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Qui veut la paix prépare la révolution sociale !

dimanche 13 août 2017, par Robert Paris

Editorial

Qui veut la paix prépare la révolution sociale !

Guerre qui menace entre les USA et la Corée du Nord, menaces aussi avec le Venezuela, menaces encore des USA et de l’Europe avec la Russie en Ukraine et en Syrie, guerre dans tout l’Orient, du Yémen et de la Libye à l’Afghanistan, menaces des USA contre l’Iran, menaces aussi contre Cuba, menaces de guerre en mer de Chine, face à face des aviations russe et européenne, guerre mondiale « contre le terrorisme » (intérieure et extérieure), guerre aux migrants, guerre économique accrue avec rupture des anciennes alliances, course aux armements, reprise de l’ancienne guerre froide contre la Chine et la Russie, guerres de toutes sortes en Afrique, les bruits de botte sont mondiaux et plus menaçants que jamais.

On est bien loin des discours pacifiques triomphants de l’époque de la chute de l’URSS et des « pays de l’Est » où les classes dirigeantes occidentales affirmaient avoir atteint une ère perpétuelle de prospérité, de développement et de paix dans le monde entier avec la fin des dictatures et des affrontements guerriers !

Depuis, il a fallu en rabattre. Tout d’abord parce que le pays qui est le plus dynamique du monde capitaliste, le premier notamment pour sa production industriel et ses investissements productifs, est aux mains d’un parti unique maoïste et stalinien, un pays toujours soumis à la dictature politique et militaire, subissant l’un des pires goulags de l’Histoire : la Chine ! Ensuite parce que l’ancien impérialisme le plus dominant, loin d’être un facteur de paix mondiale, est celui qui participe au plus de guerres dans le monde, qui s’attaque le plus aux populations civiles : les USA. Et que ce pays, très loin d’être un facteur de prospérité, a déjà produit, avec l’effondrement de 2007-2008, la pire crise de toute l’histoire du capitalisme et que le monde ne s’en est jamais relevé. La chute du mur de Wall Street est un événement d’encore plus grande ampleur que la chute du mur de Berlin ! La masse de plâtre financier pour recoller les fissures n’ont fait que colmater hâtivement les brèches mais celles-ci ne cessent de se rouvrir avec sans cesse des dettes publiques et privées croissantes, une chute impressionnante des investissements productifs par rapport au total des capitaux et une nécessité permanente d’intervention des banques centrales et des Etats pour « sauver le système », en fait juste pour faire durer sa domination sans pouvoir remettre en fonction sa dynamique.

Voilà pourquoi les dictatures, les fascismes et les guerres refont surface et se multiplient à nouveau partout dans le monde. Voilà pourquoi la course aux armements reprend. Voilà pourquoi les haines raciales, interreligieuses, interethniques, intercommunautaires sont de nouveau placées au centre de l’actualité. Voilà pourquoi les terrorismes se développent partout dans le monde et pas seulement dans le monde musulman, contrairement à ce qui est prétendu dans le monde occidental. Voilà pourquoi les extrêmes droites fascistes réapparaissent massivement. Voilà pourquoi la démocratie s’effondre y compris dans les pays riches et pourquoi les forces de police et d’armée deviennent plus présentes et plus autoritaires. Voilà pourquoi les classes dirigeantes s’attaquent massivement aux droits des travailleurs et tentent de leur casser le moral. Les possédants veulent ainsi préparer une situation où l’effondrement du système provoquera nécessairement des révoltes et des révolutions sociales. Casser le moral et casser l’unité des travailleurs devient, dans ces conditions, une nécessité vitale pour les capitalistes et leurs Etats.

