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Afrique du sud : c’est toujours l’Etat de l’Apartheid !

samedi 27 octobre 2012

La police sud-africaine a tiré samedi des balles en caoutchouc, des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes, à Rustenburg (nord-ouest) pour disperser des centaines de mineurs en grève qui essayaient d’empêcher un rassemblement syndical, a constaté un journaliste de l’AFP.

Des douilles jonchaient le sol, un hélicoptère effectuait des rondes au-dessus du stade et des sirènes de police hurlaient.

Les grévistes, mécontents de la façon dont le Syndicat national des mines (NUM) affilié au Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu) les a représentés, voulaient empêcher la réunion de la Cosatu.

La police est intervenue au stade de Rustenburg (110 km de Pretoria), alors que les travailleurs affiliés à la Cosatu arrivaient sur les lieux. Les policiers ont expulsé 300 manifestants du stade et bloqué l’entrée avec des véhicules blindés.

"Nous sommes ici pour manifester (...) Nous, les mineurs grévistes, nous sommes fatigués du NUM", le syndicat national des mineurs, a expliqué à l’AFP un employé d’Amplats, Reuben Lerebolo.

Les mineurs en colère avaient mis le feu à des tee-shirts syndicaux.

Un photographe de l’AFP a vu un homme - vêtu de rouge, couleur syndicale - ensanglanté après avoir été frappé.

Ces protestations avaient lieu au lendemain de l’annonce par le NUM (affilié au Cosatu) d’un accord avec le premier producteur mondial de platine, Anglo American Platinum (Amplats), pour réembaucher 12.000 grévistes licenciés.

Les mineurs grévistes ont assuré qu’ils n’avaient pas été avertis de la conclusion de cet accord, ce qui pourrait signifier une reprise des grèves sauvages qui ont paralysé les mines d’or et de platine depuis le mois d’août.

"Nous ne savons rien de cela (l’accord). Nous n’avons pas été consultés, nous l’avons simplement appris par la radio", a indiqué M. Lerebolo, qui portait une affiche proclamant "NUM, on en a marre de toi". "Nous ne pouvons pas retourner travailler tant que nos demandes ne sont pas satisfaites", a-t-il ajouté.

La manifestation et le rassemblement de la Cosatu samedi visait notamment à rétablir l’autorité du syndicat sur le secteur minier, alors que les travailleurs se détournent du NUM, le principal syndicat de la confédération.

Rustenburg est le chef lieu du bassin minier où a démarré la crise, à la mine de platine de Marikana. Ces conflits ont fait une soixantaine de morts depuis août, dont près de la moitié dans des règlements de compte entre mineurs, très remontés contre le NUM. Chez Amplats, les violences ont fait 4 à 9 morts.

Le NUM a annoncé vendredi qu’Amplats avait accepté la réintégration de 12.000 grévistes licenciés.

Mercredi, c’est le géant AngloGold Ashanti qui avait annoncé son intention de se séparer d’environ 12.000 employés dans trois sites aurifères près de Johannesburg. La veille, c’est une autre major, Gold Fields, elle aussi spécialisée dans l’or, qui avait fermé ses portes à 8500 de ses salariés. Il y a peu, le plus gros producteur de platine au monde Anglo American Platinum (Amplats), s’était débarrassé de 12.000 personnes. L’accord signé jeudi devrait permettre le limiter cette casse. « Des négociations avec les représentants des travailleurs étaient toujours en cours pour sauver ces emplois », confirmait un porte-parole d’AngloGold, visiblement confiant.

Depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’Afrique du Sud n’avait jamais connu pareille mobilisation. Le stigmate le plus douloureux sera sans aucun doute le massacre lors de la répression dans la mine de Marikana. Le 16 août, la police a ouvert le feu sur les ouvriers occupant de force ce site appartenant au britannique Lonmin, tuant 34 grévistes et en blessant plusieurs dizaines d’autres. Le bilan, qui rappelle les méthodes des policiers blancs aux pires heures du régime ségrégationniste, a lourdement choqué la communauté noire.

Car plus qu’un mouvement social, ces grèves sont le signe du malaise politique qui envahit le géant africain où, après 20 années de liberté, la majorité des Noirs demeurent dans la misère. Les travaux de la commission d’enquête sur cette tuerie n’ont fait que renforcer ce malaise. Lors des audiences, les avocats des victimes ont mis en avant le rôle joué par Cyril Ramaphosa. Membre du conseil d’administration de Lonmin, il est aussi et surtout un activiste historique, un pilier de l’ANC, le parti de Nelson Mandela, et l’un des fondateurs du NUM en 1982. Son ambiguïté ne fera qu’écorner encore un peu plus l’image de l’ANC dont de plus en plus de pauvres se détachent. Le symbole est d’autant plus fort qu’il touche l’industrie minière, un secteur que les leaders de l’ANC avaient toujours promis de nationaliser avant de renoncer lors de leur arrivée au pouvoir en 1994, en signe de bonne foi vis-à-vis du monde des affaires. Mercredi l’ANC a d’ailleurs répété « qu’il n’était toujours pas question d’envisager une nationalisation ».

