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L’ « unité nationale face au coronavirus aux côtés du gouvernement », un piège dangereux pour les travailleurs et les milieux populaires

dimanche 1er mars 2020, par Robert Paris

édito

L’ « unité nationale face au coronavirus aux côtés du gouvernement », un piège dangereux pour les travailleurs et les milieux populaires

Sur proposition du PS, avec l’accord de la droite, de la gauche et de la gauche de la gauche, Macron organise des réunions de tous les partis politiques pour fonder « l’unité nationale face au coronavirus aux côtés du gouvernement ». L’expression n’est pas seulement de lui mais va de la droite à Mélenchon. Ce dernier s’est répandu dans les média pour se féliciter de cette initiative comme s’il il ne pouvait en résulter que de bonnes choses, comme si tout le passé nous prouvait que le gouvernement était incapable de cacher des sales coups derrière de bonnes intentions affichées !

« On ne manquera pas de la solidarité qui s’impose (...) Si on a besoin de notre aide, face au péril on sera là. » a déclaré Mélenchon au nom des Insoumis ! « Pour l’instant, le gouvernement fait le boulot, nous lui assurons notre soutien », a ajouté Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste. « Il y a un besoin d’unité nationale" pour faire face au coronavirus », a également déclaré Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat. Et Marine Le Pen de rajouter : « Le gouvernement nous a rassurés : a priori, les municipales vont avoir lieu. » !!!

Dans cette réunion des dirigeants politiques français, le gouvernement s’est fait modeste et calme. Il a prétendu que cette réunion ne prétendait à rien d’autre qu’à affirmer deux trois choses simples du genre : il faut informer, il faut consulter, il faut prendre calmement quelques mesures, personne n’a à tirer profit politique de la situation, personne ne doit affoler la population, tout le monde doit être du même côté face à la menace et surtout tout le monde doit soutenir le gouvernement.

Même si Mélenchon adore, dit-il un tel discours de défense nationale, tout cela n’est que poudre aux yeux, mensonges et dés pipés. D’informations, il n’y en a guère, ni aux partis politiques ni à la population.

Tout d’abord, les services secrets français ou le gouvernement sont-ils informés des manipulations chinoises en matière de virus dans le laboratoire central de Wuhan ? Savent-ils ce que cachent les autorités chinoises : cause réelle de fabrication du virus et de sa propagation, durée d’incubation réelle, moyens de propagation, durée du virus déposé sur des matières, propagation dans l’air, propagation par les animaux domestiques, moyens de protection (quels masques, quelles inhalations, quel lavages des mains et du visage, etc.), existence de porteurs du virus qui n’ont pas attrapé la maladie, quels tests et quelle validité, quelle durée de quarantaine et quelles vérifications, etc. Enfin de quels moyens dispose la France pour se protéger et soigner. Pourquoi a-t-on autant attendu pour mettre en place un dispositif spécial hospitalier ?

Rien n’est davantage expliqué sur les politiques mises en œuvre jusqu’à présent face au coronavirus qui sévit depuis décembre de l’an dernier ? Pourquoi se met-on maintenant à produire en masse des masques pour les pharmacies après avoir dit qu’ils étaient inutiles pour les personnes non malades ? Pourquoi avoir parlé des personnes non atteintes par la maladie alors que l’on ne peut pas le savoir, même après le temps d’incubation et que des personnes non atteintes peuvent transmettre la maladie sans l’avoir contractée ? Pourquoi refuser que toute la population soit masquée ? Pourquoi refuser d’arrêter les communications avec les régions les plus infectées ? Pourquoi ne pas mener une étude sérieuse sur les risques des virus voyageant sur des surfaces matérielles ? Et on en passe encore des dizaines de pourquoi à commencer par pourquoi ne pas avoir lancé dès décembre dernier un plan de mise en œuvre d’un dispositif hospitalier massif en cas d’épidémie ? Pourquoi avoir laissé Buzyn, alors ministre de la Santé, déclarer que la France était déjà prête à faire face à une épidémie avec sept salles dédiées ? Pourquoi l’avoir laissé dire que les masques ne servaient à rien, que le temps de quarantaine garantissait la non dissémination de l’épidémie ? Pourquoi ne pas reconnaître aujourd’hui que tout cela était faux ?

Pourquoi s’être refusé à bloquer les relations aériennes avec la Chine dès le début ? Puis ensuite avec l’Italie ? Pourquoi ne pas avoir mis en place dans les aéroports des points médecin avec passage obligatoire des passagers entrants ? Pourquoi avoir maintenu les activités économiques comme si de rien n’était ?

Est-ce que les messages pour rassurer n’avaient pas pour effet d’empêcher les gens de prendre des précautions ? Est-ce qu’ils n’avaient pas d’abord pour but d’éviter l’effondrement boursier, financier et économique, qui est d’ailleurs tout de même en train d’arriver… La peur qu’ils craignent, c’est d’abord celle des possesseurs de capitaux. La mauvaise santé qui les affole, c’est celle des capitaux.

Dans ces conditions, comment croire que l’Etat capitaliste se mobilise d’abord pour défendre la population face au virus et pas, comme d’habitude, d’abord pour défendre les intérêts des milliardaires, comme on l’a vu face à toutes les catastrophes économiques et sociales.

Dans ces conditions, pourquoi nous jouer la comédie de l’unité nationale alors que c’est la division entre classes sociales aux intérêts diamétralement opposées qui continue de primer et même qui est plus grave que jamais, dans la crise sanitaire comme dans la crise sociale et économique qui vient ? Parce que les partis qui jouent cette comédie, qu’ils se donnent ou pas des airs de défendre la population travailleuse, sont tous au service du grand capital, PS, PCF et Insoumis compris !

Oui, le coronavirus n’interrompt pas la lutte des classes mais il l’aiguise. Les classes possédantes se servent déjà dans de nombreux coins de la planète, à commencer par la Chine, de justificatif pour interdire les libres informations, les manifestations sociales et politiques, les rassemblements, les grèves et toute forme de contestation des classes possédantes et des gouvernants. Le coronavirus sert donc d’argument pour casser la révolution sociale qui montait aux quatre coins du monde.

Et l’unité nationale, clairement présentée comme se faisant derrière les gouvernements capitalistes, ne peut que détruire le rapport de forces que les prolétaires étaient en train de construire partout dans le monde. Le manque d’empressement pour protéger les populations ne peut que montrer que les classes possédantes se servent du coronavirus pour mettre les peuples sur la défensive, pour les contraindre à se solidariser avec leur ennemi, le pouvoir capitaliste.

