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Manifestations contre Areva au Niger

dimanche 22 décembre 2013

Des centaines de personnes ont manifesté samedi à Niamey pour dénoncer le « partenariat déséquilibré » entre le Niger et le groupe français Areva, qui exploite depuis une quarantaine d’années de l’uranium dans le nord du pays, a constaté l’AFP.

Fonctionnaires, étudiants, journalistes, hommes politiques et responsables d’ONG se sont rassemblés devant le siège du Parlement, avant de marcher plusieurs kilomètres en direction du siège d’Areva qu’ils n’ont finalement pu atteindre, bloqués par un cordon policier à une centaine de mètres du but.

Tout au long de l’itinéraire, les manifestants, qui étaient au plus un millier, selon une estimation de l’AFP, ont scandé « A bas Areva ! », « A bas la France ! », « Areva dégage ! », ou encore « Les ressources minières appartiennent au peuple », tandis que des banderoles clamaient « Non au contrat gagnant-perdant ».

« Cela fait aujourd’hui 45 ans, dans l’opacité et la docilité complice des dirigeants nigériens, que la France, à travers ses prédatrices multinationales, dont Areva, exploite à sens unique l’uranium nigérien », a lancé Ali Idrissa, le coordinateur du Rotab (Réseau des organisations pour la transparence et l’analyse budgétaire), l’organisateur de la manifestation.

« En France, 35 ampoules électriques sur 100 sont allumées grâce à notre uranium, pendant que le Niger s’éclaire au bois de chauffe », a-t-il ajouté.

Les contrats liant Areva au Niger sont « tous déséquilibrés », a pesté Ali Idrissa, observant que l’uranium représente 70% des exportations du Niger mais ne contribue qu’à 5% du PIB.

Areva présente traditionnellement des chiffres opposés. En 2012, 70% des recettes globales sont allées à l’Etat du Niger contre 27% à Areva, objectait le géant français en novembre.

Le contrat d’exploitation de l’uranium nigérien arrive à terme au 31 décembre 2013. Sa renégociation occasionne un bras de fer intense entre Niamey et Areva.

Les discussions sont « bloquées » car Areva « rejette carrément l’application de la nouvelle convention minière du Niger (de 2006) à ses filiales », évoquant « notamment un titre minier octroyé en 1968 (par le Niger) qui prévoie des clauses de stabilité de 75 ans, donc jusqu’en 2043 ! », s’est insurgé Ali Idrissa.

La manifestation avait été interdite par la mairie, avant d’être autorisée par un tribunal de Niamey saisi par un avocat du Rotab.

Mais une manifestation similaire, prévue vendredi dans la cité minière d’Arlit (nord), a été interdite par les autorités locales, selon un responsable de l’ONG organisatrice Synergie.

Messages

  • Et si la découverte d’une quantité importante d’uranium à Kidal motivait la guerre de la France au Mali. En tout les cas il y a bel et bien cette matière à Kidal.
    L’ex président ATT en sait quelque chose. Lui qui a déclaré le 21 décembre 2008, à Kéniéba, lors de la pose de la première pierre de la Route Kita – Sekokoto- Falémé- Dabia- Saraya- kédougou, que « l’une des plus grandes réserves d’uranium a été découverte dans la Région de Kidal. Les travaux dans ce domaine vont engendrer 2000 emplois en 2 ans et 5000 en 5 ans. Ainsi, les gens vont quitter kéniéba, Ansongo, bref toutes les Région du Mali pour aller chercher du travail à Kidal… ».

  • Le groupe, qui renégocie actuellement le contrat d’exploitation de l’uranium avec Niamey, a fermé ses deux sites pour maintenance « au moins » jusqu’à la mi-janvier.

    Le groupe nucléaire français Areva a indiqué lundi que la renégociation de ses contrats miniers se poursuivait avec l’Etat du Niger, où il a fermé ses deux mines d’uranium pour maintenance « au moins » jusqu’à la mi-janvier. Niamey et Areva, groupe détenu à plus de 80% par l’Etat français, doivent renégocier un accord d’exploitation de l’uranium nigérien pour les dix prochaines années, après l’arrivée à terme des précédents contrats le 31 décembre 2013. « Les négociations se poursuivent », a indiqué à l’AFP un porte-parole d’Areva, refusant de commenter l’avancée des négociations. Ces tractations occasionnent un bras de fer intense entre les deux partenaires, qui a notamment pour enjeu les recettes de l’Etat nigérien, quatrième producteur mondial d’uranium mais aussi l’un des pays les plus pauvres du monde.

