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Hitler et l’Eglise catholique

mardi 15 mai 2018, par Robert Paris

Hitler et l’Eglise catholique

Au début des années 1920, les évêques allemands sont majoritairement conservateurs et monarchistes. En 1922, lors de l’ouverture d’un Congrès national de catholiques, le cardinal von Faulhaber, archevêque de Munich qualifie la révolution de novembre 1918 qui avait renversé la monarchie d’« acte de haute trahison ».

Confrontée à la vague révolutionnaire la plus importante de l’histoire, entre 1917 et 1923, la Très Sainte institution catholique (véritable État parmi les autres États), Vatican en tête, prend l’initiative de lutter contre ce qu’elle appelle le danger communiste. Dès 1920, elle organise des groupes d’action dont la structure générale s’appellera : INTERMARIUM. Cette initiative a pu compter sur la participation de fascistes notoires. Les services secrets britanniques et français s’impliquèrent également dans INTERMARIUM. Les groupes composant cette organisation se définissaient ouvertement comme anti-communistes et leurs objectifs déclarés étaient "la mobilisation de l’organisation catholique dans la lutte contre le communisme" (Pie XI) et la création d’un réseau catholique dans toute l’Europe pour faire face au danger communiste développé sur le continent suite au processus insurrectionnel en Russie.

Tout au long des années 1920, une minorité de catholiques fait corps avec le parti national-socialiste (NSDAP) naissant. Ils sont attirés par l’anticommunisme, l’antilibéralisme, l’antiparlementarisme et l’antipacifisme du nouveau parti.

Aux prêtres engagés dans l’aventure hitlérienne, la hiérarchie conseille de « se montrer prudents ».

1923 - Hitler, pragmatique, se proclame catholique dans "Mein Kampf", l’ouvrage où il annonce son programme politique. Il y affirme aussi qu’il est convaincu qu’il est un "instrument de Dieu". Hitler fait inscrire sur le ceinturon de chaque soldat allemand "Gott mit uns" Dieu avec nous. Les élèves des écoles allemandes doivent commencer la journée par une prière pour Jésus. L’Église catholique ne mettra jamais "Mein Kampf" à l’Index.

Hitler écrit dans « Mein Kampf » :

« Le protestant le plus croyant pouvait marcher dans nos rangs à côté du catholique le plus croyant, sans que sa conscience dût le moins du monde entrer en conflit avec ses convictions religieuses… Le juif a atteint son but : catholiques et protestants se combattent à cœur joie et l’ennemi mortel de l’humanité aryenne et de toute la chrétienté rit sous cape… Ici encore, il nous faut prendre des leçons de l’Eglise catholique. Bien que son édifice doctrinal, sur plus d’un point - et souvent d’ailleurs d’une manière surtout apparente - heurte la science exacte et l’observation, elle se refuse pourtant à sacrifier la plus petite syllabe des termes de sa doctrine. Elle a reconnu très justement que sa force de résistance ne réside pas dans un accord plus ou moins parfait avec les résultats scientifiques du moment, résultats d’ailleurs jamais définitifs, mais dans son attachement inébranlable à des dogmes établis une fois pour toutes, et qui seuls confèrent à l’ensemble le caractère d’une foi… Mais la meilleure définition en est fournie par le produit de cette éducation religieuse : par le juif lui-même. Sa vie n’est que de ce monde et son esprit est aussi profondément étranger au vrai christianisme que son caractère l’était, il y a deux mille ans, au grand fondateur de la nouvelle doctrine. Il faut reconnaître que celui-ci n’a jamais fait mystère de l’opinion qu’il avait du peuple juif, qu’il a usé, lorsqu’il le fallut, même du fouet pour chasser du temple du seigneur cet adversaire de toute humanité, qui, alors comme il le fit toujours, ne voyait dans la religion qu’un moyen de faire des affaires. »

Les catholiques allemands sont 20 millions, concentrés en Bavière et en Rhénanie, minoritaires vis-à-vis des 40 millions de protestants. C’est une minorité que l’on peut qualifier d’active et de vigoureuse si l’on prend en compte ses 20 000 prêtres et ses 100 000 religieux (qui se comparent aux 16 000 pasteurs protestants), ainsi que ses organisations de masse comme la Ligue populaire des catholiques allemands (Volksverein für das Katholische Deutschland) qui regroupe 500 000 membres et 4 500 associations affiliées, ou encore ses mouvements de jeunesse (Jugend Deutschland) qui comptent 1 500 000 adhérents en 1933.