Les bonnes gens se diront certainement que dans des circonstances aussi graves, il faut savoir laisser de côté les luttes sociales et politiques, même très importantes, pour se concentrer sur la lutte contre le fléau du virus. Mais peut-on croire que l’Etat capitaliste va, lui aussi, « laisser de côté » la défense prioritaire des intérêts du grand capital pour « se concentrer » sur la défense de la vie de la population ? Eh bien, disons le clairement, nous ne le pensons absolument pas et nous n’avons jamais connu d’exemple de situation où les classes possédantes l’aient fait. L’unité nationale a, par contre, été proclamée à chaque fois que l’on a voulu tromper les travailleurs et les piéger, en les mettant derrière leurs pires ennemis dans les moments où le système d’exploitation connaissait une crise aigüe de sa capacité à dominer les exploités.

Nous sommes justement dans une telle période avec l’effondrement économique du capitalisme qui était déjà d’actualité avant le virus et qui n’est qu’accéléré par lui. La crise capitaliste n’est pas d’origine sanitaire mais elle vient de la suraccumulation du capital qui signifie qu’il y a dans le monde bien trop de capitaux à investir par rapport aux activités dans lesquelles les investir de manière suffisamment rentable.

Ce n’est pas l’unité nationale qui règlera ce problème, cause fondamentale de l’effondrement économique du système mondial, pas plus qu’il ne permettra de se donner davantage les moyens de lutter contre le virus et de défendre la population. Au contraire, les intérêts du capital qui est investi dans la santé va à l’inverse des intérêts de la population. Les trusts pharmaceutiques tentent de profiter de la pénurie de médicaments ou de masques ou encore de solutions hydro-alcooliques pour augmenter les tarifs.

Devant tous les problèmes suscités par la crise sanitaire et la crise économique, l’opposition entre capitalistes et travailleurs est plus aigüe que jamais. Qui paiera pour les travailleurs mis en quarantaine ? Qui pourra faire des stocks de nourriture d’avance s’il tire déjà le diable par la queue pour se nourrir dans les fins de mois ? Qui pourra s’acheter des masques et des solutions hydro-alcooliques ? Qui, parmi les plus démunis, pourra faire garder ses enfants si les écoles ferment ?

Oui, face au coronavirus comme face à la crise économique, l’opposition entre exploiteurs et exploités est plus importante que jamais et il est d’autant plus décisif que nous choisissions de ne pas nous solidariser des classes dirigeantes et de ne pas marcher dans la prétendue unité nationale, qui n’est que l’unité avec nos exploiteurs !

L’unité que nous défendons, c’est celle des exploités. Elle n’est pas nationale mais internationale ! Il ne faut surtout pas mettre en veilleuse nos luttes sociales et politiques face aux vraies causes de catastrophes y compris au virus qui sont toutes liées à la mainmise des milliardaires sur le monde ! Gilets jaunes révolutionnaire plus que jamais, nous combattrons tous les virus capitalistes !

Messages

  • Chers camarades,

    Je pense qu’il faut être dénonciateur du capitalisme et non des Etats comme vous le faites là à travers cet édito. Il faut dire que cette pandémie est la faute du capitalisme et la conséquence de sa folie productiviste (la course au PIB) et meurtrière d’aujourd’hui. Les conséquences de la crise économique du capitalisme devaient amener nécessairement la pandémie du fait des conditions de travail inhumaines en Chine et l’intensification des conditions de vie de la classe ouvrière dans l’ex tiers monde. C’est le productivisme à outrance qu’il faut détruire qui détruit la planète et détruit les hommes. Il nous faut une transformation radicale des façons de produire pour le bien être de l’Humanité.

    Il faut monter donc (faire une recherche dans l’histoire sur les pestes du Moyen-age) qu’un système a fait son temps quand il rencontre de telles épidémies. C’est ce qui est arrivé au féodalisme dans l’attente de la révolution bourgeoise. C’est ce qui arrive aujourd’hui à la bourgeoisie dans l’attente de la destruction du capitalisme.

    Tout autre façon de dénoncer ce qui se passe ne fait que se mettre du côté de ceux qui donnent des leçons aux Etats pour faire mieux. Il ne faut pas seulement dire que les Etats nous ont caché la réalité et aurait pu faire mieux. Ils ne peuvent pas faire mieux, ils faut qu’ils s’en aillent, ils ont fait faillite pour gérer l’Humanité. Il faut rendre le capitalisme fautif pour ce qui se produit : les crises écologiques et sanitaires, comme tous les autres maux que nous avons l’habitude de lui imputer : guerre, misère, etc....

    Cela permet de parler et de défendre un autre mode de vie et de parler du véritable contenu du socialisme. Il faut recommencer à parler d’un autre mode de vie, il faut parler du communisme et d’une production qui doit être décidée consciemment par nous tous. Faire moins mais mieux. Halte au productivisme que l’on a souvent imputé aux communistes ! Laissons cela aux staliniens et à leurs épigones. Soyons radicaux dans la transformation totale de notre mode de vie.

    Bien à vous,

    Olivier

  • Quand nous écrivons :

    Gilets jaunes révolutionnaire plus que jamais, nous combattrons tous les virus capitalistes !

    là nous n’écrivons pas "tous les virus politiciens" !!

    Tu as raison de dire que le coronavirus est un produit du capitalisme mais pas de dire du "productivisme" car c’est le discours écolo et faux. Ce n’est pas le productivisme en général ni même le capitalisme en général mais sa phase actuelle nécrophile qui est la cause.

    amicalement

    Robert

  • Je n’ai pas trouvé de façon précises les informations concernant la proposition du PS de cette fameuse union nationale. Je suis preneur d’un article évoquant cette idée épinglée dans la première phrase de l’éditorial. Merci.

  • « Au moment où le coronavirus touche davantage le pays, avec un premier mort français, Edouard Philippe reçoit ce jeudi matin les présidents de l’Assemblée et du Sénat, les présidents de groupes parlementaires et chefs de partis pour les informer de la situation. Une demande formulée à l’origine par Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Le député PS a demandé au premier ministre de faire « toute la transparence sur la gestion de cette épidémie ». »

    lire ici :

    https://www.publicsenat.fr/article/parlementaire/coronavirus-est-on-capable-de-mobiliser-le-service-de-sante-des-armees-demande

  • Je ne comprends toujours pas le sens de la critique de mes commentaires par Kletz et Ephraim. Il s’agissait de montrer, je le redis, que ce qui arrive aujourd’hui dépasse le cadre de la gestion du monde par les capitalistes et leurs Etats. Il s’agit de comprendre que c’est l’évolution actuelle et barbare du capitalisme qui est à l’origine de la pandémie.

    Pour le reste, je lui répondrai sur la question de l’Etat. encore faudrait-il qu’il cible le débat et ne parte pas dans tous les sens sur la question de l’Etat dans la période de transition au communisme ? C’était là le sujet.

    En attendant, je crois que, sur la question du coronavirus, il passe à côté du véritable problème. Voici un article (excusez-moi pour la longueur 17 pages - mais il s’agit d’une analyse sérieuse de la situation), sur le sujet de la pandémie, écrit par des chinois eux-mêmes qui montre le rôle du capitalisme à l’agonie et dans sa phase terminale pour le développement de pandémies qui surviennent dans des moments de crise générale (ces camarades chinois font le parallèle notamment avec la grippe espagnole qui est survenue à la fin de la première guerre mondiale).
    Voilà d’ailleurs un article qui mérite d’être largement publié.

