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La situation mondiale actuelle peut-elle être comparée à celle des années trente

mercredi 14 novembre 2018, par Robert Paris

La situation mondiale actuelle peut-elle être comparée à celle des années trente, et peut-elle mener à une guerre généralisée, demande Olivier, de la Gauche Communiste

Olivier nous écrit :

« Bonjour camarades et amis, Comme il est demandé par certains dans des mails, il serait intéressant d’élargir la question du durcissement des États bourgeois et de réfléchir autour d’une comparaison entre 1930 (Macron ou d’autres individus de la bourgeoisie commencent à y faire référence, nous l’avions fait bien avant ces messieurs !) et aujourd’hui. Si l’on fait une comparaison, pour nous, il s’agit de la regarder vis à vis de la classe ouvrière au niveau international. Ce qui m’amène à la conclusion que si les phénomènes actuels ressemblent à ceux des années 30 (crise économique majeure du capitalisme, mesures de protection économique - USA de Trump - amenant à la guerre économique, tensions guerrières entre les grands puissances impérialistes, durcissement des États, etc...), la guerre généralisée n’est pas aujourd’hui à l’ordre du jour. Je dis bien guerre généralisée, car le capitalisme connait la guerre perpétuelle dans sa phase impérialiste. »

Bien entendu, pas d’illusion sur les raisons d’un Macron, celles des capitalistes bien entendu, de se présenter en sauveur, de brandir la menace du fascisme et de la guerre, dans l’intention de faire reculer les peuples devant la peur du lendemain et il peut espérer ainsi les tétaniser et les pousser à se raccrocher à l’Etat bourgeois soi-disant démocratique et antifasciste alors qu’il mène une politique la plus fascisante depuis longtemps, et soi-disant pacifique même s’il mène plus de guerres que jamais aux quatre coins de la planète.

Par contre, les prolétaires peuvent légitimement se demander s’ils sont à nouveau menacés d’une vague mondiale de dictatures, de fascismes, de guerres allant jusqu’à la guerre mondiale ou si le capitalisme va s’en tenir à des guerres régionales qu’il n’a cessé de mener depuis la deuxième guerre mondiale. Quelle raison aurait-il d’aller au-delà et de lancer le monde dans une guerre généralisée, en particulier dans une guerre entre USA et alliés d’un côté, Chine et Russie et alliés de l’autre ?

La tendance à la multiplication et à l’élargissement des guerres, la tendance à développer des pouvoirs d’Etat de plus en plus dictatoriaux comme la Turquie, l’Egypte, le Brésil ou la Russie et la Chine, la tendance à développer des mouvements fascistes et des gouvernements fascisants, tout cela existe déjà et s’aggrave de jour en jour, à vue d’œil.

Pour ne pas rester en surface des choses, ne pas s’en tenir aux apparences, il faut analyser la crise de la domination capitaliste et d’abord la signification de la nouvelle crise économique du système, crise débutée dans les années 2000, ayant atteint un sommet en 2007-2008 et incapable d’en sortir depuis malgré des injections folles de capitaux publics qui n’ont pu qu’augmenter la taille du problème, des dettes mondiales, de la profitabilité des spéculations par rapport à l’investissement productif, de l’instabilité et de l’opacité généralisée.

Jamais la crise de 1929, même aux pires moments, n’a représenté une menace d’effondrement généralisé, toutes les places financières étant menacées en même temps par une chute définitive comme en 2008. Jamais, après la crise de 1929, les gouvernants n’ont été contraints d’imposer mondialement le sauvetage de toutes les banques, de tous les trusts, de toutes les assurances, de toutes les bourses, de tous les financiers, pour peu qu’ils aient une taille critique. Jamais les gouvernants n’ont eu à s’engager à sauver tout capitaliste de grande taille menacé de faire faillite.

