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Un plan d’urgence pour le Capital et contre le Travail : pas contre le chômage !

jeudi 14 janvier 2016, par Robert Paris

Un plan d’urgence pour le Capital et contre le Travail : pas contre le chômage !

Tous les arguments sont bons pour nous faire croire que le gouvernement serait mobilisé par la lutte contre le chômage. Pas plus que son prédécesseur Sarkozy, Hollande ne souhaite pas « inverser la courbe du chômage » qui permet aux patrons d’exercer des pressions contre les salaires, contre les conditions de travail, contre les grèves et pour l’accroissement de la charge de travail, c’est-à-dire pour les profits.

Bien sûr, on nous dit que Hollande y jouerait sa candidature à la présidentielle et que la nouvelle ministre du Travail (dites plutôt du Capital !) y jouerait sa carrière. Mais l’enjeu des profits patronaux est quand même plus sérieux que ces considérations politiciennes mineures.

Et le gouvernement prétend qu’il s’échine pour s’attaquer au chômage. Valls et Macron rivalisent d’inventivité et le MEDEF se charge de leur donner des « bonnes idées » : casser le code du travail pour favoriser les licenciements, pousser à la précarité afin de lutter contre l’emploi fixe, casser les emplois de fonctionnaires, faire cadeau des taxes et impôts aux entreprises, payer la formation professionnelle, distribuer des cadeaux pour toute embauche ou pour tout contrat d’apprentissage.

Bien entendu, le simple fait que tous les cadeaux précédents au patronat n’aient favorisé aucune embauche ne les arrête absolument pas ! Tous les crédits d’impôts, les suppressions de taxes, les avantages de toutes sortes sont restés sans effet.

Et pour cause ! Si les capitalistes n’investissent plus dans la production et le commerce, c’est parce que la finance les attire beaucoup trop. Plus l’Etat s’endette, plus il devient rentable de spéculer car les dettes titrisées deviennent beaucoup trop rentables pour être concurrencées par les profits du secteur productif.

Quant à l’emploi, il est trop évident que tous les gouvernants successifs n’ont fait que le casser, en soutenant tous les plans de suppressions massives d’emplois, en cassant les luttes contre les fermetures et les licenciements. Les mises en examen de salariés d’Air France et les peines d’emprisonnement des salariés de Goodyear viennent encore de rappeler dans quel sens l’Etat intervient dans ces conflits. On se rappelle de la violence des forces de l’ordre contre les salariés de Goodyear mais la justice, elle, n’aura retenu que la violence des salariés. De même, on se souvient des chantages violents et successifs du patron d’Air France contre les emplois mais la justice ne sera saisie que de la « violence » de l’arrachage de chemise !

Que des trusts comme Peugeot, Renault, Areva, Sanofi, Total qui ont des milliards de capitaux et font des profits, suppriment massivement des emplois avec le soutien de tous les gouvernants montre bien que leurs discours anti-chômage n’est que de la façade. Que les emplois de fonctionnaires soient sans cesse amputés aux dépens de l’éducation, de la santé, de la recherche, de la qualité et de la sécurité des transports ainsi que des aides sociales le montre également. Inutile de prétendre qu’on cherche des emplois pour les chômeurs pour leur refuser ensuite de devenir infirmière, laborantin, cheminot ou bibliothécaire !

D’ailleurs, peut-on croire que l’Etat cherche des emplois pour les chômeurs alors qu’il laisse les hôpitaux manquer à ce point d’aides soignantes, d’infirmières, de secrétaires, de personnel d’entretien et de nettoyage, alors qu’il laisse l’école manquer à ce point d’enseignants, sans parler de La Poste, de la SNCF qui continue à supprimer massivement des emplois pour mieux privatiser comme l’a affirmé hautement son PDG Pépy, de Radio France, de France Télévisions, de l’AFP qui suppriment eux aussi des emplois en masse comme tous les services publics, comme toutes les régions, comme les communes, comme les services d’aide sociale (ASSEDIC, Pôle Emploi, UNEDIC, Sécurité Sociale, etc…). Et pourtant, un emploi public ne nécessite aucun investissement : le site est là, le matériel est là, le travail existe, les compétences aussi.

