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Pourquoi et comment les civilisations ont disparu brutalement et de manière étonnante
mercredi 17 avril 2019, par
Pourquoi et comment les civilisations ont disparu brutalement et de manière étonnante
On a souvent incriminé des guerres pour expliquer la chute des civilisations. On a plus récemment fait appel à des explications climatiques, écologiques, de réchauffement, de sécheresse, d’épuisement des ressources, de migrations de populations…
La situation que vit aujourd’hui l’humanité pourrait nous éclairer. Le système d’exploitation est arrivé à son terme et les problèmes guerriers ou écologiques ou migratoires ne sont pas la cause de sa chute mais une simple conséquence…
L’Histoire est un gigantesque empilement de ruines de vieilles civilisations qui se sont détruites elles-mêmes de l’intérieur (et pas qui ont été détruites par d’autres).
Claude Lévi-Strauss dans « Tristes tropiques » décrivait ainsi cet amoncèlement de civilisations disparues au pied des montagnes Cachemire, sur le site de Taxila, entre Rawalpindi et Peshawar, un déroulement de multiples civilisations ensuite englouties dont le seul récit fait déjà tourner la tête :
« Le site de Taxila, qui porta jadis le nom sanscrit de Takshasilà – la ville des tailleurs de pierres – occupe un double cirque profond d’une dizaine de kilomètres, formé par les vallées convergentes des rivières Haro et Tamra Nala : le Tiberio Potamos des anciens. Les deux vallées, et la crête qui les sépare, furent habitées par l’homme pendant dix ou douze siècles , sans interruption : depuis la fondation du plus ancien village exhumé qui date du VIe siècle avant notre ère, jusqu’à la destruction des monastères bouddhistes par les Huns blancs qui envahirent les royaumes kushan et gupta entre 500 et 600 après Jésus-Christ. En remontant les vallées, on descend le cours de l’histoire.
Bhir Mound, au pied de la crête médiane, est le site le plus vieux ; quelques kilomètres en amont, on trouve la ville de Sirkap qui connut sa splendeur sous les Parthes et, juste en dehors de l’enceinte, le temple zoroastrien de Jandial que visita Apollonius de Tyane ; plus loin encore, c’est la cité kushan de Sirsuk et tout autour, sur les hauteurs, les stupas et les monastères bouddhistes de Mohra Moradu, Jaulian, Dharmaràjikà, hérissés de statues en glaise jadis crue, mais que les incendies allumés par les Huns préservèrent par hasard en les cuisant.
Vers le Ve siècle avant notre ère, il y avait là un village qui fut incorporé à l’empire Achéménide et devint un centre universitaire. Dans sa marche vers Jumna, Alexandre s’arrêta pendant quelques semaines, en 326, à l’endroit même où sont aujourd’hui les ruines de Bhir Mound. Un siècle plus tard, les empereurs maurya règnent sur Taxila où Asoka – qui construisit le plus grand stupa – favorisa l’implantation du bouddhisme. L’empire maurya s’effondre à sa mort qui survient en 231, et les rois grecs de Bactriane le remplacent. Vers 80 avant notre ère, ce sont les Scythes qui s’installent, abandonnent à leur tour le terrain aux Parthes dont l’empire s’étend, vers 30 après Jésus-Christ, de Taxila à Doura Europos. On situe à ce moment la visite d’Apollonius. Mais, depuis deux siècles déjà, les populations kushan sont en marche, du nord-ouest de la Chine qu’elles quittent vers 170 avant Jésus-Christ jusqu’à la Bactriane, l’Oxus, Kaboul et finalement l’Inde du Nord, qu’elles occupent vers l’an 60 pour un temps dans le voisinage des Parthes. »
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Messages
1. Pourquoi et comment les civilisations ont disparu brutalement et de manière étonnante, 19 avril 2019, 07:35, par alain
Pourquoi pensez-vous que la civilisation serait une révolution sociale ?
2. Pourquoi et comment les civilisations ont disparu brutalement et de manière étonnante, 19 avril 2019, 07:35, par Robert Paris
En fait, c’est sept révolutions sociales, différentes et successives, qui y mènent : la production, la professionalisation, la surproduction, la sédentarisation, l’urbanisation, la commercialisation, l’écriture. Chacune est une rupture avec l’ancien mode d’existence.
La production rompt avec la prédation (mode de vie des chasseurs-cueilleurs).
La professionnalisation introduit la division du travail.
La surproduction rompt avec l’incapacité de produire plus que ce qui est immédiatement nécessaire.
La sédentarisation rompt avec le nomadisme.
L’urbanisation rompt avec la vie villageoise.
La commercialisation introduit la valeur d’échange et rompt avec la simple valeur d’usage.
L’écriture rompt avec la société de l’oralité.
Aucun de ces changements radicaux n’est dans la simple continuité du précédent. Aucun ne se produit de manière facile, l’ancien mode de vie acceptant aisément le changement.
1. Pourquoi et comment les civilisations ont disparu brutalement et de manière étonnante, 19 avril 2019, 11:22, par Robert Paris
Mais, bien entendu, avec l’apparition d’un surproduit social et son appropriation privée, les révolutions sociales ont fondé de nouvelles classes sociales, fondées sur l’apparition de la propriété privée des moyens de production, notamment des terres et des principaux outils de travail, sur l’apparition et la légalisation des rapports de production. La transformation des produits du travail en marchandises est une des grandes révolutions sociales.