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A l’origine de l’Ancien Testament… la lutte des classes !

jeudi 25 juin 2015, par Robert Paris

A l’origine de l’Ancien Testament… la lutte des classes !

L’Ancien Testament est une thèse idéologique visant à justifier un camp dans une lutte des classes.

Nous allons en effet tâcher de montrer que l’Ancien Testament a été écrit d’abord et avant tout pour justifier les éleveurs juifs de Juda contre les agriculteurs… juifs d’Israël, les pasteurs contre les sédentaires, les pâturages contre les champs cultivés et les villes, les règles morales anciennes contre les nouvelles, la fermeture idéologique aux autres sociétés contre l’ouverture, la religion patriarcale contre le matriarcat.

Les royaumes d’Israël et de Juda sont apparus le long de la côte est de la mer Méditerranée, entre les anciens empires égyptien au sud, assyrien et babylonien à l’ouest. Ils émergent de la culture cananéenne à la fin du bronze récent et se développent à partir des hautes terres comprises entre la plaine côtière et la vallée du Jourdain. Israël puis Juda deviennent des royaumes importants et prospères, vassaux des grands empires de la région, avant d’être détruits tour à tour. Mais Israël est bien plus prospère, plus moderne, plus ouvert et plus tourné vers l’agriculture et le commerce que Juda. Israël fonde un Etat et des villes importantes bien avant Juda.

La religion du dieu unique de Jérusalem de l’Ancien Testament a été lancée par les dirigeants et chefs religieux de Juda. Cette région sud montagneuse et pauvre autour de Jérusalem n’a connu qu’un développement tardif alors que l’Etat du nord, Israël, était depuis longtemps prospère. Ces deux régions ont vécu longtemps séparément, avec des mœurs différentes liées aux différences économiques et sociales. Beaucoup plus riche, Israël, au nord, était beaucoup plus ouverte sur le monde extérieur avec lequel il commerçait. Les deux régions n’avaient pas le même dieu : Elohim au nord et Yahvé au sud. C’est l’invasion assyrienne qui envahit, occupe le nord et en déporte la population qui a donné sa chance au sud. Ce dernier a affirmé, au travers du texte biblique, que dieu avait choisi le sud du fait des mœurs trop ouvertes du nord et de sa moindre rigueur religieuse. Juda a reçu un apport de populations israélites venues du nord et son développement s’est considérablement accru. D’où l’affirmation, au travers de la Bible, que Juda est le regroupement de tous les Israélites et la revendication d’un dieu unique.

La tradition fait remonter l’origine des Hébreux à la cité d’Our, en pays de Sumer, dont Abraham serait originaire vers -1750 (époque d’ Hammourabi). En fait, il semblerait qu’Abraham (nom comparable au Brahmane indien, le prêtre sacrificateur) puisse être d’origine Hittite (ce que suggère la Bible mais pour Ezechiel "votre mère était une Hittite et votre père un Amorite" Ez 16,45) ou bien Hourrite, en tout cas indo-européen, rapprochant les Hébreux des Hyksos, sémites encadrés par des indo-européens (utilisant le char de combat) qui, au temps de l’empire iranien de Mitani jusqu’en Palestine, envahiront l’Égypte vers -1600 (ce qui explique l’histoire de Joseph dans la Genèse) où ils seront ensuite réduits à l’esclavage vers -1500. Les pérégrinations des Hébreux, de l’Égypte à la Palestine puis l’exil Babylonien, sont au coeur de cette civilisation de l’écrit, retour des nomades sur la terre originelle du néolithique. Peuple incertain divisé en tribus dispersées, en ethnies diverses, leur unité est problématique, et le restera jusqu’à la destruction du temple de Jérusalem, se réduisant en fait à leur religion dont la caractéristique n’est pas le monothéisme mais plutôt le rejet des autres dieux (TU N’ADORERAS PAS UN AUTRE DIEU DEVANT MA FACE) au profit du "Dieu du père", dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. En fait la religion évoluera beaucoup du dieu Suméro-Cannanéen El (le souffle, la voix, le nom d’Israël donné à Jacob signifiant celui qui a lutté contre El) à Yahvé (Dieu des volcans, guerrier et jaloux, résultat d’un compromis muet, symbolisé par l’Arche d’alliance, entre les tribus égyptiennes et palestiniennes) puis Elohim ("Tous les dieux" mais suivi d’un singulier, contemporain des deux royaumes et de l’idole double) avant de se fixer en YHWH/Adonaï après l’exil sous l’influence de la religion perse et de son monothéisme. En fuyant d’Égypte vers -1250 les Juifs gardent le rite de la circoncision qu’ils avaient adopté des Égyptiens et qui signe l’appartenance à la communauté, prolongeant, peut-être, dans toute son abstraction (interdiction de représenter Aton) l’expérience religieuse synthétique d’Akhenaton, bien que brève et réprimée par ses successeurs. Ce n’est pourtant encore qu’une monolâtrie, dieu tribal jaloux, sectaire et cruel, dieu unique d’un peuple dont l’unité est problématique (opposition des royaumes de Judas et d’Israël). On peut dire que ce Dieu se réduit à l’idée de l’unité de ce peuple, qui s’y réfléchit et n’est plus une donnée naturelle. Mais même au temps des rois, cette religion d’état ne s’impose pas à tous. La religion Cananéenne insiste et impose ses représentations, les Hébreux adoptant aussi l’écriture phénicienne vers -950. Ce n’est qu’après la destruction du temple par Nabuchodonosor en -587 et la captivité babylonienne que va se constituer véritablement la tradition biblique attribuée à Moïse (Deutéronome), tout ce qui précède étant remanié. L’expérience de l’exil instituant la domination des prêtres devait accentuer l’intériorisation, l’approfondissement intellectuel, moral et métaphysique de la religion ainsi que la constitution d’un corpus destiné à préserver la singularité et l’unité des exilés. Libérés en -538 par le Perse Cyrus pour s’opposer à l’Égypte, la reconstruction du Temple fait de celui-ci le centre du Judaïsme. C’est Néhémie (ancien dignitaire à la cour d’Artaxerxès Ier) qui rétablit Jérusalem (-444), tandis qu’Esdras le scribe fonde la Loi (Thora) sur l’écriture, préparant la constitution de la Bible, sur un modèle proche du code d’Hammourabi mais rejetant l’esclavage (souviens-toi que tu as été esclave en Égypte) et les distinctions de castes.

Les épisodes de guerre entre Juda et Israël sont nombreux dans l’Ancien testament :

« Et la guerre fut longue entre la maison de Saül et la maison de David… La trente-sixième année du règne d’Asa, Baécha, roi d’Israël, vint attaquer le royaume de Juda… Ben-Hadad accepta la proposition du roi Asa ; il envoya ses chefs militaires attaquer les villes d’Israël et ceux-ci frappèrent les villes d’Iyôn, de Dan et d’Abel-Maïm, ainsi que tous les entrepôts des villes de Nephtali… Il y eut toujours guerre entre Roboam et Jéroboam… »

L’Ancien Testament tente toujours de démontrer que dieu était du côté de Juda :

“Il y eut alors en ce jour une bataille extrêmement rude, dans laquelle Abner et les hommes d’Israël furent battus par les serviteurs de David.” (2:17)

Pourquoi le roi assyrien attaqua l’Etat d’Israël, et pas Juda, d’après la Bible ?

« Les enfants d’Israël firent en secret contre l’Eternel, leur Dieu, des choses qui ne sont pas bien. Ils se bâtirent des hauts lieux dans toutes leurs villes, depuis les tours des gardes jusqu’aux villes fortes. «  (Rois 17:1-41)

Donc ils ont été punis pour avoir voulu vivre en sédentaires et renoncer à la vie de bergers nomades.

« Ils suivirent les coutumes des nations que l’Eternel avait chassées devant les enfants d’Israël, et celles que les rois d’Israël avaient établies. »

Et quelle était la faute de Juda ? D’avoir été influencé par les coutumes agraires et commerçantes d’Israël, coutumes ouvertes aux peuples avec lesquels il commerçait et faisait des mariages :

« Juda même n’avait pas gardé les commandements de l’Eternel, son Dieu, et ils avaient suivi les coutumes établies par Israël. »

Trois contes jouent un rôle clef dans l’Ancien Testament : celui du meurtre d’Abel par Caïn, celui du jardin d’Eden et enfin le conte de Job. Tous deux reflètent la lutte des classes dans la haute Mésopotamie (région de Harran) qui est le siège attribué à ce récit de la Bible.

