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Pourquoi gouvernent-ils par la peur ?

mardi 6 septembre 2016, par Robert Paris

Pourquoi gouvernent-ils par la peur ?

La peur est devenue l’arme de guerre des gouvernants contre les peuples du monde. Partout, on cultive la peur, peur du terrorisme, peur des musulmans désignés du doigt, peur des Roms, peur des migrants, peur des Russes, peur des Chinois, peur des nord-coréens, peur de la guerre mondiale et on en passe... Sans parler des multiples peurs que suscitent le monde actuel : peur des nouveaux virus, peur du réchauffement global, peur des épidémies, peur des manipulations génétiques, peur des robots et autres peurs comme celle d’une chute d’astéroïde… C’est au point qu’on aurait presque honte d’avoir peur de perdre son emploi, de ne pas pouvoir payer son crédit ou de tomber malade !!!

Le terrorisme est déjà en soi un fait affolant et qu’il devienne ainsi le centre de l’actualité, évoqué mile fois par jour dans les actualités sans que l’on comprenne davantage d’où vient son danger ni comment le combattre, le rend d’autant plus susceptible d’engendrer la peur parmi les peuples. Et ce d’autant plus que les gouvernants ne cessent de nous répéter que cela va recommencer, que cela peut survenir n’importe où et de la part de n’importe qui et à tout moment, enfin sans qu’on n’y puisse rien, pas même comprendre qui manipule, finance et arme ces tueurs, les commentateurs s’en tenant aux motivations individuelles sans nous expliquer pourquoi le monde bascule ainsi dans la violence…

On pourrait presque croire, à entendre cette mobilisation médiatique en France, que le terrorisme serait la principale cause de mort. En fait, avec 318 morts de Français de ce fait dans le monde depuis 1990, c’est une des causes de décès les plus faibles bien que ce soit l’une des principales craintes de la population qui risque bien plus de décéder d’accident du travail, d’accident de la route, de cancer, de maladies cardiovasculaires, d’autres maladies, d’accidents domestiques, de suicides ou de crimes. Cette année, il y a eu plus de 500.000 Français décédés. Il a eu 552 morts par an par accident du travail (deux morts par jour !) pendant qu’il y en avait 84 en 2016, dans un seul attentat, à Nice. Nous ne voulons nullement minimiser le terrorisme mais seulement montrer que sa peur est voulue et fabriquée, et souligner par exemple que la situation sociale, l’exploitation sans frein ou le chômage, provoque bien plus de morts que celui-ci, même si l’opinion est bien moins polarisée par ces morts-là.

Certains points ont de quoi étonner dans la prétendue « mobilisation des gouvernants contre le terrorisme » et l’un d’entre eux est la communication médiatique des gouvernants sur ce thème. Par exemple, pourquoi voit-on le gouvernement français annoncer par avance que les défaites de Daesh en Syrie vont forcément entraîner une recrudescence des attentats sur le sol du pays ? Et tout cela après s’être glorifié tout aussi médiatiquement d’avoir effectué des bombardements massifs dont les populations civiles sont, comme d’habitude, les premières victimes, en désignant ainsi du doigt la population française du doigt pour des représailles. D’ailleurs, en quoi ces déclarations incendiaires et triomphantes font-elles avancer la chute de Daesh ? D’autant que les guerres d’Afghanistan et d’Irak, du Yémen et du Pakistan ou de Libye, pour ne citer que celles-là ont déjà démontré que des années de bombardements n’ont pas démantelé le terrorisme quand elles ne l’ont pas renforcé…

En quoi le fait d’affoler la population française ou, au moins, de la tenir en haleine entre deux attentats pour maintenir la peur à un haut niveau, en quoi est-ce un élément positif dans la lutte contre le terrorisme ? Par exemple, pourquoi en pleine rentrée des classes, est-il utile de clamer dans tous les média, avec des opérations très médiatisées des ministres dans les écoles, que ces dernières sont une cible principale des terroristes afin d’affoler les parents et de les exciter tout autant en cherchant des responsables, trouvés bien entendu dans l’ensemble de la communauté musulmane. Puisqu’on ne sait pas d’où viendra un coup mortel qu’on nous annonce imminent, la tendance classique est de s’en prendre à des gens qu’on estime des coupables idéals ! Les gouvernants qui font cela savent sans doute ce qu’ils font puisqu’il est évident que de telles déclarations peuvent donner des idées aux terroristes mais certainement pas les empêcher d’agir. Ce n’est pas de misérables moyens de sécurité dans l’école qui empêchent des attentats aux abords des écoles, par exemple.