Sans rival, l’ANC ne devrait cependant pas payer immédiatement le prix politique de ces grèves. Réuni en congrès en décembre, le parti devrait, sauf surprise, reconduire le président Jacob Zuma à sa tête, en le faisant par là même le grand favori de la prochaine présidentielle. Mais plusieurs historiens le soulignent : ce sont les grèves des mineurs qui, dans les années 1970, ont porté les premiers coups au régime de l’apartheid.

Les enfants sud-africains se heurtent encore aux inégalités héritées de l’apartheid, un enfant noir étant dix-huit fois plus susceptible de grandir dans la pauvreté qu’un enfant blanc, selon un rapport publié mercredi.

Le "Baromètre 2012 de l’enfant sud-africain", publication de l’Institut des enfants de l’Université du Cap qui fournit un aperçu annuel de la situation des enfants du pays, constate que l’écart entre les riches et les pauvres se creuse malgré une baisse globale de la pauvreté.

"Nous avons l’un des taux d’inégalité les plus élevés du monde et ça ne va pas mieux : il s’est un peu détérioré", a commenté Katharine Hall, coauteur du rapport.

Près de 60% des enfants sud-africains survivent dans des foyers dont les revenus sont inférieurs au seuil de pauvreté de 575 rands (51 euros) par mois, soit environ les deux tiers des enfants noirs et seulement 2% des enfants blancs.

"Nous voyons les vieux schémas d’inégalité se répéter tout le temps", a expliqué Mme Hall déclaré à l’AFP.

La plupart des enfants les plus pauvres vivent dans les zones rurales, et concrètement dans les anciens bantoustans, ces zones autonomes mises en place par le gouvernement raciste de l’apartheid pour parquer les Noirs.

"Ca ressemble à une carte de l’ancienne Afrique du Sud" (d’avant les premières élections multiraciales de 1994), a décrit la chercheuse, montrant une carte de la répartition géographique des zones les plus défavorisées.

"Les enfants qui sont nés de parents pauvres et grandissent dans des ménages pauvres sont susceptibles de rester pauvres, et de cette manière les inégalités de l’apartheid sont reproduites", selon le rapport.

Sur les 18,5 millions d’enfants (âgés de moins de 18 ans) que compte l’Afrique du Sud, 11,2 millions recevaient l’aide sociale en juillet. Le pays compte environ 50 millions d’habitants.

Messages

  • Dans votre autobiographie, Mes bifurcations, André Brink, un écrivain marquant du combat contre l’Apartheid, écrit, :

    « Depuis son accession au pouvoir, l’ANC est devenu l’ennemi du peuple »

    Dans les derniers chapitres de ses mémoires, André Brink revient sur la transition démocratique et les désillusions qu’il a connues après l’accession de l’ANC (African National Congress) au pouvoir. Il décrit les nouveaux dirigeants du pays comme des hommes corrompus, avides de pouvoir et moins intéressés par la lutte contre la violence, le sida ou la pauvreté, problèmes fondamentaux dans ce pays, que par leur propre intérêt personnel : "une fois parvenu au pouvoir, l’ANC a trahi la plupart des principes et idéaux qu’il défendait auparavant."

    Allant même plus loin, il compare le pouvoir présent avec le passé : "Dans la nouvelle Afrique du Sud, l’ANC joue exactement le même rôle que le gouvernement nationaliste sous l’apartheid […] Depuis son accession au pouvoir, l’ANC est devenu l’ennemi du peuple"

  • Les salariés d’Anglo American Platinum (Amplats) ont rejeté la nouvelle offre du numéro un mondial du platine, touché par une grève qui paralyse ses sites sud-africains de Rustenburg et Northam (nord) depuis huit semaines et se sont dits prêts à poursuivre leur mouvement.

    Des milliers de mineurs se sont rassemblés samedi dans un stade de Rustenburg, sous la surveillance des forces de l’ordre, assistées par un hélicoptère.
    "Personne ne reprend le travail, la grève continue", a déclaré Evans Ramokga, un représentant des mineurs d’Amplats. "Les salariés ne sont pas satisfaits des conditions et donc personne n’accepte la (nouvelle) offre parce qu’il n’y a même pas d’augmentation", a-t-il ajouté.

