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Les votes Mélenchon, Le Pen ou Trump contre la guerre en Ukraine : la jeunesse n’a rien à en attendre !

jeudi 22 août 2024, par Alex, Waraa

Les votes Mélenchon, Le Pen ou Trump contre la guerre en Ukraine : la jeunesse n’a rien à en attendre !

La jeunesse est la partie de la population qui en France est la plus marquée par les annonces récurrentes d’envoi de troupes en Ukraine. Certains jeunes sont déprimés par cette perspective, et ont utilisé en France le vote en faveur de Mélenchon ou Le Pen, dont les partis LFI et RN ont été accusés par les autres partis d’être "pro-russes".

Aux USA, c’est le candidat Trump qui apparait comme opposé à la guerre que l’OTAN déclare à la Russie, puis bientôt à la Chine.

En France aucune organisation politique ni syndicale ne propose une politique à cette jeunesse anti-guerre. La gauche et l’extrême-gauche ne critiquent le RN que sur le plan des "valeurs", et ignorent entièrement cette jeunesse qui , même issue de l’immigration, se tourne vers Le Pen non pas gagnée par le racisme, mais par sentiment anti-guerre.

Or ce n’est pas en se tournant vers Trump, Le Pen ou Mélenchon que la jeunesse de France ou des USA pourra combattre la marche à la guerre. Seul l’internationalisme prolétarien peut lui donner des perspectives.

Les USA et la deuxième guerre mondiale

Les premiers mensonges auxquels les jeunes sont confrontés à propos de la guerre leur sont assénés par un système éducatif au service de la bourgeoisie impérialiste, de la maternelle à l’Université.

On nous fait croire que les Alliés menèrent une guerre contre la nazisme, alors que le pire de ses crimes que furent les camps d’exterminations ne fut pas dénoncés, ni empêchés par ces Alliés (USA, France, GB) qui jusqu’en 1945 restèrent négationnistes, feignant de découvrir l’horreur des camps en 1945.

Les USA, se sont opposés à l’Allemagne nazie dans le cadre d’une rivalité pour le contrôle de l’économie mondiale, pas par opposition au nazisme. La destruction des camps d’extermination n’était pas un de leurs buts de guerres, pas plus que pour la Résistance française officielle. Les USA ont même collaboré, à travers leur multinationales, avec Hitler, sur le plan économique jusqu’à la fin de la guerre. Les pires exemples sont ceux de Ford et Général Motors :

Dès le début des années 1920, Ford sera un des bailleurs de fonds du Parti nazi allemand. Hitler d’ailleurs avait orné son bureau d’une gigantesque photographie représentant Ford et fait traduire plusieurs ouvrages portant sa signature, avant tout "Le Juif International" évoqué dans "Mein Kampf". Ford portera un toast à l’Allemagne nazie : "Je souhaite le succès de la jeune et puissante Allemagne nazie dans sa mission d’éradication de toutes les vermines dégénérées qui souillent la race blanche".

On aurait tort de penser qu’il s’agissait d’une position personnelle. C’est toute la politique du groupe qui le portait à collaborer avec d’autres consortiums et sociétés comme General Motors, Union Carbide, General Electric, Kodak, ITT ou Morgan. En 1939, les succursales allemandes de Ford et General Motors fournissaient ainsi 70% du marché automobile germanique. Quand les soldats américains arrivèrent en Europe pour combattre le nazisme, ils eurent la surprise dans bien des cas de découvrir que leur ennemi roulait en camions Ford et volait dans des avions de fabrication Opel, la filiale de General Motors. On ajoutera que c’est Exxon - Esso - qui fournissait l’essence.

Les filiales françaises de Ford continuèrent à produire des camions pour le régime hitlérien après 1941 et ouvrirent une succursale en Algérie destinée à combler les besoins de Rommel en camions et voitures blindées.

Dictionnaire iconoclaste des USA (R. Martin, 2005)

La guerre est une machine à sous pour une partie de l’industrie. Le complexe militaro-industriel, la CIA, ont en main la politique étrangère des USA autant que pourrait l’avoir Trump s’il est élu.
En France le soutien massif des media à la candidature Joe Biden ou sa vice-présidente est faite au nom de l’anti-racisme, du féminisme. Or Biden et sa vice-présidente sont les pires fauteurs de guerre de la planète, le massacre des Palestiniens étant un de leurs derniers forfaits.

De même la prétendue lutte contre l’antisémitisme menée par le gouvernement français, rejoint par le RN, est en fait une propagande pour une future guerre : on expliquera à la jeunesse que la guerre contre la Russie est une guerre contre un nouvel Hitler, que c’est une guerre antifasciste juste, pour des "valeurs". Le soutien inconditionnel à l’armée israélienne qui massacre les Palestiniens à grande échelle à Gaza est même officiellement une forme de lutte contre l’antisémitisme.

