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La dégradation de l’hôpital public en France est organisée... par en haut

vendredi 19 octobre 2018, par Robert Paris

Ils entretiennent… le mal !

Désormais, les arrêts-maladie sont encadrés et c’est bien le terme puisque c’est la cadre qui, au retour d’arrêt de l’agent, impose un « entretien », non pour s’inquiéter de sa santé, mais pour « évoquer » les motifs de l’arrêt et donc exercer une pression contre. Ils sèment ainsi la suspicion contre les personnels malades et les accusent des trous dans les effectifs, trous qu’ils organisent systématiquement en supprimant sans cesse des effectifs et en ne remplaçant pas les partants. Rappelons que les motifs des arrêts maladie sont, comme la maladie elle-même, du domaine confidentiel, et ces cadres frisent avec l’illégalité. Et, loin de nous soigner, ces pressions font partie des causes de maladie des agents !

APC = Action Pour Casser… l’hôpital public

L’APC, ou adaptation personnel capacitaire, est mise en place à l’APHP, ce qui signifie des suppressions massives d’emplois d’aides soignantes. Pour un nombre de lits donné, on ne dispose plus que d’une infirmière et une AS pour le jour. De nuit, à partir de 24 lits, on retire l’AS ! A Saint Antoine, les suppressions ont lieu l’après-midi et le week-end. A Tenon, c’est carrément 17 aides-soignantes dont les postes sont supprimés. A Cochin, cela a déjà été mis en place en médecine interne, rhumato, cardio… Des protestations s’organisent et la « réforme » ne passe pas comme une lettre à la poste !

Le suivi des risques qu’ils causent !

Les directions hospitalières organisent le « suivi des risques psycho-sociaux » ! Ce qu’on appelle « risques », ce n’est rien d’autre que les conditions exécrables de travail organisées par ces directions… Un peu comme si les criminels organisaient « le suivi » des victimes et de leurs familles, les voleurs des volés ou les terroristes faisaient le suivi des personnes ayant subi ce terrorisme !

Départs volontaires ou poussés ?

Tout en se plaignant des manques d’effectifs, l’hôpital lui-même pousse à la baisse d’effectifs. Y’a de la pub, pour les indemnités de départ volontaires. Dans certains hôpitaux, les cadres font même pression sur certains personnels pour les pousser au départ ! Et elles sont bien vues de la direction si elles y parviennent ! Il s’agit de départs définitifs de l’APHP et avec lesquels un poste qui disparait n’est pas compensé par une ouverture dans un autre secteur. Cela facilite la fermeture de certains services. Et ensuite, les directions se plaignent du manque de personnel et même nous en accusent !

Comme des déesses hindoues ?

A l’hôpital Tenon, au bâtiment Gabriel, ils ont inventé l’AS à mille bras. Pour la même personne, il faudrait qu’on soit en même temps sur 3 postes différents et sur 2 étages. L’AS qui sait compter sur deux bras seulement, sait aussi que ce poste n’est pas pour elle !!!

La direction accouche de curieuses rotations

En Maternité de Tenon, la direction organise des pressions à l’embauche des jeunes collègues pour leur imposer de tourner, de jour comme de nuit, et sur tous les horaires. Histoire de bien convaincre les nouveaux que l’hôpital se moque de la santé… des malades comme des personnels. Autant le savoir dès l’embauche !

Privé-public des vases communicants à sens unique

Désormais, l’hôpital public ne prendra plus en charge les maladies chroniques. C’est donc un départ du public vers un privé déguisé en Centre de santé ! Tous les moyens sont bons pour que les responsables du service public organisent eux-mêmes sa privatisation, à l’hôpital comme dans les transports, l’énergie, la recherche, les communications ou l’enseignement.

On s’y épuise vite !

En Oncologie, à Tenon, sur 3 ans, il y a eu 15 départs d’infirmières. La moyenne de l’ancienneté dans le service est de deux ans. C’est dire si les infirmières apprécient les conditions de travail !