La crise n’est pas seulement d’une grande ampleur. Elle a un caractère absolument nouveau. Et les choix qui ont été faits en 2008 par les classes possédantes du monde sont tout à faits nouveaux…

Jamais, au cours des multiples crises du capitalisme, le système n’a été menacé par son propre succès, par la quantité de capitaux accumulés beaucoup plus grande que ses capacités d’investissements productifs au point que cela devienne une suraccumulation permanente et non conjoncturelle. Jamais n’était devenue permanente le désinvestissement productif privé. Jamais les dettes, privées et publique n’avaient en permanence atteint des niveaux record. Et tout cela à l’échelle mondiale simultanément.

On pourrait se dire que le système a cependant un argument qui joue en faveur de sa stabilité, et qui, s’il n’est pas économique, serait politique et social : la grande faiblesse du prolétariat. En effet, le discrédit de la perspective socialiste prolétarienne depuis la chute du stalinisme semble rester dans les consciences. Les forces du réformisme politique et syndical sont au plus bas. Les travailleurs, attaqués de toutes parts, réagissent difficilement. L’organisation des travailleurs dans les entreprises est aussi au plus bas, de même que les liens entre travailleurs, attaqués notamment par les divisions de toutes sortes montées par les classes possédantes.

Mais tout cela ne suffit pas à cacher une réalité : le prolétariat a atteint objectivement un développement mondial, a atteint tous les continents, et est la classe exploitée la plus développée de l’Histoire. Il n’est nullement passif, nullement inerte. Il tire des leçons, même si cela n’est pas apparent ni largement développé dans les média.

Si les travailleurs ont pu développer des offensives prolétariennes dans les années trente, notamment en Espagne, en Autriche et en France, elles ont été trahies par les forces staliniennes et réformistes qui possédaient alors un encadrement maximal de la classe ouvrière, alors qu’aujourd’hui l’encadrement syndical est le seul qui en reste et il est très diminué par le discrédit des bureaucraties syndicales.

Le monde capitaliste stable et durable est autant une illusion que l’univers matériel stable.

Le prolétariat a l’air endormi ou disparu mais c’est une illusion. Le volcan a l’air calmé, mais les éruptions reprennent parfois. Les continents ont une apparence paisible, qui n’empêche pas de temps en temps les tremblements de terre et les tsunamis. La matière semble inerte mais les noyaux radioactifs changent parfois ce calme en véritables explosions. Les étoiles luisent calmement dans l’obscurité mais peuvent se transformer en supernovae destructrices.

Le prolétariat mondial sort d’une période de calme relatif puisque le capitalisme était en voie d’atteindre ses plus grands succès. Il suffira que l’effondrement du système prenne tournure pour que la classe exploitée se charge elle-même de se rappeler au souvenir de ceux qui l’ont enterrée un peu vite… Y compris les révolutionnaires pessimistes et les extrêmes gauches opportunistes….

En tout cas, les classes possédantes, elles, n’ont pas ce type d’illusions et elles savent qu’il ne faudra pas attendre que les prolétaires s’organisent de manière révolutionnaires pour les frapper de manière sanglante. Ils l’ont fait en Afrique et en Orient par des guerres locales pour éviter des développements locaux des révolutions. Et, si la crise mondiale menace de la révolution sociale mondiale, ils sauront le faire aussi à l’échelle mondiale.

Donc, plus que jamais, bien plus qu’à la fin des années trente, on peut aisément prédire que les classes possédantes préparent une boucherie mondiale planétaire, dès qu’ils s’apercevront que le système économique va se fissurer de partout !

Ne nous faisons pas d’illusion : rien ne les arrêtera et surtout pas un quelconque sens de leurs responsabilités ni de l’échelle des crimes qu’ils pourraient ainsi commettre.

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« La catastrophique crise commerciale, industrielle, agraire et financière, la rupture des liens économiques, le déclin des forces productives de l’humanité, l’insupportable aggravation des contradictions de classe et des contradictions nationales marquent le crépuscule du capitalisme et confirment pleinement la caractérisation par Lénine de notre époque comme celle des guerres et des révolutions. »

Léon Trotsky, La guerre et la IVe Internationale, 1934

Messages

  • Résignons nous ! C’est la fin… du capitalisme !!!