Comme le rappelle Marc-Alain Ouaknin dans « Les mythes de la Bible » :

« La Bible est née en Mésopotamie comme en témoignent la tour de Babel (genèse 11,4) franchement babylonienne, et le paradis situé entre le Tigre et l’Euphrate selon le texte biblique et jusqu’à Abram qui sort de Our Kasdim, port babylonien du golfe persique (avant de devenir un port fluvial sur les bords de l’Euphrate). »

Cette région est également celle de l’apparition de l’agriculture dans la croissant fertile avec la découverte de la culture du sésame…

Avec l’agriculture apparaissent la lutte contre les anciens chasseurs cueilleurs et contre les éleveurs.

Avec l’agriculture apparaissent la lutte contre les anciens chasseurs cueilleurs et contre les éleveurs.

La forte disparité géographique entre le nord des hautes terres, bien arrosé et fertile, et le sud, très sec et aride, se retrouve dans la démographie. Ce contraste entre la zone nord et la zone sud de Canaan se constate dès la première vague d’implantations à l’âge du Bronze ancien. Il en découle un contraste fortement marqué du potentiel économique. Le mode d’habitat du nord, autour de Sichem, est alors dense, avec une agriculture sédentaire. Celui du sud, autour de Jérusalem, est pauvre et sans constructions permanentes. Au Bronze récent, les Lettres d’Amarna nous montrent en détail cette rivalité entre Sichem (où règne Labayou) et Jérusalem (où règne Abdi-Héba), les vallées et la plaine littorale étant organisées en cités-États de territoires réduits mais fortement peuplés. Vers -900, Israël porte déjà les germes d’un État pleinement constitué, avec des centres administratifs fortifiés et des palais en pierres de taille, à Megiddo, Jezréel et Samarie. Jérusalem, par contraste, n’est vraiment urbanisée qu’un peu avant -700, l’industrialisation de la production ne commençant qu’après cette date.

La guerre du nord (agraire) et du sud (éleveur) est un affrontement politique mais aussi social. Mais c’est aussi un affrontement idéologique. Aux activités sociales différentes, aux moeurs différentes correspondent des idéologies différentes.

Mircea Eliade rappelle que nombre de guerres ont été menées par des tribus de chasseurs nomades contre des civilisations agraires sédentaires.

Mircéa Eliade rapporte dans son « Histoire des croyances et des idées religieuses » :

« Inutile d’insister sur l’importance de la découverte de l’agriculture pour l’histoire de la civilisation. En devenant « producteur » de sa nourriture, l’homme a dû modifier son comportement ancestral. Avant tout, il a dû perfectionner sa technique de calculer le temps, découverte déjà au paléolithique. Il ne lui suffisait plus d’assurer l’exactitude de certaines dates futures à l’aide du calendrier lunaire rudimentaire. Dorénavant, le cultivateur était obligé d’élaborer ses projets plusieurs mois avant leur application, obligé d’exécuter, dans un ordre précis, une série d’activités complexes en vue d’un résultat lointain et, surtout au début, jamais certain : la récolte. En outre, la culture des plantes imposa une division du travail différemment orientée qu’auparavant, car la principale responsabilité sans l’assurance des moyens de vivre revenait dorénavant aux femmes. Non moins considérables ont été les conséquences de la découverte de l’agriculture pour l’histoire religieuse de l’humanité. La domestication des plantes a occasionné une situation existentielle auparavant inaccessible ; elle a par conséquent incité des créations et des renversements de valeurs qui ont modifié radicalement l’univers spirituel de l’homme pré-néolithique. (…)

Un thème assez répandu explique que les tubercules et les arbres à fruits alimentaires seraient nés d’une divinité immolée. (…) Ce meurtre primordial a changé radicalement la condition humaine, car il a introduit la sexualité et la mort, et a instauré les institutions religieuses et sociales. (…) Un thème mythique analogue explique l’origine des plantes nourricières – tubercules aussi bien que céréales – comme provenant des excrétions ou de la crasse d’une divinité mythique. (…) La signification de ces mythes est évidente : les plantes alimentaires sont sacrées, puisqu’elles dérivent du corps d’une divinité. En se nourrissant, l’homme mange, en dernière instance, un être divin. La plante alimentaire n’est plus « donnée » dans le monde, tel que l’est l’animal. Elle est le résultat d’un événement dramatique primitif : le produit d’un meurtre. (…) La gratification des céréales aux humains est parfois mise en rapport avec une hiérogamie entre le dieu du ciel (ou de l’atmosphère) et la Terre Mère, ou avec un drame mystique impliquant union sexuelle, mort et résurrection.

La première, et peut-être la plus importante conséquence de la découverte de l’agriculture, suscite une crise dans les valeurs des chasseurs paléolithiques : les relations d’ordre religieux avec le monde animal sont supplantées par ce qu’on peut appeler « la solidarité mystique entre l’homme et la végétation ». Si l’os et le sang représentaient jusqu’alors l’essence et la sacralité de la vie, dorénavant ce sont le sperme et le sang qui les incarnent. En outre, la femme et la sacralité féminine sont promues au premier rang. Puisque les femmes ont joué un rôle décisif dans la domestication des plantes, elles deviennent les propriétaires des champs cultivés, ce qui rehausse leur position sociale et crée des institutions caractéristiques, comme, par exemple, la matrilocation, le mari étant obligé d’habiter la maison de son épouse.

La fertilité de la terre est solidaire de la fécondité féminine ; par conséquent, les femmes deviennent responsables de l’abondance des récoltes, car elles connaissent le « mystère » de la création. Il s’agit d’un mystère religieux, parce qu’il gouverne l’origine de la vie, la nourriture et la mort. La glèbe est assimilée à la femme. (…) Le travail agraire est assimilé à l’acte sexuel. (…) Certes, la sacralité maternelle et féminine n’était pas ignorée au paléolithique, mais la découverte de l’agriculture en augmente sensiblement la puissance. La sacralité de la vie sexuelle, en premier lieu la sexualité féminine, se confond avec l’énigme miraculeuse de la création. (….) Les crises qui mettent en danger la récolte (les inondations, les sécheresses, etc…) seront traduites, pour être comprises, acceptées et maîtrisées, en drames mythologiques. Ces mythologies et les scénarios rituels qui en dépendent vont dominer pendant des millénaires les civilisations du Proche-Orient. (…) Les cultures agricoles élaborent ce qu’on peut appeler une « religion cosmique », puisque l’activité religieuse est concentrée autour du mystère central : la rénovation périodique du monde. Tout comme l’existence humaine, les rythmes cosmiques sont exprimés en termes empruntés à la vie végétale. Le mystère de la sacralité cosmique est symbolisé par l’Arbre du monde. L’Univers est conçu comme un organisme qui doit être renouvelé périodiquement ; en d’autres termes, chaque année. »

Examinons les mythes bibliques…

Le mythe de Caïn consiste en un conte expliquant que l’origine de la violence entre les hommes est leur division en classes aux intérêts opposés. Le meurtre de Caïn est le premier d’une longue série, l’Ancien Testament étant couramment le récit des meurtres…

« Elle enfanta encore son frère Abel. Abel fut berger, et Caïn fut laboureur. » (4.2)

C’est dans la suite du chapitre quatre de la Genèse que Caïn commet son crime.

Tout commence par un temps qui est temps du regard. Abel le berger et Caïn le laboureur font, chacun de leur côté, une offrande à l’Éternel : « Au bout de quelque temps, Caïn fit à l’Éternel une offrande des fruits de la terre ; et Abel, de son côté, en fit une des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. L’Éternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande ; mais il ne porta pas un regard favorable sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu » (4,3-5).

« Et l’Éternel dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui » (4,6-7).

« Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua » (4,8).

« L’Éternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? » (4.9)

« Et Dieu dit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi » (4,10).

