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L’oppression des femmes s’aggrave partout dans le monde, en relation avec l’effondrement capitaliste débuté en 2007

10 décembre 2012, 18:22, par Robert Paris

Louise Michel note dans ses mémoires :

A Montmartre, il y avait deux clubs de vigilance, celui des hommes et celui des femmes... Je continuais d’appartenir aux deux comités, dont les tendances étaient les mêmes. Peut-être leurs histoires seront-elles mêlées, car on ne s’inquiétait guère à quel sexe on appartenait pour faire son devoir. Cette bête de question était finie.”

Dans « La Sociale - Journal politique quotidien du soir », André LEO publie un article intitulé « La révolution sans les femmes ». Elle y écrit :

Savez-vous, Général Dombrowski, comment s’est faite la révolution du 18 mars ? Par les femmes.... Beaucoup de républicains - je ne parle pas des vrais - n’ont détrôné l’Empereur et le bon Dieu que pour se mettre à leur place. Et naturellement, dans cette intention, il leur faut des sujets, ou tout au moins des sujettes.... Et bien, cette combinaison n’a pas de chance... La Révolution est la liberté et la responsabilité de toute créature humaine, sans autre limite que le droit commun, sans autre privilège de race, ni de sexe.”

Le 2 avril, on entend à nouveau le canon : le Gouvernement de Thiers attaque ...

Cinq cents femmes partent de la place de la Concorde pour marcher sur Versailles. Au pont de Grenelle, elles sont rejointes par 700 autres. Elles veulent aller témoigner de la réalité et des attentes de la Commune parisienne. Les gardes nationaux ne leur laissent pas franchir les portes. Elles iront toutefois jusqu’à former le projet de constituer un bataillon “ les Amazones de la Seine ”.

Parmi les combattantes de la Commune, il y a un certain nombre de femmes instruites (intellectuelles, ouvrières qualifiées) mais le plus grand nombre vient de la population des faubourgs ouvriers. En témoigne le fait que 756 ouvrières seront déférées devant les Conseils de guerre, alors qu’on ne dénombrera que 4 institutrices et une septantaine de commerçantes.

Sur le terrain de la misogynie, elles ont fort à faire. Un article paru dans le Journal Officiel de la Commune le 10 avril 1871, rédigé paraît-il pour glorifier l’action des femmes, dit :

Dans tous les mouvements populaires les femmes ont joué un grand rôle. D’un tempérament inflammable, facile à égarer, écoutant la voix du coeur plutôt que celle de la raison, elles entraînent, fanatisent la foule et poussent à l’extrême les passions aveugles.”

Le lendemain, le 11 avril, ce même Journal Officiel publie un long “ Appel aux citoyennes de Paris ”, signé par “ un groupe de citoyennes ”. Cet appel résume à leurs yeux l’esprit et les aspirations de la Commune :

Pas de devoirs sans droits, pas de droits sans devoirs. Nous voulons le travail, mais en garder le produit. Plus d’exploiteurs, plus de maîtres. Le travail et le bien-être pour tous. Le gouvernement du peuple par lui-même (...) Toute inégalité et tout antagonisme entre les sexes constituent une des bases du pouvoir des classes gouvernantes.”

Ce texte explique aux femmes que le moyen de défendre ceux qu’elles aiment n’est pas de se tenir à l’écart mais de lutter car l’ennemi est impitoyable. L’appel est suivi d’un Avis invitant à une réunion le soir même :

Les citoyennes sont priées de se réunir aujourd’hui mardi 11 avril,....., afin de prendre des résolutions définitives pour la formation, dans tous les arrondissements, de comités ; à l’effet d’organiser le mouvement des femmes par rapport à la défense de Paris, au cas ou la réaction et les gendarmes tenteraient de s’en emparer.”

C’est ce soir-là qu’est constituée “ l’Union des Femmes pour la Défense de Paris et les soins aux blessés ” et que des Comités de celle-ci sont mis en place dans la plupart des 20 arrondissements où ils disposent d’un local dans les Mairies.

Le premier objectif de l’Union des Femmes est bien sûr de participer à la défense de Paris et, pour cela, de créer des services d’ambulances, de fourneaux et de barricades. Mais la démarche ne s’arrête pas là. L’Union des Femmes entend également organiser les femmes de manière à les mettre sur un plan de responsabilité économique égal à celui des hommes. Elle propose ainsi la création d’ateliers coopératifs qui fournirait du travail aux femmes ...

Les femmes créent également des syndicats de travailleuses en particulier dans le secteur des ouvrières de la couture.

L’Union des Femmes recruta sans doute plus d’un millier d’ambulancières. Elles touchaient la même solde (1,5 francs) et la même ration que les gardes nationaux. A travail égal, salaire égal est aussi le principe qui fixe le prix de journées dans les ateliers municipaux.

Le programme de l’Union des Femmes prône tout spécialement l’éducation des filles et leur formation professionnelle. Les institutrices s’organisent et fondent la « Société d’éducation nouvelle » qui réclame l’éducation laïque. Le 12 mai une école de dessin est ainsi transformée en « école professionnelle d’art industriel pour les jeunes filles ».

Farouchement athées et anticléricales, les femmes adressent des pétitions à la Commune pour demander la création d’orphelinats laïcs et le remplacement des religieuses dans les hôpitaux et les prisons par des mères de famille « qui », disent-elles « font mieux leur devoir ».

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