    Plus d’exploitation, comme c’est dommage !!!

    Plus de cours de la bourse, on les regrettera !!!

    Fini le fric roi, on va le mettre au musée !!!

  • Transformer une lutte de classes en guerre est un grand classique de la contre-révolution des classes possédantes quand celles-ci sont menacées par la révolution sociale ou anticipent qu’avec des crises d’ampleur, elles vont en être menacées inévitablement de révolution prolétarienne. Le début d’un bain de sang généralisé est alors un moyen de détourner la colère et d’inhiber pour un moment la révolution. Quand il y a guerre, toute action sociale et politique critique est assimilée à une trahison et se traduit par des arrestations, des condamnations lourdes ou même des exécutions… La guerre est d’abord une arme contre la révolution, avant même d’être une arme contre des adversaires extérieurs.

    La guerre généralisée et la révolution sont deux perspectives qui sont totalement imbriquées depuis belle lurette. On l’a vu dans nombre de luttes prolétariennes mais cela s’est vu encore bien avant, dans les luttes de la bourgeoisie elle-même. Ainsi, la révolution française a été sans cesse un échange contradictoire et dialectique entre révolution et guerre. Sans cesse, les classes possédantes ont répondu à la révolution par la guerre et la guerre a cassé d’abord la révolution, avant d’en produire un renouveau. D’où la seconde vague de révolution en France et en Europe. Un autre exemple est celui de la Commune de Paris, produit d’une guerre qui visait à empêcher la révolution, et qui a fini par la provoquer. Il en a été de même encore pour la première guerre mondiale, décision criminelle des classes possédantes qui était motivée par le début d’une nouvelle crise mondiale en 1910 alors que le capitalisme avait eu un grand mal à se sortir de celle de 1876 et par les débuts de luttes ouvrières liées à la crise, par exemple en Allemagne ou en Russie. La guerre mondiale a cassé une montée révolutionnaire en 1914, mais elle a enclenché une nouvelle vague révolutionnaire mondiale en 1917-1918. En Russie même, guerre et révolution ont été complètement imbriqués comme révolution et contre-révolution. On peut même parler de vague fasciste dans la guerre civile qui a suivi la révolution d’Octobre. Ainsi, les armées blanches ont enclenché une terreur fasciste, notamment en Ukraine, en Finlande, etc.

    Car fascisme comme guerre sont des moyens bourgeois employés dans des périodes d’affrontement extrême ou d’anticipation de ceux-ci.

    Voir fascisme ou guerre d’un côté et révolution sociale de l’autre, comme deux périodes différentes et diamétralement opposées s’est s’interdire de comprendre que les situations s’échangent à grande vitesse, se renversent, se contredisent. Toute la guerre civile russe est pleine de tels renversements.

    Même la victoire de la guerre civile s’est renversée en son contraire, la classe ouvrière ayant vaincu en Russie mais étant mondialement isolée et trop épuisée pour garder assez de forces pour exercer elle-même le pouvoir. C’est la source de la contre-révolution stalinienne.

    Dans l’Allemagne aussi, le nazisme a été une réponse bourgeoise à la menace révolutionnaire et sa prise de pouvoir, sans combat grâce aux staliniens et aux sociaux-démocrates, n’avait pas suffi à assurer le musèlement durable du prolétariat. La guerre mondiale a achevé le travail contre la révolution prolétarienne.

    Il ne faut pas croire que les grandes puissances aient beaucoup de difficultés pour imposer une guerre mondiale. Car, une fois celle-ci déclenchée, il n’est plus possible que le pouvoir laisse des moyens d’informations critiques développer leur argumentation ni des militants contester la politique du pouvoir bourgeois. Sous menace de mort rapide, les peuples seront rapidement tétanisés et mobilisés de force.

    Bien sûr, la bourgeoisie n’emploiera la guerre mondiale que contrainte et forcée et la seule raison de fond qui peut la forcer c’est un effondrement économique mondial irrépressible…

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