« Et Dieu dit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi » (4,10).

« Désormais, quiconque me trouvera me tuera » (4.14).

Mais la conclusion est tout autrre. Non seulement l’Éternel va protéger Caïn, mais, en outre, il lui réserve la place qu’il avait réservée à Abel :

« L’Éternel lui dit : si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l’Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point » (4.15).

Comment Caïn est-il parvenu à ce résultat ? Il a reculé sur un point fondamental : il a renoncé à l’agriculture et redeviendra un pasteur nomade comme l’était son frère, un éleveur. Il va le remplacer puisqu’il l’a tué. Il ne cultivera plus.

« Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre » (11-12).

« Voici tu m’as chassé aujourd’hui de dessus la face du pays, et je serai caché de devant ta face, je serai errant et fugitif sur la terre, et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera. Et l’Éternel lui dit : C’est pourquoi, si quelqu’un tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois. Et l’Éternel mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le frappât point. »

Observons cependant que si le châtiment consiste à ne plus pouvoir être cultivateur (le sol ne donnera plus de richesse) et d’être condamné à errer (c’est-à-dire à être pasteur), il légitime alors pleinement le motif du crime puisque Caïn était laboureur et Abel berger.

Le récit du livre de la Genèse peut être interprété comme à un renvoi aux conflits récurrents qui existeraient depuis le Néolithique entre les agriculteurs sédentaires (représentés par Caïn) et les éleveurs-bergers nomades (représentés par Abel). Dans Genèse 4:4, l’arbitraire divin marque une préférence pour les seconds. Alors que Dieu semble valoriser l’agriculture lorsqu’il place Adam dans le jardin d’Éden pour le cultiver (Genèse 2:15), après la chute de l’homme il maudit le sol en Genèse 3:17, l’agriculture apparaissant comme la conséquence du péché originel.

Dieu lui apprend qu’il est maudit par le sol qui a recueilli le sang versé. Ainsi il ne pourra plus récolter. Dieu le chasse de la terre fertile dont il jouissait et le condamné à errer sur la terre. C’est l’agriculture qui est maudie ainsi que la sédentarisation et Caïn ne peut survivre qu’en restant éleveur et pasteur nomade.

Avons-nous d’autres preuves que le conflit de Caïn et d’Abel ne soit pas une violence individuelle mais une lutte de classes entre éleveurs et agriculteurs dont l’Ancien testament serait le ciment idéologique ?

Dieu de l’Ancien Testament s’appelle « El » ou « Elohim ». C’est le père de l’humanité pour les pasteurs nomades d’une région allant de la haute Mésopotamie à la côte palestinienne, est le chef du panthéon des dieux cananéens et des sémites occidentaux. On l’appelle taureau, puissant, roi, père des années, très sage. Il est représenté comme un ancien sage barbu sur un trône, habillé d’une longue robe, coiffé d’une tiare avec des cornes. Il a deux femmes Ashérat et Anat, étoile du matin et étoile du soir. Sa puissance est contestée par son fils, Baal, ou grain, orage et fertilité, fils de Dagan, dieu agraire du Haut et Moyen Euphrate au troisième millénaire. La contestation de Baal provient de la puissance croissante de l’agriculture face à l’élevage (dans la Bible, le fameux Caïn qu’as-tu fait de ton frère Abel). Selon une tablette antique, Baal attaque El dans son palais du Mont Sapân et le châtre.

Si des versions plus récentes de l’Ancien Testament appellent dieu Elohim, des versions de dixième ou neuvième siècle aavnt J.-C. l’appellent Yahvé. Si le texte plus récent démarre en disant qu’Elohim créa le ciel et la terre, un texte yahviste, plus ancien, ne parle plus de création du ciel et de la terre, mais d’un désert que dieu (Yahvé) rendit fertile par un flot qui montait du sol. Yahvé « planta le jardin d’Eden » dans la haute Mésopotamie, pays de Sham. C’est le fameux jardin d’Eve et Adam… C’est là que sa soif de connaissance amena Yahvé à punir l’homme en le contraignant à travailler. Ce mythe plus ancien (celui du désert humidifié) semble avoir pris son origine dans une région désertique où habitaient les sémites avant de rejoindre la haute Mésopotamie… C’est sous Yahvé que Caïn qui cultivait le sol a tué Abel pasteur de petit bétail. Et Yahvé punit l’homme une deuxième fois pour ce crime. Et l’une des punitions fut le déluge. Une autre punition de Yahvé fut la multiplication des langues, empêchant les peuples de se comprendre. Yahvé va devenir le dieu d’Abraham et pourtant, à la même époque, il y a dans la même région un autre dieu, El, des Cananéens et les deux s’assimilent mutuellement et coexistent pacifiquement d’abord. Une synthèse s’opère dans les textes. Les récits patriarcaux des Hebreux multiplient les références à El qui est suivi d’un qualificatif : El de la montagne, El de l’éternité, El le roi, etc… La maison de dieu s’appelle beth-el. Les Hébreux adoptent les pierres dressées des Cananéens. Il y a symbiose des deux civilisations. Plus tard, la référence au Yahvisme, né dans un peuple de pasteurs nomades dans le désert, servira ensuite aux prêtres de Jérusalem à revenir en arrière sur ces influences cananéennes comme les pierres dressées.

Tout d’abord, il faut y voir le conflit pour les terres et pour l’accès à l’eau, le conflit entre les encloseurs (ceux qui veulent clôturer les champs pour empêcher les bêtes d’y paître) et les anti-encloseurs (les pasteurs). Mais il y a aussi le conflit entre chasseurs-cueilleurs et agriculteurs qui est marqué dans un autre mythe : celui du jardin d’Eden.

Dans ce dernier, on passe de l’homme qui se contentait de cueillir les fruits du jardin fait par Dieu à l’homme qui utilise son propre savoir, celui qui cultive. Le premier profite des richesses naturelles et le second devra travailler à la sueur de son front. L’agriculture est présentée comme une punition par rapport à la cueillette. L’homme qui ressort du jardin d’Eden est celui qui a voulu être son propre créateur et Dieu le punit d’avoir prétendu l’imiter en créant lui-même de nouvelles plantes, en cultivant au lieu de se contenter de cueillir…

L’agriculteur interdit à son frère nomade l’accès aux terres et eaux les plus riches, désormais réservées à l’agriculture, la pisciculture, la coupe du bois et la sylviculture par exemple, et cela au détriment des nomades et possesseurs de troupeaux itinérants.

Si le récit du meurtre a longtemps été interprété comme à un renvoi aux conflits récurrents qui existeraient depuis le Néolithique entre les agriculteurs sédentaires (représentés par Caïn) et les éleveurs-bergers nomades (représentés par Abel), celui du jardin d’Eden ressemble davantage au conflit des chasseurs-cueilleurs et des cultivateurs.

La femme est particulièrement accusée du crime car il semble que c’est par elle qu’a été découvert le secret de la création. La femme paraît plus capable d’avoir découvert ce secret et en semble par la suite détentrice par rapport à l’homme. Elle a pu découvrir que les plantes pouvaient être cultivées. La femme est punie de cette connaissance sur les mystères de la création : « Dans la peine tu enfanteras tes fils. »

Seuls les fils comptent pour les éleveurs contrairement aux agriculteurs…

Là encore, l’Ancien Testament justifie les mœurs des éleveurs contre ceux des cultivateurs.

Remarquons que, dans l’Ancien Testament, on attribue à la femme seule le fait d’avoir enfanté :

La femme dit : « J’ai enfanté un homme. »

Et le texte poursuit : « Elle enfanta encore son frère Abel. »

La femme seule enfante. Elle seule connaît le mystère de la création.

Elle seule donne le signe d’appartenance à l’ethnie juive par la suite…

Le texte reconnaît cette capacité de la femme mais refuse à celle-ci que cette capacité soit une préférence divine. C’est au contraire une punition divine !

Les Hébreux de l’Ancien Testament, qui étaient patriarcaux, ne considéraient pourtant que le matrilignage, la reconnaissance de l’appartenance à l’ethnie n’étant considérée que par les femmes et c’est ce qui se produit chez les Juifs jusqu’à nos jours. Cependant cette société était oppressive et méprisante et même agressive à l’égard des femmes. C’était le patriarcat des éleveurs qui a prévalu, même quand cette société est passée des pasteurs nomades sémites à une sédentarisation.