Oui il faut lutter, voire s’armer contre l’antisémitisme et le racisme et l’extrême droite fasciste, mais ce n’est pas en s’embrigadant politiquement et militairement derrière le PS, le PC stalinien, leurs Fronts populaires, qui par leur politique criminelle ont amené au pouvoir Hilter en 1933 en Allemagne, Franco en Espagne en 1938, puis Pétain en France en 1940, que la jeunesse le fera.

Dénonçons ces mensonges à propos de la 2ème guerre mondiale qui nous sont diffusés à l’école, dont le but est de nous embrigader en faveur de la 3ème.

Dénonçons le patriotisme des jeux olympiques, dont le seul but est de nous préparer au patriotisme guerrier.

Des campagnes antimilitaristes et antipatriotiques sont nécessaires comme prélude à toute lutte contre la guerre !

La jeunesse et les travailleurs du Bangladesh

La plus grande force de la jeunesse qui ne veut pas servir de chair à canon dans les guerres organisées par ces messieurs dames de la bourgeoisie, ce sera comme en 1968 ou lors du printemps arabe, un grand mouvement international.

L’occasion nous en fût donné en cet été 2024, par la jeunesse du Bangladesh qui a renversé un gouvernement de centre gauche aux méthodes fascistes :

Personne n’aurait pu prédire ce qui s’est passé au Bangladesh au cours du mois écoulé. Le 5 août, la démission de Sheikh Hasina, la Première ministre du pays qui est restée le plus longtemps à la tête de gouvernement, a mis un terme à son règne, exercé d’une main de fer durant seize ans dans cet État d’Asie du Sud qui compte 170 millions d’habitants.

Le Bangladesh a arraché son indépendance au Pakistan en 1971, à l’issue d’une sanglante guerre de libération menée par Sheikh Mujibur Rahman, le premier président du pays, assassiné en 1975. Hasina, sa fille, a pris la tête de sa Ligue Awami [parti de centre gauche] à partir de 1981.

Tout au long de son règne, Hasina a resserré son emprise sur le pouvoir, qui a imposé son contrôle à la justice, aux médias et aux forces de l’ordre, tandis que la répression et la corruption se généralisaient. Le paysage politique a de plus en plus ressemblé à celui d’une dictature du tiers-monde alors que le Bangladesh régressait en revenant à un système de parti unique.

Avance rapide jusqu’en juillet 2024, soit six mois à peine après sa réélection pour un quatrième mandat de suite. Comme d’habitude, la communauté internationale a gardé le silence sur ces élections iniques. L’emprise de Hasina sur le pays semble alors plus solide que jamais. C’est à ce moment que naît le mouvement en faveur de la réforme du système des quotas, qui va précipiter sa chute. [Ce système] consiste à réserver les postes gouvernementaux et dans la haute administration aux descendants des combattants de la liberté qui avaient pris part à la guerre de libération du Bangladesh en 1971.

Stratégie de voyou

Les premiers jours, les manifestations pour la réforme des quotas se déroulent sans heurts. Jusqu’à ce que le gouvernement envoie, le 15 juillet, des gros bras armés, issus de la branche estudiantine du parti au pouvoir, pour mater avec violence les contestataires et rétablir l’ordre – une stratégie de voyou qui a réussi par le passé.

C’est à partir de là que la contestation fait boule de neige : les rangs des manifestants enflent, et les autorités ont recours à des tactiques de plus en plus violentes pour enrayer la crise. Le 16 juillet, on déplore 6 tués. Quelques jours plus tard, les morts se chiffrent par centaines, tandis que les troupes de choc du gouvernement et les manifestants se livrent des batailles acharnées dans les rues.

Zafar Sobhan, rédacteur en chef du “Dhaka Tribune”, l’un des deux principaux quotidiens du pays

6 août 2024

Une des consignes des jeunes appelant à manifester était : "coupe un bambou ". On peut voir ces bambous brandis par les étudiants sur les photos du mouvement. Pour lutter contre les groupes fascistes envoyés par le gouvernement Bangladais, c’est l’armement du peuple qui a été décisif. Qui a du fer a du pain ! C’est ce slogan du révolutionnaire français Blanqui que la jeunesse du Bangladesh a mis en pratique.

En creux, c’est la corruption des organisations politiques et syndicales de la gauche réformiste que cette victoire des étudiants bangladais met en lumière. En France, aucune de ces organisations n’a appelé à la moindre manifestation ou grève nationale de solidarité avec le peuple en lutte du Bangladesh. Lucie Castets, qui rêve d’un poste de première ministre, soutenue par Mélenchon, ne s’y trompe pas en gardant le silence : c’est une de ses homologues politiciennes bourgeoises, pseudo féministe, qui vient d’être renversée au Bangladesh. C’est au Bangladesh deuxième fournisseur après la Chine, que des patrons français font fabriquer des vêtements par 4 millions d’ouvriers, surtout des femmes. Entre la bourgeoisie française et les ouvrières du Bangladesh, les pseudo féministes de la vieille gauche coloniale sont du côté des patrons.

