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Révolutions et Contre-révolutions dans l’Empire perse

mardi 16 avril 2019, par Robert Paris

Révolutions et Contre-révolutions dans l’Empire perse

Les révolutions

De 552 à 550 av. J.-C., les origines de l’empire sont dans « la révolte des Perses ». La révolte perse était une campagne dirigée par Cyrus le Grand dans laquelle la province de l’ancienne Persis, qui avait été sous le règne de la Médiane, déclara son indépendance et mena une révolution réussie, se séparant de l’empire de la Médiane. Cyrus et les Perses ne s’arrêtèrent pas là, cependant, et continuèrent à conquérir les Mèdes. La révolte, qui a duré de 552 à 550 avant JC, a été déclenchée par les actions d’Astyages, le souverain de Médias. La guerre s’est étendue à d’autres provinces alliées aux Perses. Les Mèdes avaient de premiers succès au combat, mais le retour de Cyrus le Grand et de son armée était trop écrasant. Les Mèdes furent finalement conquis par 549 av. Ainsi naquit le premier empire persan officiel.

De 529 av. J.-C. (mort de Cyrus II, roi des Perses et couronnement de Cambyse II) à 515, l’empire est secoué par des soulèvements.

En 525 avant J.-C., les actions violentes de l’empereur perse Cambyse II contre de nombreux hauts personnages des classes possédantes sont encore diversement interprétées.

Coup d’Etat contre Cambyse en 522 avant J.-C. Alors que Cambyse guerroie en Égypte, Oropastes, maître du gouvernement en Perse, conçoit le projet de rétablir l’ancien empire des Mèdes. Il fait passer auprès du peuple son frère le mage Gaumata pour Smerdis (Bardiya).

Septembre 522 av. J.-C. : les nobles Perses se débarrassent du mage Gaumata, qui se faisait passer pour Bardiya. Darius Ier, fils du satrape d’Hyrcanie Hystaspès, qui appartient à une branche collatérale de la famille des Achéménides, monte sur le trône de l’Empire perse (521-485 av. J.-C.). Il doit lutter 14 mois pour imposer son autorité aux provinces révoltées : Perse (le faux Bardiya, Vahyazdta), Babylonie (Nabuchodonosor III et IV), Élam (çina, Martiya), Médie (Fravartis), Sagartie (Ciçantakhma), Arménie, Parthie, Margiane (Frda)...

Octobre-décembre 522 av. J.-C. : révolte de Nindintu-Bêl à Babylone contre la domination perse. Il se proclame roi sous le nom de Nabuchodonosor III Il est mis à mort le 18 décembre après avoir subi deux défaites successives2.

Fin décembre 522 av. J.-C. : les Arméniens révoltés sont vaincus en Assyrie par Vaumisa, un des généraux de Darius. La révolte arménienne dure jusqu’en juin 521 av. J.-C., malgré les victoires de Vaumisa et de Dadarši2. Le nom d’Arménie apparaît pour la première fois dans l’inscription de Behistun, commémorant la victoire de Darius. L’Arménie conquise est organisée en satrapie mais garde une large autonomie.

De 499 av. J.-C à 493 : la révolte de l’Ionie. La plupart des cités grecques occupées par les Perses en Asie Mineure et à Chypre se révoltent contre la domination perse à la suite de l’échec de l’expédition contre les Scythes.

