaire de 8 euros. Dans le monde, 166 millions d’enfants seraient exploités dans des conditions identiques.

  • L’Afrique est, quant à elle, proportionnellement le continent le plus affecté par le phénomène, avec 41% d’enfants économiquement actifs au sein de la population, pour un total de 80 millions (B.I.T.). L’activité enfantine est en premier lieu tournée vers la subsistance familiale. Ainsi, le travail domestique requiert 37% des filles, soit la plus forte proportion au monde. À cela s’ajoute l’exode rural des jeunes vers les grands centres pour apporter un revenu d’appoint à la famille, d’où le secteur informel très développé dans les villes. Des centaines de milliers d’enfants se retrouvent donc cireurs de chaussures, vendeurs ambulants, etc.

  • • Le Kenya compterait 200 000 petits domestiques selon l’UNICEF et le Bénin 400 000. D’ailleurs, 100 000 jeunes BéninoisEs seraient domestiques au Nigéria, tandis que des enfants du Mali ou du Bénin sont acheminés vers la Côte-d’Ivoire et la Gabon.

    • Au Nigéria, pays le plus peuplé du continent africain, 12 millions d’enfants seraient au travail. Des trafics d’enfants esclaves ont d’ailleurs été mis au jour récemment.

    • En Afrique du Sud, 400 000 enfants seraient actifs dont quelques milliers dans les grands vergers.

    • En Égypte, ce serait entre 500 000 et 2 millions d’enfants qui sont considérés comme actifs. Au Caire, de nombreux enfants gagnent un peu d’argent en collectant les ordures de la Capitale. Ils vivent dans des bidonvilles, où s’amoncellent des tonnes de déchets, qu’ils trient et recyclent en partie.

    • En 1993, la capitale du Sénégal comptait 88 000 jeunes domestiques. Chaque famille sénégalaise comptant en moyenne six enfants, les "bonnes" sont considérées comme un "service essentiel" pour aider aux diverses tâches ménagères, même dans les milieux à faible revenu. Les horaires de travail sont très longs (6 heures à 22 heures), les tâches exténuantes et le salaire dérisoire (l’équivalent de 15 à 30 $ par mois). Elles travaillent six jours par semaine, parfois sept. Les contrats de travail écrits sont rarissimes. Plusieurs employées de maison sont congédiées à la moindre erreur ou lorsqu’elles deviennent enceintes, sans indemnité. D’autres démissionnent après des mois de travail sans salaire.

    • En Côte-d’Ivoire et au Burkina Faso ont retrouvent des enfants dans les mines d’or, au Zimbabwe ont les retrouvent dans des mines de chrome et en République Démocratique du Congo (ex-Zaïre) ils travaillent dans les gisements de diamants.

    • En Afrique subsaharienne, au Maghreb et en Egypte, la mise en apprentissage précoce auprès d’un artisan ou dans une petite entreprise est une autre habitude de longue date. Ainsi, des millions d’enfants sont embauchés par des forgerons ou des potiers, dans des ateliers textiles, des tanneries, des fabriques d’articles de cuir.

    • Au Maroc, 5 000 à 10 000 enfants de 8 à 14 ans produisent des tapis dans le cadre d’un apprentissage organisé en ateliers mais ne perçoivent que de l’argent de poche. Cette période de formation se transforme toutefois en exploitation d’une main d’œuvre gratuite.

    • Au Togo, les apprentis de la ville de Lomé effectuent plusieurs mois de travail gratuit et sont même parfois maltraités.

    • A Madagascar, les enfants sont utilisés sur les plantations de vanille.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.