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Grèce : à l’offensive générale on ne peut pas riposter par la radicalisme local

dimanche 27 janvier 2013

Environ 300 membres de la police anti-émeute ont investi le principal dépôt du métro d’Athènes un peu avant 4h du matin de ce vendredi 25 janvier pour évacuer les grévistes qui s’y étaient retranchés depuis la veille et prendre le contrôle des lieux. Les travailleurs présents sur place, au nombre d’une centaine, ont été expulsés du dépôt de Sépolia et au moins 3 grévistes ont été arrêtés. Ils ont été relâchés 3 heures plus tard. Une femme aurait été transportée à l’hôpital. Il y aurait eu des bousculades mais pas véritablement d’affrontements ou de violence. Les policiers ont brisé les chaines que les grévistes avaient installé, ont forcé les portes métalliques, viré les grévistes et occupent les lieux tandis que des dizaines d’autres se sont déployés à l’extérieur en bloquant totalement les accès à ce dépôt situé dans la banlieue ouest d’Athènes pour empêcher l’arrivée de manifestants solidaires. Avec les véhicules et les fourgons disposés en travers de la chaussée, ils ont formé un véritable "mur" policier infranchissable, excepté pour les travailleurs du métro qui reprendraient le travail.

Le gouvernement a donc mis à exécution sa décision prise jeudi, la veille donc, de réquisitionner les travailleurs du métro afin de briser leur grève entamée 8 jours plus tôt. Cette décision s’appuie sur une loi d’"urgence" de 1974, dans laquelle celle-ci est définie comme « toute situation inattendue qui requiert une action immédiate afin de s’occuper des nécessités de la défense du pays, ou de toute nécessité sociale ou de catastrophe naturelle ou d’autres menaces que peuvent mettre en danger la santé publique ». Rappelons que la principale revendication des grévistes est leur refus de se voir imposer une nouvelle convention collective, celle des travailleurs du ministère des transports (alors qu’ils sont salariés d’une entreprise privée), ce qui se traduira par une baisse des salaires de 25 % en moyenne. Depuis 2009, entre la suppression des primes de fin d’année, les baisses de salaires et les hausses d’impôts, ils ont déjà perdu en moyenne 45 % de leur revenu réel disponible. Pour beaucoup d’entre eux, leurs salaires de base seront alignés sur le nouveau salaire minimum qui a été baissé à 580 € mensuels.

Les ordres de réquisition précisent que les employés des transports en commun risquent l’arrestation et l’incarcération s’ils ne reprennent pas le travail. Jeudi soir, les autorités ont commencé à distribuer les avis à quelques 2500 employés qui travaillent dans le métro d’Athènes, les tramways et les autres moyens de transport. Les autorités ont fait savoir dans la matinée de vendredi que certains travailleurs avaient pointé à leur travail. Cependant, il ne devrait pas y avoir de transport en commun à Athènes ce vendredi car tous les syndicats du secteur ont appelé à une grève de 24 heures (un "black out"). Une cinquantaine de travailleurs ont pénétré dans le dépôt en faisant savoir qu’ils ne le faisaient pas de manière volontaire. Ils font partie des premiers à avoir reçu les ordres de « mobilisation civile » [réquisition]. Ils forment une équipe d’"urgence" chargée de surveiller le matériel et les installations. A 7h, environ 300 personnes (grévistes et solidaires) étaient rassemblés à l’extérieur du dépôt. A 8h ce vendredi martin, la police anti-émeute occupait toujours massivement le dépôt de Sépolia, tandis que plusieurs centaines de manifestants (grévistes et solidaires) étaient rassemblés à l’extérieur.

Une manifestation est appelée à 16h place Syntagma par différents syndicats, collectifs et partis politiques. Plusieurs syndicats (compagnie d’électricité, postiers, enseignants….) ont annoncé des débrayages dans la journée et appelé à cette manifestation. D’autres collectifs ne cessent de se joindre à cet appel, tandis que d’autres appellent plutôt à se rassembler au dépôt de Sépolia. Le syndicat des travailleurs du métro a fait savoir qu’il n’appelait pas à cette manifestation. C’est un peu la confusion. Quelques rames du métro commenceraient à circuler en début d’après-midi, les médias et le gouvernement insistent sur le fait que la grève est « terminée » et que « la situation est en train de se normaliser ».
Le métro d’Athènes a rouvert ce vendredi, au 9ème jour d’une grève-test contre des coupes salariales et l’austérité, que le gouvernement a cassée en recourrant à la manière forte, a indiqué le ministère du Développement. « Les premières rames ont recommencé à rouler, le rythme est encore un peu ralenti mais la situation est en train de se normaliser », a indiqué à l’AFP une source du ministère. Selon lui, la police, qui a commencé à distribuer dans la matinée des ordres de réquisition aux quelque 2.500 employés de la société gérant le métro, mais aussi le tramway et le train électrique reliant les banlieues nord au port du Pirée, ne s’est heurtée à aucune résistance. « Nous sommes bien obligés de reprendre le travail, sinon c’est la porte », a déclaré à l’AFP un responsable syndical du métro, Thomas Zaharis. Selon une source judiciaire, les réfractaires s’exposeraient aussi à être arrêtés en flagrant délit.

Le gouvernement a recouru jeudi soir à la réquisition, une mesure dénoncée comme antidémocratique par syndicats et opposition, face à l’enlisement d’un conflit testant sa détermination à mettre en oeuvre de nouvelles mesures de rigueur, comme l’exigent les bailleurs de fonds du pays UE et FMI. Les autorités ont aussi lancé à l’aube quelque 300 policiers anti-émeute pour reprendre le contrôle du principal dépôt du métro, dans la banlieue populaire de Sépolia, où s’étaient retranchés des dizaines de grévistes. L’intervention a été menée sans incidents notables, et quatre personnes interpellées ont été vite relâchées. Moins d’un demi-millier de personnes, pour l’essentiel des responsables syndicaux et militants de l’opposition de gauche, ont répondu à la mi-journée à un appel à manifester devant le dépôt, qui restait surveillé par un fort cordon policier, selon une vidéaste de l’AFP. Une manifestation de tous les personnels des transports publics prévue dans le centre d’Athènes a dans la foulée été annulée, selon des sources syndicales.

Le conflit était le premier d’une telle durée depuis la mise en route du métro d’Athènes au début des années 2000. Bravant dans un premier temps l’ordre de réquisition, les syndicats de tous les transports en commun d’Athènes avaient riposté jeudi en décrétant un "black out" total pour vendredi. Seuls bus et trolleys, non concernés par l’ordre de réquisition, devaient finalement poursuivre la grève vendredi. Les syndicats des bus ont aussi annoncé des grèves reconductibles jusqu’à mardi compris, tandis qu’avant l’ordre de réquisition, un arrêt général de tous les transports publics de la capitale avait été programmé pour jeudi 31.

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