Les révolutions devaient se poursuivre bien plus tard en Perse…

De 470 ap. J.-C. à 531, la révolution religieuse, sociale et politique de Mazdak. Mazdak était un théoricien et révolutionnaire perse. Il dénonça la propriété privée comme la source des discordes et des haines entre les hommes. Il tenta par des réformes morales et matérielles d’élever l’Humanité à un niveau de vie et un accomplissement religieux supérieur. Il avait pour but la vie fraternelle de tous dans une société collectiviste sans classes. Soutenu quelques temps par le Roi, Mazdak et ses adeptes furent victimes de la répression organisée par les classes dirigeantes. Kahvad fut un roi de Perse qui soutint, dans sa jeunesse, les doctrines collectivistes de Mazdak. Il fut destitué par la classe dirigeante de son pays, l’aristocratie et le clergé. Rétabli sur son trône, avec l’aide des Huns, il se détourna du collectivisme. Il tenta de réformer le système social, ce qui n’empêcha pas le mouvement collectiviste de Mazdak de prendre une très grande ampleur. Il écrasa cette tentative révolutionnaire, dans le sang, avec le soutien de la noblesse et du clergé. On présente souvent Mazdak comme un précurseur du socialisme. Aussi anachronique que soit ce propos, il met en avant ce qui a le plus frappé chez les mazdakistes : leur volonté de bâtir un nouvel ordre social. Celui-ci se dresse contre la société de l’Empire sassanide, très hiérarchisée, divisée en plusieurs classes, à la tête desquelles sont les prêtres mazdéens et les guerriers. Il s’agit donc aussi d’une remise en cause du mazdéisme (ou zoroastrisme fondé par Zarathoustra qui est le premier à prôner un Dieu unique : Ahura Mazda), religion officielle de l’État perse, dont les prêtres sont tenus par Mazdak pour responsables de l’inégalité qui règne dans le royaume. Mazdak prône un idéal pacifique. Il veut venir en aide aux nécessiteux, et ouvre pour cela des hospices. Il propose de s’en prendre directement au pouvoir des prêtres, en fermant les temples du feu, et propose de manière générale la confiscation des biens des plus riches. Mazdak considère qu’il n’y a pas besoin de prêtres : les vrais religieux sont ceux qui respectent les bons principes, donc ceux qui ont compris l’univers qui les entoure. On lui attribue des idées encore plus révolutionnaires qui n’ont pas manqué de surprendre : l’abolition de la propriété privée et des gynécées des riches avec la mise en commun de tous les biens (communisme), et peut-être aussi des femmes.

747-750. Révoltes contre le pouvoir omeyyade, auxquelles participent les Perses du Khorasan.

Ivar Lissner dans « Civilisations mystérieuses » :

« L’empire perse, l’une des plus grandes réalisations historiques de l’humanité, a été fondé sur les ruines d’un peuple indo-iranien que nous appelons les « Mèdes ». Ecbatane – aujourd’hui l’oasis de Hamadan – était la résidence du roi des Mèdes le plus important, Cyaxare. Aucun texte écrit, aucune pierre, aucun objet d’art ne nous est parvenu de ces Mèdes !

Au sud-ouest de ce qui est aujourd’hui l’Iran, au nord du golfe Persique, vivait la tribu des Perses apparentés aux Mèdes. Leur capitale était Suse, leur dynastie, celle des Achéménides, qui tirait son nom d’Achéménès, lequel régna de 700 à 675 avant J.-C. environ… Cyrus était un prince de la lignée des Achéménides et avec lui débuta le gouvernement de la célèbre dynastie.

Suse devint la capitale du nouvel empire. Cyrus installa une garnison importante à Pasagarde, ce qui veut dire « camp des Perses ». C’était une forteresse. Cyrus avait conquis Ectabane, et par la suite toute la Médie, ainsi que la Lydie avec la ville célèbre de Sardes, la Carie, la Lycie, l’Ionie. Cyrus livra d’âpres combats avec la tribu des Saka. Ce sont des Scythes, peuple mystérieux et peu exploré… La Bactriane, la Margiane et la Sogdiane deviennent des provinces perses. En 539, Cyrus, héros célébré du monde oriental, fit son entrée dans Babylone. La Perse était alors le plus grand Etat de l’époque préromaine. Cyrus mourut les armes à la main… Le fils de Cyrus, Cambyse, repoussa les limites de l’empire jusqu’aux bords du Nil. Il y eut une révolution et une contre-révolution. »

Ce sont ces révolutions et contre-révolutions de l’empire perse qui expliquent comment ce pouvoir superpuissant a pu être battu par les Grecs puis définitivement battu par Alexandre.

Wikipedia :

« Les Achéménides étaient des despotes éclairés qui purent construire un empire de cette taille en laissant une certaine autonomie aux satrapies toutes reliées entre elles par un immense réseau routier. Les historiens attribuent la première déclaration des droits de l’Homme à Cyrus II, qui l’inscrivit sur le cylindre de Cyrus.

Cet empire était en guerre contre les Grecs, et c’est à partir du règne de Xerxès Ier que commença son déclin. L’empire fut finalement conquis par Alexandre le Grand en 330 av. J.-C.