Caïn est sauvé mais devra quitter le jardin d’Eden, c’est-à-dire la région de Harran, région des sources de l’Euphrate et terre d’origine des pasteurs nomades araméens…

Depuis l’affaire du jardin d’Eden, le travail de la terre, loin d’être considéré comme un miracle de dieu, devient une punition de dieu : « Maudit soit le sol à cause de toi. A force de peines, tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. »

Et à la femme, celle qui, comme l’agriculteur, doit créer en se prenant pour dieu afin de développer la vie, et pour l’en punir, dieu impose : « A la femme : je multiplierai les peines de tes grossesses. Dans la peine, tu enfanteras des enfants. Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. »

Le conte de l’Arche de Noé est tout aussi significatif du caractère « éleveur » de l’ethnie des Hébreux dont l’Ancien Testament est la religion : dans l’arche de Noé, il ne sera sauvé que des humains et des animaux et pas des arbres et des plantes alors que le déluge a détruit toute vie sur terre.

Dieu dit à Noé :

« La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître… Pour moi, je vais amener le déluge, les eaux sur la terre, pour exterminer de dessous le ciel toute chair ayant souffle de vie ; tout ce qui est sur la terre doit périr. Mais j’établirai mon alliance avec toi et tu entreras dans l’arche… De tout ce qui vit, de tout ce qui est chair, tu feras entrer dans l’arche deux de chaque espèce en vie avec toi ; qu’il y ait un mâle et une famille… De tous les animaux purs, tu prendra sept paires, le mâle et la femelle… »

Qu’est-ce qui prouve que l’Ancien Testament a d’abord été conçu comme une religion d’un peuple d’éleveurs, de pasteurs, de nomades et pas d’agriculteurs, de sédentaires, ni de commerçants ?

C’est la religion qui a conçu que dieu admettait, comme remplacement du sacrifice du premier garçon né d’Abraham, le sacrifice du bélier sur l’autel ! le sacrifice d’un animal, voici tout à fait le rite d’un peuple d’éleveurs….

C’est la religion qui écrit que « les collines bondissaient comme des agneaux et les montagnes comme des moutons », texte mille fois commenté par Rabi Eliezer et Rabi Akiba.

C’est la religion qui rapporte mille épisodes de la vie des éleveurs comme ici : « Jacob rit des baguettes fraîches de peuplier, d’amandier et de platane et les écorça de bandes blanches, mettant à nu l’aubier qui était sur les baguettes. Il mit les baguettes qu’il avait écorcées en face des bêtes dans les auges, dans les abreuvoirs où les bêtes venaient boire, et les bêtes s’accouplaient en venant boire. Elles s’accouplaient donc devant les baguettes… Chaque fois que s’accouplaient les bêtes robustes, Jacob mettait les baguettes devant les auges, pour qu’elles s’accouplent devant les baguettes. » (Genèse 30, 37 à 41)

C’est la religion qui fait de Moïse un berger de son peuple et de celui-ci un troupeau de moutons qui le suit aveuglément…

Dans l’Ancien Testament, YHWH (dieu) désigne David comme roi : « C’est toi qui fera paître mon peuple d’Israël. »

Il dit encore : « J’ai institué les tribus pour que puisse paître mon peuple d’Israël. »

Le peuple est bel et bien assimilé à un troupeau et le chef politique à un berger.

Kippour est une fête expiatoire d’éleveurs : « L’expiation s’opère seulement si le sang du sacrifice est versé. »

C’est la religion qui donne comme règle pour le respect de la montagne sacrée de Moïse : « Que ni brebis ni bœufs ne paissent près de cette montagne. »

C’est la religion qui doit se battre contre l’animisme en rejetant un « culte du veau d’or » ! Au sein des populations d’origine, le judaïsme doit d’abord combattre le dieu taureau ou dieu Baal, dieu des éleveurs.

C’est la religion qui vise à multiplier les enfantements d’animaux et, du coup, affirme que l’essentiel est : « Croissez et multipliez. »

C’est la religion qui considère que seuls comptent les futurs éleveurs, les garçons, alors que les femmes se consacrent à la culture et à la cueillette.

Voyons d’autres descriptions bibliques qui montrent le peuple juif comme un peuple d’éleveurs…

Par exemple, voici comment est décrite la venue du Messie :

« Alors, le loup habitera avec la brebis, le tigre reposera avec le chevreau, veau, lionceau et bélier vivront ensemble et un jeune enfant les conduira. »

C’est bel et bien un rêve de berger…

Il y a certes des exceptions comme Abraham qui n’est pas, à l’origine, un pasteur, un berger, mais un homme des villes, un commerçant, un riche. Mais, pour prendre la tête de son peuple, il devient pasteur, il devient chef d’une tribu d’éleveurs qu’il amène à quitter Harran pour d’autres pâturages, dans le pays de Canaan, tenu par un régime de Chaldéens.

« Abram était très riche en troupeaux, en argent et en or. » (Genèse 13 :2)

« Lot, qui accompagnait Abram, avait également du petit et du gros bétail, ainsi que des tentes. » (Genèse 13 :5)

« Il y eut une dispute entre les pâtres des troupeaux d’Abram et ceux des troupeaux de Lot les Cananéens et les Perizzites habitaient alors le pays. » (Genèse 13 :7)

Les Hébreux tiennent les montagnes avec leurs troupeaux alors que les Chaldéens tiennent les villes et les vallées. Les Hébreux échangent viande, lait et fromage contre le fourrage, les graines, etc auprès des Chaldéens. C’est seulement à l’effondrement de la civilisation chaldéenne que les Juifs peuplent progressivement et prudemment les vallées, qu’ils commencent à faire de l’agriculture, d’abord pour nourrir leurs troupeaux, puis se sédentarisent eux aussi et commencent à commercer, surtout dans la moitié la plus riche de la région, celle centrée sur Sichem avec des temples très riches comme celui de Meggido et qui donnera l’Etat d’Israël, alors qu’ils continuent à pratiquer d’abord l’élevage dans la partie la plus pauvre, celle dominée par Jérusalem et qui donnera l’Etat de Juda.

« Le royaume de Juda apparaît lorsque le roi Salomon, le successeur de David, meurt en 931 avant J.-C. Un schisme éclate alors. Dix tribus d’Israël se rassemblent dans le nord pour former le nouveau royaume d’Israël, dirigé par Jéroboam, tandis que les tribus de Juda et de Benjamin forment autour de Jérusalem le royaume de Juda… Le royaume de Juda existe de 931 à 587 avant J.-C. quand le roi babylonien Nabuchodonosor détruit Jérusalem. » (Marc-Alain Ouaknin dans « Les mythes de la Bible »)

En 722 avant J.-C., le royaume du Nord (Israël) était déjà tombé aux mains des Assyriens. C’est presque un siècle et demi plus tard qu’en 587 avant J.-C. Jérusalem et le royaume de Juda, bien moins riche et moins puissant, est tombé sous les coups de Nabuchodonosor, roi de Babylone. Ce qui va faire renaître un royaume hébreux, ce n’est pas l’action du peuple hébreux mais le roi perse Cyrus, conquérant de Babylone, qui promulgue un édit autorisant les Hébreux, déportés de force en Mésopotamie, à rentrer en Palestine et à reconstruire le Temple de Jérusalem. C’est de là que naîtra la Bible de Jérusalem.

Les historiens estiment qu’entre le XVIIIème et le XVIIème siècle avant J.-C., des peuples sémitiques ont remonté de la région d’Ur en Chaldée jusqu’à la région d’Harran en Aram-Naharaïm (la Syrie d’entre les deux fleuves Tigre et Euphrate). Dans ces populations les Ben-shimal (ceux du nord) et les Ban-yamin (ou Benjamin), ceux du sud. Aux XVIIème et XVIème sièvcle avant J.-C., les tribus d’Aram-Naharaïm migrent vers les régions à l’ouest de l’Euphrate, pays des Amourrou ou des Amorréens jusqu’en terre de Canaan où elles se mêlent pacifiquement aux indigènes dont elles parlent la langue et fréquentent les sanctuaires. Une partie des Hébreux se sédentarisent pour la première fois. C’est au XIIème siècle avant J.-C. que des Hebreux s’installent durablement dans le pays de Canaan. En 1020 avant J.-C., les Hébreux élsient un premier roi : Saül. En 931 avant J.-C., les Hébreux scissionnent : scisme de Israël et Juda.

