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Faut-il avoir honte de nos ancêtres simiesques australopithèques ?!!!

mardi 21 mars 2017, par Robert Paris

Des thèses diverses :

Faut-il avoir honte de nos ancêtres simiesque australopithèques ?!!!

Pourquoi cet ostracisme à l’égard des australopithèques ? Eh bien, c’est parce que les hommes tiennent à des ancêtres qui ne soient pas des singes, qui aient un gros cerveau et qui construisent des outils. Ils ont aussi refusé longtemps d’avoir des ancêtres africains ! Pendant longtemps, on a cru aussi que les australopithèques ne construisaient pas d’outils, et on sait que ce sont des singes au petit cerveau !!! Autant dire que l’humanité ne se reconnaissait pas dans les australopithèques, ces singes qui apparaissaient trop singes et pas assez humains ! Mais les préjugés ont été contraints de tomber devant les faits… Il a fallu changer d’avis sur la place des australopithèques, quitte à changer d’avis sur la particularité de l’humanité elle-même !!! Il semble bien que la « bifurcation » entre « les singes » et « les hommes » qui aurait donné naissance ensuite à l’homme soit encore fort ressemblante à un grand singe !!!

On a démontré maintenant que les australopithèques utilisaient et fabriquaient de vrais outils, taillaient la pierre. Ils marchaient debout. Certains groupes avaient une locomotion proche de la nôtre. Ils avaient une denture proche de la nôtre. La structure des mains des australopithèques est identique à celle des humains.

Wikipedia continue d’écrire que « peut-être est-ce précisément ce qui marque une des limites de l’humanisation totale des australopithèques, lesquels, d’après le témoignage des objets accompagnant les restes osseux, ne furent jamais aptes à travailler la pierre comme leurs contemporains Homo habilis ou Homo rudolfensis. » voir ici

Mais, même cet article précise que : « Une nouvelle mais contestée preuve indirecte de l’utilisation d’outils par Australopithecus afarensis a été faite en 2009 en Éthiopie, ce qui reporterait à 3,4 millions d’années l’âge des plus vieux outils en pierre. »

On sent dans ce « contestée » tout le scepticisme de l’auteur ou les auteurs de cet article wikipedia.

Pourtant, des pierres taillées ont été découvertes qui datent de l’australopithèque, bien aavnt qu’apparaisse Homo !

La découverte d’outils humains vieux de 3,3 millions années, annoncée dans la revue Nature, révolutionne les connaissances sur l’évolution humaine.

La découverte, faite à l’ouest du lac Turkana au Kenya, recule de 700.000 ans l’apparition des premiers outils de pierre taillée. A ce jour, les plus anciens instruments dataient de 2,5 millions d’années. Ils avaient été découverts sur le site de Gona en Ethiopie.

Ces nouveaux vestiges sont également 500.000 ans plus anciens que les premiers restes du genre Homo, notre ancêtre direct.
« Alors que la communauté scientifique a longtemps supposé que les premiers outils de pierre avaient été fabriqués par le genre Homo, notre découverte montre qu’un autre genre d’hominidé, peut-être une forme d’australopithèque plus ancienne, avait déjà toutes les capacités cognitives et motrices nécessaires à la fabrication d’outils », explique Sonia Harmand, de l’université Stony Brook, chargée de recherche au CNRS.

Jusqu’à maintenant les scientifiques considéraient que les Australopithèques étaient capables d’utiliser des outils, mais incapables de les fabriquer.

« Notre découverte réfute l’hypothèse de longue date selon laquelle Homo habilis a été le premier fabricant d’outils », poursuit la chercheuse française qui codirige le West Turkana Archaeological Projet.

Ces nouveaux instruments mis au jour sont en majorité des blocs de lave, lourds et volumineux servant d’enclume, des percuteurs, des éclats ou des nucléus (des blocs de pierre débités pour produire des éclats ou des lames).

Ces objets évoquent deux modes de fabrication d’outils : la technique dite « sur enclume » - le bloc est maintenu sur l’enclume par une main pendant que l’autre utilise le percuteur pour frapper et obtenir des éclats tranchants - et la technique dite « sur percuteur dormant » - le bloc à tailler est directement percuté sur l’enclume.

Selon le CNRS, la grande variété des objets trouvés montre clairement que l’intention de ces hominidés était de créer des outils.

