Accueil > 24 - Commentaires de livres > « Jan Karski » par Yannick Haenel

« Jan Karski » par Yannick Haenel

jeudi 21 mai 2020, par Alex

Dès 1942, le Polonais Jan Karski, un résistant catholique, a pu entrer clandestinement dans le ghetto de Varsovie où il a vu de ses propres yeux l’horreur du sort réservé aux Juifs de Pologne. Il pense pouvoir éveiller les consciences et tente d’avertir les Britanniques et même le président des États-Unis, qu’il rencontre en 1943. En vain !!!

« Jan Karski » (par Yannick Haenel) est le titre d’un roman publié cette année, du nom d’un polonais résistant anti-nazi pendant la deuxième guerre mondiale.

C’est un livre qu’on lit avec intérêt si on se pose des questions sur la nature de cette guerre, et qu’on devrait faire lire à tous ceux qui ne s’en posent pas, se contentant des versions officielles : la seconde guerre mondiale serait une guerre des démocraties contre le nazisme et ses horreurs. Le livre est captivant, facile et rapide à lire car le style est sobre, les phrases polémiques qui tordent le cou à la version officielle vont droit au but.

Un des épisodes les plus meurtriers de la guerre de 39-45 est en effet l’extermination des juifs. Or sur ce point les Alliés, les futurs vainqueurs (Etats-Unis, Grande Bretagne) n’ont rien fait pour lutter spécifiquement contre. C’est ce que comprend peu à peu le héros de ce livre qui est un sincère démocrate polonais au début de la guerre. Il n’était pas juif mais, servant de messager entre la résistance polonaise (l’armée de l’intérieur, nationaliste, AK en polonais) et le gouvernement polonais en exil ainsi que les gouvernements alliés, il a été invité par des organisations juives à visiter le ghetto de Varsovie. Il a vite compris que dans la guerre mondiale se déroulait, outre la guerre entre les Etats et leurs armées, une seconde guerre : l’extermination des juifs dans les ghettos (dont Varsovie) et les camps d’extermination (Auschwitz, Treblinka ...).

Il a voulu transmettre ce message et un appel au secours aux dirigeants des puissances alliées (Roosevelt, Churchill), en lesquels il croyait, mais il tomba sur un mur d’indifférence. Il comprit que les alliés ne voyaient pas d’un mauvais oeil ce massacre, et s’en rendirent complice. Au Chapitre 3 on lit par exemple : On a laissé faire l’extermination des juifs. Personne n’a essayé de l’arrêter, personne n’a voulu l’arrêter (...) Il n’y a pas eu de vainqueur en 1945, il n’y a eu que des complices et des menteurs (...) Tous ils savaient, mais ils faisaient semblant de ne pas savoir, parce que cette ignorance leur était profitable ; et qu’il était dans leur intérêt de la faire accroire.

Karski n’a pas pu s’en remettre, un écœurement similaire à celui d’Imre Kertesz (voir sur ce site l’article sur ses livres "Etre sans destin" et "Le Refus") le poursuivit jusqu’à la fin de sa vie : le fait que l’extermination des juifs n’a pas été l’acte d’un dictateur isolé, Hitler, mais avait ses complices dans les grands Etats du monde entier, et des pans entiers des populations qui en sont les bases sociales. Mais pour Karski ou Kertesz qui n’analysent pas en termes de luttes de classes, ni de nature de classe les Etats, les guerres, faute de comprendre, il est difficile de reprendre confiance dans l’humanité, dans la société, après un tel crime planétaire dans lequel ont trempé les vainqueurs de1945 dont se réclament ceux dirigent encore la planète, pays dans lesquels Kertesz et Karski ont dû continuer à vivre après la guerre (le premier dans le bloc de l’est en Hongrie, le second aux USA).

Lire ici

Lire aussi

Lire encore

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.