Un autre exemple : le « Cantique des cantiques » (4, 1 à 14)

Voici comment est décrite la belle :

« Que tu es belle, ma tendre amie, que tu es belle ! Tes cheveux évoquent un troupeau de chèvres dévalant du mont Galaad. Tes dents me font penser à un troupeau de brebis fraîchement tondues, qui remontent au point d’eau… Tes seins sont comme des cabris… »

On entend souvent parler du pasteur, c’est-à-dire du berger ou Ro’iy :

« Malheur au pasteur (Ro’iy) de néant, qui abandonne ses brebis ! » (Zacharie 11 : 17)

« Ma demeure est enlevée et transportée loin de moi, comme une tente de berger (Ro’iy). » (Esaïe 38 : 12)

Les tribus d’origine du peuple Hébreux sont toutes des tribus de pasteurs nomades araméennes. Aucune n’est sédentaire. Aucune ne pratique l’agriculture. Aucune ne pratique le commerce. Aucune ne fonde des villes.

« Ces hommes, sous leurs tentes, vivent en se nourrissant des produits de leurs troupeaux, qu’il complètent par les revenus de cultures saisonnières et, peut-être, d’un certain commerce. »

(André Chouraqui, Les hommes de la Bible)

Les interdits alimentaires sont également ceux d’un peuple d’éleveurs. On sait que les éleveurs ne doivent pas s’occuper à la fois de produire de la viande et de produire du lait et des produits laitiers. Il y a des troupeaux dédiés à la viande et d’autres dédiés aux produits laitiers. C’est toujours le cas aujourd’hui. D’où un interdit selon lequel il ne faut pas consommer le veau avec le lait de sa mère…

Autre exemple fameux, celui qui étaye l’explication de Yom Kippour : la demande de pardon de Rav Hanina rejetée plusieurs fois par l’égorgeur de bétail.

Ou encore la description des régions : « « les béliers de Moab et les brebis d’Hébron ».

Selon la Genèse, Abram (nom sous lequel il est connu avant que Dieu ne le nomme Abraham) est l’un des trois fils de Térah, un nomade araméen originaire d’Our en Chaldée (basse Mésopotamie), descendant lui-même de Sem et de Noé. Térah décide de quitter la région d’Our pour migrer avec son clan. Tel est le début de l’histoire des Hébreux, que l’on date généralement aux environs de 1850 avant J.-C. « Et Térah [Tharé] prit Abram son fils et Lot fils de Haran, son petit-fils, et Saraï sa bru, femme d’Abram, et les fit sortir d’Our des Chaldéens pour aller au pays de Canaan » (Genèse, XI, 31).

En un premier temps, le clan des Térahites se dirige vers le nord de la Mésopotamie et s’arrête à Harran, dans la zone du haut Euphrate. Mais Harran n’est qu’une étape ; Térah meurt, et Abraham quitte la haute Mésopotamie.

Ce peuple est passé, après une longue période du nomadisme, à la sédentarité, de l’élevage à l’agriculture et de l’ethnisme à l’Etat...

En 7000 avant J.-C., en Mésopotamie, où l’élevage est déjà pratiqué, on commence à se sédentariser. Apparition de l’agriculture, de la poterie, de la brique comme matériau de construction. Avec la division du travail, la production d’excédents et l’accumulation progressive de richesses, les sociétés humaines perdent peu à peu leur caractère égalitaire et se divisent en classes. Les possédants découvrent l’utilité de la religion pour maintenir et étendre leur domination.

La dernière version connue et mondialement diffusée de la religion des Hébreux s’appelle le "judaïsme" du nom du pays, Juda, où elle a été fondée et s’est développée autour de la hiérarchie religieuse juive de Jérusalem. Au début, cette région, loin d’être la plus importante et la plus prospère pour les Hébreux était au contraire la plus pauvre et la plus arriérée, se fondant encore sur le nomadisme et l’élevage plus que sur l’agriculture et le commerce. D’autres régions d’occupation des Hébreux comme le nord appelé Israël et le nord-est (Haute Mésopotamie) appelé Cham connaissaient au contraire une agriculture prospère et un grand commerce. Mais ces deux régions allaient subir des occupations militaires de leurs grands voisins et les Hébreux allaient en être chassés. Juda a lui-même subi occupation et immigration forcée et c’est en revenant à Jérusalem que les chefs religieux ont développé la thèse de l’Ancien Testament : Israël et Cham avaient été punis par le seigneur pour avoir adoré plusieurs dieux... Elohim (contrairement à El) ne veut-il pas dire plusieurs dieux ?

La Bible de Jérusalem n’est pas « le » texte de la religion de tous les Hébreux, c’est seulement le texte des religieux de la région désertique du sud, de Juda, ce qui est beaucoup plus restrictif : cela exclue les Hébreux d’Israël (l’Etat du Nord) et les Hébreux de haute Mésopotamie (pays de Sham) notamment…

La religion du dieu unique de Jérusalem a été lancée par les dirigeants et chefs religieux de Juda. Cette région sud montagneuse et pauvre n’a connu qu’un développement tardif alors que l’Etat du nord, Israêl, était depuis longtemps prospère. Ces deux régions ont vécu longtemps séparément, avec des mœurs différentes liées aux différences économiques et sociales. Beaucoup plus riche, Israêl était beaucoup plus ouverte sur le monde extérieur avec lequel il commerçait

On se souvient que les Juifs étaient divisé en deux pays : Israël et Juda. Israël, agricole, plus prospère, acceptait les dieux des peuples voisins avec lesquels il commerçait. Juda, centrée sur l’élevage, a affiché une prétention à plus de piété pour accuser son voisin d’avoir rompu avec dieu. Et ce dieu unique a été imposé par un pouvoir unique, celui du roi de Jérusalem. Le Deutéronome — premier texte juif monothéiste même s’il ne nie pas encore les autres dieux — semble avoir été écrit vers 622 av. J.-C. quand le roi Josias entend faire de Yahvé le seul Dieu de Juda et empêcher qu’il ne soit vénéré sous différentes manifestations comme cela semble être le cas à Samarie ou à Teman, dans l’idée de faire de Jérusalem le seul lieu saint légitime de la divinité nationale et du pouvoir royal le pouvoir unique du peuple juif. Après la destruction du royaume juif, il a fallu justifier que le peuple élu ait perdu son royaume. C’est le but dès lors des dirigeants juifs qui expliquent que dieu a puni son peuple pour son manque de piété. Le peuple retrouvera son pays et aura un Etat quand le Messie reviendra sur terre et, à la fin des temps, restaurera "le royaume de dieu en Israël".

