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350 migrants morts à proximité de l’île italienne de Lampedusa, un nouveau crime du racisme des autorités italiennes contre les immigrants illégaux

jeudi 3 octobre 2013

350 migrants morts à proximité de l’île italienne de Lampedusa, un nouveau crime du racisme des autorités italiennes contre les immigrants illégaux

Un bateau transportant environ 500 migrants a fait naufrage, jeudi 3 octobre, près de Lampedusa, cette île proche de la Sicile qui fait souvent office de porte d’entrée pour l’immigration illégale en Europe. Selon les médias italiens, seuls 150 passagers ont été sauvés ce qui fait donc 350 morts.

D’après les Nations Unies, tous les passagers venaient d’Erythrée et étaient partis de la Libye.

L’alerte a été donnée par deux bateaux de pêche qui se trouvaient dans la zone.

D’après les premiers témoignages des survivants, plusieurs bateaux seraient passés à proximité du navire en feu sans s’arrêter. "Si ces faits sont avérés, il faudra faire la lumière sur ces manquements", a expliqué Mme Nicolini. "C’est une horreur, une horreur ; ils n’arrêtent pas d’apporter des dépouilles, nous ne savons pas où mettre les corps", a-t-elle ajouté, en pleurs, à l’agence italienne ANSA. "Il faut que les caméras de télévision viennent ici, montrent les cadavres, sinon c’est comme si ces tragédies n’existaient pas", a-t-elle encore affirmé, appelant le premier ministre, Enrico Letta, à venir "compter les morts" avec elle.

Pour l’instant, les corps ont été transportés sur le quai du port de Lampedusa, "transformé en morgue à ciel ouvert", selon le Corriere. "Du point de vue du nombre de victimes, c’est une tragédie sans précédent", a expliqué au quotidien le médecin responsable de la clinique de Lampedusa, Pietro Bartolo. "Je n’ai jamais rien vu de tel, alors que je travaille ici depuis très longtemps". Le plus gros naufrage de migrants dans la région, le 2 juin 2011, avait fait 270 morts. Lundi, treize migrants – pour la plupart des Erythréens – s’étaient déjà noyés en tentant de rejoindre la côte près de Raguse (sud-est de la Sicile) après avoir sauté ou avoir été jetés par des passeurs d’une embarcation transportant environ 200 migrants et réfugiés. Début août, un drame semblable s’était produit sur une plage de Catane.

Les autorités italiennes ne souhaitent pas porter secours aux réfugiés et préfèrent que le nombre de morts par naufrage serve de répulsif et sinon elles renvoient les réfugiés dans des camps en Libye qui sont un véritable enfer, pire que la mort…

Les associations de défense des droits de l’homme n’ont jamais réussi à recevoir un rapport sérieux de la part des gardes côtes italiens lors des arraisonnements de bateaux de migrants clandestins ou de leurs naufrages, montrant ainsi que l’action des autorités italiennes dans ces débarquements pourrait être contestée si elle était connue…
Le 23 février 2012, la Cour européenne des droits de l’homme basée à Strasbourg a condamné l’Italie à l’unanimité pour l’interception et le refoulement de migrants sub-sahariens, en flagrante violation des conventions et traités internationaux dont l’Italie est signataire.
Une fois de plus, les gardes côtes semblent ne pas avoir donné de réponses aux appels de la barque…

Lors du naufrage des 6 et 7 septembre 2012, les autorités italiennes avaient refusé toute information pour qu’on comprenne comment les gardes côtes qui avaient reçu des informations bien avant le naufrage n’étaient pas parvenues, comme elles le prétendaient, à en localiser la provenance et à effectuer un quelconque sauvetage…

Messages

  • « On a vu plusieurs bateaux, mais ils ne nous ont pas aidés »

    Rescapé du naufrage d’un bateau de migrants qui a fait 63 morts en avril 2011, Abu Kurke vient de déposer plainte. Avec plusieurs ONG, il pointe l’inaction des navires militaires de l’Otan présents en pleine guerre de Libye.

    Abu Kurke est un survivant. Il y a deux ans, ce jeune Ethiopien a failli laisser la vie sur un zodiac d’une dizaine de mètres, censé lui faire gagner l’Italie en moins de 48 heures. L’esquif, parti de Libye avec 72 personnes à son bord, dans la nuit du 26 au 27 mars 2011, n’atteindra jamais les côtes européennes. Après quinze jours de dérive, il est rejeté à Zliten, localité libyenne. Seuls 11 passagers sont encore vivants. Deux d’entre eux mourront après le débarquement. Abu Kurke fait partie des neufs migrants rescapés.

    « Si je suis en vie aujourd’hui, c’est grâce à Dieu », confie-t-il. Le jeune homme de 26 ans vit aujourd’hui aux Pays-Bas. Il a fondé une famille, élève un petit garçon. Mais il n’a pas oublié : « Je fais souvent des cauchemars la nuit, je revis cette tragédie. On n’oublie pas facilement la mort de 63 personnes. » Aujourd’hui, Abu Kurke veut « témoigner ». Le voilà à Paris pour raconter son périple et cette « aide qui n’est jamais venue ».

