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La colère du peuple travailleur de Wuhan éclate

lundi 9 mars 2020, par Robert Paris

Coronavirus : les habitants de Wuhan font entendre leur colère

Une vice-première ministre chinoise inspectait les conditions de quarantaine dans une résidence de la capitale du Hubei, au centre de l’épidémie, lorsque les résidents ont dénoncé les autorités locales.

La vidéo a été prise depuis les étages d’une résidence confortable de Wuhan, jeudi 5 mars. On entend plusieurs voix crier : « C’est faux, c’est faux, tout est faux. » En bas, l’une des vice-premiers ministres, Sun Chunlan, connue pour être la seule femme parmi les 25 membres du bureau politique du Parti communiste, est accompagnée d’une délégation pour inspecter l’organisation de la quarantaine à Wuhan. D’autres vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux chinois, filmées de plusieurs appartements, et même une apparemment prise par des membres de la délégation ou des accompagnateurs.

Les résidents de Wuhan crient « faux, tout est faux » lors de la visite d’un haut responsable du gouvernement pour exprimer son mécontentement.

L’incident a eu lieu jeudi matin 5 mars lors de la visite du vice-Premier ministre Sun Chunlan dans la communauté Cuiyuan du district de Qingshan.

Selon DW News, Sun a également visité la communauté de West Bridge dans le district de Jianghan.

L’athlète de 69 ans faisait le point sur le comité de quartier, qui est chargé de fournir les produits de première nécessité aux résidents, tels que la nourriture, les légumes et les médicaments.

Des cris de « formalisme » (xing shi zhu yi, 形式主义) pouvaient même être entendus.

Le terme est utilisé pour faire référence à des mesures inefficaces mises en place par des représentants du gouvernement juste pour le plaisir d’apparaître.

Selon les médias locaux Vista, les résidents avaient l’intention de faire part de leur mécontentement envers les employés du gouvernement qui prétendent faire du bon travail devant leurs supérieurs, tout en ne le faisant pas en réalité.
Les médias d’État ont rendu compte de l’incident

Environ quatre heures plus tard, le gouvernement central aurait appelé à une réunion pour examiner la question et a exhorté les autorités locales à livrer des articles essentiels aux résidents "jusqu’au dernier kilomètre".

La chaîne de télévision d’État CCTV a rapporté dans la même nuit que Sun avait demandé aux autorités locales d’enquêter sur le problème et leur avait dit de ne pas éviter le problème, de rejeter le « formalisme » et de résoudre les problèmes de manière pragmatique afin de satisfaire les gens. .

 un effort qui pourrait être une tentative de montrer que le gouvernement réagit au mécontentement du public.

Le compte WeChat affilié au gouvernement, Taoran Notes, a écrit que les vidéos publiées sur les réseaux sociaux étaient vraies.

Il a ajouté : « Ce n’est que lorsque les problèmes sont confrontés de front que le gouvernement peut recevoir la compréhension et le soutien de la population ».

East Day a rapporté que des responsables locaux ont par la suite rendu visite à environ 3 000 ménages pour mieux comprendre les conditions sur le terrain.

Des photos prises le 5 mars montrent des employés de supermarchés préparant des sacs de légumes à envoyer aux résidents.

Toutes les communautés résidentielles de Wuhan sont placées sous clé depuis le 12 février, empêchant les résidents de quitter leur domicile.

Alors que les employés des comités de quartier sont chargés de répondre aux besoins des résidents et de leur fournir les éléments essentiels de la vie quotidienne, ils ont révélé qu’ils étaient dépassés par la quantité de travail qu’ils avaient.

La parole s’est libérée sur les réseaux sociaux depuis la mort du docteur Li Wenliang. Ce jeune ophtalmologue a été parmi les premiers à alerter sur l’épidémie avant d’être bâillonné par les autorités. Contaminé par ses patients, son décès a provoqué une immense émotion et un déluge de critiques parmi la population.

La colère est ici transmise directement aux officiels, et en l’occurrence à Sun Chunlan. La vice-première ministre est venue visiter jeudi 5 mars le travail des comités de quartiers et l’approvisionnement des résidents en vivres et en bien de première nécessité.

Ce qui est rare, ce n’est pas que la colère explose au passage du cortège officiel, mais le fait qu’elle ait pu circuler sans être immédiatement censurée.

