Accueil > 0 - PREFACE > La révolte des ouvriers du pétrole au Kazakhstan

La révolte des ouvriers du pétrole au Kazakhstan

dimanche 25 décembre 2011

Plusieurs milliers de personnes protestaient, lundi 19 décembre dans l’ouest du Kazakhstan, contre les violences des trois derniers jours dans cette région pétrolifère, survenues après la répression vendredi d’une émeute à Janaozen, faisant au moins quinze morts selon les autorités.

Les autorités du Kazakhstan ont annoncé dimanche que de nouveaux heurts avec la police avaient fait un mort la veille dans l’ouest du pays. La situation s’est tendue dans la région après la répression d’une émeute à Janaozen dont le bilan est désormais de quatroze morts.

Plusieurs sources de l’opposition ont par ailleurs fait état de rassemblements allant juqu’à un millier de personnes à Aktaou, la principale ville de cette région pétrolifère située sur la rive orientale de la mer Caspienne.Selon le site d’opposition socdeistvie.info, « la situation à Janaozen est chauffée à blanc, un millier de personnes ont manifesté à Aktaou, tous les gisements pétroliers de la région sont à l’arrêt, les gens protestent contre la violence ».

Environ trois mille personnes étaient rassemblées à Aktaou, la principale ville de cette région située sur la rive orientale de la mer Caspienne, pour appeler les autorités à mettre fin aux violences et retirer les troupes de la ville de Janaozen. Les manifestants se tenaient près de la principale place d’Aktaou, bloquée par la police anti-émeute, en scandant des slogans tels que : "Ne tirez pas sur le peuple !"

Des ouvriers des gisements de pétrole de Karazhanbas se sont joints au rassemblement lundi. "Les employés des gisements pétroliers ont arrêté le travail, mais les pompes sont alimentées à l’électricité, donc elles fonctionnent toujours", a expliqué le chef du parti non reconnu d’opposition Alga Vladimir Kozlov.

Vendredi, la police avait ouvert le feu lors de violents heurts impliquant apparemment des employés grévistes du secteur pétrolier, qui ont éclaté le jour de l’anniversaire de l’indépendance du Kazakhstan sur la place centrale de Janaozen. Le lendemain, de nouvelles violences ont été signalées dans la localité de Chetpe, à mi-chemin entre Janaozen et Aktaou.

Janaozen, au bord de la mer Caspienne, est coupée du monde depuis ce week-end. L’état d’urgence a été décrété par l’autoritaire président Nazarbaïev, après une explosion de colère des ouvriers du secteur pétrolier, que l’on voit sur ces images de la chaîne indépendante K+.

voir ici

kazakhstan-janaozen.jpgVendredi, les officiels de cette ville de 90 000 habitants, située près de la mer Caspienne, s’apprêtaient à fêter le 20e anniversaire de l’indépendance du Kazakhstan, quand une foule en colère a fondu sur la place centrale, mis en pièces les yourtes montées pour les célébrations, et incendié le siège de la compagnie pétrolière Uzenmunaigas. Celle-ci vient de licencier 989 ouvriers, après trois mois d’une grève très dure.

Ce journal télévisé de >K+ donne un aperçu plus complet de la confrontation, on y entend les tirs (porter le curseur directement vers 3:30 puis vers 4:50).

La riposte policière a été extrêmement violente. Onze personnes au moins ont été tuées et 86 blessés, selon un bilan officiel.

L’autocrate Noursoultan Nazarbaïev, un ex-apparatchik de l’URSS qui s’est maintenu au pouvoir depuis 1991, impute les troubles à des « voyous ». Samedi, il a instauré l’état d’urgence pour vingts jours à Janaozen, et ordonné un couvre-feu nocturne.

Le secteur pétrolier est vital pour le Kazakhstan et pour la famille Nazarbaïev, qui contrôle des pans entiers de l’économie.

La situation est-elle « sous contrôle » comme on l’affirme à Astana ?

Samedi, des manifestants ont bloqué un train transportant 300 passagers et brûlé sa locomotive. Ils auraient ensuite saccagé le village de Shepte, où la police a de nouveau tiré pour, selon le parquet, « protéger la vie des paisibles habitants ». Dimanche, des centaines de personnes ont protesté à Aktau (160 000 habitants), principale ville de l’ouest pétrolier, et des militants du Parti national social-démocrate (opposition) auraient été interpellés dans la capitale.

Des ONG russes remettent en cause le bilan officiel et parlent de « dizaines de morts ».

