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Emeute ouvrière en Inde

dimanche 22 juillet 2012

En Inde, une révolte dans l’usine Maruti-Suzuki a dégénéré en émeute meurtrière puisque le directeur du personnel a été tué et le site partiellement détruit par les flammes.

Les troubles ont débuté après la tenue d’un conseil disciplinaire concernant un employé alors que le site connaît des grèves depuis l’année dernière pour protester contre les conditions de travail et l’attitude anti-syndicale de la direction. Les discussions ont dégénéré jusqu’à en venir aux mains mais dirigeants et syndicats se renvoient la responsabilité du début des bagarres. L’altercation a ensuite gagné l’usine où les ouvriers armés de barres de fer et de poutres se sont mis à chasser les cadres et tous les dirigeants dans plusieurs zones du site avant de mettre le feu aux bureaux.

Le bras de fer continue entre les ouvriers et la direction de l’usine Maruti Suzuki de Manesar, à une cinquantaine de kilomètres de Delhi. Plusieurs organisations syndicales ont appelé à manifester samedi dans le centre de la capitale pour protester contre la détention d’une centaine de leurs camarades après les émeutes du 18 juillet. D’une rare violence, elles ont éclaté au sein de l’unité de production, faisant un mort et une centaine de blessés.

Tout a commencé par une algarade entre un ouvrier et un contremaître. Ce dernier aurait insulté le jeune travailleur, un Dalit (Intouchable) lui jetant à la figure des propos humiliants sur sa caste. De cela, tout le monde est plus ou moins d’accord. Pour le reste, les témoignages divergent.

Selon Ram Meher, le président du syndicat de Maruti Suzuki (MSWU), les violences qui ont éclaté suite à cet incident sont le fait de « videurs » appelés à la rescousse par la direction. Celle-ci affirme de son côté que ce sont les ouvriers qui ont déclenché l’incendie dans lequel a péri Awanish Kumar Dev, le Directeur des Ressources Humaines, et ravagé une bonne partie des bâtiments. Dev était âgé de 49 ans. Il a fallu plus d’une journée pour identifier son corps calciné.

Le leader syndical quant à lui en est certain, ce sont les « videurs », des « éléments anti-sociaux », employés régulièrement par les dirigeants de l’usine, qui ont mis le feu. Réduits à néant, certains ateliers ne seront certainement pas opérationnels avant une dizaine de jours. « Au lieu de réprimander le contremaître, la direction a immédiatement suspendu l’ouvrier concerné alors que les travailleurs réclamaient une enquête plus approfondie sur cet incident », se défend Ram Meher. Poursuivant : « Alors que des négociations étaient en cours entre les dirigeants des syndicats et la direction, celle-ci a fait appel à des centaines de videurs venus de l’extérieur pour mater les ouvriers et les empêcher de sortir ». Ces « travailleurs occasionnels » de l’usine de Manesar étaient armés jusqu’aux dents, dit-il encore, affirmant qu’ils auraient battu de nombreux travailleurs. La plupart ont dû être hospitalisés.

Deux dirigeants japonais ont aussi été hospitalisés.

Construite en 2007, l’usine de Manesar a une capacité de production de 550.000 voitures par an, soit 40% de la production totale de Maruti. Le climat social n’y a jamais été très bon. En octobre 2011, une grève avait entraîné la suspension de la fabrication de la « Swift », une voiture de classe moyenne, très populaire en Inde. « Les ouvriers de Maruti sont relativement bien payés », analyse un expert de l’industrie automobile. Pour autant, relève-t-il, ces « bons salaires » sont rattrapés par l’inflation qui ne désarme pas en Inde et les travailleurs sont mécontents. Surtout, juge ce spécialiste, « les conditions de travail chez Maruti sont dures. On y fonctionne ’à la japonaise’, avec de très longues heures de travail, des pauses rares et courtes et une grande monotonie des tâches ».

Ce sont plus de 1200 policiers qui sont venus sécuriser l’usine de production Maruti Suzuki située au sud de New Dehli dans laquelle des émeutes ont eu lieu dans la journée de mercredi. 90 personnes ont été arrêtées après que la foule en colère a commencé à saccager le site en y mettant le feu. La police étudie les images des caméras de surveillance pour tenter d’identifier les auteurs des violences qui ont coûté la vie au directeur du personnel et blessé des dizaines d’employés.

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