L’agence de presse d’État Xinhua indique que Sun Chunlan a profité de son passage à Wuhan pour exiger une « enquête approfondie » de manière à résoudre les problèmes soulevés par les habitants. Et même le Quotidien du Peuple a publié les images de la vice-première ministre chahutée sur son compte Twitter… mais en affirmant qu’un seul résident avait crié « tout est faux ». Cela avant de supprimer sa publication, en anglais.

Comités de quartier

Dans leur réécriture des évènements, les médias d’État aiment montrer des représentants du gouvernement central à l’écoute et corrigeant les erreurs commises localement. En l’occurrence ici, celles des tout-puissants comités de quartier qui ont eu tous les pouvoirs pour mettre en application les consignes de quarantaine destinées à faire barrage à l’épidémie.

C’est d’ailleurs sous cet angle que Tao Ran a rapporté l’incident sur son compte WeChat : « Certains résidents de la communauté Cuiyuan du district de Qingshan ont crié par leur fenêtre alors qu’un groupe du gouvernement central effectuait son inspection, rapporte ce compte officiel. Cette scène est fondamentalement vraie et critique le travail d’approvisionnement (…) qui n’est pas en place. (…) La vice-première ministre a immédiatement demandé aux dirigeants provinciaux et municipaux de bien comprendre la situation (…) et résoudre les problèmes en temps opportun, sans céder au formalisme bureaucratique. »

Les pouvoirs critiqués ici sont perçus comme ayant commis des abus de pouvoir par une partie des 11 millions d’habitants de Wuhan, eux marqués psychologiquement par cette très longue période d’isolement.
L’épicentre de l’épidémie ne devrait plus voir aucun cas d’infection d’ici à la fin mars, prévoit vendredi 6 mars le très officiel Global Times. Cela pourrait laisser envisager une visite à Wuhan du numéro un chinois Xi Jinping en avril. Si cette visite avait lieu, nul doute qu’elle serait davantage encadrée.

Messages

  • Sous prétexte de lutter contre les rumeurs et les "fake news", la police chinoise fait surtout la chasse aux critiques qui mettraient directement en cause le régime communiste. "Je ne regarde jamais la télévision, explique Xia, jeune pékinoise de 26 ans. Tout ce qu’ils racontent c’est n’importe quoi, ils ne parlent que du travail des médecins ou de la mobilisation du Parti communiste, jamais rien sur les victimes." Dimanche soir encore, le journal de CCTV, diffusé sur toutes les chaînes du pays à 19 heures, ne parlait que d’union nationale et de mobilisation des médecins "dont 90%, explique le présentateur, sont membres du Parti communiste" ouvrant son édition sur la première visite du Président chinois dans un hôpital de Pékin.

    "Si je veux savoir ce qu’il se passe vraiment à Wuhan et partout dans le pays, je dois moi-même chercher l’information sur les réseaux sociaux, raconte Xia. Certains journaux comme Beijing News ou Caixin ont bien fait leur travail en allant sur place raconter le malheur des gens, mais depuis une semaine ils ne disent plus rien." Car la propagande d’Etat a envoyé au pas de charge trois cents journalistes à la solde du Parti écrire depuis Wuhan des articles à la gloire du régime.

    "Moi j’ai bien essayé de changer ma photo de profil en mettant à la place un dessin représentant le docteur Li la bouche bâillonnée, mais mon compte a été immédiatement bloqué. Alors maintenant je fais attention." Car la police n’hésite pas à frapper directement aux portes des contrevenants et à les mettre en prison. C’est le cas de Chen Qiushi. Ce jeune journaliste citoyen qui publiait ses posts depuis Wuhan a disparu, sans doute arrêté par la police. Alors les internaute contournent la censure, surnommant par exemple "F4" les quatre responsables de la province du Hubei accusés d’avoir caché l’épidémie, ou "monsieur X" leur président.

  • Le président chinois fait sa première visite à Wuhan ! L’épidémie y a commencé en décembre !!! Et c’est bien entendu du cinéma… Le sort de la population ne lui fait souci que parce qu’elle commence à se révolter !!!!

  • A Wuhan, les habitants disent être baillonnés par le pouvoir pour répondre aux enquêteurs mais l’OMS fait comme si tout se passait bien :

    https://www.europe1.fr/international/a-wuhan-des-habitants-disent-etre-baillonnes-par-le-pouvoir-aux-enqueteurs-de-loms-4021344

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