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Quoi de neuf en sciences

12 avril 2012, 21:48

Faut-il savoir parler pour apprendre à lire ? Non, d’après une expérience menée par des chercheurs marseillais qui ont appris à des babouins à repérer des mots écrits. "En quelques jours, [ils] sont parvenus à distinguer des orthographes pourtant très similaires", soulignent Jonathan Grainger et Joël Fagot, deux des chercheurs du laboratoire de psychologie cognitive à Marseille (Bouches-du-Rhône) qui ont participé à ce travail. Les résultats de cette étude ont été publiés jeudi 12 avril par la revue américaine Science.

• Quelle méthode a été utilisée par les scientifiques ?

Des babouins de Guinée (Papio papio) avaient accès, de façon libre et permanente, à de petits bungalows ouverts par une trappe, dans un enclos de 700 m2 situé au sein d’une station de primatologie du CNRS installée près d’Aix-en-Provence.

Derrière la trappe, les singes pouvaient consulter un écran tactile faisant apparaître, dans une succession très rapide, des mots anglais de quatre lettres. Les primates devaient appuyer sur une forme ovale si le mot était correctement orthographié, sur une croix dans le cas contraire. Et ils recevaient une récompense - un grain de céréale tombant automatiquement d’un distributeur - après chaque bonne réponse.

Lors d’une première phase d’entraînement, les bons mots étaient présentés plus fréquemment que les mauvais. De 43 000 à plus de 56 000 essais ont été menés pour chaque singe.

• Pour quels résultats ?

Après avoir mémorisé l’orthographe de plusieurs dizaines de mots, les babouins se sont mis à faire la différence entre les bons et les mauvais mots , et ce dès leurs premières présentations. Dan, le meilleur élève des six singes ayant participé à l’exercice, a appris à distinguer 308 mots correctement écrits parmi les 8 000 mots qu’on lui a présentés pendant un mois et demi. Il était âgé de trois ans au moment du test.

"Cela prouve qu’ils ont acquis autre chose que la forme globale des mots : en l’occurrence les bonnes combinaisons de lettres. Les singes sont capables de repérer et de mémoriser des régularités dans l’organisation des mots et de détecter des anomalies", affirment les chercheurs.

"Rapportés à notre espèce, ces résultats suggèrent que la lecture se base, au moins en partie, sur notre capacité à percevoir et mémoriser les régularités entre les éléments (les lettres) qui composent un objet (le mot écrit)", avancent encore les chercheurs. "Les alphabets ont pu être conçus, à l’origine, pour faciliter leur apprentissage sans le ’b.a.-ba’", concluent-ils.

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