Femmes en danger de mort

En France, chaque année, 225000 femmes sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commis par leur actuel ou ancien partenaire. 123 femmes ont été tuées en 2016. Le nombre de signalements a progressé de 22% depuis le début de l’année. Ces chiffres n’ont cessé d’augmenter d’année en année, témoignant de la dégradation sociale dans tous les domaines avec la crise du capitalisme. Tous les trois jours, en France, une femme meurt sous les coups de son conjoint. Pour dénoncer cette situation, l’actrice Les femmes ne sont pas protégées par l’Etat et ses forces de répression ! Les discours hypocrites des gouvernants n’y changent rien. Muriel Robin avait appelé à des rassemblements qui ont été suivis partout en France !

Ils soignent leurs profits

Les scandales du médicament se multiplient en France : Lévothyrox, Médiator, Distilbène, Vioxx, Diane 35, Dépakine, implants Essure, Valsartan, Androcur, scandale de Thiotepa périmés, Cytotec-Misoprostol, Uvestérol D, etc. Et tous ces médicaments ont un ingrédient commun : la recherche du profit aux dépens du malade avec la complicité des pouvoirs publics !!

François 1er, ennemi des femmes et des enfants

Après, en juin, avoir comparé l’IVG en cas de handicap du fœtus à un eugénisme en gants blancs, tel celui pratiqué par les nazis, le pape l’a assimilé au recours à un tueur à gages dans son homélie place Saint-Pierre. Le pape a déclaré : « Interrompre une grossesse c’est comme éliminer quelqu’un. C’est faire appel à un tueur à gages pour supprimer quelqu’un de gênant. » Il a affirmé que l’IVG n’est « pas mieux que les crimes de l’eugénisme des nazis » !!! Son but n’est pas seulement de viser les familles catholiques mais d’exercer une pression contre les personnels de santé qui pratiquent les IVG et ceux qui les côtoient !!! Pas gêné ce défenseur des enfants « à naître », lui qui est à la tête d’une congrégation de voleurs d’enfants (Espagne, Irlande, Chili, Argentine, Canada, Inde et Australie) et de violeurs d’enfants (dans le monde entier) !!!

L’hôpital privatise !

Le gouvernement et les directions des hôpitaux montrent bien leur volonté de privatiser l’hôpital public, comme pour tout les autres services publics. Un exemple, à Saint Antoine, un nouveau pan de l’hôpital sera ainsi transféré au privé. C’est le service central de courses qui s’occupe de tracter et de distribuer différentes choses comme les chariots repas, de matériel, de produits etc..... Cela va de soi que c’est fait avec la suppression de postes à la clé. A qui le tour ? Est-ce au service du bio nettoyage ? Puisque l’entretien des parties communes de l’hôpital est déjà aux mains du privé !

Les chefs du service public cultivent le privé

On se souvient du coup de gueule du professeur Peyromaure, en octobre 2016, « L’hôpital oublie les malades… Il se passe à Cochin ce qui se passe, à mon avis, dans tous les hôpitaux de l’Assistance publique (AP). Une dérive administrative et une inertie dans les schémas décisionnels nous éloignent de notre mission première, à savoir le soin des patients. ». Maintenant, il affirme : « Arrêtons de fonctionnariser la médecine », comme si la médecine privée allait nous sauver !

Le danger fasciste… à nouveau

C’est dans le monde entier que l’extrême droite accède un peu partout au pouvoir, de l’Italie à l’Europe de l’Est, de la Hongrie à l’Ukraine, de l’Inde à l’Autriche, des USA au Japon, de la Turquie à l’Arabie saoudite, du Québec à Israël et peut-être demain le Brésil ou l’Allemagne et même la France !!! Et ce n’est pas un hasard. Ce n’est pas l’opinion publique de tel ou tel pays, ce n’est pas le dégoût de tel ou tel homme politique, qui fait l’histoire, ce n’est des mouvements de l’opinion publique qui font que la démocratie bourgeoise bascule à l’extrême droite, ce sont les classes possédantes qui y poussent ! Et il faut comprendre pourquoi elles ont intérêt à donner une issue violente à la crise historique de leur système !

