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L’Hôpital public en pleine attaque antisociale

vendredi 15 janvier 2016, par Robert Paris

Hirsch persiste et signe

La prétendue « réforme » de Hirsch, même votée par la CFDT, ne passe toujours pas auprès des personnels qui continuent de réclamer sa suppression pure et simple. La mobilisation n’est plus là mais cela ne signifie pas que ce soit terminé. Les syndicats avaient annoncé qu’ils ne participeraient plus au CHSCT et au CTE en rétorsion mais là aussi ils reculent progressivement. Les syndicats annoncent une nouvelle journée d’action le 26 janvier après avoir annulé celle du 17 novembre sous prétexte des attentats. Il faut remarquer que l’état d’urgence n’aurait pas dû empêcher ni rassemblements ni assemblées générales qui ont pourtant été aussi annulés. On peut même se demander si les syndicats ne seraient pas capables de faire pareil qu’à Air France où la deuxième journée d’action a été aussi annulée alors que la direction d’Air France n’abandonne pas plus ses licenciements et les sanctions contre les grévistes qu’Hirsch n’abandonne son projet pourri. En tout cas, ce n’est pas une vraie grève de l’APHP qui est proposée. Ce n’est encore que la stratégie des journées d’action sans lendemain et on sait où elle mène : pas au retrait du projet !

Harcèlement, suicide et… prévention

Suite au suicide du cardiologue Jean-Louis Megnien à l’Hôpital européen Georges-Pompidou, qui affirmait être victime du harcèlement de sa direction (son bureau était fermé à clef et lui dehors à son retour de maladie après d’énormes pressions de sa hiérarchie soutenue par la direction), la même direction de l’AP-HP annonce très médiatiquement qu’elle lance un « plan d’action afin de prévenir les situations conflictuelles » ! Ce serait très drôle si ce n’était aussi dramatique. C’est le responsable du drame qui se positionne en défenseur des droits !

Epinglée pour travail temporaire injustifié

Près de 5.300 contrats d’intérim de l’AP-HP, entre le 1er janvier et le 31 août, seraient non conformes au droit du travail, selon une enquête de l’Inspection du travail. Les inspecteurs du travail relèvent entre autres des absences ou manques de précision dans les motifs d’embauche, des inégalités salariales et des non-respects de la durée légale de travail d’intérimaires. La direction de l’AP-HP reconnaît recourir en permanence à des missions d’intérim pour 600.000 heures chaque année… Légalement, le travail temporaire est réservé à des missions… temporaires et non permanentes !!! En somme, les temporaires doivent être embauchés…

Les douze heures ne sont pas la solution

Le travail en douze heures vient à nouveau d’être déclaré illégal par les tribunaux ce qui devrait amener sa suppression sur toute l’APHP. Mais l’essentiel est qu’il est nuisible à la santé et à la sécurité des personnels comme des patients, et tout particulièrement quand les douze heures sont en jour/nuit. Si des personnels y ont recours, c’est pour pouvoir disposer de plus de jours en dehors de l’hôpital et de plus de congés. La seule solution, c’est de revendiquer une diminution des heures et des charges de travail permettant d’avoir moins de jours de présence à l’hôpital et plus de jours de congés sans pour autant travailler douze heures d’affilée et sans détruire notre santé.

Trop de travail et trop de chômeurs

A l’hôpital Tenon, on ne compte plus les services en sous-effectif chronique, au bord parfois de la rupture, que ce soit en médecine interne, en urologie, en maternité, aux archives, et on est loin d’avoir cité tout le monde… Et Tenon n’est malheureusement nullement une exception !!! Au moment où le gouvernement fait mine de vouloir lutter contre le chômage et de chercher des emplois pour les chômeurs, l’hôpital public, lui, déborde d’emplois à proposer mais refuse d’embaucher !

On n’est pas aux ordres !

Dans la dernière « loi Santé » qui vient d’être votée, l’Ordre Infirmier a été à nouveau confirmé alors qu’il semblait avoir été abandonné du fait du refus des personnels d’y adhérer, les seuls adhérents étant de jeunes infirmiers qui ont été contraints de s’y inscrire pour se faire embaucher ! Il semble que le gouvernement « de gauche » tienne à une organisation du travail fondée sur « des ordres », organisation corporative qui a été fondé par le gouvernement de Vichy !