Jean Guilaine :

« Vers la fin des temps paléolithiques, au terme de près de trois millions d’années d’histoire, l’humanité change brusquement de façon de vivre : des groupes de chasseurs-cueilleurs font l’expérience de la sédentarisation, renforcent l’aspect végétal de leur diète, commencent à manipuler céréales et animaux et se transforment peu à peu en agriculteurs et en éleveurs. Le néolithique a commencé. »

Rappelons ainsi les études des fameux archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman. Ils écrivent ainsi dans « La Bible dévoilée » :

Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman rapportent cette « série chaotique de révoltes, dues à des facteurs variés et perpétrées par différents groupes » dans « La Bible dévoilée » : « En vérité, on ignore les rasions précises qui ont présidé à l’effondrement des civilisations du Bronze ancien dans cette partie du monde antique. Et pourtant, les preuves archéologiques du résultat abondent. La plus évidente nous vient de la partie méridionale d’Israël – L’ancienne terre des Philistins (…) Les fouilles entreprises sur les sites des deux centres les plus importants du pays philistin – Ashdod et Eprôn – ont mis au jour des témoignages de ces années mouvementées. Au 13ème siècle av. J.C., la ville cananéenne d’Ashdod (…) fut détruite par le feu. (…) Ailleurs dans le pays, l’ordre qui dominait au Bronze récent fut déstabilisé par une violence généralisée dont on ne sait pas à qui attribuer la cause. (...) L’un après l’autre, les anciens centres cananéens ont disparu, soit en raison de désastres soudains, soit au cours d’un graduel déclin. Au nord, le feu détruisit Haçor ; les statues des dieux du palais royal furent décapitées et brisées. Sur la plaine littorale, Aphek fut ravagée par un terrible incendie. (…) Plus au sud, l’imposante cité cananéenne de Lakish fut incendiée et abandonnée. Dans l’opulente vallée de Jezréel, Megiddo fut réduite en cendres et son palais se retrouva enfoui sous deux mètres de débris de briques calcinées. (…) Les raisons possibles incluent l’invasion, des troubles sociaux, ou la guerre civile. Quoiqu’il en soit, on ne peut attribuer leur destruction à une seule armée, opérant au cours d’une unique campagne militaire. »

« L’émergence d’Israël fut le résultat, non la cause, de l’effondrement de la culture cananéenne. » Ils expliquent que les Israélites étaient des bergers cananéens et qu’ils n’ont bâti leur propre domination sociale que lorsque les révolutions ont balayé la société cananéenne. La mise en place de la société des hébreux n’est pas le résultat d’une guerre ou d’une invasion d’une armée des Juifs ou d’un peuple venu d’une région étrangère comme l’Egypte (mythe de la sortie d’Egypte) : « Depuis 1967, le cœur de l’habitat israélite – les territoires traditionnels des tribus de Juda, de Benjamin, d’Ephraïm et de Manassé – a fait l’objet d’explorations intensives. (…) Cette mission d’exploration a révolutionné l’étude de l’ancien Israël. La découverte des vestiges d’un réseau très dense de villages de montagne – établis apparemment en l’espace de quelques générations – indique qu’aux alentours de 1200 av. J.C., une transformation sociale radicale a eu lieu dans la région montagneuse du centre de Canaan. On n’y trouve pas la moindre trace d’invasion violente, ni même d’infiltration d’un groupe ethnique clairement défini. Cela ressemblerait plutôt à une révolution dans le mode de vie. Dans les hautes terres auparavant dépeuplées, depuis les monts de Judée au sud jusqu’aux montagnes de Samarie au nord, loin des cités cananéennes, menacées par l’effondrement et la désintégration, environ deux cent cinquante communautés ont soudain occupé les zones élevées. Ce furent les premiers Israélites.

(…) Contrastant avec la culture des cités cananéennes et des villages des plaines, les villages des hautes terres ne possédaient aucun bâtiment administratif, palais, entrepôt ou temple. Les traces d’activité scripturale – comme la préservation d’archives, sceaux ou impressions de sceaux – sont quasiment absentes. On n’y trouve pratiquement aucun produit de luxe, comme de la poterie importée ou des bijoux.. les maisons villageoises auraient toutes à peu près la même dimension, preuve d’une répartition assez équitable des richesses entre les familles. (…) L’agriculture céréalière représentant l’essentiel de l’activité du village. Cependant, l’élevage restait important (…) Les villages ne possédaient pas d’autel ni de sanctuaire (…) Il faut également noter – ce qui contraste avec le récit de la Bible, qui fait état d’une guerre perpétuelle entre les Israélites et leurs voisins – que les villages n’étaient pas fortifiés. Soit les habitants se sentaient en sécurité dans leurs habitats isolés, au point de n’éprouver aucune nécessité de posséder des systèmes de protection, soit ils ne possédaient ni les moyens ni l’organisation nécessaire pour entreprendre des travaux de cette nature. Aucune arme, du type épée ou lance, ne fut découverte – alors que ce genre de trouvailles est typique des villages des plaines. On ne trouve non plus aucune trace d’incendie ou de destruction témoignant d’une attaque."

Ces Israélites ne se sont pas battus contre les villes cananéennes, bien plus puissantes et armées. Ils n’ont commencé leur développement qu’après la chute de la société cananéenne, due à des causes internes. Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman rapportent cette « série chaotique de révoltes, dues à des facteurs variés et perpétrées par différents groupes » dans « La Bible dévoilée » : « En vérité, on ignore les rasions précises qui ont présidé à l’effondrement des civilisations du Bronze ancien dans cette partie du monde antique. Et pourtant, les preuves archéologiques du résultat abondent. La plus évidente nous vient de la partie méridionale d’Israêl – L’ancienne terre des Philistins (…) Les fouilles entreprises sur les sites des deux centres les plus importants du pays philistin – Ashdod et Eprôn – ont mis au jour des témoignages de ces années mouvementées. Au 13ème siècle av. J.C., la ville cananéenne d’Ashdod (…) fut détruite par le feu. (…) Ailleurs dans le pays, l’ordre qui dominait au Bronze récent fut déstabilisé par une violence généralisée dont on ne sait pas à qui attribuer la cause. (...) L’un après l’autre, les anciens centres cananéens ont disparu, soit en raison de désastres soudains, soit au cours d’un graduel déclin. Au nord, le feu détruisit Haçor ; les statues des dieux du palais royal furent décapitées et brisées. Sur la plaine littorale, Aphek fut ravagée par un terrible incendie. (…) Plus au sud, l’imposante cité cananéenne de Lakish fut incendiée et abandonnée. Dans l’opulente vallée de Jezréel, Megiddo fut réduite en cendres et son palais se retrouva enfoui sous deux mètres de débris de briques calcinées. (…) Les raisons possibles incluent l’invasion, des troubles sociaux, ou la guerre civile. Quoiqu’il en soit, on ne peut attribuer leur destruction à une seule armée, opérant au cours d’une unique campagne militaire. »

Finkelstein et Silberman expliquent que "Jusqu’au 7ème siècle avant J.C., Juda était un royaume plutôt isolé, à la population clairsemée. En étendue, en prospérité et en puissance militaire, il ne souffrait pas la comparaison avec Israël, le royaume du Nord. L’alphabétisation y était peu répandue et sa capitale, Jérusalem, n’était qu’une modeste bourgade de montagne. Mais, à la suite de l’anéantissement du royaume d’Israël par l’Empire assyrien, en 720 av. J.C., la population de Juda crût considérablement : le royaume se dota d’une administration élaborée et finit par émerger comme l’un des pouvoirs dominants de la région. Dirigée par une très ancienne dynastie, la capitale se targuait de posséder le Templs le plus important consacré au dieu d’Israël. (...) C’est la raison pour laquelle le récit patriarcal de la Bible (écrit depuis Juda) dépeint une ascendance commune à tout le peuple israélite, en la faisant remonter au plus judéen des patriarches : Abraham. Il est d’ailleurs présenté dans la Bible comme ayant présidé à la formation de centre cultuels dans le royaume israélite du nord, étant donné que les sites cultuels du nors étaient en réalité beaucoup plus importants que le Temple de Jérusalem.

