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Qui était Pietro Tresso dit Blasco ?

vendredi 6 mai 2016, par Robert Paris

Qui était Pietro Tresso dit Blasco ?

Le 26 ou 27 octobre 1943, (la date reste incertaine), quatre militants trotskystes étaient assassinés dans le maquis Wodli en Haute-Loire. Pietro Tresso, Abraham Sadek, Maurice Sieglmann et Jean Reboul furent exécutés par les staliniens avec lesquels, le 1er octobre, ils s’étaient évadés de la prison du Puy-en-Velay.

Tresso était un des fondateurs du PC italien. Sous le pseudonyme de "Blasco", il représentait la direction de la Quatrième Internationale au sein de la section française et esayait de maintenir la liaison avec la direction à New York. Il fut arrêté à Marseille en avril 1941 avec Albert Demazière et Jean Reboul, Abraham Sadek, lui, avait été condamné à Lyon dans une autre affaire et envoyé à la prison du Puy. Quant à Maurice Sieglmann, il s’y trouvait déjà. Demazière s’évada du Puy avec ses quatre camarades mais il parvint, par chance, à échapper à la mort en perdant par hasard le contact avec ce maquis.

A partir de 1935-1936, la bureaucratie russe mena une guerre à mort, dans tout le mouvement communiste international, contre tous ceux qui, comme Trotsky, Blasco et ses camarades, étaient restés fidèles au vrai communisme, celui de Marx, Engels et Lénine, celui qui avait permis la victoire de la révolution prolétarienne en Russie en 1917. Les staliniens les combattaient parce qu’ils craignaient plus que tout qu’existent, sur leur gauche, des militants défendant des idées révolutionnaires authentiques. En empêchant ainsi que se constitue une direction révolutionnaire du prolétariat, ils espéraient consolider le pouvoir de la bureaucratie russe. Cette lutte, commencée en Russie, s’étendit en Espagne, en Pologne, au Mexique, en France, au Vietnam, en Grèce, en Albanie, etc. La bureaucratie stalinienne, née elle-même de l’échec de la révolution mondiale, impulsa ainsi l’une des plus formidables périodes de recul du mouvement ouvrier qui, au lieu de consolider l’Etat ouvrier russe, allait conduire au résultat inverse : son éclatement.

Né à Magré (province de Vicence) en 1893, il rejoignit les Jeunesses socialistes italiennes à l’âge de 14 ans, et fut poursuivi au cours de la première guerre mondiale. En 1921, au congrès de Livourne, il fut parmi les fondateurs du Parti communiste italien. Il fut élu au Comité central de ce parti en 1925 et ensuite au Bureau politique. En 1930, il fut exclu du parti ainsi que deux autres membres du Bureau politique. La direction du P.C. italien se trouvait en exil en France. Les exclus, Blasco, Feroci, Santini, qui vivaient alors à Paris, rejoignirent l’Opposition de gauche, Blasco participa à la Conférence de Copenhague en 1932 lors du séjour de Trotsky dans cette ville, et à la Conférence de fondation de la IVème Internationale en 1938. Pendant la guerre, il prit part à la lutte clandestine des trotskystes en France, fut arrêté en 1942 et condamné à dix ans de travaux forcés par le tribunal militaire de Marseille pour activité illégale en militant pour la IVème Internationale. Enfermé à la prison du Puy, il fut libéré avec tous les les détenus de cette prison par le maquis en octobre 1943. Ceux-ci restèrent dans le maquis. Mais, peu après cette libération de prison, on n’eut plus de nouvelles de Blasco et des trois autres trotskystes libérés dans les mêmes conditions. On n’a jamais retrouvé leurs corps. Les quelques indications recueillies immédiatement à la fin de la guerre permettent de penser avec beaucoup de certitude que les dirigeants staliniens du maquis de la Haute-Loire, en exécution d’ordres, éliminèrent physiquement les trotskystes.

Militant du PS Italien, puis dirigeant du PCI, d’abord lié à Bordiga puis Gramsci. En 1930 il est l’un des trois exclus qui donnent naissance à la "Nouvelle Opposition Italienne", qui rejoint l’Opposition de Gauche.

Réfugié en France, il milite au sein du Parti Ouvrier Internationaliste et devient rapidement l’un des membres du Secrétariat International trotskyste.

Blasco est arrêté par les nazis en 1942. Libéré par un commando FTP de la prison du Puy en 1943, il est, avec trois autres militants trotskystes, assassiné au maquis où il a été mené. Il s’agit indiscutablement d’un crime commandité par l’appareil stalinien.

Blasco fut un des peu nombreux cadres dirigeants de l’Internationale communiste (il participa à des congrès de celle-ci ainsi qu’à des congrès de l’Internationale syndicale rouge) que la dégénérescence stalinienne ni ne corrompit en bureaucrate ni ne détruisit comme communiste et qui, fidèle à l’appel de la Révolution d’Octobre, poursuivit la lutte dans les rangs du mouvement trotskyste jusqu’à son dernier souffle de vie.

Courte biographie et œuvres

Sur le fascisme italien

Qui était Pietro Tresso

L’assassinat de Pietro Tresso

Fascisme et stalinisme

Son point de vue sur la situation en Italie

Lettre à Gabriella (extraits), par Pietro Tresso.