    Et l’Etat chinois est tellement responsable d’avoir répandu le virus (soyons sérieux !) : "l’Etat Chinois [a] répondu le virus sciemment pour faire face à une situation explosive qui lui échappe" (dixit Ephraïm), que voilà la situation actuelle en Chine ;

    "Depuis lundi, le travail a officiellement repris à Pékin. Mais les files d’attente s’allongent à l’entrée des bureaux aux heures d’embauche, sur des centaines de mètres. Les contrôles sanitaires ralentissent l’organisation du travail. Les salariés se font prendre leur température chaque fois qu’ils passent d’un endroit à un autre. L’ambiance est partout à la suspicion.

    La Chine a été placée dans un coma artificiel par ses dirigeants. Le pays est en grande partie paralysé et ses habitants (au moins des dizaines de millions) se terrent. On vient d’entamer la 7e semaine de crise due à l’épidémie de coronavirus (baptisé depuis hier Covid-19 par l’OMS), et nul ne sait combien de temps encore cette situation se prolongera.

    La question est maintenant de savoir dans quelles conditions économiques, politiques et sociales elle en sortira. Il semble que plus rien ne sera comme avant..." (Publié le 12/02/2020 à 00:08 par monde-Antigone). Et, rien ne sera comme avant en Chine (effectivement). Il faut s’attendre à des mouvements sociaux importants.

    Donc Ephraïm et Kletz sous estiment la gravité de la situation et ce que démontre cette pandémie de l’état du capitalisme et tout cela dépasse la "responsabilité exceptionnelle et dramatique dans leur gestion de la crise, pandémie, épidémie." Nous n’en sommes plus là !!!! C’est de la faillite du capitalisme qu’il nous faut parler.

    Salutations communistes internationalistes,

    Olivier

  • Bonjour Robert,

    Bien sûr que c’est une seule et même chose : le capitalisme et ses fondés de pouvoir que sont les Etats des bourgeoisies. Je n’ai pas dit autre chose. Toutefois, faire la séparation permet de voir comment le capitalisme en est arrivé là : à cette pandémie. Et de plus, ne pas comprendre que l’évolution barbare du capitalisme dépasse la politique des Etats tend à minimiser l’ampleur et le caractère de la crise actuelle. Et cela permet de montrer que le capitalisme c’est toujours plus la barbarie.

    Tout cela à moins de penser comme le groupe espagnol Nuevo Curso (article joint avec une prise de position de GIGC de Juan que vous connaissez) que la pandémie est utilisée par les Etats bourgeois pour reprendre la main et imposer l’unité nationale contre la révolte sociale qui gronde dans tous les pays du monde. Si c’est cela c’est un bien mauvais calcul car la situation sociale va, au contraire, s’aggraver et amplifier les révoltes et les luttes sociales. On voit déjà des réactions en Chine même.
    Je ne crois pas que la bourgeoisie arrive à imposer l’unité nationale ou alors nous allons à la guerre généralisée immédiatement. (Par contre, je pense que cette idée de guerre commence à faire son chemin parmi un certain nombre de cercles "éclairés" de la bourgeoisie). Et cela, il faut aussi le dénoncer par avance comme le faisait Bilan dans l’entre-deux guerre dès 1935 au moment où Staline a salué l’effort de guerre de la France (accords Laval-Staline).

    Voilà de quoi discuter !

    Bien à toi,

    Olivier

  • Que la Chine ait ou pas commandité le coronavirus est impossible à savoir et c’est secondaire. C’est un secret bien gardé de la dictature chinoise. Par contre, on sait que le capitalisme est menacé et qu’il l’était bien avant et pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le coronavirus. D’autre part, que ce soit volontairement ou pas, le coronavirus est un sous-produit de la déliquescence du capitalisme qui va inéluctablement vers son effondrement massif. L’avantage pour les capitalistesde dire que cet effondrement serait dû au virus, c’est que cela a un petit air accidentel et que cela ne met pas directement en cause le fonctionnement capitaliste alors qu’en réalité ce sont les fondements du capitalisme qui se retournent contre lui : recherche du profit à tout prix et propriété privée par une infime minorité de l’essentiel des richesses qui se changent d’outils de développement en outils de destruction à partir du moment où les capacités d’investissement du capital ont été dépassées et que le capital ne trouve plus à s’investir de manière suffisamment rentable. Dès lors, l’ère des révolutions et des contre-révolutions (dont les guerres et les fascismes font partie) est ouverte.

  • Tu dis « l’évolution barbare du capitalisme dépasse la politique des Etats ». Cela ne me paraît pas bien formulé. Le fait que l’on en soit là ne dépasse pas la politique des Etats. C’est cette poltique qui a permis au capitalisme de tenir encore dix ans après l’effondrement de 2018 dans un état de déliquescence qui n’est plus exactement le système capitaliste mais une transition vers le chaos dirigiste et catastropique. Sans les Etats et leurs fonds publics massifs déversés sur les marchés, on ne parlerait même plus du capitalisme depuis dix ans !!!

    • Bonjour Robert,

      Je crois que nous employons les mots et les concepts dans des sens différents. Nous ne nous comprenons pas.
      Je vais essayer d’expliquer plus clairement les choses et pour cela revenir aux classiques. Je vais citer Engels et Lénine :

      "L’Etat n’est donc pas un pouvoir imposé du dehors à la société ; il n’est pas d’avantage "la réalité de l’idée morale", "l’image et la réalité de la raison", comme le prétend Hegel. Il est bien plutôt un produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer."(pp. 177-178 de la sixième édition allemande in Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat).

      Donc l’on voit clairement qu’il existe une différence entre la société : le capitalisme aujourd’hui et ses Etats qui "est le produit et la manifestation de ce fait que les contradictions de classes sont inconciliables." Lénine dans l’Etat et la révolution").

      Revenons à notre propos. Il existe donc bien une différence entre ces deux notions. Et l’une : l’Etat étant la manifestations des contradictions de la société. C’est la raison pour laquelle je dis qu’il est important de voir le développement des contradictions du système en l’occurrence : la crise économique, la situation catastrophique du capitalisme qui entraîne les conséquences comme les pandémies, les guerres et les crises humanitaires (Syrie/Turquie/Grèce).

      Bien sûr Capitalisme et Etats sont liés mais il y a une imbrication qu’il nous faut utiliser dans notre propagande. Et il est clair que montrer l’échec du capitalisme à apporter une solution pour l’Humanité est très fort pour sa dénonciation.

      Et c’est ainsi, comme tu le dis que nous montrons que le capitalisme a fait son temps, et de ce fait nous sommes plus fort pour "dresser une perspective communiste".

