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Après le 10 septembre et le contre-feu du 18, quelle perspective pour le mouvement ?

dimanche 28 septembre 2025, par Karob

Pour un nouvel Acte III des Gilets Jaunes : renversons tout le pouvoir et ses adeptes

Bilan du 10 et du 18 septembre

Depuis juillet, des appels ont circulé appelant à boycotter, à désobéir à la société des milliardaires, des banques, des trusts et au pouvoir politique, et à développer la solidarité entre nous.

Ces appels étaient une forme d’aspiration à une insurrection politique et devaient être un début de sécession d’avec la société actuelle, son fonctionnement, ses institutions, son pouvoir politique et social.

Les appels se revendiquaient d’une rupture ouverte avec la société des milliardaires, mais ils furent rapidement dévoyés par les faux soutiens qui, au fil de l’été, ont été obligés de se prononcer par rapport à ces appels. Ne pouvant les dénoncer comme ils l’avaient fait autrefois contre les GJ, ces faux amis de gauche ont prétendu cette fois-ci nous soutenir, mais ils n’ont pas repris les mots d’ordre du mouvement, réduisant tout à un seul mot d’ordre : « Bloquons tout », qui, de simple moyen de lutte (discutable d’ailleurs), est devenu l’objectif du mouvement.

Ces soutiens liés aux directions syndicales, à l’extrême gauche opportuniste et à la gauche bourgeoise ont permis d’éviter toute réelle auto-organisation, même s’ils la revendiquaient publiquement.

Le mouvement de la base contestant le pouvoir démarrant le 10 a été ainsi transformé en journée d’action du 10 en vue d’objectifs économiques limités.

Bloquons tout, disaient les insoumis et les gauches syndicales mais qu’ont-ils réellement bloqué ?

En noyautant le mouvement du 10 septembre LFI et les syndicalistes de gauche (fussent-ils prétendument d’extrême gauche) n’ont pas bloqué la France : ils n’ont fait que bloquer le mouvement de base en le transformant en mouvement des appareils et en changeant discrétement les objectifs…

Résultat : ils n’ont même pas gagné sur leurs objectifs réformistes… Et ils ont essayé d’effacer les objectifs insurrectionnels venus des Gilets jaunes et ceux annoncés par le mouvement du 10 septembre !

Le mouvement du 10 a donc été en partie dévoyé de l’intérieur par ces soi-disant soutiens qui ne retenaient plus que l’idée d’auto-organisation — elle-même dévoyée puisque les assemblées ne sont jamais constituées sur la base des mots d’ordre et de l’appel à l’insurrection politique. Elles ont accouché de « blocages » vite délogés, puis d’appels à soutenir la grève légale de l’intersyndicale.

Nos faux amis, mais vrais ennemis politiques de l’auto-organisation et de l’insurrection populaires, ont encadré le mouvement spontané pour qu’il ne soit pas dangereux, avec l’aide de faux radicaux mouvementistes et d’anciens GJ servant de cheval de Troie.

Au final :

  les assemblées sont désertées ;

  on n’y discute que d’actions pratiques et pas de perspectives sociales et politiques ;

  tout vrai débat sur la finalité du mouvement, ses revendications, ses moyens, est proscrit ou censuré.

Or ce qui a fait la force des GJ, c’était une réelle auto-organisation où tout était discuté et décidé, avec la tentative de se fédérer à l’échelle du pays — ce qui n’a jamais été la volonté de ces assemblées para-syndicales.

C’est pourquoi il faut tirer la leçon : tant que l’on reste enfermé·es dans les “journées” et dispositifs encadrés par les appareils, la dynamique est neutralisée. L’élan du 10 septembre doit être assumé et prolongé, sinon il sera de nouveau étouffé.

Pour un nouvel Acte III des Gilets Jaunes

Si nous voulons nous préparer au mieux à la confrontation avec le pouvoir politique et l’État, il faut reprendre là où le mouvement des Gilets Jaunes a été le plus fort, avant de reculer sous les coups des faux amis actuels, qui avaient déjà mis en œuvre une politique de cordon sanitaire autour du mouvement.

En effet, les Gilets Jaunes n’ont jamais été aussi forts et menaçants pour le pouvoir que lorsqu’ils ont tenté d’aller chercher Macron dans son palais. Le pouvoir a tremblé.

