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L’armée française peut tuer des civils au su et au vu de tous dans des opérations à l’étranger, ce n’est pas la justice française qui les condamnera...

dimanche 9 décembre 2012

L’armée française peut tuer des civils au su et au vu de tous dans des opérations à l’étranger, ce n’est pas la justice française qui les condamnera...

Jeune ivoirien de 29 ans, Firmin Mahé avait été étouffé avec un sac en plastique dans un véhicule blindé français. Pour les militaires français, c’était un « coupeur de route », un criminel attaquant les voyageurs. Mais pour les proches de Mahé, il y a eu erreur sur la personne.

Quatre militaires, dont le colonel Eric Burgaud, sont renvoyés aux assises par un juge du tribunal aux armées de Paris. Le général Henri Poncet, commandant de la force Licorne, mis en examen pour « complicité d’homicide volontaire » a, en revanche, bénéficié d’un non-lieu, conformément aux réquisitions du parquet.

L’ancienne ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, est venue témoigner au procès des quatre militaires accusés de l’assassinat de l’Ivoirien Firmin Mahé, en 2005. Elle a réaffirmé que les faits jugés étaient "inacceptables" et exposé le contexte de crise à l’époque, en Côte d’Ivoire.

À la fin de son audition, en sortant, elle a jeté un regard derrière elle, vers le banc des accusés, avec ce sourire figé à la limite du rictus dont elle a le secret. Puis avec sa démarche et son allure militaires - le tailleur vert kaki, la broche et le bruit des talons en plus -, Michèle Alliot-Marie (MAM) a traversé la salle de la cour d’assises en empruntant l’allée centrale, fièrement, la tête haute, les bras le long du corps…

Quelques minutes auparavant, elle avait prévenu, en répondant à un avocat de la défense : « Je ne suis pas là pour faire de l’humanité. Je suis là pour dire ce que je sais, encore plus ce que je pense. »

« Dire » ce qu’elle sait, sur le meurtre de Fimin Mahé, ce « coupeur de route » présumé, tué par étouffement par des militaires français de la Force Licorne déployée en Côte d’Ivoire, le 13 mai 2005. A l’époque MAM, l’habituée des ministères régaliens, était à la Défense. C’est dans ce cadre qu’elle est citée comme témoin dans le procès qui se tient devant la cour d’assises de Paris depuis le 27 novembre dernier. Les quatre militaires français accusés du meurtre ont reconnu les faits et leurs rôles respectifs.

La ministre qui couvre ses hauts gradés et ses soldats n’est même pas accusée...

Pas plus que le général qui avait donné l’ordre d’éliminer Firmin Mahé.

Et tous les autres n’écopent que de sursis...

Le commandent de la force Licorne en Côte d’Ivoire est venu témoigner, mardi 4 décembre, au procès des quatre militaires français renvoyés aux assises.

Il a contesté avoir donné l’ordre de laisser mourir Firmin Mahé et déploré que ses troupes aient, dans un contexte extrême, « perdu leur sens moral ».

Ce 13 mai 2005 en fin d’après-midi, ordre est donné de transporter Firmin Mahé du camp de Bangalo vers la ville de Man, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire. Interpellé dans l’après-midi par les forces françaises, ce « coupeur de route » est alors blessé et inconscient quand l’adjudant-chef Guy Raugel reçoit l’ordre, émanant du colonel Éric Burgaud, de « rouler doucement » et de faire en sorte que le prisonnier n’arrive donc pas vivant à destination.

L’avocat du soldat acquitté, le pilote du véhicule au moment des faits, demande aujourd’hui sa réintégration dans l’armée française.

La cour d’assises de Paris a prononcé les peines vendredi, épilogue d’un procès hors norme au coeur de l’armée et de ses opérations extérieures.

"Scandaleux", "honte à la France !", ont lancé à l’énoncé du verdict des Ivoiriens présents dans la salle, avant de sortir et de se mettre des sacs en plastique sur la tête.

La victime, Firmin Mahé, considéré comme un "coupeur de route", un bandit attaquant les voyageurs et les populations, avait en effet été étouffé avec un sac plastique alors qu’il était transporté dans un blindé français.

La cour a estimé que le geste des militaires avait "gravement porté atteinte aux valeurs de la République". Mais elle a considéré que la "situation exceptionnelle" à laquelle ils étaient confrontés était "de nature à atténuer leur responsabilité".

Le colonel Eric Burgaud, qui avait transmis l’ordre de tuer Mahé, a été condamné à cinq ans avec sursis, alors que cinq ans ferme avaient été requis par l’accusation. "La justice a finalement reconnu que nous n’étions pas des salauds...", a déclaré Eric Burgaud à quelques journalistes.

L’adjudant-chef Guy Raugel, qui avait tué Mahé, sur ordre, a lui été condamné à quatre ans avec sursis. Cinq ans dont trois ferme avaient été requis. "C’est inespéré... c’est comme une deuxième naissance", a-t-il dit à la presse, ajoutant qu’il allait se consacrer "à fond" à des activités humanitaires.

La cour a enfin condamné à un an avec sursis le brigadier-chef Johannes Schnier, qui maintenait Mahé, et a acquitté le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, qui conduisait le véhicule.

Retour sur l’affaire :
Les militaires appartenaient à la force française Licorne déployée en soutien de l’ONU en Côte d’Ivoire. Ils étaient chargés de surveiller la "zone de confiance", entre le nord tenu par la rébellion et le sud loyaliste.

Une "zone de non-droit", sans aucun moyen de police judiciaire. Les accusés ont expliqué qu’ils étaient excédés de voir les auteurs d’exactions dont ils étaient témoins remis en liberté sitôt arrêtés.

C’est dans ce contexte qu’ils avaient interpellé Firmin Mahé, près de Bangolo (ouest), blessé par balle par une patrouille puis transporté dans un blindé vers la ville de Man. Il avait été tué en route.

Le colonel Burgaud, qui avait reconnu tardivement avoir transmis l’ordre fatal, affirme avoir lui-même tenu cet ordre du général Henri Poncet, son supérieur, qui lui aurait dit "roulez doucement... vous m’avez compris".

Le général a démenti et bénéficié d’un non-lieu durant l’enquête.

En prenant une dernière fois la parole devant la cour, vendredi matin, les militaires ont espéré que leur procès ferait "réfléchir" à l’engagement de soldats dans des opérations extérieures très dures, en Afghanistan notamment.

L’essentiel des débats a tourné autour de la possibilité qu’avaient les accusés de désobéir à un ordre illégal, ce qu’ils ont estimé plus simple à concevoir dans le confort d’un bureau qu’à mettre en oeuvre sur le terrain.

"On a vu passer beaucoup de galonnés, avec de belles étoiles et politiquement corrects, qui m’ont donné la nausée", a déclaré Guy Raugel.

Lors d’une audience civile qui a suivi l’énoncé du verdict, l’avocat de la famille de Mahé, affirmant qu’il n’était pas un bandit, a demandé 1,2 million d’euros de dommages et intérêts. La cour rendra sa décision sur ce point le 22 janvier.

Pour ceux qui l’ignoraient, la Justice française a rappelé qu’elle fait partie de l’Etat qui n’est lui-même que l’appareil néocolonial de l’oppression et notamment celle de l’Afrique... Qu’on se le dise !

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