      Quand Trotsky à la vieille de la guerre écrit que la situation est "socialisme ou barbarie". Il dresse d’abord un constat de la société donc du capitalisme et c’est sur cette base de barbarie qu’il énonce ses perspectives. Nous devons faire de même en montrant l’impasse du capitalisme. Les Etats n’étant que les fondés de pouvoir de la bourgeoisie internationale. Ils sont la "manifestation (de ce fait) que les contradictions de classes sont inconciliables." Te rends tu comptes de la force de notre propagande de ce fait. Nous n’avons plus qu’à montrer ce que nous avons marteler depuis toujours ? Nous avons sous les yeux la faillite du système capitaliste.

      Mes propos sont-ils plus clairs maintenant ?

      Amicalement

      Olivier

  • Bonjour Olivier,

    J’ai peut-être manqué une partie de la discussion, mais il n’est pas étonnant qu’il puisse y avoir des divergences entre des courants de la Gauche communiste et des trotskistes sur l’articulation entre l’économie et l’état. En effet la théorie de l’impérialisme, sauf erreur de ma part, ne nous est pas commune, or les 5 points de la définition de Lénine soulignent le caractère oligarchique/étatique de l’économie impérialiste, je crois que beaucoup de désaccords viennent de là :

    1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique ;

    2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce « capital financier », d’une oligarchie financière ;

    3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière ;

    4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde,

    et 5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes.

    Amitiés,

    Alex

    • D’abord, je ne crois pas que ce soit le point central de nos divergences (l’impérialisme). Je ne connais pas bien la position de Bordiga, sur cette question, mais je crois qu’en cela, il suivait Lénine. Donc attention à mettre toute la Gauche communiste dans un même panier !

      Ceci dit. Il existe 2 questions sur l’impérialisme.
      1/ En ce qui me concerne comme d’autres, je pense que la caractéristique du changement de période du capitalisme par Lénine est tout à fait juste (début du XX° siècle). Rosa Luxembourg le disait également mais sur d’autres bases économiques et politiques.
      2/ En ce qui me concerne, et sur cette question, je suis plus luxembourgiste que léniniste.
      Je pense que la nouvelle période est marquée par la saturation des marchés (le monde est entièrement colonisé par les Etats impérialistes, il faut donc "piquer" le marché de l’autre pour survivre) et par ce que Rosa appelait : le militarisme et pour l’Allemagne : le navalisme (en fait l’économie de guerre). Aujourd’hui, une partie de la perpétuation du capitalisme existe grâce à l’économie de guerre. (USA, France, GB, Russie, Chine,etc... pour les principaux - Et les micros Etats comme les Emirats du Golfe si piquent d’avoir une marine et des avions de combat !!!!!)

      Je ne crois pas que sur les constats : celui de Lénine ou de Rosa, il y ait des contradictions mais je pense qu’ils se complètent. Par contre, je pense que c’est sur les conséquences de la théorie et son utilisation ultérieure qu’il doit y avoir des divergences et matière à discuter.

      Je parle pour moi, maintenant. Pendant 40 ans, j’ai polémiquer avec les trotskistes sur quels sont les Etats impérialistes. Ils ne disaient en général que l’impérialisme était caractérisé par les USA, la France et la GB principalement. Et moi, je répondais que tous les Etats étaient impérialistes, les gros comme les petits. Et qu’une fois créés dans l’ancien tiers-monde, ils devenaient impérialistes (Chine, Maroc (Sarah espagnol), Israël, Syrie, Viet-Nam (au Cambodge), etc... Je te fais grâce de la liste. Et bien sûr l’URSS (notamment en 53 en Hongrie et 68 en Tchécoslovaquie ; puis là dernière intervention spectaculaire en Afghanistan) !
      Bien sûr, je ne rentre pas dans la définition de l’impérialisme de Lénine si on la prend au pied de la lettre.

      On est donc ici sur une autre discussion que sur L’Etat ou la situation actuelle.

      Amicalement,
      olivier

  • Avec ce dernier commentaire je suis totalement d’accord. Bravo ! C’est pourquoi il faut dénoncer violemment le capitalisme. Il ne faut pas permettre, avec nos faibles forces, qu’ils mettent l’effondrement sous l’épidémie.

  • Olivier, si on ne peut pas distinguer Etats capitalistes et capitalisme comme tu le reconnais, on ne voit pas le sens de ta remarque de départ qui disait : « Je pense qu’il faut être dénonciateur du capitalisme et non des Etats comme vous le faites là… »

    D’autre part, je ne suis pas d’accord avec l’idée de « dénoncer violemment le capitalisme ». Il me semble plus essentiel que notre démarche consiste à dresser une perspective communiste, ce qui suppose montrer le lien entre l’effondrement actuel et le pourrissement des bases même du système.

  • Ma conception de l’Etat n’est pas différente de celle de Marx, Engels et de Lénine. Je vais dans un premier temps circonscrire la discussion en écrivant ce que nous connaissons du marxisme et ce que nous défendons sur le sujet.

    1 – L’Etat n’est que le produit de la société civile.
    Marx renverse l’ordre de subordination établi par Hegel ; c’est l’État qui est subordonné à la société. Et l’État est en même temps l’image de la société civile, son image inversée, son reflet compensatoire. De ce fait, il permet également de dévoiler la nature réelle de la société notamment bourgeoise, qui repose sur la propriété privée, sur la recherche du profit, sur la violence des possédants à l’encontre des travailleurs.
    Sur l’Etat dans les sociétés de classe dans l’histoire, Marx poursuit sa réflexion dans la Préface de la Contribution à la critique de l’économie politique :
    « Le résultat général auquel j’arrivais peut brièvement se formuler ainsi : dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique [superstructure au sein de laquelle l’État occupe la position d’instance centrale, rajout Olivier] et à laquelle correspondent les formes de conscience sociales déterminées. »

    2- La forme de l’Etat est liée à une société civile particulière quand Marx et Engels parlent de la société moderne : capitaliste.
    Ceci est très clairement explicité par Marx et Engels dès L’Idéologie allemande : « C’est à cette propriété privée moderne que correspond l’État moderne, dont les propriétaires privés ont peu à peu fait l’acquisition. Du fait que la propriété privée s’est émancipée de la communauté, l’État a acquis une existence particulière à côté de la société civile et en dehors d’elle ; mais cet État n’est autre chose que la forme d’organisation que les bourgeois se donnent par nécessité pour garantir réciproquement leur propriété et leurs intérêts, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur » (L’Idéologie allemande, page 105, Editions sociales). L’Etat possède donc une forme différente selon la société de classe sous laquelle il se trouve). Si l’Etat est toujours l’Etat de la classe dominante, il n’y a pas de comparaison sur sa nature et son fonctionnement entre les sociétés esclavagistes, féodales, bourgeoises et au-delà.

