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Liberté de religion en Algérie ?

jeudi 16 septembre 2010

Le procès des dix "non-jeûneurs" algériens arrêtés mardi dernier à Ighzer Amokrane s’ouvre ce lundi au tribunal d’Akbou à Béjaïa en Basse Kabylie. Le procès d’aujourd’hui sera marqué par la présence d’animateurs de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, tenant à marquer sa solidarité avec les prévenus et défendre par là le droit aux libertés individuelles.

En effet, le procès a suscité plusieurs remous parmi les associations algériennes des droits qui voient en ce procès une atteinte à la liberté de conscience des citoyens. Les autorités, de leurs part, accusent les dix non-jeûneurs d’offense à l’Islam.

L’affaire arrive des jours après l’arrestation de deux ouvriers, Hocini Hocine et Salem Fellak arrêtés le 14 août dernier à Ain El Hammam (Tizi Ouzou)et qui devront comparaitre le 21 septembre prochain sous le chef d’inculpation d’offense à l’islam. Ces deux saisonniers avaient été arrêtés par des policiers alors qu’ils déjeunaient à l’intérieur d’un chantier privé.

Pour revenir à l’affaire des dix non-jeûneurs, la police a investi un immeuble situé à la sortie est d’Ighzer Amokrane avant de procéder à l’arrestation de 10 individus réunis dans une gargote.

Au tribunal ce matin, C. Arab, un jeune de 27 ans, est appelé pour répondre du chef d’inculpation de non-respect des préceptes de l’Islam en compagnie de sept autres coaccusés, tous présentés à la justice dans le cadre de la procédure de flagrant délit. Les deux jeunes restants de la dizaine de prévenus ont été finalement retenus par le procureur de la République en tant que témoins dans cette affaire.

Arab est le propriétaire du local où se trouvaient les non-jeûneurs, il nie les faits qui lui sont reprochés et continue à soutenir que les personnes se trouvant à l’intérieur de son local ne sont autres que ses amis et qu’il était en train de nettoyer son matériel pour les besoins de la cuisine de sa gargote qu’il ouvre en soirée.

Les non-jeûneurs seront jugés selon l’article 144 bis 2 du code pénal qui stipule : « Est puni d’un emprisonnement de trois à cinq ans et d’une amende de 50 000 à 100 000 dinars [de 500 à 1 000 euros], ou de l’une de ces deux peines seulement, quiconque offense le Prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen. ». L’article en question reste très controversé.
Il faut dire que les autorités algériennes mènent, ces dernières années, de véritables campagnes d’inquisition contre tous ceux qui ne respectent pas les les préceptes islamiques, affirme la presse algérienne.

L’affaire des deux ouvriers arrêtés pour le même motif continue, elle aussi, de faire couler de l’ancre et de hisser les voix en désaccord avec ces arrestations.

Hocine Hocini, 44 ans et Sallem Fellak , 34 ans ont été arrêtés le 13 août dernier alors qu’ils déjeunaient dans un chantier privé dans la ville de Ain Al Hammam (ex-Michelet), à 50 kms au sud-est de Tizi-Ouzou. Les deux détenus affirment qu’ils sont chrétiens et non musulmans et qu’ils ne sont pas obligés de jeûner.

L’arrestation de ces deux ouvriers a mené les citoyens à se mobiliser pour apporter leur soutien et leur solidarités aux détenus.

Le jour du procès, des dizaines de personnes se sont présentées devant le tribunal pour observer un sit-in de protestation. Certains amis de Hocine et Salem ont même prévu de s’y rendre dans l’enceinte du tribunal munis de « sandwichs » afin de manifester leur désapprobation. Devant cette mobilisation citoyenne, les magistrats préfèrent ajourner le procès au 21 septembre prochain ; affirme la presse algérienne.

Le non-jeûne devient dernièrement une affaire à haut risque en Algérie comme au Maroc d’ailleurs où l’article 222 du code pénal prévoit une peine d’emprisonnement pour ceux qui rompent ostensiblement le jeûne en public pendant le ramadan.

En septembre de l’année dernière, et en plein ramadan, Ibtissame Lachgar, psychologue clinicienne à Rabat, et co-fondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (Mali) avait participé à un pique-nique public comme action symbolique pour la liberté de conscience.

C’est volontairement que l’Etat choisit d’instrumentaliser de telles affaires pour semer des graines de discordes sur des questions qui détournent des vrais problèmes économiques, sociaux et politiques. En faisant croire à la population que le problème serait la division entre croyants et non-croyants, entre pratiquants et non-pratiquants, l’Etat évite la lutte de front : celle face aux exploités et opprimés de ce pays !!!}

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