Les manifestations et contre-manifestations au Royaume-Uni

Le pays où le lien entre les mouvements anti-extrême droite d’un pays impérialiste et celui de la jeunesse d’une ancienne colonie comme le Bangladesh aurait pu, plus que partout, être établi cet été, est le Royaume-Uni, où suite aux manifestations violentes de l’extrême droite, des manifestation anti-racistes ont été organisées :

Comment l’atroce meurtre au couteau de trois fillettes à Southport, le 29 juillet, perpétré par un ado né au Royaume -Uni a-t-il pu aboutir à une semaine de violences d’extrême droite contre la police et l’Etat britannique ? Le suspect est né à Cardiff de parents arrivés il y a des décennies du Rwanda-un pays chrétien. La situation s’est transformée en un débat sur l’extrême-droite au Royaume-Uni, sur l’immigration, le racisme, le populisme et l’exaspération des laissés-pour-compte vis-à-vis d’un Etat qui d’après eux les a abandonnés.
Dans le nord-est de Londres, à Walthamstow, où un grand nombre de personnes s’étaient rassemblées, beaucoup ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "La haine n’est pas la bienvenue ici". Des scènes similaires se sont déroulées dans plusieurs villes d’Angleterre, notamment à Bristol, Southhampton, Birmingham, Shefield, Liverpool, Aldershot, Londres et Newcastle.

The Guardian, New Statesman

Certes, participer aux contre manifestations était une nécessité. Mais la gauche britannique qui les organise est-elle même une des plus racistes du monde, comme la gauche française, car les deux ont un passé colonial, et un présent néo-colonial. Car la principale composante de la gauche au Royaume-Uni, le Parti Travailliste, lié aux syndicats, a co-géré l’Empire colonial britannique, le plus vaste du monde.

Le Bangladesh est une de ces anciennes colonies, les travaillistes qui se prétendent anti-racistes ont cautionné le partage du Bengale initié en 1906, en une partie "musulmane" avec capitale Dacca, le Bangladesh depuis 1971, et une partie "Hindoue" avec capitale Calcutta, province de l’Inde depuis 1947. La gauche britannique a mis en place des régimes basés sur les haines religieuses et prétend pouvoir prêcher chez elle la tolérance ?

Sans être anti-impérialistes, anti-colonialistes, les mouvements anti-racistes ou anti-guerre des métropoles impérialistes ne resteront que des mots creux. Une occasion a été manquée cet été en Angleterre.

L’absence d’action de soutien à la lutte anti-coloniale du peuple Kanak en France cet été est une trahison similaire.

En Angleterre, celui qui avait réuni la lutte anti-coloniale et la lutte anti-guerre est l’Irlandais James Connolly fondateur de "L’armée des citoyens d’Irlande" (Irish Citizen Army) en 1913. C’est comme les étudiants du Bangladesh, d’abord comme un mouvement d’auto-défense, que cette armée fut créée :

L’armement du prolétariat, c’est dès 1913 que les socialistes irlandais l’assument. Ils appartiennent à la catégorie de "nation opprimée" décrite par Lénine, et l’armée permanente qu’ils croisent dans la rue est celle de la Grande-Bretagne. Ils échappent ainsi à la polémique sur la transformation démocratique de l’armée en milice populaire. Si milice ou Citizen Army il doit y avoir, elle sera bâtie de toutes pièces, dans l’illégalité, à partir des bataillons les plus lucides du prolétariat en lutte. De plus, si l’ICA émerge, avant tout, comme milice d’auto-défense lors de la grève générale, elle se veut aussi une riposte à la création, en 1912, des milices réactionnaires de protestants du nord-est de l’île, opposés à l’introduction de l’Home Rule, l’Ulster Volunteer Force d’Edward Carson.

James Connoly et le mouvement révolutionnaire irlandais (R. Faligot, 1978)

L’armé de James Connolly ne respecta pas l’Union sacrée, déclencha une insurrection pour la libération de l’Irlande en pleine guerre mondiale (Pâques 1916), contre l’armée britannique : "Nous ne servons ni roi ni Kaiser, mais l’Irlande." Lutte anti-coloniale et anti-guerre impérialiste sont indissociables, en 2024 comme en 1916.

La marche à la guerre ne dépend pas la décision d’un gouvernement, même celui des USA. C’est le capitalisme qui ne s’est pas remis de sa crise de 2008 qui marche à la guerre depuis.

Contre le drapeau bleu-blanc-rouge, contre les armées, contre les multinationales, c’est une révolution prolétarienne internationale qui permettra à la jeunesse de ne plus mourir sur les champs de bataille. Pour ne pas laisser la jeunesse se faire embrigader par les faux opposants à la guerre comme Le Pen, Mélenchon et Trump, ou dans les pseudo-campagnes anti-racistes des criminels de guerre comme Biden ou Macron, les travailleurs conscients doivent lui montrer la voix des Connolly, Lénine, du prolétariat de Russie et d’Irlande qui démontrèrent que pour arrêter les guerres impérialistes, c’est la prise du pouvoir par le prolétariat qui est la solution !

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