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Quoi de neuf en Algérie ?

dimanche 5 février 2012

Quoi de neuf en Algérie ?

Le pays, victime des conditions météo exceptionnelles, avec neige, coupures de routes, coupures d’approvisionnement de gaz et d’électricité, est aussi victime de l’incapacité du gouvernement à aider la population…

La jeunesse algérienne qui s’était donné rendez-vous sur Facebook samedi matin devant la Grande Poste d’Alger pour réclamer le changement du régime, en a été tenue à l’écart par la police et peu de contestataires ont pu s’y exprimer, a constaté une journaliste de l’AFP.
A quelque 3 km de là sur la Place du 1er mai, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) avait appelé à sa manifestation hebdomadaire contre le "système politique", la 7e depuis janvier. Mais il y avait sur place plus de policiers que de militants, de badauds et de journalistes.

Malgré la levée de l’état d’urgence le mois dernier, les manifestations de rue sont interdites à Alger depuis la marche des Kabyles en juin 2001 qui avait fait huit morts.

Toute le centre-ville était quadrillé par des policiers, casque à la ceinture et équipés de boucliers.

Des barrières métalliques disposées sur les trottoirs empêchaient tout rassemblement tandis que les forces de l’ordre facilitaient la circulation automobile en repoussant les manifestants.

Au-dessus du vieil Alger historique, un hélicoptère effectuait des rondes de surveillance.

Place du 1er mai, parmi quelques militants, figurait le député du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) Tahar Besbes qui avait été blessé lors d’une précédente manifestation.

Etait également présent le président d’honneur de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), Ali Yahia Abdennour, 90 ans, qui s’est vite retrouvé immobilisé sur un trottoir par la police. "Nous continuerons à essayer de marcher chaque samedi. Il faut que ce pouvoir parte. 50 ans, ça suffit", a-t-il lancé.

Les jeunes inscrits sur le réseau social de Facebook avaient fixé cette date au début du mois pour se retrouver et faire entendre leur voix. 700 d’entre eux avaient répondu à cette "démarche indépendante des partis politiques", selon l’un d’eux.

A la Grande Poste, il n’y avait guère que des journalistes poursuivant les quelques représentants du mouvement de leurs caméras et crayons.

Le tout entouré par des dizaines de policiers souriants qui séparaient dans le calme les groupes en train de se former.

Amine, cadre de 29 ans, était un peu déçu : la présence policière est "démesurée", la Grande Poste "est un lieu public et pourtant c’est truffé de policiers".

"Je sais qu’une cinquantaine de mes amis sont là", a affirmé à l’AFP Walid, un autre cadre de 26 ans.

La CNCD, créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début de l’année contre la vie chère qui ont fait 5 morts et quelque 800 blessés, s’est scindée le mois dernier en raison de désaccords sur la stratégie pour obtenir un changement de régime.

Vendredi, une nouvelle Alliance nationale pour le changement (ANC) formée de petites formations dont des islamistes modérés et le très respecté ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, a tenu son premier meeting dans une salle d’Alger. Les participants ont réclamé un changement profond mais pacifique du régime.

Les chômeurs se sont eux donnés rendez-vous dimanche Place du 1er mai pour faire entendre leurs revendications d’ordre social et économique.

Côté gouvernemental, la presse a fait état ces derniers jours de réunions autour du président Abdelaziz Bouteflika, avec ses proches, les partis de la majorité et les militaires.

Des décisions sont attendues mais ni leur nature ni la date à laquelle elles seront annoncées, ne sont connues.

Plus de 30 personnes ont été blessées mardi dans des heurts entre forces de l’ordre et des habitants de la ville de Tiaret, (340 km à l’Ouest d’Alger), après l’enterrement d’un jeune vendeur de lunettes qui s’est immolé par le feu, a rapporté jeudi la presse locale, faisant état de plusieurs arrestations.

Le Temps d’Algérie a fait état de 37 blessés, des policiers en majorité, de saccages et d’une douzaine d’arrestations.

