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Editorial du Groupe International de la Gauche Communiste (Révolution ou Guerre)

mercredi 7 février 2018, par Robert Paris

Premières escarmouches des confrontations massives entre les classes

Aussi faible et limitée puisse-t-elle apparaître à
première vue, la dynamique internationale des luttes
ouvrières se poursuit sur tous les continents. Sans être
exhaustive, il est intéressant de faire une liste rapide de
certaines d’entre elles afin d’en dégager une vision et
une compréhension générale. Les travailleurs grecs ont
fait grève massivement contre l’imposition par Syriza
du projet de loi d’austérité issu de l’Union Européenne.
De même en Tunisie les manifestations contre le
chômage et l’austérité se sont propagées à travers le
pays tout au long du mois de janvier. Les masses
ouvrières n’ont pas oublié que des manifestations
pareilles ont abouti au renversement du président
tunisien Ben Ali. En Iran des manifestations ont éclaté
dans tout le pays fin décembre contre le chômage et les
mesures d’austérité. Il y eut 3500 arrestations et trois
morts. Il en fut de même dans de nombreux pays, en
Inde, au Soudan jusqu’au Kurdistan irakien… En
décembre, des milliers de manifestants se sont affrontés
contre la police autour du parlement argentin à Buenos-
Aires pour empêcher l’adoption d’une nouvelle
“ réforme ” contre les retraites. En janvier, en Corée les
travailleurs des voitures Hyundai rejetèrent l’accord
signé entre la direction et le syndicat et partirent en
grève sauvage. Il en fut de même dans des mines d’or
d’Afrique du Sud. À l’annonce des suppressions
d’emplois chez Carrefour, 28 hypermarchés de Belgique
se sont mis en grève sans
préavis le 26 janvier.

En apparence moins
spectaculaire et sans nul
doute complètement
contrôlées et maîtrisées par
les syndicats, les grèves
tournantes lancées par le
syndicat IG Metall dans la
métallurgie allemande sont à
la fois très significatives des
forces et faiblesses du
prolétariat aujourd’hui et de
sa dynamique de résistance
au capital. Après les grèves
importantes et nombreuses
de ces dernières années dans les transports, trains et
aviation, le fait que l’IG Metall soit obligé de lancer un
mouvement avec une revendication en apparence si
“ radicale ” (semaine de 28 heures) exprime que les
syndicats sont aujourd’hui contraints, y compris en
Allemagne, d’occuper le terrain “ social ” pour faire face
au mécontentement et étouffer dans l’oeuf toute lutte
réelle contre le capital et la bourgeoisie.

Finalement, les patrons du secteur ont signé avec l’IG Metall un
accord pour 28 heures sans compensation salariale : en fait,
temps partiel et flexibilité accrue (6 février).

Comme nous l’écrivions dans le R ou G#8 dans « une
puissance impérialiste comme la France il y a
quotidiennement plus 270 grèves impliquant des
dizaines de milliers de prolétaires… et c’est le cas de
toutes les grandes puissances impérialistes avec 150 à
300 grèves quotidiennes allant de quelques prolétaires
à plusieurs milliers ». Certes la plupart de ces grèves
sont étroitement contrôlées par les syndicats mais elles
montrent quand même que la classe ouvrière n’est pas
prête à se soumettre aux attaques des capitalistes et de
leur État contre leurs conditions de vie et de travail.
Cela révèle la tendance historique à des confrontations
massives entre les classes ce qui ne veut pas dire que
cela nous mène vers une victoire inéluctable du
prolétariat. En effet, la combativité ouvrière seule ne
suffira pas si elle ne s’accompagne pas d’une volonté
politique pour déjouer les pièges syndicaux et des partis
de gauche bourgeois et préparer l’affrontement massif à
l’État capitaliste. Combativité ouvrière et conscience de
classe sont indispensables. L’absence d’un parti
internationaliste et international est un des facteurs qui
risque d’affaiblir considérablement le prolétariat et peut
empêcher sa victoire.

Ces luttes freinent les mesures d’austérité, retardent la
guerre mondiale entre des blocs impérialistes. Par
contre, ce serait une erreur de penser que les luttes
actuelles n’ont qu’un
caractère économique.
Chaque jour, lors de chaque
lutte, des prolétaires prennent
conscience de la limite de leur
combat, du sabotage des
syndicats et des partis de
gauche qui empêchent une
lutte frontale contre les États
capitalistes. L’abstention des
prolétaires de Catalogne lors
du référendum, les grèves
ratées des nationalistes
catalans qui n’ont pas rallié la
majorité des prolétaires de
même que l’absence d’appui à
la bourgeoisie espagnole sont
des faits qui montrent que le prolétariat n’est pas prêt à
s’engager dans un des deux camps nationalistes pour
défendre sa bourgeoisie. Rappelons aussi la grève de
Telefónica en 2015. Les prolétaires ont vu une alliance
entre direction et syndicats collaborationnistes qui
voulait tout bonnement en finir avec l’organisation
indépendante qu’ils s’étaient donnée et à travers
laquelle ils luttaient pour leurs revendications, en
contraste avec la politique de concessions dont les
syndicats sont coutumiers.