    3 – L’Etat de la bourgeoisie.
    La forme démocratique bourgeoise de l’État – c’est-à-dire, selon Marx et Engels, le despotisme, la dictature de la bourgeoisie, qui est un produit de la lutte des classes – est l’instrument permettant à la bourgeoisie de s’organiser en classe dominante, et de dominer toute la société. La bourgeoisie est organisée en classe dominante – non pas par, mais – dans l’État ; elle n’est en fait organisée en classe dominante que dans l’État, dans la forme de l’État représentatif moderne. Et l’on peut lire, au Chapitre premier du Manifeste Communiste :
    « La bourgeoisie, depuis l’établissement de la grande industrie et du marché mondial, s’est finalement emparé de la souveraineté politique. Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise toute entière » (Le Manifeste communiste, p. 163, Editions sociales.)

    4 – Evolution possible de l’Etat bourgeois.
    Marx avait même prévu l’évolution de l’Etat bourgeois. Il peut y avoir en même temps autonomisation de l’appareil d’État, qui devient un « automate » : « la machine centrale n’est pas seulement automate, mais autocrate » (j’utilise des mots d’autres que moi ici : cf. « Appareil », in Labica, 1982, Dictionnaire critique du marxisme. Voir aussi : Lefebvre - 1978) ; c’est-à-dire non pas seulement objet mécanique, mais sujet de pouvoir. L’État n’est pas qu’un outil, une réification, mais bien un rapport social. L’État peut ainsi apporter une solution aux oppositions entre les différentes fractions de la bourgeoisie, occupant des fonctions distinctes dans l’exploitation capitaliste. (voir Les Luttes de classes en France de Marx, Éditions sociales)

    5 – L’Etat et la Commune.
    Survient enfin la Commune de Paris, qui va conduire Marx à faire évoluer encore, avec La Guerre civile en France, son concept d’État pour insister de plus en plus sur le caractère répressif, coercitif, violent de l’appareil d’État – appareil quant à lui bien réel, matériel, efficace.
    « Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, le caractère purement répressif du pouvoir apparaît de façon de plus en plus ouverte. En présence de la menace de soulèvement du prolétariat, la classe possédante unie utilisa alors le pouvoir d’État, sans ménagement et avec ostentation, comme l’engin de guerre national du Capital contre le Travail », « une arme puissante ». » (La Guerre civile en France, p. 39, Éditions sociales)
    Et donc, l’expérience de la Commune va contraindre Marx et Engels à « rectifier » le texte du Manifeste communiste, dans la mesure où, si la prise du pouvoir d’État demeure toujours l’objectif politique immédiat de la lutte des classes, « le devoir impérieux et le droit absolu » (La guerre civile) du prolétariat (Le Manifeste disait : « L’État [soit] le prolétariat organisé en classe dominante » [Le Manifeste communiste, pp. 181-182 – Éditions sociales]), il apparaît maintenant, dans La Guerre civile en France (page 3), que « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre telle quelle la machine de l’État et de le faire fonctionner pour son propre compte . »
    Ainsi, le prolétariat doit donc certes s’emparer du pouvoir d’État, mais pour mieux détruire l’appareil d’État bourgeois tel qu’il existe (c’est-à-dire comme organe essentiellement répressif), et pour le transformer et le remplacer par une nouvelle forme « politique » – pour ne pas la qualifier d’« étatique » – ; une forme authentiquement prolétarienne, comme ont commencé à le faire les Communards, une dictature du prolétariat dont la raison d’être est la réalisation, au cours du processus révolutionnaire victorieux, du dépérissement de l’État, soit à la fois du dépérissement du pouvoir et de l’appareil d’État.

    Donc il s’agit de détruire cet État bourgeois mais en vue de son dépérissement.
    Car c’est donc une forme politique toute différente, la réalisation d’un État qui est aussi « autre chose qu’un État » (voir : Critique du Programme de Gotha) dit Marx, « un non État » (voir : L’Origine de la Famille, de la propriété privée et de l’État - Éditions sociales, 1971) dit Engels, qu’il faut réaliser. C’est bien « l’association libre des producteurs » (Le Manifeste communiste, pp. 182-183. La Guerre civile en France, p. 43, Éditions sociales) dont parlait Marx, « l’administration des choses et la direction des opérations de production » (Anti-Dühring, p. 317 - Éditions sociales 1977) dont parlera Engels.

    (suite à venir)

  • Et que dit Lénine dans son livre L’État et la révolution ?

    1 - « L’État est un organisme de domination de classe, un organisme d’oppression d’une classe par une autre. »
    2 - Et : « l’État est né du fait que les contradictions de classes sont inconciliables, (...) il est un pouvoir placé au-dessus de la société et qui "lui devient de plus en lus étranger ", [donc] il est clair que l’affranchissement de la classe opprimée est impossible, non seulement sans une révolution violente, mais aussi sans la suppression de l’appareil du pouvoir d’État qui a été créé par la classe dominante et dans lequel est matérialisé ce caractère "étranger". Cette conclusion, théoriquement claire par elle-même, Marx l’a tirée avec une parfaite précision de l’analyse historique concrète des tâches de la révolution. »

    Et comme conclusion comme tous les marxistes il défend l’idée de « l’extinction de l’État » dans la société de transition qui connait un État puisqu’il y existe une nouvelle classe dominante : les prolétaires.
    Et ce « demi État » (Lénine) du fait de « la prise de possession des moyens de production au nom de la société, - est en même temps son dernier acte propre en tant qu’État. L’intervention d’un pouvoir d’État dans des rapports sociaux devient superflue dans un domaine après l’autre, et entre alors naturellement en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l’administration des choses et à la direction des opérations de production. L’État n’est pas "aboli", il s’éteint. »

    Et alors c’est là que se trouve le problème à discuter. Lénine cite la phrase de Marx
    "Entre la société capitaliste et la société communiste, poursuit Marx, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat."
    Au passage, je constate que Marx fait une distinction entre État et dictature du prolétariat, sans le développer davantage. Mais revenons à notre développement
    Lénine poursuit « Cette conclusion repose, chez Marx, sur l’analyse du rôle que joue le prolétariat dans la société capitaliste actuelle, sur les données relatives au développement de cette société et à l’inconciliabilité des intérêts opposés du prolétariat et de la bourgeoisie.
    « Autrefois, la question se posait ainsi : le prolétariat doit, pour obtenir son affranchissement, renverser la bourgeoisie, conquérir le pouvoir politique, établir sa dictature révolutionnaire.
    « Maintenant, la question se pose un peu autrement : le passage de la société capitaliste, qui évolue vers le communisme, à la société communiste est impossible sans une "période de transition politique" ; et l’État de cette période ne peut être que la dictature révolutionnaire du prolétariat. »
    Et il poursuit : « Maintenant seulement nous pouvons apprécier toute la justesse des remarques d’Engels, accablant de ses sarcasmes impitoyables cet absurde accouplement des mots "liberté" et "État". Tant que l’État existe, il n’y a pas de liberté. Quand il y aura la liberté, il n’y aura plus d’État. »

    J’attends d’Ephraïm qu’il démontre que je ne défends pas la position marxiste comme il le dit dans son paragraphe 2 (L’essentiel est notre désaccord sur la question marxiste de l’Etat). Soyons sérieux Éphraïm, je ne fais que citer Marx, Engels et Lénine dans les pages qui précédent !