Banques, siège de la radio locale, magasins de différents quartiers ont été la cible de la colère des centaines de manifestants, a indiqué le quotidien Liberté, qui a noté que des pétitions demandant le départ de responsables, s’organisent à travers certains quartiers et localités de la wilaya.

De violents affrontements ont eu lieu, jeudi soir, entre les forces antiémeute et des dizaines de demandeurs de logements sociaux.
Ces derniers se sont rassemblés devant le siège de la daïra d’El Oued et ont également coupé la route, pour protester contre le retard mis dans l’affichage de la liste des bénéficiaires des 265 logements. Les forces antiémeute sont intervenues et les ont matraqués pour les disperser et rouvrir le siège de la daïra. Mais les manifestants ont riposté par des jets de pierres. Selon des sources fiables, deux éléments des forces antiémeute ont été blessés lors de ces événements, ainsi que sept protestataires, dont un grièvement au niveau des pieds, après avoir été percuté par le véhicule de la police.
Les protestataires accusent les éléments de la sûreté de l’avoir intentionnellement heurté. Ce blessé grave a été évacué à l’hôpital, mais la police l’en a sorti et arrêté. Des protestataires qui disent que celle-ci a empêché le médecin de mettre un plâtre sur les fractures du patient, ont déposé plainte auprès du tribunal d’El Oued. Un manifestant, désespéré et en colère, a tenté de se suicider en se jetant d’un poteau électrique, mais le drame a été évité de justesse après l’intervention de la foule. Au final, les frondeurs insistent sur la poursuite de leur mouvement, et ce jusqu’à la distribution des logements.

Hichem Gacem (22 ans), a succombé des suites de ses brûlures lundi au CHU d’Oran, où il avait été transféré après une tentative d’immolation par le feu le 26 janvier dernier à Tiaret, à la suite d’une altercation avec un agent de police qui a renversé son étal d’un coup de pied, selon la version des faits donnée par les médias locaux.
Les syndicats autonomes algériens des secteurs de la santé publique, de l’éducation et la formation et de l’enseignement secondaire et technique ont dénoncé leur exclusion des réunions de la Tripartite, dont une nouvelle session va réunir jeudi le gouvernement, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le patronat.
"Plus de 1,8 million de travailleurs algériens sont affiliés aux syndicats autonomes. Pourquoi alors l’exclusion des syndicats autonomes d’un débat social et leur marginalisation ?", s’est interrogé le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), cité lundi par +Le Soir d’Algérie+.

Cette situation, a ajouté le président du SNPSP, laisse libre champ à l’UGTA pour "s’ériger comme porte-parole exclusif et légitime des travailleurs algériens" avant de noter qu’ "on ne peut pas être représenté par un syndicat qui n’est pas présent, qui n’est pas ancré".
Même son de cloche chez l’Union nationale des travailleurs de l’éducation et de la formation (UNPEF) qui demande à participer à la tripartite depuis 1997. "Jusqu’à présent il y a un syndicat unique qui représente les travailleurs dans cette rencontre sous prétexte qu’elle a la plus grande représentativité à travers le pays, ce qui n’est pas le cas notamment dans la Fonction publique", déplore le président du syndicat Sadek Dziri, cité par le journal +El Watan+.

De son côté, le Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST) dénonce "l’exclusion pure et simple des syndicats autonomes de la Tripartite".

"Malheureusement, encore une fois, c’est l’exclusion pure et simple des syndicats autonomes de la Tripartite. Avec un régime politique actuel basé sur l’exclusion et une gestion opaque, c’est le contraire qui nous aurait étonné.

C’est la nature du régime qui explique l’exclusion des partenaires", a affirmé le porte-parole du SNAPEST, Meziane Meriane, dans un récent entretien au journal électronique +Tout sur l’Algérie+.

Le gouvernement algérien a proposé huit dossiers à inscrire à l’ordre du jour de cette nouvelle réunion de la Tripartite, entre autres, l’évaluation et l’examen des conclusions des groupes de travail issus de la dernière session, le pacte national économique et social, les mutuelles sociales, le dossier des retraites, le salaire national minimum garanti (SNMG) et la représentation syndicale dans le secteur économique.