À cela, il faut ajouter une presse, des écoles confessionnelles, et un parti, le Zentrum, qui recueillait plus de 80 % des suffrages catholiques au moment du Kulturkampf, mais qui, sous la République de Weimar n’en recueille plus que 60 %.

Janvier 1933 - En Allemagne, le Zentrum, parti catholique, dont le leader est un prélat catholique, Prälat Kaas, vote les pleins pouvoirs à Hitler : Ce dernier peut ainsi atteindre la majorité des 2/3 au Reichstag pour suspendre les droits garantis par la constitution. "Le Mercure de France du 15 janvier 1934 a montré - et personne ne l’a contredit - que c’était Pie XI qui "avait fait" Hitler.

Hitler signe dès le 20 juillet 1933 un concordat définissant les relations de l’état allemand avec l’Église catholique ce que l’ancien nonce apostolique à Berlin et futur Pie XII n’avait pu obtenir de la part de la République de Weimar, entraînant l’illusion chez beaucoup de catholiques d’un respect des nazis pour les institutions catholiques.

Avec l’arrivée des nazis au pouvoir, l’Église catholique romaine est reconnue pour la première fois, il faut le souligner, dans l’ensemble du Reich allemand ; les associations, les œuvres de jeunesse, l’école confessionnelle se voient accorder des garanties ; les biens confisqués sont restitués. C’est ce que l’on a appelé la « grande réconciliation » des catholiques et des nazis !

En 1933, le très catholique journal « La Croix » est satisfait car "le concordat allemand du 20 juillet est le plus grand évènement religieux depuis la réforme", La Croix "se réjouit de ce que le nouveau régime scolaire allemand comporte l’exclusion complète du laïcisme dans l’Ecole".

En juin 1933, juste avant la signature officielle du concordat, une nouvelle conférence épiscopale se tient à Fulda et aboutit à une lettre pastorale signée de trois cardinaux Bertram, Faulhaber, Schulte d’un archevêque Gröber et de deux évêques, Ehrenfried et Preysing :

« Notre Sainte Église catholique attache une valeur et une signification particulière au principe d’autorité... nous autres catholiques, nous n’éprouvons aucune difficulté à rendre hommage à la manière nouvelle et vigoureuse dont on insiste sur le principe d’autorité dans l’État allemand… Après des années de servitude... la nation allemande doit de nouveau avoir, dans la famille des nations la liberté et la place d’honneur qui lui sont dues, à cause de son importance numérique, de ces capacités et de ses réalisations culturelles. ».

Dès lors, l’attitude de l’Église catholique sera un mélange d’accommodement, de tentatives d’intégration à l’intérieur du système nazi d’une part (levée de l’interdiction faite en 1931 aux catholiques d’appartenir au parti nazi en 1934), et de résistances aux empiètements du pouvoir qui violaient le concordat, d’autre part.

Non seulement les évêques applaudissent la remilitarisation de la Rhénanie, mais dans une lettre pastorale collective le 19 août 1936, ils approuvent l’intervention de l’Allemagne dans la guerre d’Espagne « Puisse notre Führer, avec l’aide de Dieu, mener à bien cette entreprise terriblement ardue... ». Ils acceptent, et certains, joyeusement, de faire sonner les cloches le 10 avril 1938 pour célébrer l’Anschluss qui regroupe à l’intérieur du Reich les Autrichiens en majorité catholiques.

Si l’Eglise catholique approuve bruyamment le réarmement de l’Allemagne, elle est muette à propos du boycott des commerçants juifs, de la proclamation des lois raciales de Nuremberg en 1935 et la nuit de cristal en 1938. L’Eglise catholique fournit aux nazis son fichier d’archives généalogiques, ce qui leurs permet en défalquant les chrétiens, d’identifier les juifs.