    Maintenant que sont posées les prémisses de la discussion, l’on peut traiter de la période de transition, de ce demi-État et de la dictature du prolétariat. C’est une question fondamentale. C’était l’objet du débat. Il n’y a pas lieu à des invectives. J’ai défendu l’idée dans des mails à Robert que, pour moi, il fallait distinguer le semi État de la période de transition de la dictature du prolétariat afin que le prolétariat reste maitre de la politique révolutionnaire et discute à travers de l’État pied à pied avec les autres classes sociales qui ne sont pas encore abolies (la paysannerie, par exemple). C’est une leçon que je tire de la révolution russe où l’État s’est toujours renforcé au détriment de la classe ouvrière et « tant que l’État existe, il n’y a pas de liberté » (Lénine). Il faut éviter ce danger mortel de notre classe. Mon souci est donc de maintenir le pouvoir intact des ouvriers dans ses conseils et de ne pas les dissoudre dans un État qui peut s’autonomiser, se bureaucratiser, etc....

    Réponse au paragraphe 3 d’Ephraïm.

    « Je ne pense pas que Olivier défende la conception kautskiste de l’État, (…) j’ai au mieux un doute »

    Que dit Kautsky ?

    « Et comment Kautsky a-t-il procédé dans sa réfutation si minutieuse de cette "bernsteiniade" ?
    Il s’est bien gardé d’analyser dans toute sa profondeur la déformation infligée sur ce point au marxisme par les opportunistes. Il a reproduit le passage cité plus haut de la préface d’Engels à La Guerre civile de Marx en affirmant que, d’après Marx, la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l’Etat toute prête, mais qu’en général elle peut s’en emparer, et il n’a rien dit de plus. Que Bernstein ait attribué à Marx juste le contraire de sa pensée véritable, et que dès 1852 Marx ait assigné à la révolution prolétarienne la tâche de "briser" la machine d’État - de tout cela Kautsky ne souffle mot. » (Lénine dans l’État et la révolution).

    Monsieur Éphraïm est-ce que je dis qu’il ne faut pas « "briser" la machine d’État » ?
    Je dis juste l’inverse et même qu’il faut se méfier de ce demi-État subsistant, et qu’il faut qu’il dépérisse le plus vite possible. Qu’est-ce qui s’est passé en Russie ? L’inverse, le renforcement de l’État.... Les révolutionnaires partaient avec tous les principes et même un livre extraordinaire : l’État et la révolution et c’est à un extraordinaire renforcement de l’État auquel nous avons assisté. Cet État s’est bureaucratisé très rapidement, a échappé à Lénine, plusieurs fois il a essayé en vain de mener un combat contre cette situation. Pourquoi cela ? Ces faits ne t’interpellent pas ? Et moi je dis : le seul moyen d’éviter ce désastre serait de conserver le pouvoir des Conseils ouvriers et des comités d’usine qui ont été écartés dès 1918 pour ces derniers dans les usines au profit des « spécialistes ». (voir le texte de Lénine sur le sujet des spécialistes).
    Bien évidemment, il y avait aussi l’isolement de la révolution en Russie et l’absence de révolution internationale. Mais dans cette grave situation, les bolcheviks se sont aussi éloignés de la force vive de la classe ouvrière. C’est la double peine ! Pas de révolution internationale et éloignement des bolcheviks de la classe ouvrière.

    Olivier, 3 mars 2020

  • Cher Olivier,

    il de nombreux points qui seraient à soulever dans ton texte. Je ne prend que les principaux.

    Tu écris :

    La forme de l’Etat est liée à une société civile particulière quand Marx et Engels parlent de la société moderne : capitaliste.
    Ceci est très clairement explicité par Marx et Engels dès L’Idéologie allemande : « C’est à cette propriété privée moderne que correspond l’État moderne, dont les propriétaires privés ont peu à peu fait l’acquisition. Du fait que la propriété privée s’est émancipée de la communauté, l’État a acquis une existence particulière à côté de la société civile et en dehors d’elle ; mais cet État n’est autre chose que la forme d’organisation que les bourgeois se donnent par nécessité pour garantir réciproquement leur propriété et leurs intérêts, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur » (L’Idéologie allemande, page 105, Editions sociales).

    Sauf que Marx ne dit absolument pas que la propriété moderne et l’Etat moderne soient... capitalistes ni même bourgeoises.

    Il parle de l’époque où la propriété privée s’est émancipée de la communauté, ce qui est bien plus vieux que le capitalisme !!!

    Nous savons aujourd’hui que cela date environ de la naissance de l’agriculture et pas du tout de celle du capitalisme.

    Deuxième point : Marx n’affirme pas seulement que l’Etat dépend de la société civile mais qu’il dépend de la classe exploiteuse de la société civile et non de l’immense majorité de celle-ci : les exploités et les classes moyennes.

    Rappelons que les considérations d’Olivier visent à affirme que l’on ne peut pas parler d’Etat ouvrier... Lire ici

  • Salut Robert,

    Oui, mon propos de cet été était de dire qu’il ne peut pas y avoir et qu’il ne doit pas y avoir d’Etat ouvrier. L’Etat est antinomique avec la révolution prolétarienne et Lénine lui-même avait un problème avec cet Etat né après la révolution d’Octobre. En réalité c’était un Etat ouvrier et paysan pour le mieux. Il n’était pas ouvrier d’ailleurs. Lénine était pratiquement le seul parmi les bolcheviks à avoir compris le problème (peut être Ossinski en 1918 mais ensuite, il s’est laissé avoir par le combat au jour le jour) et il ne savait pas comment en sortir.

    Et c’est cela le gros problème que je souligne. Afin que le prolétariat ne soit pas noyé dans les autres classes ou couches sociales et qu’il conserve son pouvoir : sa dictature de classe. Dans toute autre situation, dans la confusion théorique et la collusion avec d’autres classes de la société, le prolétariat sera toujours battu. C’est déjà assez difficile de réaliser le communisme, si encore on abandonne la réalité du pouvoir, c’est la quadrature du cercle.

    Je rappelle votre discussion avec Robingoodfelow. Ce dernier a posé aussi la question.

    « J’aimerai bien savoir jusqu’à quand tu estimes que l’Etat russe est un Etat ouvrier. »

    Notre question est : « Quand pensez-vous qu’il a commencé » ?