Dans un contexte marqué par les révolutions arabes et environnement économique international tendu et incertain, le cas algérien peut éclater" à tout moment, affirme le sociologue algérien Nourredine Hakiki, cité vendredi par le quotidien +Le Monde+.
"Au sommet de l’Etat, c’est la panique générale, il donne, et l’Algérien ne veut plus", ajoute ce directeur du laboratoire du changement social à l’université Alger-II, en référence à la multiplication des annonces d’aides sociales faites par le pouvoir algérien pour contenir le mécontentement social.

Mais, pour M. Hakiki, "il n’y a pas d’autre solution pour s’en sortir et échapper aux mouvements de violence que de mettre en place un processus démocratique".

Cela passe, explique-t-il, par "des élus choisis par les citoyens et capables de leur tenir un discours de vérité". "Mais la génération qui a accaparé le pouvoir depuis l’indépendance ne veut pas le comprendre", déplore l’universitaire algérien.

Pour le journal, "l’absence d’une opposition forte dans des pays où ont eu lieu des soulèvements, comme la Tunisie ou l’Egypte, a convaincu les autorités algériennes qu’elles n’étaient pas, elles non plus, à l’abri, mais qu’elles pouvaient utiliser la rente des hydrocarbures comme un rempart".

"La chute, en Libye, du régime du colonel Kadhafi, et ses implications régionales, est venue renforcer le sentiment de l’urgence", ajoute-il.
Face à cette donne, le pouvoir "multiplie les annonces d’aides publiques, mais l’inflation annihile en grande partie leur effet".
"Après avoir augmenté les salaires de nombreuses catégories professionnelles, dans des proportions défiant toute concurrence, les autorités algériennes continuent de mettre l’accent sur le pouvoir d’achat", dernière annonce en date le possible relèvement du salaire minimum fixé jusqu’ici à 1.500 dinars (150 euros).

Cette mesure intervient après bien d’autres, comme "l’opération cartable", les plans d’aide à l’emploi et les programmes massifs de logement et la subvention de produits de grande consommation, rappelle le quotidien.

Cette générosité de l’Etat a été dénoncé par l’ancien Premier ministre Ahmed Benbitour qui affirme que "la politique sociale n’est pas la charité".

Jusqu’ici, "la réponse du pouvoir a consisté à essayer d’améliorer l’efficacité de la répression sans violence, en désarmant les policiers, à vendre des réformes cosmétiques et à agrandir le cercle des courtisans en distribuant la rente", ajoute M. Benbitour.

"Cela fait gagner du temps, mais ne rien faire par rapport à la perte de la morale collective, à la pauvreté et à la corruption généralisée, c’est aller tout droit vers une explosion sociale", conclut-il.

Le salaire national minimum garanti (SNMG) en Algérie passera de 15.000 dinars algériens (DA) actuellement à 18.000 DA (environ 180 euros) à partir de janvier 2012, a-t-on indiqué vendredi à Alger.
Cette augmentation de 20 pc du SNMG a été annoncée à l’issue d’une réunion de la Tripartite qui a réuni, deux jours durant, le gouvernement, le patronat et l’union générale des travailleurs algériens (UGTA).

Cette 14eme réunion de la Tripartite qui s’est penchée sur d’autres dossiers à caractère socio-économique, dont celui de la retraite, s’est déroulée comme les précédentes sessions sans la participation des syndicats autonomes.

Les syndicats autonomes algériens des secteurs de la santé publique, de l’éducation et la formation et de l’enseignement secondaire et technique avaient dénoncé leur exclusion des réunions de la Tripartite.
"Plus de 1,8 million de travailleurs algériens sont affiliés aux syndicats autonomes. Pourquoi alors l’exclusion des syndicats autonomes d’un débat social et leur marginalisation ?", s’est interrogé Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique.
Le président algérien Abelaziz Bouteflika a annoncé des réformes globales y compris politiques sans avoir apparemment réussi à calmer le bouillonnement de la rue, tentée par les révolutions arabes.
Environ 300 personnes parmi lesquelles se trouvaient pêle-mêle des instituteurs réclamant leur intégration au sein de l’Education nationale et des rapatriés de Libye demandant à être pris en charge comme promis par le ministère des Affaires étrangères, ont manifesté dimanche devant la présidence au lendemain des annonces faites par le chef de l’Etat.