Rejet des « élites », des partis politiques traditionnels, des médias, de la démocratie représentative. Déclassement, replis identitaires, inégalités. Protectionnisme, nationalisme, autoritarisme, racisme, guerre. Terrorisme et anti-terrorisme. Développement général de la peur. Casse de tout repère collectif et social. Et à la base de tout cela, une crise historique du système économique capitaliste qui, ayant atteint ses limites, en capacités d’absorber la masse de la plus-value sous forme d’investissements productifs, menace de basculer violemment.

Certains se contentent d’y voir une réaction épidermique des peuples contre la crise et contre les politiques des institutions internationales. Les extrêmes droites elles-mêmes l’appellent « réaction identitaire des nations contre la mondialisation », « révolte des peuples contre les élites » ou « colère anti-système » et il est de fait que cette réaction s’appuie sur des réflexes identitaires, nationalistes, protectionnistes, hostiles aux étrangers, hostiles aux migrants, prétendant tout expliquer de la crise mondiale par des attaques étrangères, économiques comme terroristes ou visant à imposer d’autres modèles culturels ou de mœurs que ceux admis traditionnellement dans chaque région du monde. En ce sens, les extrêmes droites anti-musulmanes convergent clairement avec les extrêmes droites qui se servent de l’intégrisme se prétendant fondé sur l’islam, car elles sont portées par les mêmes types de rejets identitaires, nationalistes, violents et xénophobes, la même haine des cultures étrangères, la même haine des autres peuples, la même violence contre les nouvelles mœurs dites libérales (envers la liberté des femmes, envers les homosexuels, envers les autres cultures, envers les jeunes, etc.) et bizarrement parfois les mêmes références aux mêmes types de critères moraux issus des religions et des traditionalismes.

La racine de cette vague brune mondiale est elle aussi mondiale. C’était aussi la racine des autres mouvements à l’extrême droite de l’histoire, de Hitler à Mussolini, de Franco à Pétain : c’est la crise du système économique capitaliste. Car ce système a franchi les frontières, sans respecter les particularismes, les traditions, les mœurs, les cultures, les histoires locales ou régionales et que sa crise, qu’elle démarre ici ou là, gagne irrémédiablement le monde entier.

L’histoire du capitalisme nous a donné trois vagues mondiales de fascisme : celle liée à la crise économique de la fin des années 1900 et à la première guerre mondiale ainsi qu’à la vague révolutionnaire qui l’a suivie (qui ont produit la terreur blanche en Russie, en Finlande, en Ukraine, en Pologne, dans les territoires baltes, en Hongrie, en Bulgarie, en Italie, etc.), celle liée à la crise économique de 1929 (qui a produit le fascisme allemand, espagnol, français…) et maintenant celle que nous sommes en train de vivre et qui a débuté dans les pays du monde arabe, la crise mondiale y ayant fait sauter le maillon le plus faible du capitalisme : la bourgeoisie arabe et ses Etats et les bourgeoisies, et ces dernières faisant appel une fois de plus au fascisme contre les risques révolutionnaires. Les bandes armées qui se sont mises à pulluler dans le monde arabe ont cette origine contre-révolutionnaire qui est commune à tous les mouvements fascistes du monde.

Eh oui, c’est face aux risques révolutionnaires, causés par la crise économique du système capitaliste, que les fascismes se sont développés et ont pris le pouvoir, menant à des changements radicaux : dictature sociale et politique, arrestations et assassinats, suppression de la démocratie bourgeoise, écrasement du mouvement ouvrier, violences de masse…

L’effondrement économique de 2007-2008 va-t-il produire les mêmes effets qu’en 1914, qu’en 1929 ? Tant qu’il n’y aura pas, dans la classe ouvrière, un courant révolutionnaire clair, qui développe la perspective de sortie du capitalisme, face à tous les courants ultranationalistes qui montent, la seule radicalisation qui s’exprimera sera à l’extrême droite et la barbarie ne fera que grandir.

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