En tout cas, la civilisation cananéenne était complètement morte depuis longtemps quand les Israélites descendirent des montagnes pour fonder leurs villes à côtés des ruines des anciennes cités cananéennes. « Les fouilles de Haçor révèlent que la splendide cité cananéenne, à l’image de tant d’autres villes du pays, connut une fin brutale au 13ème siècle avant J.C.. Soudain, sans le moindre signe annonciateur d’un déclin, Haçor fut attaquée, dévastée, incendiée. les murs en briques crues du palais, soudain cuites par la chaleur terrifiante, sont encore préservées aujourd’hui sur une hauteur de près de deux mètres. Après une période d’abandon, un modeste habitat occupa une partie des vastes ruines. Les poteries ressemblent à celles des premiers habitants israélites établis dans les montagnes centrales du sud. (...) Les savants ont identifié le site d’A¨et celui de Khhirbet et-Tell. Le mot arabe Telle signifie ruine et le mot hébreux aï signifie à peu près la même chose." C’est donc à côté de ruines très anciennes, dont les nouveaux habitants ignoraient jusqu’à l’origine, que se sont établies progressivement des villes israélites beaucoup plus modestes. "Les habitants (israélites) de Béthel à l’âge du Fer avaient dû remarquer le gigantesque amas de ruines du Bronze ancien à l’est de leur cité. Le champ de ruines était presque plus étendu que leur propre ville et les vestiges des fortifications étaient encore impressionnants. » Guerres ou révolutions sociales, l’essentiel des anciens centres cananéens étaient depuis bien longtemps détruits au point que la Bible était contrainte de broder pour imaginer comment ces cités avaient été détruites. Mais ce n’est pas seulement la disparition des centres de pouvoir de la civilisation cananéenne qui explique l’apparition de celle des Israélites. L’existence d’une civilisation israélite n’était possible que si les pasteurs hébreux nomades étaient amenés à se sédentariser. C’est également un mécanisme économique et social : tant que la société cananéenne s’est maintenue les éleveurs sont restés nomades et ont dépendu pour leurs céréales de la production agricole des sédentaires. Dès que la société cananéenne s’est effondrée, les éleveurs, les Israélites, se sont sédentarisés : « Les deux composantes de la société du Moyen-Orient – fermiers et pasteurs nomades – ont toujours maintenu une relation économique d’interdépendance (…) Les nomades ont besoin du marché des villages sédentaires pour se procurer des céréales et d’autres produits agricoles ; quant aux fermiers, ils dépendent des nomades pour leur approvisionnement régulier en viande, produits laitiers et peaux. (…) Aussi longtemps qu’ils sont en mesure de commercer avec des villageois, les nomades peuvent se consacrer essentiellement à l’élevage. Mais dès qu’ils ne peuvent plus obtenir de céréales en échange de leur propre production, les nomades sont contraints de les faire pousser eux-mêmes. (…) L’émergence d’Israël fut le résultat, non la cause, de l’effondrement de la culture cananéenne. »

Le judaïsme, religion juive de Juda, région sud de Palestine, fondée par les rabbins de Jérusalem, celle de l’Ancien Testament, s’opposait à la religion juive du nord (région d’Israël) par le fait que la religion de Jérusalem théorisait être une religion ethnique d’un peuple d’éleveurs nomades (première parole de cette Bible : « N’oublies jamais que tu es le fils d’un pasteur nomade araméen » et aussi le frère éleveur nomade assassiné par son frère agriculteur : « Caïn, qu’as-tu fait de ton frère Abel »). L’activité agricole dans les plaines avait permis de développer un grand commerce aux côtés des anciens Cananéens, puis avec les autres peuples voisins, entraînant des alliances commerciales et des mariages interethniques alors que les Juifs des régions arides et montagneuses du sud cultivaient le dieu unique d’une seule ethnie choisie par dieu et n’acceptant pas que d’autres ethnies aient le droit de se convertir au judaïsme.

Il faut remarquer que le texte biblique est grandement inspiré ou imité du mythe de Gilgamesh des sumériens.

Le grand succès populaire de la légende de Gilgamesh a sans doute été à l’origine des efforts des Hébreux pour fonder leur unité sur une légende.

Le début du IIe millénaire av. J.-C. voit le début de la rédaction de récits en akkadien mettant en scène Gilgamesh, qui aboutissent finalement à l’élaboration d’un seul récit massif, appelé Épopée de Gilgamesh par ses traducteurs contemporains. Elle rencontre un très grand succès dans tout le Proche-Orient ancien : des versions sont retrouvées jusqu’à Megiddo au Levant, Tell el-Amarna en Égypte, et Hattusha en Anatolie centrale. Sur ce dernier site, on a même retrouvé des fragments de traduction de l’œuvre en hittite et en hourrite.

Gilgamesh est mentionné dans deux parchemins des Manuscrits de la mer Morte datant du Ier siècle av. J.-C., retrouvés dans la grotte 4 de Qumran, écrits en araméen.

C’est dans la légende de Gilgamesh que l’on trouve la première version mésopotamienne du mythe du Déluge, qui marque le début des découvertes jetant un pont entre la tradition biblique et la mythologie mésopotamienne.

Voici quelques plagiats des textes sumériens dans la Bible…

La création du monde, Eve issue de la côte d’Adam, l’Eden, le fruit défendu, le déluge, l’arche de Noé, Moïse sauvé des eaux, les dix commandements, le livre de Job, le cantique des cantiques, les lamentations de Jérémie, etc. etc. : tout cela a été copié sur des légendes sumériennes dont les Assyriens et les Babyloniens sont les héritiers. (La civilisation mésopotamienne de Sumer - dans le sud de l’Irak actuel - remonte à près de 4000 ans avant notre ère.) On ignore si toutes ces légendes étaient déjà connues des Juifs avant le 6ème siècle ou si, au contraire, elles ont été découvertes et assimilées par eux durant leur séjour forcé à Babylone (assez probable).

Genèse [2.6] : Le paradis de la Bible est "emprunté" au poème sumérien (rédigé vers -2800) "Enki et Ninhursag"où l’Eden hébraïque et le Dilmun sumérien ne font qu’un : mêmes fleuves, même endroit, même souffrance, même péché originel.

Genèse [2.7] "L’éternel Dieu forma l’homme poussière de la terre" récupéré de la légende sumérienne ("poussière" se dit "tit" en hébreu et "ti.it" veut dire "ce qui est en vie" en sumérien).

Genèse [2.21] Le mystère de la côte d’Adam est aussi "emprunté" au poème sumérien "Enki et Ninhursag" : c’est là ou est le mal d’Enki, la côte vient du jeu de mot sumérien "ti" ("côte" ou "faire vivre") jeu de mot qui n’a plus de sens en hébreu.

Genèse [2:22] La femme a été créée à partir d’une côte de l’homme. Faux ! on pourrait même presque affirmer l’inverse : tous les embryons sont féminins et ne se différencient qu’au bout de quelques jours. Encore aujourd’hui, beaucoup de gens sont persuadés que l’homme a une côte de moins que la femme.

Genèse [2:14] Le genre humain est né au proche Orient près de l’Euphrate, (en Irak, ancien empire de Sumèr - Akkad - Babylone), là où ont vécu les rédacteurs. Au jour d’aujourd’hui, on ne sait pas exactement d’ou vient l’Homo sapiens (la théorie de l’Afrique de l’Est n’est pas fiable).

Genèse [3:2] Adam et Ève et le fruit défendu, un fable recopiée à l’identique d’une ancienne légende sumérienne qui fait dépendre l’origine du mal de la première femme qui, induite par un serpent à désobéir au dieu créateur, convainc son compagnon de manger le fruit de l’arbre interdit. Les sceptiques peuvent admirer le cylindre de la tentation au British muséum à Londres où l’on voit la femme, l’homme, le serpent et le pommier. Aujourd’hui, personne de sérieux ne croit en la réalité historique d’Adam et Ève. Source : "Au cœur des mythologies" Lacarrière

Genèse [6:14] L’arche de Noé : cette fable est reprise à l’identique d’une légende sumérienne (Utnapishtim qui débarque sur le mont Nishir et lâche une colombe puis un corbeau). Des générations de chercheurs chrétiens ont cherché les vestiges de l’arche sur le mont Ararat pour rien !

L’exode [2:10] Moïse retrouvé dans un panier flottant : encore une fable tirée du récit du roi mésopotamien Sargon 1er qui fonda le royaume d’Akkadé qui est retrouvé à sa naissance abandonné dans un panier flottant et sera élevé par le jardinier. On sait aujourd’hui que Moise, Isaac et Abraham n’ont pas existé. "Sargon d’Akkad : Abandonné par sa mère dans une corbeille de roseaux qui est confiée au fleuve, le nouveau-né est recueilli et adopté par un jardinier. La faveur de la déesses Ishtar fait plus de lui un échanson à la cour de Kish puis un prince."

L’exode [7:17] Le thème du "fléau du sang" et de l’ombrage protecteur est tiré directement du mythe sumérien "Inanna et Shukallituda ou le péché mortel du jardinier".

L’exode [20] Les dix commandements ont été recopiés du code babylonien du roi Hammourabi. (vers -1800)

Samuel [28] Inspiré du poème sumérien où l’on voit l’ombre d’Enkidu sortir du Kur et se jeter dans les bras de Gilgamesh.