C’est tout simplement la volonté des classes dirigeantes de lutter contre le chômage qui est mensongère. Le chômage de masse les arrange bien. Il casse moralement, organisationnellement comme politiquement la classe ouvrière. Il la casse même à ses propres yeux : quand l’économie n’a pas besoin de bras, ou fait comme si, comment lutter, comment défendre ses conditions de travail, comment revendiquer ?

C’est comme cela que, dans un pays où les profits capitalistes sont toujours très élevé, où les fortunes sont au plus haut, l’investissement stagne ou régresse, et les statistiques de l’ANPE atteignent les 3,6 millions de chômeurs soit 10,6% des effectifs d’actifs et le chômage réel touche plus de 4 millions de personne, l’emploi précaire et partiel concernant 6 millions de personnes soit près de 20% de la population active !

C’est une véritable casse méthodique de l’emploi qu’organisent les classes capitalistes avec la caution et le soutien de tous les gouvernants et des services de l’Etat !

Et, malgré cela, le patronat peut politiquement et socialement se permettre de se prétendre le meilleur défenseur des emplois, peut prétendre qu’en assouplissant les conditions légales de licenciement, on favorisera… les embauches. Un peu comme si on vous dit qu’en vous volant, on vous enrichit ! Gattaz, patron du MEDEF, déclare ainsi : « On a peur d’embaucher parce qu’on ne sait pas licencier. » Et le gouvernement de préparer un « plan d’urgence pour l’emploi » et une « loi travail » qui n’ont pour but que de satisfaire les pires demandes du patronat !

Il suffit d’entendre un Macron déclarer : « Il faut de la flexibilité, c’est sûr. Nous y travaillons. Aujourd’hui, le défi, c’est de réussir à donner plus de flexibilité à l’organisation du marché du travail. »

Quant au plan chômage, c’est juste de la poudre aux yeux : les chômeurs peuvent être les mieux formés et ne trouver aucun emploi, les apprentis peuvent avoir fait tous les apprentissages et ne jamais être embauchés, les salariés peuvent être licenciés sans que les patrons embauchent pour autant et les entreprises peuvent ne payer aucun impôt et aucune taxe sans jamais créer d’emploi ! On le sait bien puisque c’est exactement ce qui se produit déjà…

Bien sûr, les dirigeants syndicaux poussent des cris mais ils se gardent de trop se fâcher contre un gouvernement qu’ils ont appelé publiquement de leurs vœux. C’est d’eux-mêmes et pas du fait de l’état d’urgence qu’ils ont décommandé les journées d’action dans l’hôpital public et à Air France alors qu’ils n’avaient nullement obtenu satisfaction. C’est d’eux-mêmes qu’ils n’ont pas utilisé la possibilité de faire des assemblées du personnel et des rassemblements, que l’état d’urgence permettait.

Certains se disent sans doute qu’on peut accepter quelques sacrifices car c’est une période de crise, parce qu’il faut sauver le pays, parce qu’il faut sauver l’entreprise, parce qu’il faut lutter contre les pays concurrents, parce qu’il faut soutenir notre Etat et on en passe… Mais rien n’est sauvé : ni nos vies, ni un pays, ni une entreprise parce qui mine l’économie c’est le capitalisme lui-même. L’effondrement du pays qui était le plus dynamique du monde, la Chine, le démontre pleinement. On ne sauvera pas le capitalisme et quand la Chine s’effondrera, c’est l’économie mondiale qui suivra.

Contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, nous sommes toujours aussi forts, aussi capables de lutter, aussi capables de nous rassembler, de développer nos conceptions, nous les travailleurs, aussi forts face au patronat. Tous ceux qui veulent nous mettre sur la défensive nous affirment le contraire, nous disent que nous sommes démoralisés, que nous sommes désorganisés, que nous sommes sans ressort mais cela est faux, cela est produit artificiellement par toute la propagande officielle, par tous les média.

