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Comment allons-nous comprendre le fonctionnement du cerveau ?

dimanche 30 septembre 2018, par Robert Paris

Comment allons-nous comprendre le fonctionnement du cerveau ?

Le cerveau reste un grand inconnu dans la physiologie et la psychologie humaines et même l’un des plus grands de toutes les questions scientifiques non résolues.

Cet organe principal de l’être humain a été examiné sous toutes les coutures depuis des décennies et pourtant on peut dire que ses secrets essentiels de fonctionnement restent bien gardés. On ne sait même pas d’où viendront les révélations nouvelles, de quelles disciplines, de quelles observations, de quelles méthodes, de quel type de recherche. On est tout à fait dans le noir de ce côté-là.

Est-ce que cela proviendra de la compréhension des transmissions électriques ou chimiques inter-neuronales, de l’étude de la structure des neurones, la visualisation des zones activées du cerveau, de la compréhension du tissus qui couvre l’ensemble du cerveau, de la génétique ou l’épigénétique du développement du cerveau, de la modélisation informatique des liaisons du cerveau, de l’étude des comportements des singes, de la comparaison des cerveaux de l’homo sapiens et des autres hominidés ?

Essayons de rappeler ce que nous savons de fondamental ainsi que ce qui nous semble manquer dans notre compréhension du fonctionnement cérébral…

Nous savons que le cerveau d’un être humain est un outil indispensable et que l’être humain meurt s’il est séparé du cerveau. Nous savons donc qu’il y a une unité corps-cerveau qui est produite au cours du développement de l’embryon. Pas d’explication du cerveau qui soit séparée de celle de la construction du corps. Les deux se sont constitués simultanément en liaison l’un avec l’autre. Aucune partie du corps n’est séparée du cerveau. Toutes les parties du corps sont nées en même temps que des parties du cerveau et réciproquement.

Nous savons non seulement que l’ensemble corps/cerveau est un tout mais également que le cerveau lui-même est un tout, ce qui signifie qu’il y a des zones spécifiques, des hémisphères, des particularités de chacune des couches en oignon, des particularités des trois parties successives emboitées du cerveau qui semblent représenter des étapes de l’évolution, mais que toutes ces subdivisions ne signifient nullement des parties avec des séparations étanches, indépendantes les unes des autres. Quand une zone d’un hémisphère est vouée à une activité, elle utilise d’autres zones du cerveau pour être activée, pour fonctionner. Quand un hémisphère cérébral est particulièrement dédié à une fonction ou à une capacité, cela ne veut pas dire que l’autre hémisphère n’est pas concerné par cette fonction ou cette capacité. Tout est connecté. Le cerveau est un ensemble interconnecté, interdépendant, un tout inséparable.

Nous savons bien sûr que l’unité de base des messages qui circulent dans le cerveau est le neurone et cependant nous savons aussi que le réductionnisme du neurone ne fonctionne pas, et pas davantage le réductionnisme du réseau neuronal, ni celui de la carte de relations inter-neuronales, ni encore le message électrique seul (puisqu’existe également le message chimique échangé par les synapses).

Nous ne savons pas lire les messages électriques des neurones et pas davantage les messages chimiques. Nous avons certes distingués divers rythmes de ces messages mais nous ne savons pas comment le cerveau les décrypte et aucune étude du cerveau n’est parvenue à nous répondre sur ce point.

L’image du cerveau découpé en zones n’a pas davantage résolu le problème que celle du cerveau-ordinateur, ou que celle du cerveau émetteur-récepteur de messages électriques, ou encore celle des cartes de relations inter-réseaux neuronales, et on en passe des hypothèses de fonctionnement cérébral qui ont été successivement abandonnées…

On est contraints de reconnaitre que le cerveau existe avec des niveaux d’organisation de structures multiples, intégrés, interactifs, interdépendants et pas avec un seul niveau fondamental. Le cerveau n’est ni tout neurone, ni tout réseau de neurones, ni tout carte neuronale, ni tout synapse, ni tout zone cérébrale, ni tout couche cérébrale, ni tout hémisphère cérébral. Ces niveaux sont tous fondamentaux en un sens et le sont en même temps. Et ces niveaux de structure sont également reliés au niveau global. Le cerveau est lui-même une unité, un niveau. Mais ce n’est pas non plus un niveau qui commande tout. Personne ne commande l’ensemble. Un hémisphère est le plus souvent dominant mais pas toujours. Un hémisphère a un rôle fondamental dans telle ou telle fonction, dans telle ou telle capacité, mais pas tout le temps ni tout seul.

Toutes les actions, toutes les voies de celles-ci, toutes les méthodes d’action sont doublées, triplées, etc., le cerveau passant par plusieurs chemins pour faire la même chose ou à peu près. Le mécanisme n’agit pas du tout à l’économie de moyens. Tout ce qui peut fonctionner, en étant nourri, en recevant de l’énergie, vivra et fonctionnera : voilà le seul principe de construction et de fonctionnement.

L’électricité qui parcourt les circuits neuronaux les nourrit, envoie aux neurones, ces cellules vivantes, de l’énergie, des moyens de subsistance et des messages de survie qui permettent à la cellule nerveuse de ne pas s’auto-détruire par apoptose (ou suicide cellulaire).

La capacité du corps humain de se bâtir un cerveau, tout en bâtissant un corps a été explicitée justement par l’apoptose. En effet, ce qu’Ameisen appelle « la sculpture du corps par suicide cellulaire » est le mode de construction fondamental du cerveau. En effet, la formation des liaisons neuronales n’est nullement programmée génétiquement. Elle se constitue progressivement dans l’embryon au cours du développement de l’individu.

Les cellules nerveuses et leurs liaisons naissent et se développent dans un grand désordre et la plupart d’entre elles vont très rapidement disparaître dans l’embryon parce qu’elles ne contribuent pas à relier le cerveau au corps. C’est cette liaison qui va construire le plan du cerveau. Ce plan n’est pas inscrit dans les gènes, dans l’ADN, ni dans aucun niveau de structure préexistante au processus de fabrication de l’individu. Le cerveau est reconstruit pour chaque individu !

La formation du cerveau humain est un processus auto-organisé et le fonctionnement de celui-ci est un pilotage des lois du chaos déterministe !!!

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