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Assez de la misère ! Assez du mépris ! Assez de payer pour les milliardaires !

mercredi 12 décembre 2018, par Robert Paris

Qu’y a-t-il de neuf dans le mouvement des gilets jaunes ?

Ce qui est nouveau et qui gêne les classes dirigeantes, c’est le fait que ceux qui luttent agissent spontanément, s’organisent et décident eux-mêmes. On n’a jamais vu ça avec les prétendus journées d’action des bureaucraties syndicales. Et, en peu de temps, on a vu un mouvement capable déjà de faire reculer le pouvoir plus que tous les mouvements syndicaux réunis (qui, eux, ne faisaient reculer personne...) !!!

Qu’est-ce qui gêne les classes possédantes en France ?

Le gouvernement et la bourgeoisie sont mécontents du mouvement des gilets jaunes et ils affirment qu’ils le sont parce qu’ils n’ont pas d’interlocuteurs pour négocier, qu’ils n’ont pas de leaders identifiables pour convenir des lieux, jours et heures des mobilisations, qu’ils n’ont en face d’eux aucun encadrement des manifestations et autres balivernes, que les manifestants seraient dangereux car manipulés par l’extrême droite, l’ultra gauche ou des bandits violents. En réalité, ce qui les gêne, c’est d’avoir un mouvement qui s’organise lui-même, qui ne mène aucune négociation-trahison à la manière des bureaucraties syndicales. C’est de devoir combattre une révolte du type semi-insurrectionnelle.

Ils craignent que ce mouvement, loin de désarmer la classe ouvrière comme l’ont fait les journées d’inaction syndicales, les gilets jaunes stimulent les luttes de la classe ouvrière, les fusionnent en un seul mouvement, unissent travailleurs, retraités, précaires et chômeurs aux travailleurs libéraux, unissent donc petite bourgeoisie et prolétariat contre le grand capital et son Etat !

Le pire pour les classes possédantes serait que la classe ouvrière, prenant conscience que l’auto-organisation est exactement ce que les exploiteurs redoutent dans le mouvement des gilets jaunes, se mettent eux-mêmes à s’auto-organiser dans les entreprises, mettent en place des comités de travailleurs qui décident de leurs revendications, de leurs méthodes d’action, élisent leurs propres direction, en cessant d’accepter la mainmise du mouvement ouvrier par les bureaucraties syndicales, tout en entraînant les syndicalistes de base dans la lutte et l’organisation ouvrière.

Syndicats et gouvernants redoutent la même chose : que les travailleurs aient tiré la leçon des luttes passées, en particulier celle des cheminots, qu’ils en aient conclu que les bureaucraties syndicales se contentaient d’organiser des lâchers de vapeur, pour détourner la colère ouvrière en l’empêchant de se regrouper et de sa canaliser contre les exploiteurs et leur gouvernement, en l’empêchant aussi de devenir un pôle politique de regroupement de toutes les couches sociales qui font les frais des politiques antisociales gouvernementales.

Les classes possédantes s’inquiètent dans le monde ?

Eh oui ! Les gilets jaunes font tache d’huile : de la Belgique au Burkina Faso, de l’Irak à la Serbie. Les pauvres de Suisse sont prêts à s’y mettre.

Une preuve que la révolution française des gilets jaunes est en train de marquer d’une marque historique indélébile non seulement la lutte des classes en France mais aussi dans le monde : la presse bourgeoise du monde s’indigne de la révolte des gilets jaunes et incrimine les pauvres de France mais aussi l’irresponsabilité des classes dirigeantes de France qui sont la cause de la diffusion internationale d’une issue révolutionnaire prolétarienne à la situation de crise mondiale du capitalisme !!!!

Macron a-t-il réellement reculé ?

Cent euros d’augmentation du SMIC, c’est assez pour vivre face aux hausses de prix et de loyers, pensez-vous ! Et ça change quoi pour les retraités pauvres avec 600 euros par mois et même moins, pour les femmes célibataires avec enfants, pour les salariés pauvres, pour les précaires, ça change quoi pour les chômeurs, pour les travailleurs ubérisés, soi-disant indépendants qui ne s’en sortent pas, pour tous les misérables du XXIème siècle ? Rien ! Et c’est pas un gros cadeau de proposer que des patrons augmentent leurs salariés s’ils le désirent !
Il est clair que Macron est incapable de répondre aux aspirations du monde du travail en colère du fait que le niveau de vie baisse sans cesse, que la précarité augmente, que les conditions de travail se dégradent, que les services publics sont cassés, toutes choses qu’il va certainement vouloir encore aggraver si le mouvement devait s’affaiblir ou s’arrêter. Il est clair aussi qu’il ne recule très partiellement que pour mieux continuer dans le même sens. Il est encore clair que ce président de la grande bourgeoisie ne pourrait reculer dans ces circonstances, à part pour tromper le mouvement, l’affaiblir, le diviser et mieux l’écraser ensuite afin de revenir aussi sur les reculs qui lui auraient été imposés. Il est clair enfin que Macron compte surtout épuiser le mouvement et le réprimer violemment.