La réalité est autre : plus la crise finale du capitalisme approche, plus les classes dirigeantes ont peur de nous et plus elles veulent nous casser et nous diviser. Mais aussi plus approche le moment où nous pourrons développer notre programme à nous, la classe ouvrière, et changer le monde. C’est indispensable et inévitable. Ne craignons pas de nous y préparer.

Messages

  • François Hollande a annoncé ce mercredi la création de 2300 postes dans l’armée, insistant que « cela fait des années » que cela n’était pas arrivé, et 12 000 réservistes supplémentaires. L’armée de terre recrutera 16.000 jeunes cette année.

    Le gouvernement prévoit de créer, au cours des trois prochaines années, 2680 emplois supplémentaires consacrés à la lutte contre le terrorisme. Le chef du gouvernement a précisé que sur ce total, 1 400 emplois nouveaux seraient créés au ministère de l’Intérieur (dont 540 en 2015), 950 au ministère de la Justice, 250 au ministère de la Défense et 80 au ministère des Finances.

    En plus, le budget des armées, qui progressera en 2016 de 700 millions d’euros pour atteindre 32 milliards au total.

    Tout pour l’Etat policier et militaire !!!

  • Pour l’EDF, c’est l’urgence contre l’emploi : supprimer 4000 postes !!!

    Pour la SNCF, l’urgence contre l’emploi : supprimer 1400 postes !!!

    Pour l’APHP, l’urgence contre l’emploi : supprimer 1.000 postes de soignants !!!

    Pour La Poste, l’urgence contre l’emploi : supprimer 4.700 postes !!!

    Pour Areva, l’urgence contre l’emploi : supprimer 2.700 postes !!!

    Le gouvernement est mobilisé CONTRE l’emploi !!!

  • Le soi-disant « plan contre le chômage » d’Hollande est la répétition et l’aggravation des plans précédents avec les succès que l’on sait : donner des milliards des fonds publics au patronat sans que celui-ci embauche pour autant.

    Le CICE est définitif alors qu’il n’a pas créé d’emplois ! Il est transformé en une baisse définitive des cotisations sociales patronales !!! Le gouvernement instaurera un plafonnement des indemnités prud’homales de licenciement, pérennisant sur ce point la loi Macron qui n’a pas davantage créé d’emploi. Le gouvernement poursuit sa « flexibilisation du marché du travail » en ce qui concerne les accords d’entreprise sur les heures supplémentaires. Les patrons pourront recevoir des aides de 2000€ par an pour emploi créé. Enfin, un milliard sera distribué pour éviter au patronat des secteurs du « développement durable » de devoir payer ces formations. Pour l’emploi, résultat néant. Pour le patronat, des milliards à engranger…

  • Macron :

    « Il faut travailler sur les modalités de licenciement qui sont trop rigides en France. »

    C’est ce qu’il appelle lutter pour l’emploi ou contre l’emploi ?!!!

  • Pour le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, le projet de réforme du temps de travail, présenté lundi par le président de la République, signe « de facto » la fin des 35 heures. « Si vous pouvez négocier des accords majoritaires au niveau de l’entreprise pour n’avoir presque aucune surcompensation, cela veut dire que vous pouvez créer plus de flexibilité », a déclaré M. Macron à des journalistes de la presse étrangère et de plusieurs radios françaises, en marge du Forum économique mondial organisé à Davos.

    Lundi, lors de la présentation de son plan pour l’emploi, M. Hollande avait déclaré que la future réforme du code du travail allait permettre aux entreprises de « fixer le taux de majoration et le nombre des heures supplémentaires, ou moduler le temps de travail au-delà même de l’année ». Selon le chef de l’Etat, ces accords pourront « s’imposer au contrat de travail » lorsqu’ils sont « conclus dans l’intérêt de l’emploi ».