Ce n’est pas un complément

Les complémentaires santé sont devenues obligatoires pour la salariés du privé. Si c’est présenté comme une avancée permettant de couvrir tout le monde, c’est surtout un marché juteux pour les mutuelles complémentaires. Les retraités, les fonctionnaires et les étudiants restent exclus. Quant au salarié, une fois à la retraite, il devra payer beaucoup plus et sans avoir d’entreprise derrière pour payer ! Et ce n’est pas cela qui réduira la précarité de la santé pour ceux qui n’avaient pas de mutuelles comme les étudiants ou les salariés qui dépassent de peu le plafond pour la CMUC.

Etat policier

Il a suffi qu’un enseignant chercheur ironise dans un message internet sur la visite du premier ministre Valls à son université d’Avignon pour qu’il se retrouve avec une accusation en justice !!! Et il a suffi que les salariés de Goodyear ou d’Air France protestent contre des licenciements pour être en prison !


Un plan d’urgence pour le Capital et contre le Travail : pas contre le chômage !

Tous les arguments sont bons pour nous faire croire que le gouvernement serait mobilisé par la lutte contre le chômage. Pas plus que son prédécesseur Sarkozy, Hollande ne souhaite pas « inverser la courbe du chômage » qui permet aux patrons d’exercer des pressions contre les salaires, contre les conditions de travail, contre les grèves et pour l’accroissement de la charge de travail, c’est-à-dire pour les profits.

Bien sûr, on nous dit que Hollande y jouerait sa candidature à la présidentielle et que la nouvelle ministre du Travail (dites plutôt du Capital !) y jouerait sa carrière. Mais l’enjeu des profits patronaux est plus sérieux que ces considérations politiciennes mineures.

Et le gouvernement prétend qu’il s’échine pour s’attaquer au chômage. Valls et Macron rivalisent d’inventivité et le MEDEF se charge de leur donner des « bonnes idées » : casser le code du travail pour favoriser les licenciements, pousser à la précarité afin de lutter contre l’emploi fixe, casser les emplois de fonctionnaires, faire cadeau des taxes et impôts aux entreprises, payer la formation professionnelle, distribuer des cadeaux pour toute embauche ou pour tout contrat d’apprentissage.

Bien entendu, le simple fait que tous les cadeaux précédents au patronat n’aient favorisé aucune embauche ne les arrête absolument pas ! Tous les crédits d’impôts, les suppressions de taxes, les avantages de toutes sortes sont restés sans effet.

Et pour cause ! Si les capitalistes n’investissent plus dans la production et le commerce, c’est parce que la finance les attire beaucoup trop. Plus l’Etat s’endette, plus il devient rentable de spéculer car les dettes titrisées deviennent beaucoup trop rentables pour être concurrencées par les profits du secteur productif.

Quant à l’emploi, il est trop évident que tous les gouvernants successifs n’ont fait que le casser, en soutenant tous les plans de suppressions massives d’emplois, en cassant les luttes contre les fermetures et les licenciements. Les mises en examen de salariés d’Air France et les peines d’emprisonnement des salariés de Goodyear viennent encore de rappeler dans quel sens l’Etat intervient dans ces conflits. On se rappelle de la violence des forces de l’ordre contre les salariés de Goodyear mais la justice, elle, n’aura retenu que la violence des salariés. De même, on se souvient des chantages violents et successifs du patron d’Air France contre les emplois mais la justice ne sera saisie que de la « violence » de l’arrachage de chemise !

Que des trusts comme Peugeot, Renault, Areva, Sanofi, Total qui ont des milliards de capitaux et font des profits, suppriment massivement des emplois avec le soutien de tous les gouvernants montre bien que leurs discours anti-chômage n’est que de la façade.

Et, malgré cela, le patronat peut politiquement et socialement se permettre de se prétendre le meilleur défenseur des emplois, peut prétendre qu’en assouplissant les conditions légales de licenciement, on favorisera… les embauches. Un peu comme si on vous dit qu’en vous volant, on vous enrichit ! Gattaz, patron du MEDEF, déclare ainsi : « On a peur d’embaucher parce qu’on ne sait pas licencier. » Et le gouvernement de préparer un « plan d’urgence pour l’emploi » et une « loi travail » qui n’ont pour but que de satisfaire les pires demandes du patronat !