On peut également se demander à quoi sont utiles les multiples déclarations de Hollande, de Valls ou de Cazeneuve selon lesquelles « la France est en guerre intérieure et extérieure » ? En effet, faut-il gagner d’abord la guerre des média en envahissant les pensées des populations et en leur faisant accepter l’état de guerre permanente et de terrorisme permanent ? En effet, là aussi très médiatiquement, les ministres n’arrêtent pas de nous prédire qu’il y aura de nouveaux attentats, qu’il faut s’y habituer, qu’on n’y peut rien, que cela fera parti de notre vie ? Ils ne savent pas vraiment nous dire ni pourquoi ni pour combien de temps. Ils mettent tous les moyens, tout en disant qu’ils ne pourront pas servir à rien empêcher !!! Curieux comme discours, non ?

Si affoler le peuple ne sert à rien en termes de sécurité, alors à quoi cela sert-il ?

Prenons le gouvernement allemand. Lui aussi diffuse un discours de peur. Il lance ainsi dans les média un programme de mobilisation des moyens du pays en cas de guerre… Tiens, tiens, qu’est-ce que cela signifie à l’heure où l’Etat allemand s’autorise à se lancer dans la marche forcée aux armements et aux interventions à l’étranger alors que ce pays se l’interdisait depuis la deuxième guerre mondiale et la défaite du nazisme.

Donc l’Allemagne annonce à la population qu’il faut se préparer à la guerre. Ah bon ! Mais la guerre contre qui ? Une guerre, selon les gouvernants qui nécessiterait la mobilisation des ressources et des moyens alimentaires de la population civile qui serait menacée. Une fois encore par qui ? Les gouvernants allemand se gardent de le dire.

Etonnez-vous que les citoyens allemands affolés se retournent contre les migrants dont l’afflux les inquiète et que la chancelière allemande prétend accueillir en masse. En réalité, certains se retrouvent dans des conditions effroyables et même certains migrants sont parqués dans un ancien camp de la mort !!

Que ce soit Hollande ou Merkel, les dirigeants européens qui ont fait semblant de vouloir accueillir massivement des migrants on surtout réussi à pousser à une réaction violente d’extrême droite dans les populations européennes. Bien entendu, ils se sont gardés de dire que ces populations fuyaient aussi les bombardements des puissances occidentales ou des forces armées locales parfois soutenues par ces puissances et notamment celles de bandes armées qui se cachent derrière l’islam mais sont soutenues et même manipulées par les USA ou la France.

La peur est aussi le produit d’une situation où on fait exprès de laisser planer la menace mortelle sans jamais expliquer quels sont les réels dangers et qui sont les vrais responsables. Les gouvernants savent parfaitement bien que la poussée à l’extrême droite sera le résultat inévitable de ces politiques de peur.

Les média jouent un autre rôle pernicieux en présentant en boucle des scènes affolantes, sans aucun respect au passage pour les victimes. Elles le font avec l’assentiment des gouvernants qui tiennent à semer la crainte en s’appuyant sur le caractère affolant des attentats imprédictibles autant que meurtriers.

Toutes ces méthodes de prise en otage de l’opinion ne sont pas seulement le produit du terrorisme lui-même mais aussi de la manière dont les gouvernants entendent l’instrumentaliser. Par exemple, le fait de désigner du doigt toute une communauté pour des crimes qui ne sont le fait que d’un nombre infime d’individus, dont la plupart n’a rien à voir avec une religion quelconque ni avec une communauté, n’est plus seulement le discours des Le Pen mais aussi de la gauche de Valls-Hollande-Cazeneuve et aussi de la droite.