    Pour M. Macron, ces dispositions impliquent de facto la fin des 35 heures.

    La flexibilité bat son plein et la réaction syndicale est au niveau zéro...

  • Tout a augmenté de façon plus ou moins forte en la fin d’année entre taxes foncières et taxe d’habitation.

    A Montoire (41) les avis ne sont pas sortis en novembre comme à Paris, car un recalcul a été réalisé : 17% au lieu des 100% envisagés. C’est qu’en 5 ans, dans les années qui viennent, 17% par an, ça fera le doublement des taxes.

    A Paris, c’est presque le double, dans les Yvelines, 66%.

    Les impôts locaux sont repartis à la hausse. Après trois ans d’accalmie au niveau local, les taxes foncière et d’habitation subissent une hausse de 1,8% en moyenne en 2015. Les mairies qui ont voté des augmentations cette année les justifient surtout par la réduction des dotations de l’Etat (-3,67 milliards d’euros en 2015) aux communes, intercommunalités, départements et régions.

    Au total, des hausses des taxes locales ont lieu dans un tiers des grandes villes, à commencer par Toulouse (+4,78%), Bordeaux (+2,3%) ou Lille (+1,83%). Sans oublier qu’entre 2004 à 2013, le taux de ces taxes avait déjà bondi de 24%

    Les habitants propriétaires ou locataires payent aujourd’hui les frasques de DEXIA et la perte du AAA et du AA+ qui ne devait soi-disant rien changer.

  • Les entreprises ont récupéré 23,5 milliards d’euros grâce au CICE et les salariés... zéro emploi !!!

  • Pour Thibault Lanxade, vice-président du MEDEF, « La durée du travail doit être définie par l’entreprise ». Ben voyons ! La charge de travail aussi ! Le salaire aussi ! Le droit d’embaucher et de débaucher aussi ! Le tout sans limite aucune ! C’est vrai, dans ce cas, pourquoi un code du travail définissant autre chose que les obligations du salarié !!!

    Les attaques de Hollande-Valls-Macron contre les salariés ne font qu’attiser l’appétit du patronat qui est loin de s’en contenter…

    A force de tirer sur la corde…

  • Le chômage est reparti à la hausse en décembre, avec 15.800 inscrits de plus à Pôle emploi en catégorie A. Sur un an, la hausse est deux fois moindre qu’en 2014, mais reste élevée, à 90.000. Depuis le début du quinquennat, on compte 700.000 chômeurs de plus.

  • Soi-disant pour lutter contre le chômage, Myriam El Khomri reprend une mesure traditionnelle du patronat et de la droite, la dégressivité des allocations...

  • Un « effort raisonnable » est indispensable « à court terme » pour assurer la pérennité de l’assurance chômage, estime le gouvernement dans un rapport dont l’AFP a obtenu copie mardi, qui chiffre plusieurs pistes d’économies, à l’approche d’une renégociation des règles d’indemnisation par les partenaires sociaux. « En l’absence d’efforts raisonnables à court terme, la pérennité du régime d’assurance chômage pourrait être remise en cause », écrit le gouvernement dans le rapport transmis le 20 janvier à la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale.

  • Le groupe pharmaceutique Sanofi a révélé aujourd’hui le détail du plan d’économies de 1,5 milliard d’euros annoncé en novembre. Quelques 600 postes vont être supprimés dans les trois prochaines années.

    EDF prévoit de supprimer 4000 postes sur trois ans…

    STMicroelectronics annonce 430 suppressions d’emplois en France…

    Shell annonce 10 000 suppressions d’emplois…

    General Electric annonce 765 suppressions d’emplois en France…

    BP annonce encore 4 000 suppressions d’emplois…

    Vallourec supprime 300 emplois…

  • En 2015, La Poste a réalisé 635 millions d’euros de bénéfice net et a supprimé 7 200 postes – 100 000 l’avaient déjà été entre 2002 et 2012...

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