"Nous attendons ses réformes depuis 1999 - date de l’arrivée à la présidence de M. Bouteflika-, clame Delila, 34 ans, chômeuse, venue manifester devant la présidence dimanche.

"J’aimerai bien qu’il (Bouteflika) soit sincère. Il y a trop de corruption à tous les échelons du pouvoir en Algérie", dénonce cette diplômée d’un master en science physique.

Le chef de l’Etat, cité par un de ses conseillers, a promis d’ouvrir une "nouvelle page" sur "la voie des réformes globales", soulignant qu’elles ne sauraient "être fructueuses en l’absence de réformes politiques". M. Bouteflika est président depuis 12 ans, après avoir fait partie du pouvoir, sous influence des militaires, depuis son indépendance de la France en 1962.

En Algérie, les manifestations, essentiellement formées de petits groupes de personnes, se poursuivent sans relâche depuis des semaines en faveur de réformes profondes, sociales et politiques, allant jusqu’au changement de système.

Amine, un jeune mobilisé via Facebook pour réclamer un changement de régime, hausse les épaules devant la grande poste d’Alger. "On n’a rien vu de palpable", dit ce cadre de 29 ans à l’AFP. "Tout cela, ce sont des solutions de bricolage temporaire et puis on aimerait bien voir le contenu de ses réformes".

Pour le sociologue et économiste Nacer Djabi, "on reste dans l’opacité du pouvoir alors qu’il y a une demande urgente de réformes".
"Le risque, c’est que lorsqu’elles seront prises, elles risquent d’être dépassées en Algérie", dit-il en se référant à la vague de contestation dans le monde arabe qui a balayé deux chefs d’Etat en Tunisie et en Egypte et en menace d’autres.

"0n n’a pas vu Bouteflika s’adresser à son peuple, a-t-il dit, en notant qu’une fois de plus c’est un conseiller qui a lu son message. "Et on commence à avoir des doutes sur le sérieux et la profondeur de ses réformes".

Même constat de la part de Fodil Boumala, journaliste, universitaire. "Il n’a même pas pris la peine de prononcer lui-même son discours", comme d’ailleurs il ne l’a plus fait depuis 2009. "Il envoie un texte", souligne cet ex-membre fondateur de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).

Pour cet activiste, M. Bouteflika "exprime parfaitement la faillite d’un régime", estime-t-il jugeant que "c’est un président complètement coupé de la réalité de son pays".

La presse algérienne a consacré dimanche peu de commentaires à ce message présidentiel, préférant se pencher sur l’intervention occidentale en Libye, à l’exception du quotidien gouvernemental El Moudjahed qui lui consacre l’essentiel de son édition.

Le journal voit dans ces déclarations présidentielles "une volonté sans faille de conduire le pays vers un Etat fort de ses institutions et de son économie".

A l’opposé, El Watan critique les "vagues promesses" du président algérien : "Aucune prise de risque. Il s’agit surtout de durer, même dans un frigo blindé".

De violents affrontements ont eu lieu le 31 janvier, entre des manifestants et les forces antiémeute de la Gendarmerie nationale. Vers midi, les hommes en uniforme ont dû recourir à l’usage de bombes lacrymogènes et autres moyens lourds comme les camions équipés de lances à eau.

Ces heurts ont néanmoins fait plusieurs blessés dans les rangs des gendarmes qui se sont engouffrés jusque dans les ruelles du village Sidi Hassan, fief de la révolte... A l’origine de ce soulèvement, la libération contestée des présumés complices de l’assassin d’un jeune de cette localité.