Dans la campagne médiatique de diffusion de la peur, on trouve des diffusions de messages menaçants non de la part des terroristes mais de la part des gouvernants. Par exemple, à chaque occasion : noël, rentrée scolaire et autres. Mais cela ne signifie pas pour autant que des mesures exceptionnelles soient réellement prises comme on l’a vu à Nice où un camion a pu aborder un passage qui lui était théoriquement interdit, du fait que les forces de l’ordre en étaient absentes.

Le pire est qu’à chaque annonce d’un quelconque chef de Daesh, son message n’a pas besoin d’être diffusé clandestinement et difficilement : il l’est par le gouvernement français et via les média français !!! De même qu’à l’époque où la plupart des jeunes français ignoraient tout à fait les appels à la mobilisation en Syrie aux côtés de Daesh, c’est le gouvernement français qui se chargeait de le faire savoir en intervenant en ce sens tous les jours dans les média !!! Curieux non ? On se serait attendu plutôt à ce que le gouvernement interdise aux média de relayer les appels à la djihad sur les ondes, interdise aussi la publicité sur les auteurs d’attentats, interdise la publicité sur les succès de ceux-ci, interdisent de se faire ainsi indirectement les publicitaires du terrorisme !!!
C’est exactement le cotnraire qui se passe… Cherchez l’erreur ou plutôt cherchez ce qui manque dans la compréhension des politiques des gouvernants et particulièrement de la manière dont ceux-ci utilisent la situation pour casser le moral des populations et semer en eux une peur difficilement contrôlable, les pousser à se raccrocher aux interventions armées et policières, intérieures et extérieures, persuadés que, sinon, eux et leurs enfants seront directement la cible des tueurs !

Pourtant, il est difficile de cacher que tous les plans anti-terroristes du gouvernement n’ont rien empêché des attentats en réalité et que les présences armées massives en France n’ont empêché aucun attentat. D’autant que le gouvernement a même interdit leur intervention durant l’attentat du Bataclan !!! Et aussi, à Nice, ces forces armées qui circulent dans les villes ne sont pas intervenues…

Le climat de « guerre intérieure et extérieure », pour reprendre les termes des gouvernants français, est seulement efficace pour tenir en mains, politiquement socialement, la population française, gouvernée ainsi par sa peur.

Mercredi 13 juillet, le gouvernement allemand a adopté le « Livre blanc 2016 sur la politique allemande de sécurité et l’avenir de la Bundeswehr ». Ce texte de 144 pages remplace le Livre blanc de 2006 en tant que doctrine officielle en matière de politique étrangère et marque un nouveau jalon dans le retour de l’Allemagne à une politique étrangère et militaire agressive.

Le nouveau livre blanc s’est fixé des objectifs étendus : le déploiement à l’intérieur du pays de la Bundeswehr (armée allemande), l’extension des missions étrangères indépendamment des alliés d’après-guerre, une politique étrangère et de défense européenne dominée par l’Allemagne et un renforcement massif de la Bundeswehr.

Spiegel online a rapporté que le gouvernement allemand recommandait de garder disponible : « une pharmacie individuelle, des couvertures chaudes, du charbon, du bois, des bougies, des lampes de poche, des piles, des allumettes et des réserves de trésorerie. » Cela permettrait à la population de survivre les premiers jours de la guerre, avant que des mesures puissent être prises par l’Etat pour l’approvisionnement en fournitures d’urgence.

Les gouvernants allemand et français ne sont pas les seuls à gouverner par la peur. Ils n’ont fait que suivre les gouvernants américain et anglais qui le pratiquent depuis 2001 !

Ce sont les classes dirigeantes américaines, qui lancent l’idée d’une guerre entre les noirs et les anti-noirs et tiennent la population avec la peur des noirs et les noirs avec la peur des assassinats commis par des policiers, comme les classes dirigeantes européennes ont lancé la haine et la peur des migrants, la haine et la peur des Roms, la haine et les peur des sans papiers, de même qu’ils ont commencé à semer la haine des Russes, ou sèment l’hostilité entre Anglais et Européens ou au sein de l’Europe entre le nord et le sud, etc. En Asie, c’est la haine des chinois qui monte. En Russie, c’est la haine des Caucasiens. Dans le monde entier, les classes dirigeantes sèment la haine des musulmans. Et on en passe…

C’est parce que les classes dirigeantes capitalistes veulent augmenter le niveau des attaques antisociales contre toutes les couches populaires et ont besoin de la peur pour gouverner. La peur des violences pour combattre l’envie des gens de protester. La peur des attentats pour combattre leur envie de se rassembler ou de manifester, l’état d’urgence étant justifié par le terrorisme.

