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Les révolutions paysannes de Chine

19 novembre 2012, 10:15

Le 30 mai 1925, la police britannique tire sur une manifestation à Shanghai, faisant treize morts. Le mouvement de protestation qui s’ensuit déclenche une vague de grèves sans précédent dans toute la Chine. Un syndicat unifié est créé à Shanghai, dirigé par des communistes. Le mouvement marque l’éveil de la classe ouvrière et des paysans pauvres. Les effectifs du parti communiste passent en quelques mois de 900 membres à 20 000 tandis que des « unions paysannes » dirigées par des communistes (Mao Zedong organisant le mouvement dans sa province natale du Hunan) exproprient les propriétaires terriens.

Un mois plus tard, c’est à nouveau une fusillade de la police britannique qui déclenche la grève-boycott de Hong-Kong, menée et inspirée par les communistes. Le principe est simple, aucun travailleur chinois ne doit charger ou décharger, dans les territoires contrôlés par le Kuomintang, des navires ou des marchandises étant passées par Hong-Kong. La colonie britannique était alors la plaque tournante de toute l’économie impérialiste et coloniale en Chine du Sud. Le comité de grève, organisé par des militants communistes, devient un « deuxième pouvoir », parallèle au gouvernement Kuomintang de Canton. Chargé de vérifier l’application du boycott et de défendre les piquets de grève, il se dote très vite de comités de grève locaux, de tribunaux pour punir les contrevenants et organise des milices en armant les ouvriers. Ces milices occuperont d’ailleurs spontanément la concession britannique de Canton en représailles contre l’attaque d’une patrouille de miliciens par l’armée britannique. Tous ces éléments rapprochent le comité de grève de Canton des soviets de la révolution russe, les deux sont en effet des organes du pouvoir ouvrier, rivaux du pouvoir bourgeois en place. La grève dura jusqu’en octobre 1926 et brisera la position économique de la colonie britannique de Hong-Kong pour de longues années.

Cette grève convainquit par ailleurs les dirigeants de « l’aile droite » [4] du Kuomintang de la nécessité de lutter par tous les moyens contre le communisme. A l’automne 1925, la plupart des dirigeants de la droite du Kuomintang s’étaient entendus, avec l’approbation de Tchang Kaï-chek, dans un pacte contre les communistes, pacte juré solennellement sur la tombe de Sun Yat-Sen. Celui-ci était en effet mort au printemps et la direction du Kuomintang était depuis divisée plus ou moins formellement entre une droite et une gauche dirigée par Wang Jing-wei. Tchang Kaï-chek étant dans cette configuration dans le rôle d’un centre équilibrant les deux ailes.

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