« Il est difficile de reconstituer le mode de vie des premiers hommes et des Australopithèques », commente Sonia Harmand : « On en sait plus sur leurs caractéristiques anatomiques grâce à la découverte de leurs restes osseux, que sur leurs comportements de subsistance ou même leur organisation sociale ».

« L’idée que les outils ont servi à découper de la viande (pour les éclats tranchants) ou à avoir accès à la moelle des os (pour les plus gros blocs) est la plus conventionnelle », souligne-t-elle. « Mais à ce stade de nos recherches, il est trop tôt pour en dire plus ».

« A la fin de la phase initiale du Miocène apparut un nouveau groupe d’hominoïdes que Peter Andrews a proposé de reconnaître comme une nouvelle sous-famille, les Afropithécinés. Ce groupe a rassemblé plusieurs genres qui se sont épanouis surtout au milieu du Miocène : afropithecus au nord du Kenya ; Heliopithecus en Arabie saoudite, ressemblant au précédent mais plus petit ; et Kenyapithecus, au Kenya, de concert avec le genre récemment proposé : Otavipithecus. Cette nouvelle famille pourrait être apparentée à la sous-famille des Dryopithécinés, qui s’est manifestée ultérieurement. (…) Il a existé au moins neuf espèces d’hominoïdes au cours des quatre derniers millions d’années. On ne peut plus accepter la conception longtemps admise d’une succession simple : Australopithecus africanus, Homo habilis, Homo erectus, Homo sapiens. L’arbre généalogique est certainement plus complexe, d’autant plus qu’il existe deux formes d’Homo habilis et bien des hypothèses peuvent être envisagées sur les rapports de descendance entre espèces. (…) La première preuve irréfutable que la séparation entre la lignée des grands singes et celle des êtres humains était intervenue a été fournie par les fossiles des premiers hominides, à présent appelés les « australopithécinés » - les « singes du sud ». Dotés d’un petit cerveau, ces primates étaient bipèdes et vivaient dans le sud et l’est de l’Afrique à une époque comprise entre -5 et -2 millions d’années. Ils présentaient des ressemblances avec les grands singes en même temps qu’avec les êtres humains. La reconnaissance de leur statut a été difficile à établir, mais elle a obligé l’humanité à réviser certaines des conceptions les plus fondamentales qu’elle s’était forgées sur elle-même. (…) L’espèce découverte en Afrique du Sud et reconnue comme Australopithecus africanus a vécu entre -3 et -2,5 millions d’années. Le membre le plus ancien, actuellement connu, de ce genre, provient de cette région très riche en fossiles d’hominoïdes qu’est la vallée du Rift de l’Afrique de l’Est. Australopithecus afarensis tire son nom de la région de l’Afar en Ethiopie. Ses restes ont été trouvés à Laetoli, près de la gorge de l’Olduvai, en Tanzanie, et dans les sites d’Ethiopie tels que l’Hadar ou l’Omo. En 1984, un fragment de mâchoire recueilli à Baringo, au nord du Kenya, a repoussé la borne la plus ancienne de sa période d’existence connue à -5 millions d’années. Des spécimens tels que le célèbre squelette appelé Lucy, trouvé au hadar, pourraient dater de seulement -3 millions d’années. A. afarensis (selon la façon habituelle d’abréger) présentait encore une apparence de grand singe dans beaucoup d’aspects de son squelette, et, probablement, cela devrait être aussi le cas de son comportement. Son cerveau était d’ailleurs de dimension semblable à celui des grands singes actuels. Un vif sujet de controverse porte sur le point de savoir si sa morphologie avait déjà commencé à être altérée dans la direction humaine. Les mâchoires étaient proéminentes, la face large et d’aspect simiesque, les molaires assez grosses et dotées d’une couche épaisse d’émail. En fait, par certains traits, les molaires et les canines se situaient à mi-chemin entre celles des grands singes et celles des êtres humains. (…) Le caractère qui distingue A. afarensis de tous les hominoïdes antérieurs connus est le fait qu’il marchait debout. Ce trait est apparent dans la morphologie des os de la hanche et des