Esther : L’Esther du livre d’Esther vient de la déesse babylonienne Ishtar. Mardochée est le dieu assyrien Mardukéa.

Le livre de Job : Le thème de Job découle directement des tablettes sumérienne de Nipur. Il utilise les termes même du "poème de la Création" qui décrit le combat de Mardouk contre Kingou : Yahvé brise le crâne de Léviathan comme Mardouk celui de Tiamat. (Source :, "Au cœur des mythologies" Lacarrière).

Cantique des cantiques : Une suite empruntée au chant sumérien du mariage sacré : même style, même thèmes, détails, vocabulaire, mêmes personnages, monologues, dialogues, même langage fleuri et redondant. Voir par exemple le chant d’amour de Shu-Sin au chapitre XXI. Shu-Sin qui ressemble fort au roi Salomon dont l’existence n’est pas certaine et, s’il a existé, son règne n’a rien à voir avec celui décrit dans la Bible.

Lamentations de Jérémie : Ces lamentations sont reprises de "La lamentation sur la destruction de Nippur", récit sumérien.

Ézéchiel : Inspiré de la déesse babylonienne Ishtar. Les sumériens l’adoraient sous le nom d’Innana, épouse de Dumuzi, le Tammouz de la Bible.

Isaïe [ 9:11] Inspiré du texte sumérien qui décrit la descente aux enfers du monarque Ur-Nammu qui arrive dans le Kur.

Contrairement à certaines interprétations bétifiantes, le mythe de Caîn n’est absolument pas fait pour montrer que Dieu serait opposé à la violence entre les hommes.

Montrons-le au travers d’une citation biblique qui prône la guerre des Hébreux contre les autres peuples :

1. Lorsque l’Éternel, ton Dieu, t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, et qu’il chassera devant toi beaucoup de nations, les Héthiens, les Guirgasiens, les Amoréens, les Cananéens, les Phéréziens, les Héviens et les Jébusiens, sept nations plus nombreuses et plus puissantes que toi ; 2. lorsque l’Éternel, ton Dieu, te les aura livrées et que tu les auras battues, tu les dévoueras par interdit, tu ne traiteras point d’alliance avec elles, et tu ne leur feras point grâce. 3. Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils ; 4. car ils détournaient de moi tes fils, qui serviraient d’autres dieux, et la colère de l’Éternel s’enflammerait contre vous : il te détruirait promptement. 5. Voici, au contraire, comment vous agirez à leur égard : vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs statues, vous abattrez leurs idoles, et vous brûlerez au feu leurs images taillées. 6. Car tu es un peuple saint pour l’Éternel, ton Dieu ; l’Éternel, ton Dieu, t’a choisi, pour que tu fusse un peuple qui lui appartînt entre tous les peuples qui sont sur la face de la terre. 7. Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Éternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples. 8. Mais, parce que l’Éternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il avait fait à vos pères, l’Éternel vous a fait sortir par sa main puissante, vous a délivrés de la maison de servitude, de la main de Pharaon, roi d’Égypte. 9. Sache donc que c’est l’Éternel, ton Dieu, qui est Dieu. Ce Dieu fidèle garde son alliance et sa miséricorde jusqu’à la millième génération envers ceux qui l’aiment et qui observent ses commandements. 10. Mais il use directement de représailles envers ceux qui le haïssent, et il les fait périr ; il ne diffère point envers celui qui le hait, il use directement de représailles. 11. Ainsi, observe les commandements, les lois et les ordonnances que je te prescris aujourd’hui, et mets-les en pratique. 12. Si vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez et les mettez en pratique, l’Éternel, ton Dieu, gardera envers toi l’alliance et la miséricorde qu’il a jurées à tes pères. 13. Il t’aimera, il te bénira et te multipliera ; il bénira le fruit de tes entrailles et le fruit de ton sol, ton blé, ton moût et ton huile, les portées de ton gros et de ton menu bétail, dans le pays qu’il a juré à tes pères de te donner. 14. Tu seras béni plus que tous les peuples ; il n’y aura chez toi ni homme ni femme stérile, ni bête stérile parmi tes troupeaux. 15. L’Éternel éloignera de toi toute maladie ; il ne t’enverra aucune de ces mauvaises maladies d’Égypte qui te sont connues, mais il en frappera tous ceux qui te haïssent. 16. Tu dévoreras tous les peuples que l’Éternel, ton Dieu, va te livrer, tu ne jetteras pas sur eux un regard de pitié, et tu ne serviras point leurs dieux, car ce serait un piège pour toi. 17. Peut-être diras-tu dans ton coeur : Ces nations sont plus nombreuses que moi ; comment pourrai-je les chasser ? 18. Ne les crains point. Rappelle à ton souvenir ce que l’Éternel, ton Dieu, a fait à Pharaon et à toute l’Égypte, 19. les grandes épreuves que tes yeux ont vues, les miracles et les prodiges, la main forte et le bras étendu, quand l’Éternel, ton Dieu, t’a fait sortir : ainsi fera l’Éternel, ton Dieu, à tous les peuples que tu redoutes. 20. L’Éternel, ton Dieu, enverra même les frelons contre eux, jusqu’à la destruction de ceux qui échapperont et qui se cacheront devant toi. 21. Ne sois point effrayé à cause d’eux ; car l’Éternel, ton Dieu, est au milieu de toi, le Dieu grand et terrible. 22. L’Éternel, ton Dieu, chassera peu à peu ces nations loin de ta face ; tu ne pourras pas les exterminer promptement, de peur que les bêtes des champs ne se multiplient contre toi. 23. L’Éternel, ton Dieu, te les livrera ; et il les mettra complètement en déroute, jusqu’à ce qu’elles soient détruites. 24. Il livrera leurs rois entre tes mains, et tu feras disparaître leurs noms de dessous les cieux ; aucun ne tiendra contre toi, jusqu’à ce que tu les aies détruits. 25. Vous brûlerez au feu les images taillées de leurs dieux. Tu ne convoiteras point et tu ne prendras point pour toi l’argent et l’or qui sont sur elles, de peur que ces choses ne te deviennent un piège ; car elles sont en abomination à l’Éternel, ton Dieu. 26. Tu n’introduiras point une chose abominable dans ta maison, afin que tu ne sois pas, comme cet chose, dévoué par interdit ; tu l’auras en horreur, tu l’auras en abomination, , car c’est une chose dévouée par interdit.

Le conte de Job et la lutte des classes en Judée

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Messages

  • La fête de Pâque était à l’origine pastorale.

    Ex 12.11 Quand vous le mangerez, vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte.

    Ici, on parle de l’aube d’un jour de départ en transhumance, les bergers mangeant debout, tout équipés pour emmener leurs troupeaux

  • L’Ancien Testament enseigne le respect de la volonté de dieu qui s’exprime en particulier par les catastrophes qui se produisent durant la vie terrestre, dieu y punissant les hommes pour leurs péchers !

    Le judaïsme a prospéré sous de nombreuses monarchies et avec leur appui depuis le roi Saül jusqu’au roi Sédécias (voir Livres des Rois I et II) et n’a jamais proposé de les renverser bien que de multiples mouvements révolutionnaires (parfois victorieux) des Juifs contre leurs monarchies aient eu lieu.

    C’est le judaïsme qui, en suivant des croyances mésopotamiennes, a créé l’idée que le roi n’est responsable que vis-à-vis de dieu lui-même.

    Suivant l’Ancien Testament, Paul enseignait aux chrétiens à « être soumis aux magistrats et aux autorités » (Tite 3 :1).

    « Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes » (Romains 13 :1-2).

    Paul enseignait : « Celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi. »

    Dans Daniel 4 :17, « Que le Très-Haut domine sur le règne des hommes, qu’il le donne à qui il lui plaît, et qu’il y élève le plus vil des hommes. »

    « Les hommes méprisent l’autorité. Audacieux et arrogants, ils ne craignent pas d’injurier les gloires, tandis que les anges, supérieurs en force et en puissance, ne portent pas contre elles de jugement injurieux devant le Seigneur » (2 Pierre 2 :10-11).

    « Si les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité […] c’est que cela est bon et agréable devant Dieu notre Sauveur » (1 Timothée 2 :1-3).

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