    La Somaïr et la Cominak, les deux mines exploitées par Areva depuis le début des années 1970 au Niger, dont le groupe extrait 40% de son uranium, ne sont pas soumises à la nouvelle loi minière de 2006. Celle-ci porte le taux de redevance minière de l’Etat nigérien jusqu’à 12% de la valeur des ressources extraites, en fonction des profits, alors que les royalties s’élèvent actuellement à 5,5%. « C’est une discussion qui intervient dans un moment qui n’est pas nécessairement très facile, parce que les prix du marché de l’uranium (...) ont plutôt baissé à cause de retards dans le redémarrage de centrales japonaises » après la catastrophe de Fukushima, avait fait valoir le patron d’Areva, Luc Oursel, début décembre.

    A la même époque, selon les informations de Libération, il apparaissait que le groupe avait déjà décidé la fermeture des deux sites. Areva a démenti.

    Les deux mines ont entretemps été fermées pour maintenance, « au moins jusqu’à la mi-janvier », a indiqué le porte-parole d’Areva...

  • Le PDG du numéro 1 mondial du nucléaire civil est arrivé à Niamey, ce vendredi, pour négocier les conditions d’exploitation de l’uranium du nord du pays. C’est l’ONG Oxfam qui a vendu la mèche : Luc Oursel, le patron d’Areva, est à Niamey ce vendredi pour tenter d’arracher un compromis avec les autorités nigériennes sur les conditions d’exploitation de l’uranium du nord du Niger. Depuis des semaines, celles-ci négocient d’arrache-pied sans parvenir à un accord. Le gouvernement de Niamey réclame l’application du code minier datant de 2006, qui se traduirait par une augmentation substantielle de la fiscalité à laquelle le mastodonte français du nucléaire civil a échappé jusqu’ici. Le taux de redevance versé par le groupe français passerait alors de 5,5% à 12% de la valeur des ressources extraites. Soit un afflux de 15 à 20 millions d’euros chaque année dans les caisses du Niger, un des Etats les plus pauvres au monde.

    Mais le groupe dirigé par Oursel fait de la résistance, arguant que l’alourdissement des coûts de production entamerait gravement la rentabilité des deux mines exploitées depuis plus de quarante ans par Areva à Arlit : Somaïr et Cominak. Il évoque même leur possible fermeture à plus ou moins brève échéance. Bluffe-t-il pour tenter de préserver ses avantages acquis ? Pas si simple. Car dans cette affaire, deux logiques s’opposent : celle du développement et de la justice fiscale pour Niamey, et celle de la rentabilité financière pour Areva. Et chaque camp a des arguments à faire valoir.

    Le pouvoir de Mahamadou Issoufou demande la fin du régime d’exception dont bénéficie Areva au Niger, lié à des raisons historiques. Lors des indépendances, au début des années 60, Paris a négocié l’octroi d’un monopole d’exploitation des ressources stratégiques dans plusieurs ex-colonies africaines en échange d’un soutien militaire. Si cette position a été peu à peu remise en question au Niger, avec l’octroi de permis de recherches et d’exploitation à des compagnies étrangères rivales, notamment chinoises, Areva reste en position très favorable dans ce pays sahélien.
    « Bluff diplomatique »

    Bien que jugées « légitimes » par le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, et par Luc Oursel lui-même, les revendications de Niamey tombent néanmoins mal d’un strict point de vue économique. Le contexte international est défavorable : depuis la catastrophe de Fukushima (Japon), il y a trois ans, le cours de l’uranium a chuté. En deux ans, il est même passé de 150 dollars (108 euros) le kilo à 80 aujourd’hui. Dans le même temps, Areva a fini l’année 2013 avec des pertes approchant les 500 millions d’euros, malgré une croissance de son chiffre d’affaires global.

    Muni de ces chiffres, le patron d’Areva explique à ses interlocuteurs du Niger qu’une augmentation sensible de la fiscalité remettrait en cause la rentabilité des mines d’Arlit. Cet argument ne convainc pas l’ONG Oxfam, qui suit de très près les négociations : « Si l’extraction d’uranium est une activité en berne, pourquoi Areva va-t-elle chercher de nouveaux gisements en Mongolie ? Pourquoi la société ouvre-t-elle une usine de dessalement d’eau de mer pour démarrer la production en Namibie ? interroge Anne-Sophie Simpere, d’Oxfam France. Difficile de croire à une filière totalement menacée et à une activité sans avenir pour Areva. Les enjeux financiers pour le groupe liés à la renégociation des contrats du Niger constituent une explication bien plus plausible aux menaces actuelles d’Areva, qui semble pratiquer avec habileté l’arme du bluff diplomatique. »
    Niamey partenaire de Paris dans la lutte antiterroriste