1938 - Les SS et SA organisent la "Nuit de Cristal" : Déguisés en civils, les miliciens nazis attaquent synagogues et magasins appartenant à des juifs. La population allemande est à la fois horrifiée et terrifiée. L’évêque de Freiburg, Monseigneur Gröber, déclare alors, en réponse à des questions sur les lois raciales et les pogroms de la "Nuit de cristal" : « On ne peut refuser à quiconque le droit de sauvegarder la pureté de sa race et d’élaborer les mesures nécessaires à cette fin. »

Pendant cette période, de 1933 à 1939, certains évêques catholiques se montrent complaisants vis-à-vis des valeurs de la race. On peut ainsi lire dans le Handbuch de Mgr Gröber : « Chaque peuple est en lui même responsable de la réussite de son existence, et l’apport d’un sang totalement étranger représentera toujours un risque pour la nation qui a prouvé sa valeur historique. C’est pourquoi, on ne peut refuser à aucun peuple le droit de maintenir la pureté de son origine raciale et de prendre des garanties dans ce but. La religion chrétienne demande simplement que les moyens utilisés ne pêchent pas contre la loi morale et la justice naturelle. »

En Espagne, l’Église vient au secours de Franco : Elle justifie encore une fois la guerre, la hiérarchie catholique prend position officiellement pour les exécutions de prisonniers : Une lettre, signée par deux cardinaux, six archevêques, 35 évêques et 5 vicaires généraux (la quasi-totalité de l’épiscopat espagnol), est adressée "à tous les évêques du monde". Elle définit la guerre civile comme étant une croisade et un plébiscite armé. Les signataires se réjouissent des exécutions de prisonniers car au moment de l’exécution, l’exécuté se réconcilie avec Dieu. Mgr Diaz Gomara évêque de Carthagène :" Bénis soient les canons si, dans les brèches qu’ils ouvrent, fleurit l’Évangile ".

Dans le monde entier, l’Église catholique se mobilise pour soutenir Franco contre la république.

Le 1er octobre 1938, conformément aux accords de Munich, les troupes allemandes pénètrent en Tchécoslovaquie et occupent le territoire des Sudètes. Ce même jour, sur proposition du Cardinal Faulhaber, au nom de tous les cardinaux allemands, le Cardinal Bertram envoie un télégramme de félicitations à Hitler : « Le haut-fait d’avoir sauvegardé la paix internationale incite l’épiscopat allemand... à offrir respectueusement ses félicitations et ses remerciements, et à ordonner un carillon de fête pour ce dimanche. ».

Le patriotisme des catholiques allemands ne faiblit pas tout au long de la guerre de 1939-1945. Juste après le début des hostilités, en septembre 1939, une lettre pastorale invite les catholiques allemands à faire leur devoir de soldats :

« Nous exhortons les catholiques à faire leur devoir de soldats et à tout sacrifier d’eux-mêmes, en obéissance au Führer. Nous faisons appel aux fidèles pour qu’ils prient ardemment la divine Providence afin qu’elle conduise la patrie et le peuple à un bienheureux succès et à la paix. »

Le 30 septembre, les évêques obéissent à l’injonction du ministre des Affaires Ecclésiastiques de faire sonner les cloches pendant sept jours pour célébrer la victoire sur la Pologne. Au même moment Radio Vatican et l’Osservatore Romano diffusent dans le monde entier des informations sur les atrocités commises par les Allemands en Pologne.

1939 - Le journal "La Croix" publie un article de l’abbé Thellier : "des milliers et des milliers de combattants succombent (...) Si douloureux que soit leur trépas, il leur apporte, par la miséricorde divine, un bien supérieur à la vie. (...) Sans la guerre, beaucoup de nos morts auraient mené une existence moralement insignifiante, religieusement presque nulle, destinée à s’achever dans une fin médiocre, peut-être mauvaise, qui les eût menés à un avenir douteux."