Après la mort de Cyrus, son fils Cambyse II conquiert l’Égypte en 527/525-522. Il s’agit alors de maintenir la puissance de l’Empire et d’étendre les conquêtes vers la seule autre puissance qui compte encore dans la région. Après la campagne d’Égypte, Cambyse reprend à son compte les ambitions des pharaons qui l’y avaient précédé. Il soumet ainsi les royaumes de Libye, de Cyrénaïque et de Nubie. Au cours de son séjour en Égypte, Cambyse semble être pris de folie, comme le laissent à penser les actes qu’il commet à cette époque : il massacre des Perses de haute distinction, viole d’anciennes sépultures, se moque de statues dans les temples égyptiens. L’attaque sans préparatifs de l’Éthiopie et de l’oasis d’Ammon, qui se solde par des échecs, serait également à mettre sur le compte de cette démence. Contredisant la thèse expliquant le comportement de Cambyse contre son entourage en Égypte par la seule folie, l’hypothèse de l’intérêt politique est aussi avancée. Selon Briant, Cambyse prenait aussi des mesures de représailles contre des grandes familles qui se seraient opposés à ses décisions. Rappelé en Perse par une rébellion contre son pouvoir, il quitte l’Égypte en 522, se blesse à la cuisse en Syrie et meurt de gangrène.

La révolte est alors menée par un groupe de prêtres ayant perdu leur pouvoir après la conquête de la Médie par Cyrus. Ces prêtres, qu’Hérodote nomme mages, usurpent le trône afin d’y placer l’un des leurs, Gautama, qui prétend être le plus jeune frère de Cambyse II, Smerdis (ou Bardiya), probablement assassiné trois années plus tôt. En raison du despotisme de Cambyse et de sa longue absence en Égypte, « le peuple entier, Perses, Mèdes, et toutes les autres nations », reconnaissent cet usurpateur comme leur roi, et ce d’autant plus facilement qu’il leur accorde une remise fiscale d’impôts ou de taxes, pour trois années.

Selon l’inscription de Behistun, Smerdis règne sept mois avant d’être renversé en 522 par un membre éloigné de la branche familiale des Achéménides, Darius Ier (du vieux persan Dāryavuš, également connu sous Darayarahush ou Darius le Grand). Les « mages », bien que persécutés, continuent d’exister. L’année qui suit la mort de Gautama, ils tentent de réinstaller un second usurpateur au pouvoir, Vahyazdāta, qui se présente comme fils de Cyrus. La tentative remporte un succès transitoire puis échoue finalement.

Selon Hérodote, l’aristocratie locale débat alors de la meilleure forme de gouvernement pour l’Empire. Il rapporte qu’il a été évoqué que l’oligarchie les diviserait les uns contre les autres et que la démocratie provoquerait le règne de factions dont le résultat serait d’amener un chef charismatique à prendre le pouvoir, provoquant ainsi le retour à la monarchie. Par conséquent, le choix se porte alors directement sur la monarchie, étant acquis que les aristocrates sont alors en position de choisir le souverain. Darius Ier est donc choisi comme roi : cousin de Cambyse II et de Smerdis, il se réclame d’Achéménès, leur ancêtre.

Darius poursuit ensuite l’expansion de l’Empire. Il fait exécuter Oroitès (en), satrape de Sardes, qui s’est rebellé vers 522-520, puis souhaite étendre sa domination aux îles de la mer Égée. Il conquiert Samos vers 520-519, puis marche sur l’Europe. Il passe le Bosphore, laisse des troupes grecques à l’embouchure du Danube (cités de l’Hellespont et de la Propontide) et marche vers la Thrace. Celle-ci revêt en effet une grande importance pour les Perses, car la province est riche en produits stratégiques : bois nécessaire aux constructions navales et métaux précieux.

Darius Ier s’attaque ensuite à la Grèce, qui avait soutenu les rébellions des colonies grecques alors sous son égide. En raison de sa défaite à la bataille de Marathon en 490, il est forcé de restreindre les limites de son empire à l’Asie Mineure.

C’est sous le règne de Darius Ier, dès 518-516, que sont construits les palais royaux de Persépolis et Suse, qui serviront de capitales aux générations suivantes des rois achéménides.

Après la mort de Darius, l’Empire achéménide conserve la domination de territoires allant de l’Indus à la mer Égée pendant environ deux siècles et demi, longévité que n’avaient pas atteint les empires précédents (l’Assyrie et Babylone). Cela reflète la solidité de la construction politique mise en place par Cyrus II et Darius qu’ont su préserver leurs héritiers, constat qui va à l’encontre d’une vision de décadence de l’empire après ses fondateurs qui a longtemps prévalu. Cependant, cela ne se passa pas sans problèmes : échecs en Grèce, révoltes de plusieurs régions, parfois emmenées par leurs satrapes, alors que les troubles à la tête de l’État perdurent.