    Contexte de la question :

    En octobre 1917, selon les déclarations officielles, nous avons un « Etat ouvrier et paysan »[1] et un « gouvernement ouvrier et paysan »[2]

    En décembre 1920, polémiquant contre Trotski, Lénine déclare : « D’ailleurs, tout en se rendant coupable de cette légèreté, le camarade Trotski commet lui-même aussitôt une erreur. Il prétend que, dans un État ouvrier, le rôle des syndicats n’est pas de défendre les intérêts matériels et moraux de la classe ouvrière. C’est une erreur. Le camarade Trotski parle d’un « État ouvrier ». Mais c’est une abstraction ! Lorsque nous parlions de l’État ouvrier en 1917[3], c’était normal ; mais aujourd’hui, lorsque l’on vient nous dire : « Pourquoi défendre la classe ouvrière, et contre qui, puisqu’il n’y a plus de bourgeoisie, puisque l’État est un État ouvrier », on se trompe manifestement car cet État n’est pas tout à fait ouvrier, voilà le hic. C’est l’une des principales erreurs du camarade Trotski. Des principes généraux, nous sommes passés aujourd’hui à la discussion pratique et aux décrets, et l’on veut nous détourner de ce travail pratique et concret pour nous tirer en arrière. C’est inadmissible. En fait, notre État n’est pas un État ouvrier, mais ouvrier-paysan, c’est une première chose. De nombreuses conséquences en découlent. (Boukharine : « Comment ? Ouvrier-paysan ? »). Et bien que le camarade Boukharine, crie derrière : « Comment ? Ouvrier-paysan ? », je ne vais pas me mettre à lui répondre sur ce point. Que ceux qui en ont le désir se souviennent du Congrès des Soviets qui vient de s’achever ; il a donné la réponse.

    Mais ce n’est pas tout. Le programme de notre Parti, document que l’auteur de l’« ABC du communisme » connaît on ne peut mieux, ce programme montre que notre État est un État ouvrier présentant une déformation bureaucratique. Et c’est cette triste, comment dirais-je, étiquette, que nous avons dû lui apposer. Voilà la transition dans toute sa réalité. » (Lénine, Œuvres, Editions sociales, T.32, p.16-17)

    Dans « La crise du parti », en janvier 1921, quelques jours après la déclaration précédente, Lénine revient sur ce qu’il a dit. « A propos de la discussion du 30 décembre, je dois encore rectifier une de mes erreurs : j’ai dit « En fait notre Etat n’est pas un Etat ouvrier mais ouvrier-paysan. ». Le camarade Boukharine s’est écrié aussitôt : « Comment ? ». Et je lui ai répondu en le renvoyant au VIIIè congrès des soviets, qui venait de s’achever. En relisant le compte-rendu de la discussion, je vois maintenant que j’avais tort et que le camarade Boukharine avait raison. J’aurais dû lui dire : « Un Etat ouvrier est une abstraction. En réalité, nous avons un Etat ouvrier, premièrement avec cette particularité que c’est la population paysanne et non ouvrière qui prédomine dans le pays et, deuxièmement, c’est un Etat ouvrier avec une déformation bureaucratique. ». Le lecteur qui voudra bien relire tout mon discours constatera que cette rectification ne modifie en rien ni le cours de mon argumentation ni mes conclusions » (Lénine, Œuvres, Editions sociales, T.32, p.41)

    Cela nous montre que les termes employés ne sont pas de simples expressions de circonstance utilisées indifféremment ou en fonction des interlocuteurs (encore que parfois, on ne puisse pas exclure ce cas de figure[4]) mais revêtent une portée théorique et pratique.

    A notre connaissance et donc sauf erreur de notre part, Lénine n’emploie le terme d’Etat ouvrier pour la première fois (pour désigner le pouvoir soviétique) qu’en juin-juillet 1919. Avant la prise du pouvoir, dans le texte : « Les bolchéviks garderont-ils le pouvoir ? », il parle d’« Etat prolétarien » (c’est l’expression la plus utilisée et de loin) et d’« Etat ouvrier » à propos du contrôle ouvrier. Ce contrôle, cf. la citation en note 1, après la prise du pouvoir, est du ressort de l’« Etat ouvrier et paysan ». Le terme d’Etat prolétarien est employé, avant la prise du pouvoir, dans « L’Etat et la révolution » sous son aspect théorique et dans « Les bolchéviks garderont-ils le pouvoir ? », texte contemporain de « l’Etat et la révolution », sous un aspect plus pratique. Le terme est également utilisé dans « Pages du journal d’un publiciste » (T.25, p.302 et 303) et les « Lettres de Loin » (titre de la cinquième lettre, T.23, p.369), mais dans ces derniers cas on pourrait nuancer la portée de cet usage. Après la prise du pouvoir, le terme apparaît fin mars 1918[5], après la rupture avec les socialistes révolutionnaires de gauche.

    [1] « 2° La loi soviétique sur le contrôle ouvrier (…) est confirmée (…) en tant que première mesure préparant la remise complète des fabriques, usines, mines, chemins de fer et autres moyens de production et de transport, en propriété à l’Etat ouvrier et paysan.
    3°La remise de toutes les banques en propriété à l’Etat ouvrier et paysan est confirmée (…) » (Lénine, Déclaration des droits du peuple travailleur et exploité, T.26, p.443)
    Dans le cadre de la société bourgeoise, notons que Marx n’a que très rarement qualifié l’Etat, d’« Etat bourgeois » et encore moins a-t-il parlé d’« Etat ouvrier » (et jamais d’« Etat prolétarien » qui est la formule théorique la plus utilisée par Lénine). Marx n’utilise le terme d’« Etat ouvrier » qu’en deux occasions. Une première fois dans la Lutte des classes en France. « Et les clubs, qu’étaient-ils sinon une coalition de toute la classe ouvrière contre toute la classe bourgeoise, la création d’un Etat ouvrier contre l’Etat bourgeois » (Pléiade, Politique, p.285). Sans doute, devons-nous comprendre ce terme en faisant l’analogie avec le Tiers-Etat de la révolution bourgeoise et donc comme relevant du Quart-Etat. Dans une note (p.1291), Rubel nous dit qu’il faut rapprocher ce texte du Manifeste et qu’il éclaire le passage où il est question d’organisation du prolétariat en classe et donc en parti politique. La deuxième fois c’est à propos d’une polémique avec Bakounine. Il s’agit de la reprise, sous forme de concession temporaire, d’une expression de Bakounine. « If Mr. Bakunin were familiar even with the position of a manager in a workers’ co-operative factory, all his fantasies about domination would go to the devil. He should have asked himself : what forms could management functions assume within such a workers’ state, if he wants to call it that ? (p. 279). » (p.520, Vol 24, Collected Works)
    Quant à Engels il proposait de réserver le mot Commune pour désigner ce nouveau pouvoir prolétarien. Cela tient pensons-nous à ce que le prolétariat doit détruire l’Etat.

    [2] « La tâche d’aujourd’hui consiste à prouver par la pratique de la classe d’avant-garde – le prolétariat – la vitalité du gouvernement ouvrier et paysan » (Lénine, 9 novembre 1917, T.26, p.83)

    [3] Voir plus bas le commentaire sur l’usage du terme "Etat ouvrier" .