Le gouvernement s’est servi de la peur des violences des casseurs, lors des manifestations, pour nous faire peur et pour justifier les violences policières comme il s’est servi des violences terroristes pour justifier les violences de l’armée française et pour crédibiliser les forces de répression dans la population en les faisant passer pour les héros du bataclan qui prennent des risques pour nous sauver ! Pourtant tel n’est nullement ce que démontrent les faits. Les forces policières ont cent fois laissé passer les terroristes qu’ils avaient pourtant fichés. Au Bataclan lui-même, ce sont des forces de répression spécialisées, BRI et RAID, qui ont laissé deux heures et demi aux terroristes pour tuer les gens dans le Bataclan un par un, alors qu’ils savaient parfaitement ce qui se passait à l’intérieur, un commissaire ayant pu pénétrer dans les lieux au début des assassinats et tuer un terroriste.

Le gouvernement Hollande-Valls ne se contente pas de la peur qu’a suscitée l’attaque terroriste du 13 novembre. Il ne se contente de la peur rétrospective que les forces de l’ordre déclenchent en affirmant qu’à Saint-Denis elles auraient désarmé une autre vague de terreur. Non, ils brandissent la menace d’une attaque chimique et bactériologique sur la France et même les risques d’utilisation de l’arme nucléaire par les terroristes, rien que ça ! Cela nous rappelle « les armes de destruction massive » de Saddam Hussein qui n’existaient que dans l’imagination des services secrets américains. Mais c’est bien utile pour faire reculer le peuple et les travailleurs français. Car il va falloir justifier non seulement la recrudescence des guerres extérieures mais aussi celle de la guerre intérieure : état d’urgence, régime policier, police en arme sans cesse prête à tirer, arrestations arbitraires, interdictions de presse arbitraire, pleins pouvoirs au gouvernement, suppression des libertés et des droits, attaques non seulement anti-terroristes mais anti-sociales, antigrève, anticritiques médiatiques au nom des prétendues nécessités de la sécurité.

Ceux qui veulent semer la peur et la haine ont peur de nous, de notre liberté, nous disent les dirigeants politiques français. Mais, alors que nous sommes enfoncés plus que jamais dans la crise majeure du système capitaliste mondial, alors que le Japon annonce qu’il s’effondre malgré des investissements étatiques les plus massifs de l’Histoire, suivant en cela la Chine, l’Inde, la Russie, l’Europe de l’Est, l’Europe du sud, la Turquie, le Brésil et l’Argentine, ceux qui craignent les libertés des peuples ce sont les classes dirigeantes. Ce sont elles qui ont commencé à être menacées par la révolte des peuples de l’Egypte à la Tunisie, du Brésil à la Croatie, de la Bosnie à la Chine, ce sont les classes dirigeantes qui ont peur du peuple travailleur du monde. Ce sont elles qui ont intérêt à établir partout des dictatures et des fascismes, à soulever les peuples les uns contre les autres, à semer la discorde, la haine, la peur pour que les bains de sang effacent les poussées révolutionnaires.

Les classes dirigeantes sèment la peur parce qu’elles mêmes ont une peur panique des réactions des travailleurs et des peuples, quand il s’avèrera patent que le capitalisme est à l’agonie…

Oui, les classes dirigeantes du monde occidental comme du monde oriental ont peur du peuple travailleur du monde !

Oui, nous travailleurs, sommes capables de ce dont nous soupçonnent ces capitalistes ! De leur ôter la propriété des moyens de production et des capitaux, qu’ils nous ont volée, et de leur ôter aussi leur mainmise sur les Etats de la planète. C’est pourquoi nous avons d’autres moyens que de nous paniquer : nous pouvons préparer notre avenir qui est celui de l’humanité si elle ne veut pas couler avec le navire capitalisme !

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