Des témoignages diffusés par la chaîne indépendante K +, qui émet depuis le Kirghizstan voisin, font état d’une cinquantaine de décès et évoquent des « tirs à l’arme automatique ».

Messages

  • Dans la ville de Janaozen (région de Mangystau, située à l’Ouest du pays, proche de la mer Caspienne), le 16 décembre 2011, des affrontements sanglants entre l’armée et des pétroliers en grève depuis sept mois, ont clos un épisode unique dans l’histoire du Kazakhstan indépendant. Selon les autorités, le bilan provisoire est de 15 morts et 86 blessés. L’état d’urgence a été décrété dans la ville et levé le 31 janvier. Les pétroliers grévistes se sont sentis provoqués par la décision des autorités de la ville d’organiser la célébration des 20 ans de l’indépendance du Kazakhstan, sur la place qu’ils occupaient depuis le début du mouvement en mai 2011, alors que leurs revendications n’avaient toujours pas été prises en considération et que certains de leurs camarades étaient toujours emprisonnés depuis l’été. Le maire de Janaozen avait clairement l’intention de chasser ces personnes du centre de la place. Retour sur les origines d’un conflit qui montre les failles du régime kazakh, réputé pourtant le plus stable d’Asie centrale.

    Ces grèves ont commencé en mai 2011, dans les sociétés pétrolières Karajanbasmounaï puis à Ozenmounaïgaz, dans la région de Mangystau (qui commémorait ses 50 ans d’activité pétrolière en 2011). Jusqu’à présent, l’augmentation des revenus pétroliers avait permis au gouvernement d’assurer une relative paix sociale et les conflits comme ceux qu’avait connu Ozenmounaïgaz, dès 2008, étaient restés circonscris. Ozenmounaïgaz, filiale de la compagnie nationale KazMounaïGaz (KMG), basée à Janaozen, compte entre 9000 et 9500 employés. La zone de production de pétrole dans laquelle travaille Ozenmounaïgaz est la 4ème du Kazakhstan, après celles de Tengiz, Karatchaganak, et Aktobe.

    Les premières revendications des employés de Karajanbasmounaï portaient tout d’abord sur une hausse des salaires et la non ingérence de la direction de l’entreprise dans les activités de leur syndicat indépendant. Selon la direction de KMG, les salaires nets au sein de l’entreprise Karajanbasmounaï s’échelonnaient entre 250 et 450 000 Tengué (soit 1288et 2319 euros).

    Les employés disaient, eux, percevoir des salaires compris entre 70 et 110 000 Tengué (soit environ entre 360 et 566 euros) seulement, ce qui est peu lorsqu’un salarié doit prendre à sa charge plusieurs membres de sa famille (le taux de chômage réel est élevé dans cette région) et compte tenu des prix des produits alimentaires qui y sont les plus élevés du pays (1800-2000 Tengué, soit environ 10 euros le kilo de viande).

    Sur environ 22 000 employés, toutes entreprises confondues, le nombre de grévistes aurait atteint 15 000 personnes fin mai, pour toute la région. Environ 1 employé sur 10 a été licencié. C’est le chiffre de 2500 personnes licenciées pour la région qui est retenu à la fin de l’année 2011. Une autre polémique a porté sur la nature des postes des grévistes : essentiellement des chauffeurs de sociétés sous-traitantes et non des pétroliers, selon le maire de Janaozen, qui affirmait que les entreprises travaillaient normalement début août. Ce qui constituait un déni de la gravité de la situation et permettait de minimiser la portée du mouvement.

  • Larisa Kharkova, présidente de la confédération syndicale indépendante CNTUK, a été condamnée à quatre années de restriction de mouvement et à 100 heures de travaux forcés, outre l’interdiction d’occuper toute fonction au sein d’une organisation publique ou non gouvernementale durant cinq ans. Il lui est interdit de changer de lieu de résidence et de lieu de travail et de visiter certains endroits, ainsi que de quitter, sans autorisation préalable, la ville où elle réside.

    Les chefs, basés sur une série d’accusations inventées de toutes pièces contre elle, font suite à une campagne de répression contre un mouvement de grève des travailleurs de la Compagnie de construction pétrolière du Kazakhstan (OCC). En avril, le président adjoint de la CNTUK Nurbek Kushakbayev fut condamné à deux ans et demi de prison pour avoir simplement évoqué lors de discussions la possibilité que la grève se poursuive. Au début de 2017, la justice kazakhe a radié la CNTUK du registre des syndicats, gelé ses comptes et saisi son équipement et ses propriétés.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.