Xerxès Ier (Vieux perse : Xšayārša, « Héros parmi les rois ») succède à son père Darius vers 486-485. Des révoltes ayant éclaté en Égypte et en Grèce, Xerxès commence son règne en conduisant une expédition contre l’Égypte. Après une rapide reconquête, Xerxès marche sur la Grèce et défait les Grecs aux Thermopyles. Athènes est conquise et mise à sac, le Parthénon est incendié. Athéniens et Spartiates se retirent derrière leurs dernières lignes de défense sur l’isthme de Corinthe et dans le golfe Saronique.

Les premières années du règne de Xerxès sont marquées par un changement de politique à l’égard des peuples conquis. Au contraire de ses prédécesseurs qui respectaient les sanctuaires des peuples soumis, Xerxès fait procéder à la destruction de temples en Babylonie, à Athènes, en Bactriane et en Égypte. Les titres de Pharaon et de Roi de Babylonie sont abandonnés et les provinces réorganisées en satrapies. Les Égyptiens réussissent par deux fois à regagner leur indépendance. D’après l’étude de Manéthon, les historiens égyptiens font correspondre les périodes de domination achéménide en Égypte avec respectivement les XXVIIe (525 - 404) et XXXIe dynasties (343-332). »

Cambyse II

Révolte de l’Ionie contre les Perses

Guerres médiques

Le Mazdakisme

Le communisme de Mazdak

Histoire de l’empire perse

Histoire des révolutions des Perses

Révolutions de la Perse ancienne et moderne

Résumé de l’histoire de la Perse

Petite chronologie des Perses

V. 1000 av. J.-C. Zoroastre (Zarathushtra en avestique) crée le zoroastrisme – également appelé mazdéisme –, l’ancienne religion de l’Iran jusqu’à son islamisation, au VIIe siècle de notre ère.

V. 900 av. J.-C. Les Mèdes et les Perses, descendants des Aryens, s’implantent en Iran occidental.

646 av. J.-C. Assourbanipal, roi d’Assyrie, s’empare de Suse et déporte ses habitants en Palestine.

612 av. J.-C. Les Mèdes, alliés aux Babyloniens, conquièrent Ninive, provoquant la chute de l’Empire assyrien.

541 av. J.-C. Cyrus II, fondateur de l’Empire perse achéménide, annexe le royaume mède.

539 av. J.-C. Prise de Babylone par Cyrus II, qui autorise le retour en Palestine des Hébreux exilés par Nabuchodonosor près de deux siècles auparavant. Beaucoup d’entre eux choisissent de rester dans l’Empire perse. Cyrus II proclame la liberté de religion et l’abolition de l’esclavage.

530 av. J.-C. Conquête et annexion de l’Egypte par Cambyse II, fils de Cyrus II.

522-486 av. J.-C. Règne de Darius Ier. Celui-ci étend l’Empire perse jusqu’au Danube et à l’Indus, fonde une nouvelle capitale à Persépolis. Il entreprend le creusement d’un canal reliant le Nil à la mer Rouge (sur le site du futur canal de Suez).

490 av. J.-C. La défaite de l’armée perse contre les Grecs à la bataille de Marathon marque la fin de la première guerre médique, déclenchée dix ans plus tôt.

480-479 av. J.-C. Seconde guerre médique. Les Perses, sous la conduite de Xerxès Ier, occupent le nord et le centre de la Grèce. Les Grecs remportent deux victoires décisives à Salamine et à Platées.

331 av. J.-C. Alexandre le Grand conquiert l’ensemble de la Perse après avoir défait Darius III à la bataille de Gaugamèles. Chute de l’Empire achéménide et début de l’hellénisation de la Perse.

312 av. J.-C. Séleucos, satrape grec de Babylone, s’empare de l’Empire perse, démembré après la mort d’Alexandre, et fonde la dynastie séleucide.

248 av. J.-C. Sous la conduite d’Arsacides Ier, les Parthes, un groupe nomade issu du nord de l’Iran, envahissent le territoire contrôlé par les Séleucides et établissent progressivement leur domination.

141 av. J.-C. Les Parthes règnent sur la Perse. Leur empire, principal rival de Rome au Proche-Orient, ne va cesser de croître pendant trois siècles.

516. Mazdak, un prêtre zoroastrien, institue une religion nouvelle prônant l’égalité absolue et l’abolition du système des castes. Son mouvement sera écrasé en 531 par le roi Khosro Ier.

628. L’armée perse de Khosro II est battue à Ninive par les Byzantins.

637-650. Conquête de l’Empire perse par les Arabes, qui l’intègrent dans le califat. L’islam remplace progressivement le mazdéisme.