Ces luttes retardent les décisions des blocs impérialistes vers une guerre mondiale. Ces puissances impérialistes
doivent « se contenter » de guerres locales pour
défendre leurs intérêts. Ces guerres locales et les
mesures d’austérité sont de vaines tentatives d’un
système capitaliste en complète décadence pour atténuer
les effets de la crise de 2008. Crise qui a, non seulement
des effets économiques désastreux, mais qui force les
bourgeoisies nationales à se réorienter politiquement
comme au Royaume-Uni avec le Brexit, en France avec
Macron, aux USA avec Trump et dans plusieurs pays de
l’ancienne Europe de l’Est.

Cette situation a aussi des effets chez les éléments du
prolétariat. Elle favorise l’apparition de nouvelles voix
communistes dans le monde. Nous saluons donc
Workers’ Offensive aux USA et Nuevo Curso en
Espagne.

Dans son premier numéro d’octobre 2017
(Intransigence #1), Workers’ Offensive écrit : « à la
lumière de l’état de pourriture de la société actuelle et
de l’urgence de la menace qu’elle représente, la
première tâche de ceux d’entre nous qui se considèrent
eux-mêmes comme “ militants ” ne peut être que de se
regrouper autour d’un ensemble de principes
fondamentaux pour se constituer en une organisation
politique capable de participer aux luttes de la classe.
Une telle organisation aurait aussi pour tâche de
préparer les moyens matériels et organisationnels de la
lutte, d’engager une évaluation théorique du système
pour mieux le combattre, et de mettre en avant dans
chaque situation les intérêts des ouvriers contre ceux de
leurs exploiteurs. Elle adoptera une position sans
compromis contre toute faction de la classe exploiteuse,
sans exclure ses fantassins de “ gauche ” en les
dénonçant aux yeux des ouvriers et en leur démontrant
comment ils s’associent à l’ennemi et sabotent leurs
luttes ».

Quant à Nuevo Curso, en quatre mois, grâce à son
activité et son dynamisme, il s’inscrit à sa manière, avec
une démarche originale, mais aussi active, ouverte et
non sectaire, dans le combat qui consiste à regrouper et
focaliser l’ensemble des forces révolutionnaires autour
des positions et des débats de la Gauche communiste et
de ses expressions matérielles, groupes et cercles
politiques.

Les écrits suivant de Rosa Luxemburg dans Grève de
masse sont toujours d’une brûlante actualité :
« La social-démocratie [les groupes communistes
d’aujourd’hui] est l’avant-garde la plus éclairée et la
plus consciente du prolétariat. Elle ne peut ni ne doit
attendre avec fatalisme, les bras croisés, que se
produise une “ situation révolutionnaire ” ni que le
mouvement populaire spontané tombe du ciel. Au
contraire, elle a le devoir comme toujours de devancer
le cours des choses, de chercher à le précipiter. Elle n’y
parviendra pas en donnant au hasard à n’importe quel
moment, opportun ou non, le mot d’ordre de grève, mais
bien plutôt en faisant comprendre aux couches les plus
larges du prolétariat que la venue d’une telle période
est inévitable, en leur expliquant les conditions sociales
internes qui y mènent ainsi que ses conséquences
politiques. Pour entraîner les couches les plus larges du
prolétariat dans une action politique de la social-démocratie,
et inversement pour que la social-démocratie
puisse prendre et garder la direction
véritable d’un mouvement de masse, et être à la tête de
tout le mouvement au sens politique du terme, il faut
qu’elle sache en toute clarté et avec résolution, fournir
au prolétariat allemand pour la période des luttes à
venir, une tactique et des objectifs. »
Les révolutionnaires et les ouvriers les plus conscients
ne peuvent esquiver leur responsabilité : regarder en
face les enjeux de la situation ; se regrouper pour les
clarifier collectivement ; pour clamer et convaincre
qu’il n’y aucun échappatoire à la crise et à la guerre du
capital si celui-ci n’est pas détruit ; pour pouvoir
intervenir et orienter politiquement les inévitables
combats de classe.

Normand, 3 février 2018.

GIGC

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