En effet, suite à cette décision de justice, la population s’est organisée pour barricader les passages menant à Sidi Hassan, soit la route qui relie les Dunes à Chéraga, laquelle a été complètement coupée à la circulation par des manifestants. Cet axe était donc entièrement barricadé et il n’était pas possible d’accéder à Chéraga via ce tronçon.

Les automobilistes ont été contraints de faire demi-tour et les enfants n’ont pas pu rejoindre l’école. Vers 13h30, et alors que le muezzin appelait à la prière, les gendarmes livraient des assauts et les jeunes en colère scandaient des « Allah Akbar », non loin d’une mosquée. Une atmosphère chargée de fumée de gaz lacrymogènes rendait l’air irrespirable, notamment pour les familles restées bloquées dans leurs demeures.

A en croire certains témoins, les manifestants voulaient, au commencement, exprimer leur courroux de manière pacifique et leur but était d’atteindre le centre-ville de Chéraga. Alors que d’autres soutiennent que les forces de l’ordre ont eu pour mission de circonscrire cette émeute par souci de prévention afin d’éviter les éventuels débordements, comme ceux qui auraient été observés au moment de la cérémonie d’enterrement de la victime. C’est donc suite à la mise en liberté de personnes auxquelles on reproche la non-assistance à personne en danger, c’est-à-dire qui n’ont pas empêché l’assassin de commettre son forfait, que les habitants de Sidi Hassan ont eu à investir la rue. Des dizaines de personnes auraient été arrêtées. Pour rappel, le meurtre par arme blanche a eu lieu dimanche dernier, et l’on a mal toléré la décision du procureur de la République près le tribunal de Chéraga en faveur des personnes en question.

On dénonce à ce titre « une justice aux ordres et sous influence ». Encore une fois et à en croire les témoignages des uns et des autres, la corruption, la hogra, le favoritisme et le déni de justice ont engendré cette situation explosive.

Le premier groupe privé algérien, Cevital, n’a pas de représentation syndicale sur son premier site de production à Bejaïa. Plus de 20 ans après l’instauration du multi-syndicalisme, accompagné d’une activité intense des syndicats autonomes, le secteur privé reste largement fermé à ce droit que la loi accorde à l’ensemble des travailleurs. La dernière tripartite a pointé cet archaïsme social. Peu de patrons sont à l’aise pour en parler. Quelques uns ont accepté.

La grève générale, du 19 janvier dernier, dans les usines de Bejaïa du Groupe de Cevital, a eu pour objet des revendications salariales mais également, à la surprise de l’opinion nationale, la revendication de l’exerce du droit syndical. Ce conflit de travail qui a frappé le premier site de production du premier groupe privé algérien a été l’occasion de mesurer, l’immense retard de la syndicalisation en contexte d’entreprises privées en Algérie. De plus en plus de tensions internes à ses entreprises, ont pour revendication première l’instauration d’un syndicat au même titre que les revendications traditionnelles de la hausse des salaires et de l’amélioration des conditions de travail. L’absence d’activité syndicale touche des grands acteurs de l’agro-alimentaire, de la boisson, de la distribution automobile, de la téléphonie mobile, des matériaux de construction et de l’électronique grand public. C’est déjà au sein du groupe Cevital – prime au leader - qu’en mai 2011, l’opinion était alertée sur les contraintes que subit l’exercice du droit syndical au sein du secteur privé. Une grève de plusieurs jours avait été observée par les travailleurs du concessionnaire automobile, Hyundai Motor Algérie (HMA), filiale du Groupe Cevital. Au chapitre revendications, des hausses de salaires, la participation au bénéfice de l’entrepris, la médecine du travail, mais également, et tout autant, la mise à disposition des représentants des travailleurs d’un bureau pour l’exercice de leur droit syndical. Portée devant la justice, le syndicat de HMA a été débouté pour « grève illégale » mais le mouvement a permis une avancée du droit syndical. Selon les syndicalistes de l’entreprise, un local leur a été attribué pour les réunions des représentants des différents délégués des travailleurs, et une « convention a été signée avec une clinique » pour assurer la revendication de médecine du travail. D’autres revendications, de revenus notamment, demeurent pendantes, mais le dialogue social a fini par se mettre en place avec l’émergence d’un partenaire syndical chez Hyundai Algérie. Beaucoup trop de grands employeurs privés en sont toujours à la traque de toutes velléités de syndicalisation de leur collectif des travailleurs.