C’est ce même élan qui a déjà renversé d’autres pantins des oligarques, en Indonésie comme au Népal : le peuple allant chercher directement ceux qui prétendaient gouverner à sa place. Voilà le seuil minimum de lutte et d’action directe à retrouver.

C’est cela qui avait fait la force des Gilets Jaunes : vouloir aller chercher Macron qu’ils ne reconnaissaient plus, alors que les directions syndicales et de partis le reconnaissaient comme président.

Les Gilets Jaunes ne cherchaient pas de compromis : c’est de là qu’il faut redémarrer le mouvement, au minimum.

Or ce n’est pas l’objectif des soi-disant soutiens, qu’ils viennent des directions syndicales ou des partis de l’extrême gauche opportuniste et électoraliste.
Cette proposition n’est pas un slogan abstrait : elle signifie que les GJ doivent assumer leur propre voie, indépendante des agendas institutionnels et des illusions électorales, s’ils veulent redevenir menaçants pour le pouvoir.

Un objectif clair

Celles et ceux qui se disent Gilets Jaunes, ou qui se réclament de leur cause, doivent se prononcer sur cet objectif clair : reprendre l’élan de l’Acte III.

Sans ce minimum :

  aucune alliance réelle,

  aucune action commune sérieuse n’est possible.

Sans ce seuil minimum, toute prétendue alliance avec des forces politiques ou syndicales ne sera qu’une manœuvre pour nous enfermer à nouveau dans leurs calendriers et leurs limites.

Alors seulement, ensemble, nous pourrons discuter des moyens pour aller plus loin.

Il ne peut y avoir de prise de pouvoir sans ce niveau minimum de lutte et d’action directe. Certainement pas avec les blocages proposés actuellement.

Et c’est ce niveau de lutte qui avait fait peur. Alors, ceux qui disent soutenir les GJ, ou être GJ, doivent se prononcer sur cet objectif minimum. Après, on causera des moyens.

Discutons-en parmi nous

Ce qui a fait la force des Gilets Jaunes, et particulièrement de l’Acte III, ce n’est pas seulement l’auto-organisation : c’est aussi son aspect insurrectionnel. Sans insurrection, il n’y a pas de révolution.

Prendre acte que le minimum requis doit être celui de l’Acte III, c’est assumer que le mouvement GJ signifie à la fois auto-organisation et confrontation insurrectionnelle.

Bien sûr, il ne s’agit pas d’« appeler » directement à l’insurrection. Il s’agit de préparer les mentalités à sa nécessité : diffuser les idées, les analyses et les pratiques qui rendent compréhensible et possible l’acte insurrectionnel.

En même temps, il faut discuter et construire dès maintenant l’auto-organisation qui permettra, après le renversement du pantin des oligarques, de diriger la société autrement : comités, assemblées, sections fédérées, coordinations.

Les blocages isolés ou les journées symboliques ne menacent pas le pouvoir : ils ne sont pas à la hauteur. Les grandes ruptures (1789, 1793, 1871) furent des insurrections : c’est ce seuil qu’il faut retrouver.

L’auto-organisation prend toute sa force quand elle s’articule à une dynamique populaire capable de confronter le pouvoir ; préparer l’un sans l’autre, c’est se condamner à l’impuissance.

L’expérience historique est nette : une auto-organisation sans préparation insurrectionnelle devient une coquille vide ; une révolte sans structures populaires solides s’épuise vite. Les deux doivent avancer ensemble.

Conclusion

Ce n’est que sur ce minimum requis — celui de l’Acte III, combinant auto-organisation et dynamique insurrectionnelle — que nous pouvons discuter, nous associer et décider comment agir dans la période.

Nous nous associons justement pour préparer les mentalités à la nécessité de l’insurrection, tout en construisant dès maintenant et en défendant les formes d’auto-organisation nécessaires pour prendre le pouvoir une fois le pantin oligarque renversé.

Tout ce qui reste en deçà — blocages sporadiques, journées symboliques, mots d’ordre creux — détourne et affaiblit le mouvement.

Le peuple travailleur n’est souverain qu’au travers de la fédération de ses sections, ou il ne l’est pas. Comme les sections sans-culottes de 1793, il nous faut des assemblées populaires fédérées, où le peuple prend, exerce et organise son pouvoir.

La leçon de 1793, 1871 et 1917 est claire : quand le peuple s’organise réellement pour gouverner à la place des élites, le pouvoir vascille puis cède. C’est cette perspective que l’Acte III doit rouvrir.

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