Macron, en acteur, comme au cinéma

13 minutes de télévision préenregistrée, jouant son jeu comme dans une comédie, en choisissant ensuite la meilleure version, celle où il a l’expression la plus modeste, l’air le plus patelin qui cache la violence anti-ouvrière rentrée, tout en ne sachant que faire de ses mains, voilà ce qui est censé changer le cap d’un président arrogant qui décide tout d’en haut ? Parce qu’il aurait dit aux pauvres en colère un « je vous ai compris » ? Parce qu’il dépense sur l’argent des impôts travailleurs (pas ceux des capitalistes auxquels il refuse de faire payer l’ISF et donne des crédits d’impôts !) quelques miettes (oui, cent euros, ils en dépensent bien plus dans un seul repas, lui et ses amis milliardaires et cela donne une dépense globale qui n’est pas le centième des cadeaux fiscaux aux capitalistes !), tout en continuant de distribuer en même temps cent fois plus aux capitalistes, aux banquiers, aux grands patrons sous prétexte des difficultés que leur causeraient le mouvement !!!

Macron dit avoir compris la colère sociale, comme son premier ministre avait dit avoir découvert le monde du travail, où précaires, travailleurs pauvres, femmes seules avec enfants, retraités n’ont rien pour finir les fins de mois ! Non, ils savaient mais il faut maintenant qu’ils prétendent reculer pour mieux discréditer ceux qui continueront à lutter, pour mieux les accuser de casse, pour mieux les écraser de sa répression violente. Macron savait mais il prétendait ridiculiser ceux qui ne luttent que pour leurs fins de mois alors que lui prétend lutter contre la « fin du monde » !!!

« C’est une révolte ? Non sire ! c’est une révolution ! »

C’est à la révolution française de 1789 que cette phrase s’appliquait, mais elle va comme un gant à la situation actuelle.

Qu’est-ce qu’une révolution sociale et politique ?

C’est quand la colère des masses pauvres explose, entraînant exploités et opprimés à se réunir sans cesse pour discuter de leur propre sort et en décider par eux-mêmes. Voilà qui rappelle ce que nous sommes en train de vivre, non ?!!

Qui sont les gilets jaunes, fait semblant de s’interroger le monde des dominants ?

Des patrons, des professions libérales, des petits bourgeois, disaient leurs adversaires ! Des ultra gauches ou des extrême droites, des aventuriers, des casseurs professionnels, des excités ?!!! Pas du tout ! Ces tentatives ridicules de discréditer les gilets jaunes sont des moyens pitoyables face un mouvement de masse !!!!

Le principal slogan des gilets jaunes « Y’en a marre de la misère ! » nous le dit : ce sont ceux qui commencent à ne plus supporter de devoir vivre dans le dénuement…

C’est d’ores et déjà une insurrection des misérables, des opprimés, des exploités !

Qui est violent ? Les révoltés ou leurs oppresseurs ?

"Je n’accepterai jamais la violence", dit Macron et sa répression étatique frappe avec une violence jamais vue depuis des décennies en France !!!

La France est le seul pays d’Europe à utiliser les grenades offensives GLI-F4 contre des manifestants, grenades qui ont encore une fois démontré leur capacité dangereuse en emportant ici une main, trouant là un pied, arrachant encore ailleurs une joue. Le barbare qui, depuis son bureau, envoie les grenades, défend ainsi les intérêts des classes possédantes contre la colère des classes travailleuses. Mais sa répression pourrait bien péter à la figure des exploiteurs !!!

Tous les participants aux blocages et manifestations l’ont constaté. La violence de la répression ne vise pas spécialement les casseurs mais les manifestants, les bloqueurs, les gilets jaunes !!!