En France, l’Église déclare dès 1940 que "Pétain, c’est la France".

Au cours de la 2e guerre mondiale, le Vatican est au courant des exterminations de juifs par les nazis. On saura, après la guerre, que le pape pie XII a hésité à lancer un appel public, à plusieurs reprises, mais s’est finalement abstenu de le faire. En décembre 2002, la prestigieuse revue bimensuelle des jésuites italiens contrôlée par le Vatican Civiltà cattolica écrit ainsi "Pie XII n’a pas eu, probablement, une trempe de prophète" et reconnaît ainsi, tardivement, le silence du Vatican.

1940 - Célèbre déclaration de Mgr Gerlier, Primat des Gaules : "Pétain, c’est la France et la France, c’est Pétain"

Le 30 juillet 1940, l’archevêque Salieges affirmait : "le gouvernement légitime de la France a, à sa tête un homme qui a fait don de sa personne à la France. Magnifique exemple de renoncement à tout égoïsme et d’amour généreux de la Patrie".

Le 2 octobre 1940, l’archevêque d’Aix déclare : "Nous devons tous nous serrer, sans hésitation, autour de l’illustre Maréchal".

Le 22 octobre 1940, on pouvait lire dans la Croix : "le chef de l’Etat professe des thèses semblables à celles du Souverain Pontife".

Le 19 novembre 1940, le cardinal Baudrillart, recteur de l’Université Catholique de Paris, déclarait : "Au ciel de la France de 1940, ciel chargé de tempêtes, une bienfaisante lumière s’est manifestée et a réveillé tous les espoirs ! Cette lumière, c’est bien sûr le Maréchal".

Le 16 février 1941, l’évêque Dutoit d’Arras rappelait les devoirs d’un bon catholique : "Le devoir est simple d’autant qu’il est grave : suivre et appuyer de notre confiance le Maréchal Pétain".

Le 3 décembre 1941, l’archevêque Baudrillart écrit : "Contre les puissances démoniaques, l’Archange Gabriel brandit son épée vengeresse, brillante et invisible. Avec lui sont unis et marchent les peuples chrétiens et civilisés qui défendent leur patrie, leur avenir aux côtés des armées allemandes".

En 1942, l’évêque de Marseille déclare : "nous n’ignorons pas que la question juive pose de difficiles problèmes nationaux et internationaux. Nous reconnaissons bien que notre pays a le droit de prendre toutes mesures utiles pour se défendre contre ceux qui, en ces dernières années surtout, lui ont fait tant de mal, et qu’il a le devoir de punir sévèrement tous ceux qui abusent de l’hospitalité qui leur fut si libéralement accordée".

En août 1942, un officier nazi, Kurt Gerstein tente d’alerter le nonce apostolique, Mgr Orsenigo sur les faits dont il a été témoin dans les premiers camps d’extermination. Comme le nonce refuse de le recevoir, il raconte son histoire au conseiller juridique de Mgr Preysing, évêque de Berlin.

Le 14 juin 1942, l’archevêque de Fribourg, Mgr Gröber, informa le saint-siège des massacres de juifs dans les pays de l’Est. La même année, l’évêque d’Osnabrück, Mgr Berning, s’exprima ainsi au Pape : "l’élimination totale des juifs subsiste clairement", "que peut-il arriver ? Les évêques peuvent-ils lancer depuis leur chaire une protestation publique ?".

Le nonce apostolique de Suisse, Mgr Bernardini a été contacté par Gerhart Riegner, membre du congrès Juif Mondial, qui avait établi un recensement des persécutions sur les juifs dans toute l’Europe. Le Vatican ne fit rien !