    [4] Lénine continue à qualifier l’Etat, d’« ouvrier et paysan » en 1921 (par exemple, X congrès du PC (b) R, T.32, p.182, p.194. Dans le même texte il est question d’Etat prolétarien – p.p.196, 197, 199, 234, 280, voire d’Etat ouvrier –p.247) et 1923 mais aussi d’« ouvrier » aux mêmes dates.

    [5] Première variante des tâches immédiates du pouvoir des soviets. (Lénine, Œuvres, Editions sociales, T.27, p.222, 223, 224, 225)
    Les tâches immédiates du pouvoir des soviets. (Lénine, Œuvres, Editions sociales, T.27, p.245)

  • Cher Robert,

    Autre formulation de Lénine dans son article de la Pravda du 21 janvier 1921 :

    " Un Etat ouvrier est une abstraction. En réalité, nous avons un Etat ouvrier avec, premièrement, cette particularité que c’est la population paysanne et non ouvrière qui prédomine dans le pays, et, deuxièmement, que c’est un Etat ouvrier avec une déformation bureaucratique." (OC, Lénine, tome 32, page 41.)

    Et il conclue en voulant clarifier sa position après la réaction de Boukharine en disant " cette rectification (en n’employant pas le terme d’Etat ouvrier-paysan) ne modifie en rien ni le cours de mon argumentation ni mes conclusions". Lénine au lieu de rectifier, appuie encore davantage sa position politique.

    A+

    Olivier

  • Tu te demandes quand l’Etat ouvrier a commencé et quand il a fini. Bien sûr, ce n’est pas à un jour près. De même qu’en France quand l’Etat de la noblesse terrienne a commencé et quand il a fini. Mais on peut dire que l’Etat des nobles est né de la chute de l’empire romain et mort de la révolution de 1789. Et on peut dire que l’Etat ouvrier russe est né de la révolution d’Octobre 1917 et mort de la contre-révolution stalinienne, même si celle-ci s’est étalée longuement, la bureaucratie n’étant pas une classe sociale indépendante, sure d’elle même et ayant des perspectives historiques propres.

  • Selon le gouvernement Macron, il n’y a pas de droit de retrait face au coronavirus : il faut aller travailler au risque de sa vie mais le président, lui, se protège, annule ses voyages, vit dans un cercle étroit lui-même protégé et envisage même de résider dans un fort pour ne pas être atteint, l’essentiel selon Macron étant de préserver la tête de l’Etat...

    Le peuple travailleur appréciera qu’on l’envoie au front sans masques et sans protection et qu’on lui interdise de se protéger !!!

    Et surtout qu’on protège à coups de milliards banques et trusts mais qu’on ne dispose pas d’argent pour l’hôpital, pour des masques, pour des soins...

  • Elles ne sont pas belles leurs règles du jeu ? Des règles mises en place par eux, où à tous les coups, ils gagnent.

    La banque publique d’investissement, va mobiliser de l’argent pour venir au secours des entreprises du CAC 40, qui sous l’effet de la menace du coronavirus, perdent de l’argent.

    Vous, si vous jouez au casino, soit vous perdez, soit vous gagnez. Et l’argent que vous pourriez remporter pallie les pertes que vous pourriez encaisser. (Mais comme on perd plus que l’on ne gagne, nous, on ne joue pas).

    Eux, grâce au gouvernement, gagnent à tous les coups !

    Quand la bourse s’envole, c’est le jackpot, qui avec la flat tax (encore un cadeau de Macron pour les grandes fortunes) est très peu imposé.Et des dividendes record sont versées aux actionnaires.
    Et maintenant que la bourse baisse, ils ne perdront rien.

    La Banque publique d’investissement (BPI France) a décidé de voler à partir de la fin du mois d’avril au secours des entreprises du CAC 40.

    Ils ne prennent plus aucun risque.

    Mais si eux gagnent à tous les coups, ca veut dire que ceux qui perdent à tous les coups, c’est nous !
    Parce que ce que leur offre Macron pour les sauver, c’est de l’argent public. Le but d’une banque publique d’investissement n’est pas de soutenir des cours boursiers mais des projets d’investissement.

    Il est peut être de temps de changer les règles ?

  • L’unité nationale a été le principal axe politique de Macron mais tout démontre que c’est l’unité derrière le grand capital !!!!

  • On l’a vue l’unité nationale lors de la répression violente des gilets jaunes ce samedi !!

    La matraque, les tirs et les gaz, c’est ça l’unité de l’Etat avec le peuple !!!

  • L’unité nationale pour payer cette crise surement pas !!!

    Aux riches de payer cette crise !!!!

    La santé, pour eux, c’est la santé « de l’économie », traduisez du grand capital !

  • Ils préparent la guerre mondiale car ils sont face à la plus grande épidémie de fuite de capitaux dans l’histoire du capitalisme. Les conséquences économiques et sociales sont incalculables mais la guerre bactériologique a été la deuxième étape (après celle de la guerre en Syrie, les attentats et la répression dans les rues et les entreprises) de la contre révolution sociale. L’histoire des exploités n’oubliera pas que le monde entier est en pleine construction de mouvements révolutionnaires depuis 10ans environ , autonomes, auto organisés quand l’impérialisme chinois a laissé le COVID 19 se propager pendant le nouvel an chinois et que les autres impérialismes et dirigeants bourgeois n’ont pas fait mieux. Le réformisme politique & syndicale se tait devant la dictature du capital et ses représentants au sommet des Etats. Mieux encore , il ne renonce absolument pas à diriger les Etats bourgeois ! Il va falloir abattre les appareils d’état, sa police et son armée gangréné par l’extrème droite et cela seule la révolution sociale en est capable. Notre pouvoir, salariès comme chômeurs de tous les pays , doit s’exercer à travers nos comités, assemblées etc.. Contre l’union nationale, nous opposerons partout celle de tous les travailleurs par delà les frontières nationales et professionnelles. Nous ne pouvons nous unir avec les banquiers, les chefs militaires, religieux, les dirigeants impérialistes et de la bourgeoisie, les patrons de multinationales qui sont responsables de cette faillite du vieux monde et de la guerre de classe qu’ils mènent à fond depuis 2008, c’est à dire depuis qu’ils savent que le titanic capitaliste va couler.

  • Oui ! Le coronavirus est d’abord la réponse capitaliste à la révolution mondiale !

    En Algérie on interdit les manifestations et rassemblements évolutionnaires sous prétexte de coronavirus !

    En Israël on utilise la législation antiterroriste contre les malades du coronavirus !

    Au Chili, on envoie la garde à cheval avec coups de matraques et gaz contre les manifestants parce ceux-ci prennent des risques en se rassemblant !!!

    En France comme en Italie ou en Espagne ainsi qu’aux USA on prépare la dictature militaire et polciière !

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