membres postérieurs des squelettes trouvés dans le Hadar, mais il est aussi attesté par l’un des cadeaux les plus rares que nous aient livrés les processus de la fossilisation : la preuve irréfutable de la bipédie, constituée par une série d’empreintes de pas trouvés à Laetoli et datant d’environ 3,7 millions d’années. (…) C’est Dart qui a nommé l’espèce trouvée à Taung « le singe du sud de l’Afrique ». Celui-ci marchait aussi debout, mais de grandes questions n’ont pas encore été résolues concernant son mode de vie et sa place dans l’évolution humaine. A. africanus mesurait probablement moins de 1,40 m de haut et pesait probablement environ 30 à 40 kg. Les mâles étaient peut-être plus gros que les femelles, et la tête était caractérisée par un cerveau de la taille de celui d’un grand singe et grande face plate projetée vers l’avant. On trouve rarement de crête sur le crâne, et les dents semblent avoir été adaptées à des aliments durs et abrasifs, tels que des racines couvertes de sable, des tubercules et des graines – mais ils pouvaient comprendre aussi des fruits, des feuilles et un peu de viande. (…) Les recherches ont montré qu’il y avait en réalité deux types d’australopithèques dans les grottes d’Afrique du sud. L’un correspondait à l’espèce au squelette léger (dite « gracile ») décrite par Dart, c’est-à-dire A.africanus ; l’autre était un bipède plus solidement charpenté, doté d’un gros crâne, de puissantes dents et mâchoires, qui a été nommé Australopithecus robustus ou Paranthropus robustus (« presque homme robuste »). L’espèce gracile, qui a vécu de -3 à -2,5 millions d’années, a donc précédé l’espèce robuste, qui a duré de -2 à -1,5 million d’années. Celle-ci a connu un milieu moins hospitalier, ce qui explique sans doute que des changements évolutifs aient été nécessaires au niveau des mâchoires et des dents pour que ces hominoïdes aient pu malaxer des aliments durs. Nous savons peu de choses du squelette de Paranthropus, si ce n’est qu’il devait être à peu près de la taille de A. africanus et plus gros que les spécimens de A. afarensis du type de Lucy. Une femelle Paranthropus pesait probablement environ 32 kg et mesurait quelque chose comme 1,10 m ; un mâle devait peser environ 40 kg et mesurer 1,35 m. Chez les plus gros mâles, le crâne comportait des crêtes osseuses sur le dessus et l’arrière, servant de points d’ancrage à de puissants muscles. Cette morphologie, ainsi que la dimension du cerveau, pouvaient rappeler certains traits du gorille, mais la face aplatie de façon très particulière, les minuscules dent à l’avant et les grosses molaires, ainsi que la base du crâne très semblable à celle de l’être humain actuel, n’étaient en rien comparables à celle du gorille. (…) Longtemps après la découverte des premiers australopithécinés, la plupart des scientifiques ne les regardaient pas comme des ancêtres des êtres humains actuels. La théorie du « gros cerveau » continuait à dominer les conceptions sur l’évolution humaine, et ces « grands singes du sud » paraissaient primitifs avec leurs petits cerveaux et leurs proportions crâniennes du type des grands singes. Ces nouveaux fossiles étaient difficiles à dater, et la croyance erronnée qu’ils relevaient de la même période que les fossiles d’Homo erectus trouvés dans d’autres régions du monde conduisait à les considérer comme les descendants attardés de quelque stade ancestral, beaucoup trop primitifs pour figurer dans l’ascendance directe de l’être humain. Lorsque les méthodes modernes de datation montrèrent, au cours des années 1960, que de nombreux sites à austalopithécinés avaient plus de 2 millions d’années, on se mit à considérer ces hominoïdes comme des ancêtres possibles des êtres humains. Nous savons maintenant que plusieurs de ces sites dépassent de loin les 3 millions d’années. Alors, quelle est l’espèce qui représente le plus vraisemblablement l’ancêtre des êtres humains ? Pendant longtemps, c’est A. africanus qui a été en tête de liste, mais l’arrivée de A. afarensis a fourni un