En 1942, un résistant catholique polonais est sollicité par des juifs du ghetto de Varsovie pour témoigner auprès du Vatican. Ces résistants juifs pensent que les autres juifs ne se laisseront pas faire s’ils sont mis au courant, et que l’Eglise catholique est assez influente pour prévenir tout le monde des atrocités commises. Ils veulent aussi que Pie XII "ferme les portes du paradis à ceux qui les persécutent". Le résistant polonais, Jan Karski, est rentré puis reparti clandestinement du ghetto où il a pu voir les conditions dans lesquelles étaient traités les juifs. Ensuite celui-ci a traversé l’Europe pour rejoindre le président polonais exilé à Londres. Ce dernier a prévenu le Pape des barbaries perpétuées sur les juifs en Pologne. Le Pape s’est alors contenté, à Noël 1942, d’exprimer ses "voeux pour ceux qui, pour simple question de race, sont condamnés".Ouah ! quel courage ! On ne se mouille pas de trop…

Le 16 octobre 1943, 1259 juifs de Rome sont déportés sous les fenêtres du Vatican, le Pape n’a même pas tenté d’empêcher, par sa présence, le départ du train. Il s’est contenté de faire ouvrir les portes des couvents de Rome pour sauver, quand même, quelques centaines de juifs.

Le 20 juin 1944, le nonce apostolique de Tchécoslovaquie reçoit Rudolf Vrba, un évadé d’Auschwitz, qui lui décrit la situation dans ce camp et qui lui explique qu’une nouvelle ligne de train vient d’être créée pour augmenter les capacités d’extermination. Ces informations seront conservées par le Vatican.

Malgré toutes les données récoltées par les alliés et l’Eglise catholique, personne n’a bougé. Même les historiens catholiques reconnaissent que Pie XII n’a jamais condamné publiquement la politique antisémite des nazis. Les alliés auraient pu bombarder les lignes de chemin de fer qui conduisaient aux camps ou même les détruire. Le Vatican aurait pu excommunier les nazis et appeler les catholiques à résister.

Un seul nazi a été excommunié, ce fut Léon Degrelle, le chef des fascistes belges, membre des SS. Celui-ci fut excommunié pour avoir porté l’uniforme pendant une messe et pour avoir agressé un prêtre. Ainsi le Pape a excommunié un nazi, non pas parce qu’il était nazi mais parce qu’il avait attaqué un membre du clergé. Les autres chefs nazis ont accepté cette sentence sans rien dire, preuve que le pape avait une marge de manœuvre plus grande qu’il ne voulait le faire croire.

Si le Pape avait excommunié les nazis, de profonds croyants, comme Paul Touvier, les auraient-ils soutenus ? L’Etat nazi aurait eu certainement plus de mal à contrôler l’Europe s’il avait eu les catholiques contre lui. Pourtant il n’en fut rien, pire dans de nombreux pays comme la France, l’Eglise catholique, dans sa grande majorité, a soutenu les gouvernements qui collaboraient avec l’Allemagne nazie. La seule protestation publique de l’Eglise est celle de Pie XII adressée, fin 1944, au président hongrois, Horthy, contre les souffrances infligées aux juifs. Etait-ce une protestation sincère ou un abandon des thèses antisémites à quelques mois de la victoire des alliés ?

Il semble que l’anti-bolchevisme des nazis et des fascistes arrangeait plutôt l’Eglise catholique. Celle ci avait tellement peur des soviétiques qu’elle se sentait protégée par les fascistes et les nazis. On estimait sans doute que le nazisme était un moindre mal. On condamna l’agression de la Finlande par l’URSS, mais on ne dit rien sur les attaques fascistes en Grèce et en Yougoslavie. En 1937, le pape publie deux encycliques : "Divini redemptoris" condamne "le communisme comme intrinsèquement pervers" et "Mit bretender sorge" met en garde contre les "tentations paganistes" qui pourraient voir le jour dans le nazisme. Ainsi l’Eglise n’était pas toujours silencieuse. L’argument de la neutralité de l’Eglise n’est donc pas non plus valide ; le Pape était capable de condamner puisqu’il le fit contre les communistes ! Le Vatican savait également s’exprimer quand il a mis en garde les alliés de bombarder Rome.