Les dictatures, les guerres, les haines entre peuples redeviennent dès lors une nécessité pour prévenir les risques révolutionnaires. Bien qu’interrompu artificiellement par les injections massives de milliers de milliards de dollars, la crise de 2007 a produit une première vague de révolutions, débutée dans le monde arabe et au Maghreb, atteignant ensuite l’Orient, l’Afrique, l’Asie et même le Brésil. Aucune de ces révolutions, même en Egypte et en Tunisie où la classe ouvrière a joué un rôle important, n’ont atteint un niveau tel que les exploités s’auto-organisent en conseils ouvriers qui contestent le pouvoir bourgeois et menacent l’Etat des possédants. Cette vague révolutionnaire a cependant alerté les classes possédantes du monde et elles ont mis partout des pare-feux. Elles ont anticipé certaines révoltes, en Syrie, en Libye, en Ukraine, au Yémen, en Côte d’Ivoire notamment, transformant les révolutions sociales en guerres et en terrorismes. Il est remarquable que les pays riches occidentaux ont alors soutenu des bandes terroristes dans chacun de ces pays.

C’est l’effondrement économique du système capitaliste mondial qui explique ces développements violents de multiples situations dans le monde. Et c’est le rythme de cet effondrement qui déterminera le rythme de la montée en puissance des violences contre les peuples et les classes ouvrières. Dès qu’il s’avèrera que l’impérialisme n’est plus capable de retarder l’effondrement économique du système, il ne pourra plus non plus s’empêcher de lancer le monde dans la guerre, car celle-ci permet, dans un premier temps, d’étouffer toute velléité de révolte et de révolution, et même toute protestation, toute grève et toute manifestation, au nom de l’intérêt national d’un pays en guerre.

C’est ainsi que les deux premières guerres mondiales se sont déclenchées en 1914 et 1939, à un moment où la crise mondiale du capitalisme faisait craindre de nouvelles révolutions sociales.

Si la guerre peut sauver, momentanément, le capitalisme des risques révolutionnaires, la révolution sociale peut aussi nous sauver des risques guerriers du capitalisme. N’oublions pas que ce sont les révolutions, russe (1917) et allemande (1918), qui ont obligé les classes possédantes d’arrêter la première guerre mondiale. N’oublions pas que c’est la crainte des révolutions sociales à la fin de la deuxième guerre mondiale qui ont amené les puissances occidentales alliées à bombarder massivement les quartiers populaires des grandes villes des pays vaincus, Allemagne, Japon mais aussi la France. Il est très probable d’ailleurs que les classes possédantes n’attendent pas que le système s’effondre économiquement dans un krach financier produisant une perte massive de confiance dans les banques et les bourses, pour déclencher une guerre mondiale et terroriser ainsi tous les peuples. C’est cette échéance que les gouvernants préparent déjà en évoquant des guerres aux quatre coins de la planète et des interventions armées contre la Corée du nord, le Venezuela, la Chine, la Russie et bien d’autres pays. Ils habituent ainsi les peuples à cette idée, ce qui leur permet déjà de susciter de nouvelles craintes et de détourner les travailleurs de la conscience de classe : en faisant croire que le monde capitaliste occidental ne craint que le régime nord-coréen, russe ou vénézuélien, qu’il ne craint que l’entrée en masse des migrants, qu’il ne craint que les bandes terroristes, on fait croire qu’il ne craint nullement les risques révolutionnaires que représentent une classe travailleuse qui n’est pas cassée, qui n’est pas terrorisée, qui n’est pas moralement détruite.

Bien des travailleurs, persuadés que leur classe, qui a bien du mal à se défendre contre les attaques antisociales des gouvernants et des patrons, ne serait plus une force sociale menaçante pour les possédants. Mais ces derniers ne le pensent pas ! C’est même la seule explication possible des politiques menées par les classes dirigeantes ces dernières années, la seule explication possible de leur choix, en 2008, de retarder l’effondrement inévitable en injectant des masses d’argent colossales alors que la crise elle-même provenait d’un trop-plein de capitaux sur les marchés par rapport aux investissements productifs rentables, en somme d’une suraccumulation du capital. C’est la seule explication du choix des gouvernants de soutenir le terrorisme, de provoquer une véritable crise des migrants en bombardant massivement les populations civiles de pays entiers. C’est la seule explication de leur destruction massive des démocraties dans le monde. Ils craignent les exploités mais ils se gardent bien que ces derniers en prennent conscience.