prétendant de plus grande ancienneté, et qui, par certains aspects de ses dents et de sa face, paraissait plus proche d’Homo habilis et d’Homo erectus, les vrais premiers hommes, que ne l’était A. africanus. Beaucoup de spécialistes en sont venus à voir ce dernier comme étant situé sur une branche secondaire de l’évolution, ne menant qu’aux australopithécinés robustes, avec une adaptation corrélative à la consommation d’aliments végétaux durs, se traduisant par une dentition spécialisée dans le broyage. A cette manière de voir s’opposent une minorité de spécialistes qui soulignent certains traits d’apparence humaine chez les australopithécinés robustes. Il s’agit notamment d’un cerveau plus gros chez A. africanus et A. afarensis, et de certains aspects du crâne et des dents qui pourraient représenter un héritage évolutif commun. Dans le cadre de ce scénario, il faudrait imaginer qu’un ancêtre commun récent aurait donné naissance à la fois à la lignée humaine et aux australopithèques robustes, lesquels se seraient spécialisés, puis éteints. A. afarensis auriat alors été un ancêtre plus ancien, mais serait hors de la lignée menant directement aux êtres humains. (…) Tandis que les espèces d’hominides identifiées deviennent plus nombreuses, il est impossible de repérer une ligne évolutive unique, et aucune des tentatives de placer les fossiles les mieux caractérisés sur un arbre généalogique n’est exempte de contradictions. (…) A quel stade, dans les traces de notre lointaine préhistoire, pouvons-nous apercevoir les signes de la transition vers la société humaine, avec tous ses attributs : les coutumes, les règles, et les cérémonies, transmises et modifiées selon les demandes du milieu et pour autant que le permette notre programme génétique ? (…) Les scientifiques ont essayé, dans le passé, de définir des « Rubicons » simples, des tournants à partir desquels il serait considéré que les véritables êtres humains seraient apparus. L’un de ceux-ci a été la fabrication d’outils (pas l’utilisation d’outils : la loutre marine se sert d’enclumes de pierre pour ouvrir des coquillages). Il semble à présent que des outils de pierre ont été produits en Afrique dès -2,5 millions d’années. Mais on a suggéré récemment que le bipède non humain Paranthropus fabriquait et utilisait des outils simples, et puisque ce comportement est également connu chez le chimpanzé, la fabrication d’outils ne peut plus être retenue comme une caractéristique exclusivement humaine. On a proposé un autre Rubicon, à savoir le volume du cerveau ; il est vrai que la distance séparant les grands singes et les êtres humains est importante, les grands singes pouvant aller jusqu’à 600 cm cube, et les êtres humains étant généralement au-dessus de 1000 cm cube. Mais, si les premiers membres du genre Homo sont réellement provenus de quelque espèce d’australopithéciné, leur volume cérébral a probablement dû, au départ, se situer dans la gamme des volumes cérébraux caractéristiques des grands singes. Plus récemment, les scientifiques ont laissé de côté l’idée de trouver un trait unique capable de distinguer en propre le genre Homo, et ont, au contraire, essayé de prendre en considération un ensemble d’aspects n’ayant pas besoin d’être tous présents chez un même fossile donné. Parmi les traits physiques, la liste suivante a été dressée : un volume cérébral important, une face plus réduite, moins inclinée vers l’arrière, des dents plus petites (en particulier les molaires et les prémolaires), un nez proéminent, et, lorsque les archives fossiles permettent de les examiner, une structure de la hanche et une forme générale du corps plus humaines. Il n’existe pas de classification périodique des éléments mentaux – moraux, psychologiques, culturels, et ainsi de suite – qui contribuent à définir ce qu’est un être humain, mais ils constituent eux aussi une constellation, évidemment non mesurable par la science, mais faisant partie du tableau. »écrivent Peter Andrews et Christopher Stringer, dans « L’évolution humaine ».