Enfin, quel intérêt auraient les catholiques à protéger les juifs, ceux qui ont vendu le Christ ? Rappelons qu’à l’époque, et ce jusqu’à Vatican II, les catholiques priaient pour les "perfides juifs". L’Eglise catholique a bien mené avec succès une campagne contre l’exécution des handicapés pendant l’été 1941. Pourquoi faire campagne contre ces exterminations, malgré les risques de représailles, et ne pas le faire contre l’extermination des juifs ? La vie d’un handicapé chrétien est-elle plus importante que la vie d’un juif ? On prend des risques dans un cas, on n’en prend pas dans l’autre…

Rappelons également que nombre de prélats s’opposèrent à la déportation des juifs convertis au catholicisme. Pourquoi une telle différence de traitement d’affaires pourtant assez proches ? On sauve les handicapés catholiques, on proteste contre la déportation des juifs convertis et on se tait pour les autres ceux qui ne sont pas catholiques…On établit donc une hiérarchie de valeur pour chaque être humain. Le catholique serait-il supérieur au juif ? Ainsi il semblerait que, selon l’Eglise romaine, on n’a pas la même importance selon ses croyances. Pour l’Eglise catholique, un juif converti est un catholique alors que pour un nazi, il reste un juif. Quelques nuances dans les points de vue ce qui n’empêchent pas nos chers prélats d’approuver, et de soutenir la politique antisémite des nazis et de leurs collaborateurs !

Notons, enfin, que les juifs n’étaient pas les seuls à déplaire au Pape puisque à la libération de Rome, Pie XII exprima une requête aux alliés, il leur demanda de ne pas affecter de soldats noirs à la porte du Vatican…
1944 - Deux juifs hongrois évadés du camp d’Auschwitz (R. Vraba et A. Bestic) font parvenir au Vatican, via le Nonce apostolique de Slovaquie, un rapport détaillé sur la situation dans le camp. Le rapport sera enterré...

1944 - Le Pape prend ouvertement parti pour l’occupant, contre les résistants : Le 12 mars 1944, pendant la fête de son ascension sur le trône, il lance un appel contre l’insurrection populaire contre l’occupant.

Les Églises protestantes européennes ne se comportent guère mieux que l’Église catholique face à la persécution des juifs par les nazis.

1945 - Le camp d’Auschwitz est libéré et la population occidentale commence à saisir l’ampleur du génocide. Quelle est la réaction de l’Eglise catholique au sujet des charniers, des chambres à gaz et des camps d’extermination ? aucune, elle organise avec le cardinal Bertram une messe de Requiem à la mémoire d’Adolf Hitler.

1945 - Le Vatican met en place une filière pour exfiltrer d’Europe les nazis compromis (essentiellement vers l’Amérique du sud). Eichmann, par exemple. L’Eglise délivre des documents tamponnés avec le visa du Vatican, utilise des monastères pour cacher les fugitifs, nomme dans sa hiérarchie des anciens collaborateurs de Hitler.

6 août 1945 - Le père catholique Georges Zabelka bénit l’équipage américain du bombardier Enola Gay qui largue une bombe atomique sur Hiroshima : environ cent mille morts, femmes vieillards, enfants et malades.

20 octobre 1946 - Un document accablant en provenance du Saint Office et adressé au nonce apostolique à Paris par le pape Pie XII indique l’attitude à tenir vis-à-vis des enfants juifs confiés pour les sauver durant la guerre à des institutions catholiques. Il y est écrit que les enfants seront élevés selon l’éducation chrétienne et qu’une fois baptisé ils ne pourront pas être remis à leurs familles même si les parents les réclament. Encore un élément qui éclaire l’attitude scandaleuse du pape Pie XII à propos de l’extermination des juifs par les nazis...

Soucieux de son image, le Vatican a décidé, en octobre 1999, la création d’une commission internationale d’historiens juifs et catholiques "afin d’en finir avec les polémiques sur le rôle du Vatican durant la guerre". Cette commission rendit son rapport en octobre 2000. Les membres expliquèrent que les travaux historiques de l’Eglise sur ce sujet étaient incomplets et réclamèrent l’ouverture des archives du Vatican pour la période 1939-1945. Le Vatican a refusé cette ouverture, les membres juifs de cette commission ont alors démissionné. La commission s’est dissoute en juillet 2001.

L’Eglise catholique soutient le nazisme

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