    Cette traversée funeste, en effet, s’est déroulée peu après le début de la guerre en Libye. A l’époque, la Méditerranée est quadrillée par les forces de l’Otan. Les avions français, américains et britanniques multiplient les raids pour stopper l’avancée des forces de Mouammar Kadhafi. Le canot pneumatique, durant ses quinze jours en mer, croise à plusieurs reprises la route d’avions, d’hélicoptères et de navires militaires. Dont l’aide ne viendra pourtant jamais.

    « Un crime de guerre a été commis »

    Pour Abu Kurke, comme pour les ONG qui le soutiennent, il s’agit de « non-assistance à personne en danger ». Deux plaintes contre X, avec constitution de parties civiles, ont été déposées ce mardi, à Paris et Madrid. Une première plainte, déposée en avril 2012, avait été classée sans suite par le parquet de Paris. Stéphane Maugendre, du Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigrés), espère que la nouvelle procédure pourra aboutir et déterminera des responsabilités. « Les autorités des différents pays ne peuvent pas se contenter de dire "On n’était pas là" ou "C’est la responsabilité de l’Otan" », explique-t-il.

    A lire aussiLe communiqué des ONG qui se constituent parties civiles

    « Nous pensons, sans l’ombre d’un doute, qu’un crime de guerre a été commis, abonde Gonzalo Boye, l’avocat chargé des démarches auprès de la justice espagnole. Des gens sont morts en raison du manque de réactivité des autorités. » Dans son viseur : les armées française et espagnole, qui auraient ignoré les appels de détresse de l’embarcation, et pourraient être tenues pénalement responsables de la mort des 63 migrants. Depuis de longs mois, un important travail de documentation a été réalisé par les ONG. Lorenzo Pezzani, de l’université Goldsmiths, à Londres, y a participé. « La cartographie, la géolocalisation et les témoignages ont permis d’aboutir à une image précise de ce qui s’est passé. Les réponses apportées par les gouvernements sont lacunaires, au mieux, ou trompeuses, au pire. »

    « Le bateau était surchargé, absolument pas stable »

    Abu Kurke, lui, n’hésite pas à raconter, encore et encore, son histoire. Il fuit l’Ethiopie en 2007, après avoir écopé d’une peine de six mois de prison pour ses activités politiques. Il passe deux ans au Soudan, puis entreprend de traverser le désert. Il arrive en Libye. « En 2010, j’ai tenté de rejoindre l’Europe une première fois. J’ai été arrêté et condamné à huit mois d’emprisonnement. » A peine libéré, il entreprend de nouveau de franchir la Méditerranée. « On a payé des passeurs avec des amis. Quand j’ai vu le bateau, j’ai eu peur. Il était surchargé, absolument pas stable. Je voulais rejoindre la rive à la nage, mais les militaires libyens risquaient de nous tirer dessus. »

    La traversée vire rapidement au cauchemar. A bord, on compte 72 personnes, dont 20 femmes - certaines sont enceintes - et deux bébés. Après quelques heures de navigation, les migrants manquent déjà d’eau. Ils lancent un appel au secours à l’aide de leur téléphone satellitaire. Celui-ci est répercuté par les garde-côtes italiens, toutes les quatre heures pendant dix jours, à l’Otan et aux bâtiments militaires présents en Méditerranée.

    Le 27 mars, en fin de journée, un hélicoptère survole le zodiac, largue des bouteilles d’eau et des biscuits. « On lui a montré les bébés, ils ont pris des photos. Mais personne n’est revenu », dit Abu Kurke. Les jours suivants, « on a vu plusieurs bateaux, mais ils ne nous ont pas aidés », ajoute-t-il. Un grand navire gris clair, notamment, s’approche à quelques mètres, sans intervenir. « Les premières personnes sont mortes au bout de trois jours, se souvient le rescapé. La mer était agitée et certains sont tombés à l’eau. On n’a pas pu les remonter à bord. »

    Pour survivre, urine et dentifrice

    Privée de carburant, l’embarcation dérive lentement vers les côtes libyennes. L’hécatombe se poursuit. « Certaines personnes étaient plus robustes que moi, mais j’ai remarqué que celles qui ont bu de l’eau de mer mouraient plus rapidement. On avait conservé des bouteilles d’eau vides, que l’on remplissait avec notre urine. Quand on avait la gorge trop sèche, on en buvait une gorgée. » Le jeune Ethiopien se « nourrit » aussi de dentifrice : « J’avais vu un capitaine ghanéen faire de même. »

    A peine débarqués à Zliten, les rescapés sont incarcérés. Abu Kurke ne rejoindra l’Europe que quelques mois plus tard. Ce sont cette fois les hommes de Kadhafi qui l’y forcent. Une manière de mettre la pression sur les autorités européennes, en guerre contre le « Guide », leur ancien allié

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