Accueil > ... > Forum 4801

Quelle est la politique des syndicats dans le conflit de PSA ?

21 septembre 2012, 09:18, par Robert Paris

Quand Mercier, dirigeant CGT PSA et porte-parole de Lutte Ouvrière, dit que "La guerre est déclarée sur l’usine d’Aulnay", il ne donne pas la véritable perspective. La guerre, c’est l’ensemble des patrons et de l’Etat qui nous l’ont déclarée. Le seul slogan valable pour les salariés de PSA comme pour tous les autres, est : "Un pour tous, tous pour un !" Laisser fermer une usine, c’est les laisser fermer toutes.

La guerre de classe, ce n’est pas ce que Mercier appelle "transformer Aulnay en forteresse ouvrière"... Cela c’est enfermer la lutte à venir dans une impasse ! C’est la même impasse à laquelle se sont heurtés les salariés de Continental ou New Fabris, la lutte seulement dans les entreprises qui licencient sans l’étendre à toute la classe ouvrière qu’on licenciera demain et sans même unir toutes les entreprises où on licencie... C’est la stratégie des syndicats mais ce n’est pas forcément celle des travailleurs pour peu qu’ils s’organisent par eux-mêmes, constituent leurs comités de lutte, leurs conseils de salariés, les fédèrent à l’échelle locale, puis nationale.

Mercier avait déclaré devant les caméras de télévision qui diffusaient partout son discours ce jour-là lors de la mobilisation à PSA :

« S’ils veulent investir à l’étranger, qu’ils piochent dans leur caisse, cela ne doit pas se faire au détriment de l’emploi en France »

"Nous n’avons rien contre le fait que PSA embauche des travailleurs chinois ou brésiliens. Ils ont besoin comme nous de travailler et ce sont des frères de classe, mais cela ne doit pas se faire en supprimant des emplois de travailleurs en France."

Et il rajouté :

"Aujourd’hui nous sommes compétitifs en France et nous allons nous battre pour garder nos emplois".

Donc LO (il n’y a rien de personnel sur Mercier là-dedans) a fait dire le contraire à un de ses militants : un discours politique et un autre syndical.

Rien de pire pour y voir clair politiquement.

Un discours sous-entend que c’est des délocalisations et l’autre dit le contraire.

Un est pour le grand public au vu des bureaucrates CGT aussi et l’autre en petit comité de soutien de LO…

« S’ils veulent investir à l’étranger, qu’ils piochent dans leur caisse, cela ne doit pas se faire au détriment de l’emploi en France », s’est indigné Jean-Pierre Mercier, de la CGT. Sous-entendu : c’est pour délocaliser que le patron supprime des emplois : pour investir "à l’étranger". Et c’est faux. Les patrons suppriment des emplois parce qu’ils ne veulent pas investir dans la production et qu’ils ne veulent plus que spéculer. Le capitalisme est en phase de destruction...

Or Jean-Pierre Mercier est de Lutte Ouvrière, une organisation d’extrême gauche....

Déclarer "Aujourd’hui nous sommes compétitifs en France et nous allons nous battre pour garder nos emplois". signifie que "nous" sommes donc en compétition avec les "travailleurs étrangers" !!!

"Nous" sommes des Français et pas des prolétaires du monde !!!

Jean-Pierre Mercier a assuré que le groupe avait d’"autres solutions que de supprimer des emplois pour faire face à des possibles baisses de ventes".

Comme si c’était les baisses des ventes qui nécessitaient des suppressions d’emplois...

L’extrême gauche a des solutions pour les patrons...

Comme si c’était une bonne idée d’entrer dans la logique des "solutions" qui est celle des syndicalistes réformistes !

La CGT PSA se donne des objectifs industriels : " Des garanties sur Aulnay :

C’est-à-dire l’application de la motion signée par 2200 salariés d’Aulnay en juin demandant un engagement par écrit de la Direction dans un accord tripartite (Syndicats, PSA , gouvernement) pour le maintien de la fabrication de la C3 à Aulnay jusqu’à son terme (au minimum décembre 2016) en deux équipes, avec un plan de charge permettant de garantir tous les emplois existant actuellement sur l’usine, intérimaire compris ; et l’attribution à Aulnay d’un futur modèle après la C3." (tract CGT du 8 novembre 2011 - la CGT PSA est tenue par Lutte Ouvrière)

Mais peut-on mener une lutte qui s’élargisse au delà de PSA Aulnay sur de tels objectifs ? Non !

On a pu entendre des militants syndicalistes d’extrême gauche déclarer au rassemblement des salariés de PSA contre les suppressions d’emplois : "Nous n’avons rien contre le fait que PSA embauche des travailleurs chinois ou brésiliens. Ils ont besoin comme nous de travailler et ce sont des frères de classe, mais cela ne doit pas se faire en supprimant des emplois de travailleurs en France." C’est une manière hypocrite de sous-entendre que ce sont les emplois en Chine ou au Brésil qui cassent les emplois en France. C’est faux ! Les emplois baissent partout dans le monde en ce moment, y compris en Chine : la mondialisation n’en est pas la cause, pas plus que les délocalisations. Si le patron veut le faire croire, ce n’est pas un hasard...

Le patronat n’est plus en train de mondialiser l’économie, il est en train de mondialiser la chute irrévocable de son système....

Le raisonnement précédent sous-entend qu’il s’agit simplement de délocalisations en vue d’augmenter les profits et que la racine de cette politique n’a rien à voir avec la crise que connait le système mondial. C’est faux.

Cette manière de raisonner laisse entendre que les suppressions d’emplois ne sont pas liées aux désordres financiers, boursiers, monétaires et économiques du système mondial. Et c’est faux.

C’est une manière de dire que le patron de PSA mène une politique particulière qui est particulièrement hostile aux travailleurs et qu’il suffirait que les travailleurs de PSA se mobilisent contre ce plan pour le faire reculer. Et c’est faux.

C’est faux parce que l’offensive contre les travailleurs n’est nullement cantonnée à PSA. La première des choses à faire pour élever le niveau de conscience et le rapport des forces serait de montrer aux travailleurs de PSA qui veulent se mobiliser que la lutte doit être générale et qu’il est vital de se mobiliser à des niveaux plus important qu’un site comme Citroën Aulnay et même qu’un groupe comme PSA. Il va falloir entraîner toute l’Automobile et même toute la classe ouvrière.

Les licenciements à PSA sont un ballon d’essai qui suit les licenciements et fermetures d’usines chez les sous-traitants de l’Automobile.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.