    En réalité, Areva prépare sans le dire son retrait progressif, quoique partiel, du Niger. Les deux mines historiques d’Arlit sont en fin de vie. « Les meilleurs filons ont été exploités, le reste est moins intéressant », assure un bon connaisseur du dossier. Par ailleurs, leur exploitation a lieu dans un environnement sécuritaire très tendu avec les agissements des groupes islamistes qui, en septembre 2010, avaient enlevé sept employés (tous libérés depuis) et mené un attentat à Arlit en mai 2013. Sur un plan politique, Areva - groupe français, détenu à 87% par l’Etat - fait face à des campagnes récurrentes sur les méfaits de la Françafrique. Autant de raisons qui incitent Areva à réduire sa présence au Niger, grâce à la diversification de ses approvisionnements à travers le monde. La part du Kazakhstan, de la Mongolie, du Canada augmente, tandis que celle du Niger décroît régulièrement. D’après une source proche du dossier, l’uranium en provenance du Niger représente aujourd’hui 20% du total des approvisionnements d’Areva, et le groupe souhaite réduire cette part à 10% dans les prochaines années.

    Pour autant, le groupe de Luc Oursel ne peut pas claquer la porte du jour au lendemain. D’abord parce qu’il est le premier employeur privé au Niger. Son départ serait une véritable catastrophe pour le nord du pays, région la plus déshéritée d’un pays pauvre parmi les pauvres. Par ailleurs, Areva a lutté d’arrache-pied pour obtenir l’exploitation d’un gisement extrêmement prometteur, situé non loin d’Arlit : celui d’Imouraren. Dans le contexte économique actuel, sa mise en exploitation n’est pas à l’ordre du jour. Mais l’entreprise française cherche à la garder dans son escarcelle en gagnant du temps. Problème : l’accord signé avec Niamey prévoit le démarrage de l’activité en 2015, autorisant un report de deux ans maximum, au-delà duquel il serait alors fondé à récupérer le titre de propriété.

    L’ensemble du dossier est éminemment politique. Le président Issoufou a un besoin urgent de faire rentrer de l’argent dans les caisses pour financer le développement de son pays et présenter un bilan flatteur de son action en prévision de l’élection présidentielle prévue en 2016. Proche du président François Hollande et lui-même ancien cadre d’Areva, Issoufou est un partenaire clé de Paris dans la lutte antiterroriste dans le Sahel. L’armée française dispose d’une base à Niamey, où sont notamment stationnés les drones qui permettent de surveiller la région. L’Elysée, assure un initié, doit donc ménager ce précieux allié, tout en veillant à protéger la rentabilité d’une entreprise stratégique du secteur énergétique français. Un vrai casse-tête, pas encore résolu.

  • A l’appel du syndicat Synamin, les salariés de la Somaïr ont organisé un sit-in hier, mercredi, devant la direction d’exploitation pour se plaindre des mesures de licenciements déguisés selon des représentants du personnel.

    La Somaïr est l’une des deux sociétés d’exploitation de l’uranium du Niger dont les actionnaires sont l’Etat du Niger et le géant Areva. L’entreprise française avait annoncé que des économies devraient être faites pour pouvoir « sauver » les sociétés d’exploitation existantes. Les sous-traitants sont les premiers à en faire les frais.

    La Somaïr, c’est 1 200 salariés qui travaillent dans l’exploitation et le traitement de l’uranium sur place, dans le nord du Niger à Arlit. C’est aussi des centaines d’emplois indirects assurés par des sous-traitants locaux ou internationaux.

    Au printemps, au moment de la renégociation du contrat minier avec l’Etat du Niger, Areva n’avait pas caché l’urgence de faire des économies pour rebooster la rentabilité de la Cominak et la Somaïr.

    Et selon les syndicats sur place, depuis plusieurs mois, au moins 400 emplois ont déjà été supprimés chez les sous-traitants locaux. « Plus de dix entreprises locales ont été fermées, assure Moussa Sallah, le secrétaire général de la Synamin, le syndicat majoritaire à la Somaïr. Elles ont été obligées de licencier leurs travailleurs. Dans les trois derniers mois, il y a plus de 400 salariés qui ont été licenciés sans droits ».

    La crainte des syndicats est que des licenciements touchent désormais les salariés directs de la Somaïr. Des négociations doivent commencer ce jeudi entre représentants du personnel et direction pour discuter des conditions de départ des salariés en préretraite ou des jeunes travailleurs afin de garantir leurs droits au départ et leur couverture sanitaire en cas de problème de santé lié à leur travail.

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