« Dans la formulation même on note les doutes, les réticences à inclure les australopithèques africains dans la lignée humaine. C’est le critère de développement cérébral qui prédomine pour l’appartenance à la lignée humaine. L’obstacle épistémologique est encore actif et ne permet pas malgré les données paléontologiques de trancher en leur faveur. (…) L’obstacle constitué par les préjugés racistes a été franchi dans un contexte historique propice à l’abandon de la représentation raciale de l’espèce humaine… Durant les années 80, c’est une évolution progressive et linéaire de la lignée humaine qui est présentée. Les premiers hominidés apparus seraient les australopithèques puis toujours grâce à la sélection naturelle lors de changements climatiques en Afrique de l’Est, apparaît le genre Homo avec Homo habilis, puis Homo erectus et enfin Homo sapiens. Cette évolution linéaire traduit le faible registre fossile de l’époque mais aussi une représentation anthropocentrique et hiérarchisée du monde vivant et des primates en particulier. Cette conception finaliste constitue un obstacle à l’avancée du savoir dans le domaine de la préhistoire. Plusieurs présupposés vont tomber au cours des trente dernières années grâce à un changement de méthode et un changement de cadre théorique de référence. Dans le monde scientifique, depuis de nombreuses années, la théorie de l’évolution est largement acceptée… La fragilité des hypothèses relatives aux origines humaines et notamment celle de la linéarité de la lignée humaine, est révélée par l’accélération des découvertes paléontologiques. Dans les années 1970, Lucy, l’australopithèque des Afars daté de –3.5 millions d’années est présentée comme notre ancêtre. La personnalisation de ces restes fossiles qui ont contribué à argumenter la théorie de l’East Side Story a un impact médiatique immense. Dans ces années où le féminisme se développe dans les sociétés occidentales, l’idée d’un « premier homme » qui serait une « femme » séduit et est rapidement vulgarisée. Certes son cerveau n’est pas développé mais elle a un prénom qu’elle tient de la chanson des Beatles « Lucy in the sky », elle est, ainsi, rapidement personnalisée et élevée au rang de mythe laïcisé des origines humaines. Une fois l’obstacle au concept d’ascendant à faible capacité cérébrale franchi, l’espoir de retrouver un évènement originel unique est transféré vers la recherche du premier bipède et l’apparition de ce caractère proprement humain est décrite comme l’avènement de l’humanité… En 1994, Lucy perd la vedette avec Australopithecus ramidus qui provient de la même région de Hadar, en Ethiopie avec un âge de 4,5 millions d’années. Il est concurrencé par Australopithecus anamensis qui vient du Kenya et est âgé de 4 millions d’années. Orrorin tugenensis datant de 6 Ma est découvert au Kenya en 2000 par Brigitte Senut et Martin Pickford (Clarke, 2001), lui-même est vite évincé en 2002 par Toumaï qui provient du Tchad et est daté de 7 millions d’années (Brunet, 2002). Après plus de dix ans de recherche au Tchad, en 1995, Michel Brunet et son équipe avaient mis à jour Abel, un Australopithèque tchadien, Australopithecus bahrelghazali de –3.5 Millions d’années, vivant à l’ouest et n’entrant donc pas du tout dans le cadre explicatif proposé dans l’East Side Story. En 2002, la même équipe annonce, donc, un autre fossile tchadien, Toumaï, Sahelanthropus tchadensis, datant d’environ 7 Millions d’années (Brunet et al., 2002), ce qui bouleverse la construction de l’East Side Story, déjà fragilisée (Wood, 2002)… L’hominisation passe ainsi d’une conception simple et linéaire à une conception beaucoup plus complexe, buissonnante en référence au buisson, dessiné par Darwin dès 1837 dans le « carnet B », puis explicitement proposé par Gould en 1979 (p.63) : « 
Nous ne sommes pas le sommet d’une échelle destinée, dès le départ, à produire l’Homo sapiens. Nous sommes tout simplement la seule branche restante d’un buisson jadis luxuriant ». Ainsi, après la confrontation à la réalité de formes d’hominidés contemporaines, la ligne qui menait à l’homme s’est transformée en rameau, puis le rameau en buisson et actuellement c’est un buisson où l’apparition des caractères qu’on pensait propres à la lignée humaine peut se faire dans des rameaux non en relation directe avec l’homme. La bipédie aurait pu apparaître à plusieurs reprises, ainsi que le développement du cerveau. Il est difficile dans ce contexte de proposer un arbre phylogénétique pertinent et certains en viennent à proposer d’abandonner cette ambition : « la prudence voudrait sans doute qu’on cesse de construite des arbres d’évolution et qu’on attende que tout ce savoir soit enrichi, précisé et élagué. Un arbre ne fait rien d’autre que cacher la forêt... »(Cohen, 2001, p.33-37). »
écrit Quessada.

