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Les ouvriers de Gaza entre l’enclume et le marteau : la pauvreté et le blocus

dimanche 12 mai 2013

Un blocus dur, ravageur, mortel frappe la bande de Gaza depuis six ans. Une dure pauvreté s’y installe durablement, une pauvreté qui frappe tout le monde, les ouvriers en particulier, ceux qui travaillaient auparavant dans les territoires occupés en 1948 encore plus.

Même le premier mai, ceux qui peuvent travailler continuent à travailler, bien que ce jour de la fête du travail soit férié pour tout le monde, dans le domaine public comme le domaine privé.

Je ne peux pas ne pas travailler ; je dois mettre quelque chose sous la dent de mes cinq enfants, dit Mohammed Mohsin, du village de Jébalia, au nord de la bande de Gaza.

L’envoyé de notre Centre Palestinien d’Information (CPI) l’a remarqué bien fatigué, bien occupé par son travail, sans s’occuper de la fête du travail et de son jour férié. « Donner à manger aux enfants exige un travail sans arrêt, loin de tout congé », lui a-t-il confié.

Le blocus sioniste

Auparavant, il travaillait dans les territoires occupés en 1948. Et avant le blocus sioniste, il avait une vie meilleure. Mais depuis que les occupants sionistes ont retiré toutes les autorisations de travail dans les territoires occupés en 1948, tout a changé.

« Pour longtemps, je suis resté à la maison sans emploi, les poches vides, le cœur brisé en raison de mon incapacité de venir en aide à mes enfants », se rappelle-t-il, les larmes aux yeux.

En dépit d’un marché du travail très difficile et très restreint, n’aimant pas resté les bras croisés, les recherches d’emploi de ce quadragénaire lui ont permis de trouver quelque chose dans la construction. Et il en est satisfait, malgré la dureté de ses tâches et les salaires très bas. « Au moins, je construis mon pays », dit-il.

La situation d’un autre quadragénaire, Mohammed Al-Chorbéji, du village de Beit Lahya, au nord de la bande de Gaza, n’est pas beaucoup mieux. Lui aussi travaillait en "Israël" dans la construction. A force de la fermeture répétée des points de passage, il a perdu son travail.

Avec le manque de produits de construction dans la bande de Gaza, à cause du blocus sioniste, il n’a pas trouvé quelque chose dans ce domaine. Après une période sans activité, forcée, il a commencé à travailler comme vendeur dans une petite épicerie.

La vie est dure, très dure, et pourtant, Mohammed reste optimiste : « Quoique les autorités sionistes fassent, fermeture des points de passage devant les ouvriers et destruction totale de tous les domaines de la société palestinienne, le peuple palestinien fabrique de ses souffrances un grand espoir. Le mur de séparation discriminatoire s’élève, l’occupation sioniste est de plus en plus dure, les ouvriers toutefois continuent leur vie », a-t-il expliqué au correspondant du Centre Palestinien d’Information (CPI).

Conditions très difficiles

Tout le monde sait que blocus sioniste a complètement démoli l’économie de la bande de Gaza, laissant beaucoup de monde sur le carreau. Ce sont les ouvriers qui en souffrent les premiers. La pauvreté se marie au chômage.

C’est à la veille de la deuxième Intifada que les occupants sionistes avaient imposé une fermeture hermétique sur la bande de Gaza. En conséquence, des milliers d’ouvriers ont perdu leur travail.

Les chiffres du bureau palestinien des statistiques indiquent qu’au quatrième trimestre de l’année passé 2012, 121 mille ouvriers palestiniens de la bande de Gaza étaient sans emploi, à cause du blocus sioniste qui freine toute la vie économique de Gaza.

Maher At-Tabbaa, expert économique, dit qu’après bientôt sept ans de blocus et suite à plusieurs guerres, il est temps de trouver des solutions à ces ouvriers, à ce chômage chronique et élevé. Il faut demander aux organisations arabes, musulmanes et internationales à venir dans la bande de Gaza et œuvrer pour combattre ce fléau, pour stopper sa propagation, pour mettre en place un programme de soutien aux ouvriers.

Rester longtemps sans rien faire est une raison de perdre les expériences acquises. Il faut donc mettre en place des stages intensifs de réadaptation. Il faut aussi ouvrir les marchés arabes de travail aux ouvriers palestiniens, avec des contrats à durée déterminée, souligne enfin l’expert économique.

Messages

  • Il est frappant de constater que, ces dix dernières années, quelques-unes des plus grandes démocraties de la planète, tels les Etats-Unis, Israël et l’Inde, ont érigé des milliers de kilomètres de clôtures frontalières, sur des territoires disputés ou non. Depuis 2006, les Etats-Unis ont ainsi élevé une barrière de près de 1 000 kilomètres à leur frontière avec le Mexique. Israël construit un mur de 650 kilomètres face à la Cisjordanie, et une clôture de 265 kilomètres le long de sa frontière égyptienne. L’Inde, elle, a déjà érigé un mur de 550 kilomètres qui suit [au Cachemire] la "ligne de contrôle" marquant sa frontière contestée avec le Pakistan, et elle s’est attelée à la construction d’une autre barrière, de plus de 4 000 kilomètres cette fois, à la frontière bangladaise. En 2012, la Grèce s’est dotée d’un mur de 4 mètres de haut le long de sa courte frontière terrestre avec la Turquie, délimitée pour une bonne part par le cours du fleuve Evros.

  • Un Palestinien habitant dans la bande de Gaza n’a plus bu d’eau du robinet depuis dix ans. Chaque jour, certains marchent quatre kilomètres jusqu’à une station de dessalement pour y remplir d’eau un bidon de 20 litres.

    La question de l’approvisionnement en eau courante est un vieux problème à Gaza.

    Les nappes phréatiques sont souillées par les eaux usées, des résidus chimiques, de l’eau de mer, et les trois stations de dessalement ne peuvent pas répondre à la demande.

    Pour s’hydrater, la plupart des Gazaouis dépendent des importations d’eau en bouteille. Pour la population et les spécialistes du développement, la situation devient intenable.

    Selon le vice-président de l’Autorité palestinienne de l’eau, Rebhy al Cheikh, plus de 90% des eaux contenues dans les nappes phréatiques sont impropres à tout usage domestique.

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