    Après avoir renoué mercredi le dialogue avec syndicats et représentants des grévistes, Amplats avait indiqué vendredi avoir fait une nouvelle offre améliorée pour tenter de mettre fin au conflit, proposant une prime unique de 4.500 rands (405 euros) bruts. Les mineurs devaient reprendre le travail lundi. Le groupe s’engageait également à entamer rapidement des négociations salariales, mais se refusait à envisager toute augmentation avant le 1er juillet 2013, date d’expiration de l’accord actuel.

    Les mineurs d’Amplats, qui ont entamé le 12 septembre une grève sauvage pour réclamer de substantielles augmentations de salaire, avaient refusé de reprendre le travail le 30 octobre après que la direction eut proposé une prime de 2.000 rands nets.

  • Le groupe minier suisse Xstrata a licencié aujourd’hui 400 ouvriers au motif qu’ils observaient une grève illégale depuis une semaine sur l’un de ses sites en Afrique du Sud. "Il y a quelque 400 ouvriers qui ont été remerciés", a déclaré à l’AFP le porte-parole de la société Christopher Tsatsawane. Les licenciements sont intervenus à l’expiration de l’ultimatum lancé aux mineurs de reprendre le travail à la mine de chrome de Kroondal, au nord-ouest de Johannesburg.

    Les mineurs qui avaient cessé le travail le 25 octobre pour protester contre un règlement de discipline interne ont 24 heures pour faire appel de leur licenciement. Des milliers de mineurs ont été licenciés puis réembauchés au cours de la vague de grèves qui a déferlé depuis août sur toute l’Afrique du Sud. Xstrata est coté à la Bourse de Zurich et de Londres. C’est une filiale du groupe minier Glencore.

  • En Afrique du Sud, après la vive polémique entourant le rapport du ministre de la Police qui a blanchi Jacob Zuma dans l’affaire Nkandla la semaine dernière - 18 millions d’euros d’argent public d’aménagements luxueux concernant sa résidence privée de Nkandla - le président sud-africain vient d’obtenir une revalorisation de 5% de son salaire, soit 9 200 euros de plus par an.

    Le salaire annuel de Jacob Zuma passe ainsi à près de 195 000 euros par an, confirmant la place du président sud-africain dans le Top 5 des chefs d’Etat les mieux payés au monde.

    Le peuple sud-africain, lui, est plutôt dans le Top 5 des nations les plus exploitées !

  • Parmi les multiples scandales du pouvoir sud-africain, il ne manquait que la FIFA !

    Une lettre, publiée par les medias sud-africains, semble montrer que les autorités sud-africaines avaient cherché un moyen indirect de transférer 10 millions de dollars à la Fifa.

    La police sud-africaine a annoncé jeudi qu’elle a lancé une enquête préliminaire sur les présumés pots-de-vin versés par le pays pour obtenir l’organisation du Mondial de football 2010.

  • Ce devait être la plus grande marche « jamais vue » contre la corruption. Ses organisateurs annonçaient la participation de 300 organisations et de 700 personnalités sud-africaines venant de tous les horizons. Ils évoquaient même le chiffre vertigineux de 100 000 participants rien que dans la capitale Pretoria. L’idée de la marche contre la corruption a initialement été lancée par Zwelinzima Vavi, secrétaire général déchu de la puissante confédération syndicale Cosatu. Mais le projet a pris rapidement une autre ampleur, avec le ralliement des leaders religieux sud-africains, des syndicats, et de plusieurs partis d’opposition.

    Mais la machine s’est quelque peu enrayée en fin de semaine dernière. Samedi, le Conseil national du travail et du développement économique (Nedlac) a délivré aux syndicats une autorisation de manifester prenant effet le 8 octobre, soit une semaine après la date prévue pour la marche. Une annonce qui a provoqué la fureur du syndicat de la métallurgie Numsa, qui a brièvement envisagé une procédure en justice, avant d’abandonner l’idée. Dénonçant « un sabotage » programmé par l’ANC, les syndicats ont finalement annoncé qu’ils ne participeraient pas à la mobilisation. Trop dangereux pour les ouvriers, menacés de licenciement s’ils quittaient le travail illégalement. Un coup dur pour Le Front uni contre la corruption. Les organisateurs de la marche ont dû changer en catastrophe de communication, forcés d’expliquer qu’ils maintenaient la mobilisation du 30 septembre, mais qu’elle ne serait que « la répétition générale » d’une plus grande mobilisation prévue cette fois pour le 14 octobre.