« Aujourd’hui on a abandonné l’idée d’une évolution en ligne droite allant du singe à l’homme -l’homme étant l’expression achevée de cette évolution-, et enterré l’idée du "chaînon manquant", sorte de "chimère" intermédiaire entre le singe et l’homme, pour la remplacer par la recherche du "dernier ancêtre commun" qui partage avec l’homme et le chimpanzé les mêmes caractères dérivés. C’est à dire l’ancêtre à partir duquel chaque groupe a donné naissance à une espèce à part entière, sans possibilité d’interfécondité entre elles. Le retrouver implique donc d’aller étudier aussi les chimpanzés. Des études ont permis de découvrir que nous avions 99% de gènes communs avec les Bonobos, (chimpanzés nains ou graciles), que ces singes partageaient avec nous, outre la bipédie, des comportements sociaux, cognitifs et émotionnels, que l’on croyait il y a encore peu, l’apanage de l’espèce humaine. En observant le patrimoine génétique des Gorilles, Chimpanzés et Hommes, on s’aperçoit qu’en plus de la partie commune aux 3 groupes, il y a 2 mutations communes entre Gorilles et Chimpanzés et 3 autres mutations communes aux Chimpanzés et aux Hommes. Il n’y a pas de remaniements communs entre Gorilles et Hommes. Si l’on regarde la répartition de ces groupes en Afrique, il y a 8 millions d’années, on s’aperçoit que les Pré-Chimpanzés ont la plus forte extension qui va du Nord-est du Cameroun jusqu’au Sud du lac Victoria. Cette répartition sépare les Pré-Gorilles à l’Ouest des Pré-Australopithèques (lignée aboutissant à l’homme moderne) à l’Est, dans la vallée du rift. On peut noter le rôle important du Sahara qui par son expansion empêche l’extension des grands singes. L’étendue la plus méridionale du Sahara a abouti à l’isolement complet des grands singes et des Australopithèques. Cette séparation explique la répartition des mutations entre chaque groupe. Ces trois sous-espèces pouvaient encore se croiser, mais l’isolement géographique des Pré-Gorilles par rapport aux Pré-Australopithèques a empêché ces croisements. Avec un isolement géographique et génétique grandissant, ces trois sous-espèces deviennent de véritables espèces vers 5 millions d’années avant J.C. Chaque groupe possède alors un lot de mutations spécifiques (6 pour les Chimpanzés et les Gorilles, 4 pour les Australopithèques). Longtemps, l’orthodoxie scientifique a imposé l’idée —héritée de Lamarck— d’une évolution "linéaire", menant en ligne droite du singe à l’homme, aboutissement d’un processus d’ "hominisation" orienté vers son apparition… Les fossiles ont semblé un temps confirmer la théorie de l’évolutionnisme. La découverte de Lucy, cette jeune Australopithèque âgée de 3,5 millions d’années, présentant une mosaïque remarquable de caractères intermédiaires entre le singe et l’homme, venait parfaitement s’insérer dans l’idée d’un passage étonnant de douceur et de continuité entre les "brutes épaisses" auxquelles on assimilait les singes et les êtres remarquables de finesse et de raffinement que nous étions. Mais ce n’est pas ce que nous disent les fossiles. En réalité, à partir de l’ancêtre commun aux Paninés et aux Homininés (dont on possède peu de fossiles), une foule d’espèces d’hommes différentes se sont diversifiées. Les Australopithèques ont été représentés par des dizaines d’espèces. Chacune avait sa propre culture, fabriquait des outils. Le plus ancien Homininé connu date de —7 millions d’années. Il a été découvert en 2003 et baptisé Toumaï avant d’être décrit sous le nom plus prosaïque de Sahelanthropus tchadensis. Si, pour l’époque concernée, Sahelanthropus est seul chez lui, les choses vont rapidement changer. Une multitude d’espèces d’Australopithèques vont par la suite cohabiter. L’évolution menant du singe à l’homme n’a pas été cette échelle orientée que certains se plaisaient à imaginer ; elle donne plutôt l’image d’un buisson, d’un arbre plein de rameaux divergents, de tentatives ratées et de bifurcations. Et quoiqu’il en soit des classifications, il n’en demeure pas moins que la forte diversité des premiers Homininés ne fait pas de doute. Exhumé en 1999, dans les collines Tugen au Kenya, à 50 kilomètres au nord de l’équateur, "Millenium ancestor" (—6 Ma), ou Orrorin a sans doute fini sa courte vie à demi dévoré par un