650-680. Alors que le califat omeyyade s’installe à Damas, le chiisme se développe après l’assassinat d’Ali – cousin, fils adoptif et gendre de Mahomet –, dont le fils, Hussein, sera tué par les troupes omeyyades lors de la bataille de Kerbala en 680.

747-750. Révoltes contre le pouvoir omeyyade, auxquelles participent les Perses du Khorasan. Un nouveau califat (abbasside) s’installe, dont Bagdad sera la capitale.

820-945. Succession de dynasties locales en Iran oriental qui contestent l’autorité des Abbassides : Tahirides, Saffarides, Samanides, Bouyyides.

946. Les Bouyyides, des chiites duodécimains, s’emparent de Bagdad et imposent leur suzeraineté aux Abbassides.

Messages

  • Le règne de Bardiya a provoqué le mécontentement de l’aristocratie perse, au point que le général Otanès décide de le renverser quelques mois seulement après son avènement en -522. Il rassemble autour de lui cinq autres conjurés, dont Gobryas qui finit par faire appel à Darius, auquel il est lié par un échange de mariages (Gobryas a épousé une sœur de Darius).

    Le coup d’État est présenté par Hérodote comme l’œuvre d’un petit groupe, se glissant discrètement dans le palais et assassinant Bardiya dans son lit, mais Darius dans l’inscription de Behistoun se présente comme « chef d’une armée de Mèdes et de Perses ». Il est plus probable que le renversement de Bardiya a fait l’objet de batailles militaires, les insurgés le poursuivant et l’exécutant dans une place forte où il s’était réfugié.

    Hérodote1 écrit que les débats sur la succession de Bardiya tournent autour de trois options : l’isonomie, l’oligarchie et la monarchie, celle-ci étant proposée par Darius, mais cette discussion semble refléter des considérations du monde grec de l’époque, et non nécessairement celles des Perses. Après qu’il a choisi de continuer la monarchie, et comme il n’y a pas d’héritier direct, toujours selon Hérodote (III, 86-87) les conjurés se rassemblent à l’aube et décident que le premier dont le cheval hennira devant le soleil levant sera roi ; le palefrenier de Darius fait sentir à son cheval l’odeur d’une jument, ce qui le fait hennir. Là encore, il est plus probable que Darius a fini par faire l’objet d’un consensus entre les conjurés, après qu’Otanès se fut retiré de la discussion. Sur sa charte gravée sur or, il promet à son peuple une civilisation de premier plan2.

    Selon la coutume qui voulait que le nouveau roi épousât les femmes de son prédécesseur, mais également pour renforcer ses liens avec la branche régnante des Achéménides, Darius épouse deux des filles de Cyrus II, Atossa, veuve de Cambyse II et de Bardiya/Smerdis, et Artystonè, une de ses petites-filles, Parmys, ainsi que Phaidimè, veuve de Bardiya/Smerdis mais également fille d’Otanès. Plus tard il épouse Phratagounè, fille de son frère Artanès.

    La prise du pouvoir par Darius provoque immédiatement des révoltes en Élam, rapidement écrasées, et en Babylonie, plus difficilement maîtrisées. Alors qu’il se trouve à Babylone, la plupart des autres provinces se soulèvent : la Perse, l’Élam à nouveau, la Médie, l’Assyrie, l’Égypte, la Parthie, l’Arménie, la Margiane, la Sattagydie, et les Saces. Darius se vante d’avoir vaincu tous ces rebelles en l’espace d’une seule année, ce qui paraît peu crédible. Les batailles sont menées sur plusieurs fronts simultanément par les généraux de l’armée de Darius, celui-ci dirigeant les opérations depuis Babylone, puis depuis la Médie. L’ordre est finalement rétabli dans l’empire à la fin de l’année 521, à l’exception de l’Arménie ; l’Élam se révolte encore en 519 av. J.-C., puis les Saces. Les chefs rebelles et leurs suites sont systématiquement suppliciés et exécutés.

    Ces révoltes montrent que la légitimité de Darius ne faisait pas l’unanimité, puisque même la Perse se souleva sous la conduite d’un prince se présentant comme le vrai Bardiya. Elles révèlent aussi à quel point l’empire perse n’était politiquement et administrativement pas stable, au point d’éclater à la première succession difficile. Enfin, le poids des tributs et la crainte des noblesses locales de perdre leurs prérogatives face aux dirigeants perses ont joué un rôle non négligeable. Par contre, ces soulèvements ne semblent pas avoir été populaires, ce qui conforte l’image d’une domination perse plutôt bien acceptée par les populations locales.

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