Pietro Tresso, dit « Blasco », naît en Vénétie en 1893. Il est, avec Antonio Gramsci et Pietro Bordiga, l’un des fondateurs du Parti Communiste Italien. Il en est exclu en 1930, alors que Staline triomphe à Moscou et que Gramsci est en prison depuis 4 ans. La ligne majoritaire, représentée par Palmiro Togliatti et Luigi Longo, demeure fidèle à l’Union Soviétique.

Il rejoint « l’opposition de gauche » et pratique un temps « l’entrisme » au sein du Parti Socialiste Italien en exil à Paris. Le courant trotskiste est exclu du parti en 1935.

En 1936, il est des créateurs du Parti Ouvrier Internationaliste. En août, Palmiro Togliatti publie l’ »Appel aux fascistes » signé par tout le comité central du PCI émigré en France. Il déclare notamment : « Les communistes adoptent le programme fasciste de 1919 qui est un programme de paix, de liberté, de défense des intérêts des travailleurs. Peuple italien, fascistes de la vieille garde, jeunes fascistes, luttons ensemble pour la réalisation de ce programme ! »

Arrêté par les nazis à Marseille en juin 1942, Pietro Tresso est incarcéré à la prison de Lodève. Dans une lettre de novembre 1942 à sa belle-soeur Gabriella Maier, il écrit :

« Le point noir, pour nous ici, ce sont nos rapports avec les staliniens. Pour ces messieurs, nous sommes, naturellement, une bande de vipères lubriques et tout le tralala que sans doute vous connaissez. Par conséquent, nos rapports avec eux se résument dans le manque de tout rapport, quels qu’ils soient. Eux nous ignorent et nous les ignorons. Au point de vue personnel, cela ne me gêne nullement, mais leur haine contre nous est sans bornes. Tant pis. »

Le 1er septembre 1943, il bénéficie avec 78 autres détenus -dont quatre trotskistes- d’une évasion spectaculaire de la prison du Puy. Les trotskistes sont tenus par la suite sous haute surveillance au lieu dit Raffy, dans les environs de Saint Julien Chapteuil. L’un d’eux, Albert Demazière, est gardé à l’écart, et parvient à s’enfuir. Les quatre autres sont abattus le 26 ou le 27 octobre par un groupe de partisans communistes, sous l’égide de Giovanni Sosso, dit Capitaine Jean. Les responsabilités en haut lieu, tant du PCI que du PCF, restent aujourd’hui difficiles à déterminer avec précision, même si l’existence de consignes ne fait aucun doute. Un cinquième homme, Paul Maraval, ancien combattant de la guerre d’Espagne et membre des Jeunesses Communistes, qui avait sympathisé avec les trotskistes, est « liquidé » au printemps 1944. D’après un témoignage recueilli par Pierre Broué et Raymond Vacheron (1), son corps aurait été ensuite coulé dans le ciment d’un barrage.

Voici un second extrait de la lettre de Pietro Tresso :

(…) C’est parce que nous sommes restés jeunes que nous nous trouvons pratiquement en dehors des diverses « églises ». Les mêmes aspirations morales qui nous ont poussés, dès notre jeunesse, à l’intérieur d’un parti, nous ont poussés en dehors dès qu’elles se sont trouvées en désaccord avec ce qu’on appelle les nécessités pratiques. Si nous avions vieilli, nous aurions entendu la voix de l’expérience ; nous serions devenus des « sages », nous nous serions adaptés, ainsi que beaucoup d’autres, à la rue, au mensonge, au sourire obséquieux envers les divers « fils du peuple »(2), etc. Mais cela nous a été impossible. Pourquoi ? Parce que nous sommes restés jeunes. Et pour cela toujours insatisfaits de ce qui est et aspirant toujours à quelque chose de mieux. Ceux qui ne sont pas restés jeunes sont en réalité devenus des cyniques. Pour eux, les hommes et toute l’humanité ne sont que des instruments, que des moyens qui doivent servir à leurs buts particuliers, même si ces buts sont couverts avec des phrases d’ordre général ; pour nous, les hommes et toute l’humanité sont les seules véritables réalités existantes. Naturellement, tout ceci est bien générique. Encore faudrait-il établir la liaison nécessaire entre les forces morales qui sont en nous et la réalité quotidienne. C’est ici que les véritables difficultés surgissent. Mais une chose me paraît certaine : il est impossible de supporter en silence ce qui heurte les sentiments les plus profonds de l’homme. Nous ne pouvons pas admettre comme justes les actes que nous sentons et nous savons être injustes ; nous ne pouvons pas dire que ce qui est vrai est faux et que ce qui est faux est vrai sous prétexte que cela sert à telle ou à telle autre des forces en présence. En définitive, cela retombe sur l’humanité entière et, donc, sur nous mêmes ; et cela briserait la raison même de notre effort…

Prison militaire de Lodève, novembre 1942.

1. Meurtres au maquis, page 165.

2. Allusion à Maurice Thorez, dont l’autobiographie portait ce titre.

Pietro Tresson a fini dans le maquis Wodli de Haute-Loire, assassiné avec Jean Reboul, Abram Sadek et Maurice Sieglman par les hommes du capitaine Jean (Giovanni Sosso) au service des hommes de la bureaucratie stalinienne de Moscou le 27 octobre 1943.

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