Bilan de la répression de l’ensemble du mouvement des gilets jaunes : trois ou quatre morts, des milliers d’arrestations, des milliers de blessés souvent graves… Le pouvoir entraîne ses forces de l’ordre à une violence de plus en plus extrême : préparation au fascisme évidente !
Il y a probablement au moins déjà trois morts (ou dans un coma très proche) liés à la répression policière des gilets jaunes, même s’il est interdit aux média de le dire et à la justice d’enquêter…

Une personne morte à Marseille à cause des éclats de grenades et probablement un mort à Toulouse, à cause des tirs de flash balls en pleine tête… Un blessé en urgence absolue à Paris… Et un gilet jaune tué à Paris

Des mains arrachées, des joues arrachées, etc., voilà la répression policière… Et l’immense majorité des matraquages et gazage, tirs de flash balls et balles plastiques sont réalisés contre des manifestants pacifiques !!!

Des arrestations en masse de manifestants en majorité pacifiques (1600 interpellations), des centaines de blessés (pour hier et des milliers depuis le début) parfois gravement par les forces de … l’ordre à coups de matraque et de gaz lacrymogènes ou pire, belle démocratie bourgeoise !!! La république des riches n’aime pas les travailleurs en colère !!!

Pourquoi on paierait des impôts sur le salaire à la place des capitalistes ?

Chacun sait que la question fiscale, l’impôt sur les carburants et plus largement les impôts indirects qui frappent les pauvres, a été l’étincelle dans un baril de poudre mais on sait moins que l’impôt sur le revenu est lui-même un scandale. En France, c’est la première grande boucherie mondiale qui a créé en 1914 l’impôt sur le revenu !!! C’est pas la défense du service public !!! C’est pas les intérêts de la population !!!!

Pourquoi ce ne seraient pas les détenteurs du grand capital qui paieraient puisque l’essentiel des dépenses ne sert que leurs intérêts !

Vous avez bien vu dans la crise de 2007-2008, les impôts servir à sauver tous les trusts et toutes les banques de la faillite, mais avez-vous jamais vu les impôts servir à sauver de la misère un travailleur ou un chômeur, un retraité ou un petit paysan, un petit artisan, un petit pêcheur ? Certainement pas ! Autrefois, le mouvement ouvrier revendiquait la suppression de l’impôt du Travail et exigeait que seul le grand capital soit imposé. Les gilets jaunes remettent à juste titre la question sur le tapis !

Quelle issue au mouvement ?

Tous les plans d’urgence de tous les menteurs politiciens du monde ne pourront pas combler le fossé, ni réconcilier les classes qui ont commencé à s’affronter, à moins de tromper gravement les travailleurs de France et tous ceux qui ne vivent que de leur travail au sein de la petite bourgeoisie.

Alors, la seule issue pour le monde du travail, c’est d’appeler partout dans la classe ouvrière à construire des comités de gilets jaunes, à en faire des centres de discussion et de décision indépendants de toutes les institutions bourgeoises, à en faire des assemblées politiques et insurrectionnelles des travailleurs, de futurs centres de pouvoir ouvrier opposés au pouvoir bourgeois !!!

Il faut être clair. La seule perspective pour la lutte, ce n’est pas seulement de donner satisfaction sur tel ou tel point de détail. Ce n’est pas telle ou telle prétendue réforme du système politique bourgeois. Ce n’est aucune élection dans le cadre bourgeois.
La seule perspective de l’insurrection, c’est : aucun pouvoir aux banquiers, financiers, trusts et leurs serviteurs politiques et tout le pouvoir au monde du travail !

Gilets jaunes : ce n’est qu’un début, l’insurrection continue !

On va rentrer à la niche comme des toutous parce que le maître a annoncé la fin du jeu ? Certainement pas !!!

Rien n’est réglé ! Aucune attaque n’est annulée, déchirée, définitivement abandonnée ! Aucun problème n’est réglé ! Tout continuera comme avant du moment que les gilets jaunes auraient abandonné la lutte !

Au contraire, en ce moment de nombreux travailleurs prennent conscience que le chemin est le bon et que, contrairement aux inactions syndicales, cette lutte est efficace, se fait entendre des classes dirigeantes !

Le mouvement des gilets jaunes montre que lorsque même une petite partie du prolétariat s’organise par lui même et dirige directement ses luttes sans les bureaucrates réformistes des directions syndicales, il est possible de faire reculer la bourgeoisie. Ce que n’ont pas pu faire les dernières pseudo luttes syndicales notamment la grève frelatée du printemps dernier à la SNCF.

Les leçons que nous devons tirer pour l’instant et dont le prolétariat doit se saisir c’est que nous devons nous auto-organiser de manière autonome et indépendante des directions réformistes et diriger nos luttes sans nous en remettre aux organisateurs des défaites, liés par mille liens au classes possédantes et à leur Etat.

Une autre leçon c’est qu’il n’y a pas seulement la grève comme moyen de lutte de classe : il y a l’insurrection.

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