Certes, il y a de bons esprits qui s’estiment certains que les gouvernants ne pourraient pas être assez irresponsables pour déclencher un conflit d’ampleur international, en particulier entre grandes puissances impérialistes, dans un monde où les armes nucléaires sont largement diffusées. Le passé a montré que les classes possédantes capitalistes sont bien trop responsables pour ne pas être prêtes aux pires exactions fascistes, génocidaires, et destructrices au cas où leur système, en panne, est menacé par la révolution sociale. Le passé a montré qu’alors les classes possédantes ne s’arrêtent devant aucune sorte de violence destructrice pour les peuples. S’il en était besoin, les horreurs de l’Ukraine, de la Syrie, de Gaza, du Yémen et de l’Irak nous démontrent que cela reste vrai actuellement.

Ce n’est pas sur la conscience humanitaire des classes possédantes que nous devons compter pour nous éviter les horreurs des fascismes et des guerres, y compris des guerres mondiales. C’est à nous, travailleurs, de prendre conscience de notre propre responsabilité collective devant les menaces pour l’avenir de l’humanité que représenterait le maintien au pouvoir des Etats capitalistes prêts à nous lancer tous dans « le sang et la fureur » dont Trump menace la Corée du Nord, l’Iran, le Venezuela ou la Russie, et en fait le monde entier.

Il est vital pour nous, travailleurs, de renouer avec la lutte des classes et, tout d’abord, de réactiver notre organisation sur la base des entreprises, des quartiers et de tous les lieux et transports publics, non seulement afin de défendre nos emplois, nos salaires, nos conditions de travail, nos services publics, notre santé, nos écoles, nos logements, mais aussi pour défendre nos vies contre ceux qui les menacent. Contrairement à ce qu’on nous dit tous les jours, nos vies ne sont pas menacées seulement par les assassins terroristes, par les dictateurs du tiers monde, par les bandes fascistes, mais aussi par les Etats capitalistes qui ont déclenché une guerre « intérieure et extérieure », pour reprendre les termes de Valls-Hollande, guerre qui les amène, disent-ils, à interdire les manifestations ouvrières, les grèves, les contestations sociales et à s’attaquer aux militants socialement engagés qu’ils assimilent à des « éléments radicalisés », c’est-à-dire à des terroristes.

Défendre nos vies et celles de nos familles, cela nécessite désormais que nous décidions enfin que nous, travailleurs, devons décider de notre politique, que nous avons besoin de nous assembler partout pour en discuter, pour envisager toutes les éventualités si les classes dirigeantes déclenchent de nouvelles attaques contre nous. Le capitalisme a atteint ses limites et aucun sacrifice que nous accepterons n’y pourra rien. Mais, si le grand capital lui-même étouffe dans le cadre étroit de la propriété privée des moyens de production, nous le peuple travailleur du monde n’y étouffons pas moins, nous auquel il impose un chômage permanent massif, des conditions de travail qui se dégradent et une réduction massive du niveau social. Si les capitalistes ne sont plus capables de faire fonctionner leur système, il est inutile de croire les bobards des politiciens réformistes ou des syndicalistes réformistes qui prétendent disposer de solutions pour le faire mieux fonctionner.

Pour ne pas faire un bond en arrière vers l’abime, il va nous falloir faire un grand bond en avant et plus tôt nous nous y préparerons, moins la lutte sera couteuse et douloureuse.

Ne croyons jamais nos adversaires : nous sommes, au jour d’aujourd’hui, la classe exploitée la plus potentiellement puissante de toute l’Histoire et nous existons partout sur toute la planète, concentrés dans les plus grands centres du monde, là où se produit l’essentiel des richesses et là où se situent tous les centres du pouvoir économique et politique. Rajoutons-y notre conscience de la situation mondiale et nous serons les exploités les plus armés de toute l’Histoire afin de permettre à l’humanité de se sortir de l’exploitation et des guerres.

Seule la révolution sociale, en ôtant le pouvoir aux classes possédantes, peut nous sauver du bain de sang atroce qu’elles nous préparent. Si tu veux la paix, prépare la révolution.

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