    Même si les organisateurs de la marche n’ont cessé de répéter que cette mobilisation n’avait rien de politique, la rancœur vis-à-vis de l’ANC est perceptible. Diane est venue avec son association Cars against e-toll, qui se bat contre les péages routiers installés depuis 2013 sur les grands axes autour de Johannesburg. Un système très contesté et « à 100 % corrompu », selon elle. « Nous payons déjà des impôts pour l’entretien de ces routes, mais comme le gouvernement n’utilise pas correctement cet argent, nous sommes forcés de payer de nouveau lorsque nous circulons. » La grande blonde de 37 ans pointe du doigt le parti majoritaire et sa mauvaise gouvernance. « Ce n’est pas parce que l’ANC a libéré ce pays de l’apartheid que nous ne pouvons rien dire sur la manière dont l’argent public est utilisé. L’accent devrait être mis sur l’éducation, sur le logement, sur l’aide aux plus pauvres ! » s’indigne-t-elle.

    La mobilisation a donc été déviée puis freinée par les syndicats et bloquée par l’ANC, principal vecteur, avec les bureaucraties syndicales de la corruption capitaliste au pouvoir !

  • La campagne contre la corruption a permis de faire chuter le président Zuma, dictateur et corrompu à la botte des trusts et de le remplacer par Ramaphosa, bien plus corrompu, aussi dictateur sans doute mais sûrement encore plus vendu aux capitalistes !

    Ramaphosa a commencé sa carrière politique à la tête du plus grand syndicat d’Afrique du Sud, le Syndicat national des mineurs, et a été élu secrétaire général de l’ANC en 1991.
    Ce fut une période de transition brusque. Des sections importantes du capital sud-africaine et international ont reconnu que le régime d’apartheid et son système de lois discriminatoires n’étaient plus viables dans les conditions de la mondialisation économique et que des changements étaient nécessaires.
    De plus, on craignait de plus en plus, dans les conditions d’un mouvement croissant de la classe ouvrière, qui menaçait d’exploser en une lutte révolutionnaire, que la stabilité même du régime capitaliste ne soit directement menacée. D’où la nécessité d’effectuer un changement d’en haut afin de parer une explosion d’en bas.
    La décision a été prise d’organiser le changement de régime et de porter l’ANC au pouvoir, tout en assurant l’enrichissement d’une minuscule couche supérieure d’une classe capitaliste noire.
    Ce programme a été mis en œuvre avant tout par l’ANC sous la direction de Nelson Mandela avec le soutien crucial du Parti communiste sud-africain stalinien, qui a apporté son plein soutien à « l’autonomisation économique des Noirs ».
    Le rôle joué par l’ANC représentait la réalisation de son programme, explicitement fondé sur la théorie stalinienne des deux étapes, renonçant à l’introduction du socialisme et soutenant qu’une bourgeoisie noire non-européenne devait arriver au pouvoir.
    Au sein de l’ANC, Ramaphosa a joué un rôle central dans cette opération politique et a été richement récompensé pour ses services, devenant l’un des hommes les plus riches de l’Afrique du Sud post-apartheid avec un capital net estimé à 675 millions de dollars. C’est un ancien président du géant sud-africain des télécoms MTN et a des intérêts dans des sociétés et des banques dans le pays et à l’étranger.
    Le rôle de classe de Ramaphosa, ainsi que l’ANC, le Congrès des syndicats sud-africains et le syndicat National Mineworkers, a été écrit dans le sang en août 2012 quand il a joué un rôle direct dans les événements qui ont conduit au massacre des mineurs de la société Lonmin à Marikana.
    À l’époque, Ramaphosa détenait 9 % des parts de Marikana et exigeait que les autorités prennent des mesures contre ce qu’il qualifiait d ’« actes criminels manifestement ignobles » des grévistes – un appel qui fut écouté lorsque les forces de sécurité ont abattu des grévistes et en ont blessé 78 autres.
    Une enquête de blanchiment, la Commission Farlam, organisée sous le président Zuma, a innocenté Ramaphosa et d’autres dirigeants politiques de toute responsabilité pour les tueries.
    L’élévation de Ramaphosa à la présidence, ce représentant accompli de « l’autonomisation économique noire » et de ses soutiens dans le capital financier international, souligne davantage la nécessité pour la classe ouvrière sud-africaine de rompre complètement avec l’ANC et son programme capitaliste et entreprenne la tâche de construire un parti socialiste révolutionnaire pour parvenir à son émancipation.

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