Les décisions de la Tripartite tardent à se concrétiser

Si la scène syndicale dans le secteur privé reste très timide, voire insignifiante, c’est principalement en raison d’interdictions avérées imposées, sous différentes formes, par les employeurs. Les patrons ont été interpellés au sujet de cet archaïsme social, lors de la dernière tripartite (gouvernement-UGTA-patronat) des 29 et 30 septembre 2011. Ce point avait été introduit par l’UGTA, à la suite de plaintes pour des entraves à l’exercice syndical, enregistrées « au niveau de quelques entreprises du secteur privé national et étranger ». La Centrale avait demandé « le concours des organisations patronales et l’intervention des pouvoirs publics pour garantir le respect des dispositions légales relatives à l’exercice du droit syndical ».

Dans la déclaration finale de la 14e Tripartite, il est écrit que « l’ensemble des organisations patronales participant à la Tripartite ont dénoncé ces violations de la législation sur le droit syndical soulignant que celle-ci est respectée par leurs adhérents ». De son côté, le gouvernement avait déclaré sa disponibilité pour « intervenir à travers ses organes compétents, et le cas échéant, à saisir les juridictions pour toute violation persistante du droit des travailleurs au libre exercice de leur droit syndical », notait le communiqué final.

« Les choses vont s’accélérer » selon M Ziani

Deux patrons privés ont accepté de parler de la syndicalisation dans leur activité industrielle. Pour Mohamed Laïd Benamor, président-Directeur Général (PDG) du Groupe Benamor, la présence d’un syndicat d’entreprise « ne pose aucun problème ». « Dans l’une de nos unités (la conserverie) il existe depuis longtemps un syndicat. Dans les autres unités (moulins), les travailleurs n’ont pas exprimé la volonté d’en créer. Il faut dire aussi que nous communiquons énormément avec les travailleurs et les choses se passent très bien. Nos employés ont toujours leur dû », affirme encore M. Benamor.

Le président de la Fédération de l’agroalimentaire au sein de la CIPA, Abdelouahab Ziani, et PDG d’Arômes d’Algérie, soutien que les adhérents de la Confédération qui n’ont pas encore de syndicats des travailleurs « vont se conformer à la loi ». « Nous sommes entrain de monter un syndicat d’entreprise », dira-t-il à propos de la société qu’il dirige.

Selon lui, lors de la dernière Tripartite, les membres des différentes organisations « ont longuement discuté » de ce sujet avec le gouvernement et l’UGTA. Il s’en est dégagé de ces discussions « qu’à partir du moment où la liberté sera accordée aux travailleurs d’êtres affiliés au syndicat de leur choix, ça ne pose aucun problème », explique-t-il.

« Auparavant, les patrons craignaient le monopole de l’UGTA. Mais maintenant qu’il existe plusieurs syndicats et un dialogue soutenu avec l’UGTA, ces craintes ont été dissipées », ajoute M. Ziani.

« Lors de la dernière AG, le président de la CIPA (Abdelaziz Mehenni, ndlr), a longuement insisté sur la création de syndicats au sein des entreprises membres. Il leur a clairement signifié de s’appuyiez sur les représentants des travailleurs pour préserver les entreprises productives », explique notre interlocuteur.

M. Ziani croit savoir que « les choses vont s’accélérer » dans ce sens au cours des prochains mois aussi bien à la CIPA que dans le reste du secteur privé. Selon lui, le ministère du Travail est sur le point d’adresser une note à l’ensemble du secteur privé national et étranger pour se conformer rapidement à la loi.