carnassier. Découvert en l’an 2000, il fut surnommé "Millenium Ancestor", il a détenu le record du plus vieil ancêtre connu de l’homme jusqu’à l’arrivée de Toumaï. De lui, on a retrouvé uniquement des dents, un fémur, et des phalanges. Avec cette faible quantité d’indices, on peut quand même déduire son mode de vie. Son fémur, encore plus long que celui de Lucy, évoque la bipédie. A noter, toutefois, il est probable que les os appartiennent à un mâle, donc logiquement le fémur est plus long que celui d’une femelle. Sa première phalange, longue et incurvée, indique qu’Orrorin, bien que bipède se suspendait parfois aux arbres. La taille de ses molaires (identique à celle des hommes actuels) est plus petite que celle des australopithèques. En bref, Orrorin combine des caractères présents chez les grands singes et ceux présents chez les hominidés.
Millenium ancestor surclasse aisément tous les "hommes" fossiles découverts en grand nombre au cours des dernières décennies, selon ses découvreurs Martin Pickford, du Collège de France, et Brigitte Senut, du Museum national d’histoire naturelle de Paris. Mais qu’a-t-il de plus au juste ? Son grand âge tout d’abord : 6 millions d’années. C’est presque 3 millions d’années de plus que Lucy, la petite australopithèque découverte dans l’Afar éthiopien, en 1974. C’est aussi 1,5 million d’années de plus que Ramidus l’éthiopien, présenté à une époque, comme étant notre ancêtre (lire Sciences et Avenir n° 573, novembre 1994)... avant que les chercheurs ne s’avisent que ses traits étaient plus simiesques qu’humains. Six millions d’années, c’est surtout une date très proche de celle de la séparation des singes et des futurs hommes, évaluée à 7 voire 8 millions d’années. Jusqu’alors, on ne disposait d’aucun fossile de cet âge. Sauf, une dent isolée, dite de "Lukeino", du nom d’un autre site kenyan, découverte justement par Martin Pickford il y a vingt-cinq ans, mais dont l’interprétation donnait toujours lieu à d’âpres débats… Aujourd’hui on a abandonné l’idée d’une évolution en ligne droite allant du singe à l’homme —l’homme étant l’expression achevée de cette évolution—, et enterré l’idée du chaînon manquant, sorte de "chimère" intermédiaire entre le singe et l’homme, pour la remplacer par la recherche du "dernier ancêtre commun" qui partage avec l’homme et le chimpanzé les mêmes caractères dérivés. C’est à dire l’ancêtre à partir duquel chaque taxon a donné naissance à une espèce à part entière, sans possibilité d’interfécondité entre elles. Le retrouver implique donc d’aller étudier aussi les chimpanzés. Pascal Picq, entre autre, l’a fait et des études ont permis de découvrir que nous avions 99% de gènes communs avec les Bonobos, (chimpanzés nains ou graciles), que ces singes partageaient avec nous , outre la bipédie, des comportements sociaux, cognitifs et émotionnels, que l’on croyait il y a encore peu, l’apanage de l’espèce humaine. Ce changement d’orientation dans la recherche de nos origines, est lié à une façon différente d’envisager l’évolution, avec le passage d’une systématique évolutive (Lamarckisme ou néo-Darwinisme) qui explique les processus évolutifs en attribuant une place prépondérante à la sélection naturelle à laquelle s’ajoute un facteur chance : (des événements imprévisibles et indépendants des traits génétiques des populations, vont pouvoir orienter le cours de l’évolution), à une systématique phylogénétique, c’est à dire cladistique. Dans cette approche, on cherche d’abord les parentés entre les groupes et on en déduit ensuite des processus évolutifs. »
écrit Nicole Rolin.

Lire ici : Nos ancêtres taillaient déjà des outils il y a 3,3 millions d’années

Les australopithèques

Les australopithèques

Australopithecus afarensis

Australopithecus anamensis

L’évolution est-elle régulière, progressive, linéaire, continue ou, au contraire, par sauts, par apparitions et disparitions, par équilibres ponctués, non-linéaire et non-régulière ?

La transformation de l’homme n’a rien d’une évolution progressive, continue et lente

Pas d’évolution linéaire de la taille du cerveau humain

Une évolution linéaire et continue ?

Qu’est-ce que la paléoanthropologie ?

Le singe, cet homme

Le propre de l’homme ?

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