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La trahison de la révolution russe a-t-elle commencé avec la signature des accords de Brest-Litovsk comme le prétendent les communistes de gauche tels Boukharine et Radek ?

29 juin 2012, 08:52

Notre devoir révolutionnaire nous oblige à entreprendre une offensive contre les Allemands, ont déclaré les socialistes-révolutionnaires de gauche au mois de juillet 1918. Nous serons battus ? Qu’importe ! Notre devoir est de marcher en avant. Les masses ouvrières ne veulent pas ? Eh bien, on peut lancer une bombe contre Mirbach pour forcer les ouvriers russes à continuer la lutte dans laquelle ils doivent infailliblement périr. De tels raisonnements sont très répandus dans le groupement dit Parti Communiste Ouvrier d’Allemagne (K.A.P.D.). C’est un petit groupe de socialistes-révolutionnaires prolétariens de gauche. Nos S.-R. de gauche recrutent, ou plutôt ont recruté, leurs partisans principalement parmi les intellectuels et les paysans ; telle est leur caractéristique sociale ; mais leurs méthodes politiques sont les mêmes : c’est un révolutionnaire hystérique, prêt à chaque moment à appliquer des mesures et des méthodes extrêmes sans compter avec les masses et avec la situation générale ; c’est l’impatience au lieu du calcul ; c’est une ivresse due à la phraséologie révolutionnaire ; tout cela caractérise aussi pleinement le Parti Communiste Ouvrier d’Allemagne. Au Congrès , un des orateurs qui parlait au nom de ce parti, s’est exprimé en substance de la façon suivante : « Que voulez-vous, la classe ouvrière d’Allemagne est imbue (il a même dit verseucht, c’est-à-dire « empestée ») d’une idéologie de philistins, de bourgeois, de petits-bourgeois ; que voulez-vous qu’on en fasse ? Vous ne la pousserez pas dans la rue autrement qu’en ayant recours à un sabotage économique... « Et lorsqu’on lui avait demandé ce que cela signifiait, il expliqua : « A peine les ouvriers commencent-ils à vivre un peu mieux, qu’ils se tranquillisent et ne veulent plus de révolution ; mais lorsque nous troublons le mécanisme de la production, quand nous faisons sauter les fabriques, les usines, les voies ferrées, etc., la situation de la classe ouvrière empire, et par conséquent elle devient plus apte à la révolution. » N’oubliez pas que ceci est dit par un représentant d’un parti « ouvrier ». Mais c’est d’un scepticisme absolu !.. Il s’ensuit, si nous appliquons le même raisonnement à la campagne, que les paysans le plus conscients de l’Allemagne doivent incendier leurs villages, lancer le coq rouge à travers le pays entier, pour révolutionner ainsi les habitants des campagnes. On ne peut ne pas rappeler ici que, pendant la première période du mouvement révolutionnaire en Russie, vers 1860, lorsque les révolutionnaires intellectuels étaient encore incapables de toute action, enfermés qu’ils étaient dans leurs petits cénacles, et qu’ils se butaient continuellement à la passivité des masses ouvrières, c’est alors que certains groupements, tels les partisans de Netchaïeff, ont été amenés à penser que le feu et les incendies constituaient un véritable élément révolutionnaire de l’évolution politique russe... Il est tout à fait clair qu’un tel sabotage, dirigé, par son essence même, contre la majorité de la classe ouvrière, constitue un moyen anti-révolutionnaire qui crée un conflit entre la classe ouvrière et un parti « ouvrier » dont le nombre des membres est d’ailleurs difficile à déterminer ; il ne dépasse pas toujours 3 ou 4 dizaines de mille, tandis que le Parti Communiste Unifié compte, comme vous le savez, environ 400.000 adhérents.

Léon Trotsky

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