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A la nouvelle année, on n’offre pas des fleurs fanées !

2 janvier 2012, 04:58, par MOSHE

En guise de cadeau de nouvel an, cette poésie de Victor Hugo :

Un peuple était debout,

Un peuple était debout, et ce peuple était grand.

Il marchait lumineux dans le progrès flagrant.

Les autres nations disaient : Voici la tête !

Il avait traversé cette énorme tempête

Quatre vingt-treize, et mis le vieux monde au tombeau ;

Dans la lutte difforme il était resté beau ;

Ce fier peuple, assailli d’évènements funèbres,

Avait fait des rayons de toutes ces ténèbres ;

Il avait fait, démon, dieu, sauveur irrité,

De la combustion des siècles sa clarté.

Il avait eu Pascal, il avait eu Molière ;

Il avait vu sur lui s’épaissir comme un lierre

L’amour des nations dont il était l’appui ;

Et pendant soixante ans sur sa cime avait lui

Voltaire, cet esprit de flamme armé du rire,

Ce titan qui, proscrit, empêchait de proscrire,

Ce pasteur guidant l’âme, enseignant le devoir

Et chassant le troupeau des dogmes au lavoir.

Ce peuple avait en lui la loi qui développe ;

A force d’être France il devenait Europe ;

A force d’être Europe il était l’univers.

Il savait rester un tout en étant divers ;

Chaque race est un chiffre, il en était la somme ;

Et ce peuple était plus qu’un peuple ; il était l’Homme.

Dans la forêt sinistre il était l’éclaireur ;

Son pas superbe était le recul de l’erreur ;

Il proclamait le vrai sur la terre ; une lave

Sortait de son esprit qui délivrait l’esclave,

Et la femme, et le faible, et le pauvre inquiet,

Et l’aveugle ignorant, de sorte qu’on voyait

Devant sa flamme, hostile au mal, au crime, aux haines,

S’enfuir la vieille nuit traînant les vieilles chaînes.

Il était entouré des ruines du mal,

D’abus tombés, monceau formidable et fatal,

De droits ressuscités, de vertus retrouvées,

Et de petites mains d’enfants, vers lui levées.

Au lieu de dire : Grâce ! il disait : Il le faut !

Il combattait la guerre, il tuait l’échafaud.

Père et frère, il donnait la vie, ôtait les maîtres.

Guetté, mais fort, trop grand, hélas ! pour croire aux traîtres,

Il marchait aussi pur que l’aube en floréal,

L’œil fixé sur ce ciel qu’on nomme l’idéal.

Subitement, il est tombé dans l’embuscade,

Et son cadavre est là sur une barricade.

Ce trépassé, sanglant, nu, mordant son bâillon,

Pâle, n’a même plus la gloire, ce haillon,

Et ses noirs assassins, de leur main lâche et fausse,

Creusent sous lui la nuit comme on creuse une fosse.

Vous n’avez pas pris garde au peuple que nous sommes.

Chez nous, dans les grands jours, les enfants sont des hommes,

Les hommes des os, les vieillards des géants.

Oh ! comme vous serez stupides et béants,

Le jour où vous verrez, risibles escogriffes,

Ce grand peuple de France échapper à vos griffes !

Le jour où vous verrez fortune, dignités,

Pouvoirs, places, honneurs, beaux gages bien comptés,

Tous les entassements de votre orgueil féroce,

Tomber au premier pas que fera le colosse !

Confondus, furieux, cramponnés vainement

Aux chancelants débris de votre écroulement,

Vous essaierez encore de crier, de proscrire,

D’insulter, et l’Histoire éclatera de rire.

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