« Le code du travail inadapté » selon Slim Othmani

Slim Othmani Président de NCA – Rouiba, commence par préciser que son entreprise dispose depuis le début d’un syndicat des travailleurs. Mais un autre « archaïsme », légal celui là, peut expliquer, selon lui, la réticence de certains employeurs vis-à-vis de la syndicalisation de leur collectif. Il s’agit des quasi-droits de co-gestion octroyés par le code du travail aux représentants syndicaux, des droits transposés de la philosophie de la gestion socialiste des entreprises (GSE) : « Le code du travail est en inadéquation avec l’Algérie que l’on veut construire. Tel qu’il est aujourd’hui, il renferme des conditions qui ne sont pas en phase avec le savoir faire syndical. Le code du travail m’oblige de présenter la stratégie future de l’entreprise à l’appréciation du syndicat. Je réfute cette disposition. Elle n’est pas censée dans le contexte concurrentiel d’aujourd’hui. Je ne vais pas révéler mon budget marketing à autrui qu’aux administrateurs de l’entreprise ». L’association des producteurs de boissons a publié en février 2005 un document ou elle souligne « ligne par ligne », les dispositions du code du travail inadaptées avec la réalité économique du pays, exemple l’obligation de montrer aux représentants syndicaux le solde mensuel et les mouvements sur le compte bancaire de l’entreprise.

Des milliers de travailleurs ont marché à travers les rues de la ville de Tizi Ouzou – en réponse à l’appel de l’interprofessionnelle de la Fonction publique, une structure affiliée à l’UGTA – pour se rendre au siège de la wilaya.

Cette manifestation de rue a regroupé des travailleurs des corps communs de différents secteurs comme l’éducation nationale, la santé, la formation professionnelle, les œuvres universitaires, les collectivités locales, la jeunesse et la culture.
Les protestataires revendiquent entre autres, à travers cette action, l’intégration des corps communs dans leurs secteurs respectifs, la confirmation des contractuels et des vacataires et l’alignement du régime des corps communs sur les corps spécialisés. La marche s’est ébranlée vers 10h du siège de l’union de wilaya de l’UGTA.

Les contestataires ont déployé plusieurs banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Pour un salaire décent. Non à la politique de travail de la honte », « Pour une retraite conséquente » et « Non au salaire de misère ».

La procession s’est dirigée vers le siège de la wilaya. Tout au long de l’itinéraire, les travailleurs scandaient haut et fort : « On demande nos droits » et « Non à la hogra ». Puis les protestataires se sont rassemblés devant le siège de la wilaya où une délégation a été désignée pour prendre attache avec le wali. Au milieu de la journée, la foule s’est dispersée sans incident.

Par ailleurs, dans une déclaration rendue publique, l’interprofessionnelle de la Fonction publique relève que les travailleurs des corps communs ont été victimes d’une marginalisation lors des récentes revalorisations et classifications qu’a connues la Fonction publique. Les rédacteurs du même document estiment que l’augmentation des salaires de ces catégories est insignifiante et que le régime indemnitaire est inconséquent.

Messages

  • AFFICHAGE DE LA LISTE DES 300 LOGEMENTS L.P.L à MASCARA
    Mardi 3 Juillet 2012

    Les barricades des jardins et des espaces verts ont tous été saccagés. Des pneus brulés sur la voie publique et qui furent tout de suite éteints par les éléments de la police anti émeutes qui dégageaient des odeurs suffocantes. Sur place, on a assisté à un jeune qui a été transféré dans un état comateux à l’hôpital après avoir reçu un coup de matraque sur la tête par un policier, des femmes et des filles ne s’arrêtent pas de crier leur ras le bol devant le siège de la Daïra. Les manifestants jurent par tous les saints qu’ils ne quitteront pas les lieux qu’après une entrevue avec M. le wali. On avance que d’autres jeunes ont fait du quartier de Bab Ali, leur champ de bataille en brulant des pneus pour barrer la route et perturber la circulation. La situation vire vers le pourrissement si les autorités compétentes n’interviennent pas à temps pour calmer les esprits.

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