D’ailleurs, peut-on croire que l’Etat cherche des emplois pour les chômeurs alors qu’il laisse les hôpitaux manquer à ce point d’aides soignantes, d’infirmières, de secrétaires, de personnel d’entretien et de nettoyage, alors qu’il laisse l’école manquer à ce point d’enseignants, sans parler de La Poste, de la SNCF qui continue à supprimer massivement des emplois pour mieux privatiser comme l’a affirmé hautement son PDG Pépy, de Radio France, de France Télévisions, de l’AFP qui suppriment eux aussi des emplois en masse comme tous les services publics, comme toutes les régions, comme les communes, comme les services d’aide sociale. Et pourtant, un emploi public ne nécessite aucun investissement : le site est là, le matériel est là, le travail existe, les compétences aussi.

C’est la volonté des classes dirigeantes de lutter contre le chômage qui est mensongère. Le chômage de masse les arrange bien. Il sert à casser la classe ouvrière. Mais, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, nous sommes toujours capables de lutter, de nous rassembler, de développer nos conceptions, nous les travailleurs. Plus la crise finale du capitalisme approche, plus les classes dirigeantes ont peur de nous et plus elles veulent nous casser et nous diviser. Mais aussi plus approche le moment où nous pourrons développer notre programme à nous, la classe ouvrière, et changer le monde. C’est indispensable et inévitable. Ne craignons pas de nous y préparer.

Messages

  • Procès pour une plaisanterie anti-raciste contre un premier ministre qui l’est (pas antiraciste !!!)…

    Une amende de 2.000 euros assortie d’un sursis simple a été requise mercredi contre un maître de conférence qui comparaissait pour avoir, dans des mails internes à son établissement, ironisé et repris des déclarations de Manuel Valls, sur les "blancos".

    Le jugement sera rendu le 10 février à 14H00.

    "Ce que je reproche à M. Mezzadri c’est de poser dans le débat la question de la distinction de race et de couleur dans la définition de la valeur d’un établissement universitaire. On entre dans un discours potentiellement raciste", a estimé le procureur, Bernard Marchal.

    "C’est fondamentalement en activant ce problème-là que vous entrez dans le champ d’incriminations", a-t-il ajouté.

    A l’approche d’une rencontre avec le Premier ministre, Bernard Mezzadri, enseignant-chercheur âgé de 55 ans, avait écrit le 27 mai dans un mail interne à l’université : "J’espère qu’en cette grande occasion la délégation de l’UAPV (Université d’Avignon et des pays de Vaucluse, ndlr) comptera suffisamment de +blancos+ (et pas trop de basanés), afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement", avant de qualifier Manuel Valls de "chasseur de Roms".

    Ces propos faisaient notamment référence à des images de Manuel Valls datant de 2009, dans lesquelles celui qui était alors député-maire d’Evry (Essonne) demandait à ses équipes de rajouter des "whites" et des "blancos" dans le décor.

    "Je dénonce le racisme et la xénophobie de M.Valls. Ce n’est pas mon expression, c’est celle de M.Valls, je la cite ironiquement", s’est défendu avec aplomb le maître de conférence, qui enseigne le grec et le latin.

    "Le message d’annonce de l’université était particulièrement enthousiaste et je souhaitais doucher un peu cet enthousiasme en rappelant quelques antécédents" du Premier ministre, a-t-il expliqué.

    "La liberté, l’état de droit sont peu à peu grignotés et Bernard Mezzadri nous dit : +Attention, parce que véritablement ce qu’il se passe peut être dangereux+. Un universitaire, c’est d’abord un penseur", a plaidé son avocat, Me Henri Braun.

    Me Patrick Gontard, l’avocat de l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse (UAPV), qui avait signalé les propos au procureur et au recteur, a qualifié le professeur de "provocateur de salon" et son message d’"offusquant".

    Un groupe de personnes s’est rassemblée devant le palais de justice d’Avignon peu avant l’audience mercredi après-midi pour soutenir le professeur M. Mezzadri, qui comparaissait devant le tribunal correctionnel pour provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race.

    Sur des pancartes on pouvait lire : "Quand la caravane de la médisance passe, la justice Valls", "L’ironie n’est pas un délit".

    Une pétition de soutien à l’enseignant-chercheur, soutenu notamment par le Snesup-FSU et le Mrap, avait recueilli mercredi un peu plus de 9.300 signatures.

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