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Grèves ouvrières de la Chine et l’Inde à l’Afrique

vendredi 27 août 2010

Des grèves de travailleurs de l’automobile en Inde aux luttes dans les mines africaines, des suicides de salariés chinois aux assassinats de syndicalistes colombiens, les tensions sociales s’avivent dans les pays émergents. La montée des questions relatives à l’environnement et à la santé au travail ou les mobilisations contre la précarisation de l’emploi sont des constantes. Tour d’horizon en Amérique latine, en Asie et en Afrique.

C’est à Shanghai que le salaire minimum est désormais le plus élevé, à 1120 yuans (129 euros).

Le salaire minimum repart à la hausse en Chine
"Le chômage des jeunes dans le monde a atteint le plus haut niveau jamais enregistré et devrait encore augmenter en 2010", a indiqué le BIT.

Avec la crise mondiale, les revendications face à la dégradation des conditions de travail et du pouvoir d’achat se sont multipliées. En Chine, explique Raymond Torres, qui dirige l’institut de recherches de l’Organisation internationale du travail (OIT), "les salariés revendiquent parce qu’ils se trouvent en position plus forte : la réserve de main-d’oeuvre commence à s’épuiser et une nouvelle génération de salariés, qui a fait plus d’études, se trouve moins sensible aux pressions idéologiques du régime".

Dans le secteur automobile, en Asie ou en Amérique latine, les conflits sont de plus en plus fréquents. Les secteurs stratégiques de l’industrie pétrolière et des mines se restructurent. Le pétrolier britannique Shell envisage de se retirer de 21 pays d’Afrique, suscitant l’inquiétude des salariés. Les cessions et rachats de sociétés modifient les termes des contrats de travail, avec pour conséquence l’externalisation de nombreux salariés. C’est un des principaux motifs de conflits.

En Inde, le mouvement syndical, fragmenté et très politisé, a appelé à la grève générale pour début septembre, afin de protester contre la politique gouvernementale d’"affaiblissement du code du travail". La revendication d’un "travail décent" est devenue la préoccupation principale de l’OIT et de la Confédération syndicale internationale (CSI) (175 millions d’adhérents de 311 organisations dans 155 pays). Celle-ci appelle à une journée mondiale de mobilisation sur ce thème, le 7 octobre.

Le respect des droits syndicaux et des normes sociales constitue une cause importante de protestations. De fait, les violences sont nombreuses : répression, emprisonnement, licenciement, déplacement de syndicalistes... Le Rapport annuel des violations des droits syndicaux, établi par la CSI, fait état de 101 syndicalistes tués en 2009 (contre 76 l’année précédente), dont 48 pour la seule Colombie.

Les emprisonnements de militants sont fréquents en Iran, au Zimbabwe, en Corée, au Honduras, etc. Et les violations des droits syndicaux sont nombreuses en Russie, en Egypte, en Turquie ou en Corée du Sud. Plus généralement, la montée de la violence anti-syndicale est inquiétante, notamment en Amérique centrale, au Panama ou au Guatemala...

"Le pluralisme syndical est souvent mal accepté par nos propres adhérents, mais, aujourd’hui, cela change, et nous essayons de promouvoir des liens avec des organisations indépendantes." L’aveu émane du Britannique Guy Rider, ancien secrétaire général de la CSI.

Dans de nombreux pays, comme en Algérie, les conflits sont menés par des syndicats non affiliés à la CSI et des mouvements issus de la société civile. Pour lutter contre le retrait d’Afrique de Shell, des travailleurs se sont organisés, de Casablanca (Maroc) à Ouagadougou (Burkina Faso), sur le réseau social Facebook, créant un groupe "Shell people are not for sale" ("Les salariés de Shell ne sont pas à vendre"). L’enjeu pour le syndicalisme est d’intégrer ces nouveaux paramètres.

Autre défi : les syndicats, notamment en Afrique, doivent représenter les travailleurs de l’économie informelle. Le développement de cette économie parallèle, qui englobe 1,8 milliard de personnes, soit la moitié de la population active mondiale, accroît la pauvreté, estime l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et génère des conflits. Les deux tiers de la population active pourraient se trouver sans contrat de travail et sans protection sociale en 2020.

Rémi Barroux

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