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Qui était Jean Jaurès ? Etait-il marxiste ou non, réformiste ou non, idéaliste ou matérialiste, dirigeant bourgeois de gauche ou dirigeant prolétarien, politicien ou non, nationaliste ou universaliste, pro-capitaliste ou pro-socialiste ou même communiste ?

8 décembre 2012, 21:41, par Robert Paris

Jaurès justifiant au congrès de Toulouse du Parti socialiste la collaboration avec le gouvernement bourgeois et le réformisme :

« Lorsque, par notre propagande, par notre action, par l’organisation croissante, et la pression croissante de la classe ouvrière, le Parti socialiste a obligé une partie de la bourgeoisie à voter des réformes, ne cherchez pas dans ce ralliement forcé de la bourgeoisie, je ne sais quel signe de confusion ou de collaboration de classes. Ou s’il y a collaboration de classes, dites que c’est le prolétariat qui a obligé la bourgeoisie à collaborer malgré elle à une partie de son propre affranchissement. (…) Demain, lorsque nous aurons revendiqué, nous socialistes, l’assurance sociale contre le chômage (…) alors l’assurance sociale ne sera pas une œuvre bureaucratique morte, un rouage de l’Etat, elle sera une œuvre vivante dans laquelle le prolétariat aura l’exercice de sa force d’aujourd’hui et l’apprentissage de sa gestion de demain. Voilà comment nous comprenons l’œuvre des réformes, voilà le sens que nous lui donnons. (…) On nous dit encore : soit ! les réformes peuvent servir à accroitre la liberté d’action, la puissance d’organisation et de combat de la classe ouvrière. Mais ne lui donnez pas l’illusion qu’elles puissent dans la société d’aujourd’hui, créer des institutions où s’annonce, où se préfigure, om se prépare la société nouvelle. (…) Ah, citoyens, c’est un problème immense, que nous ne pouvons qu’effleurer aujourd’hui. »

Lors de son discours pour défendre l’école laïque, Jaurès lance des discours nationalistes à la chambre des députés :

« Oh ! messieurs, je ne suis pas de ceux qui disent que c’est la Révolution française qui a créé la nation. La France préexistait à la Révolution française. J’entends qu’elle préexistait comme personnalité consciente – même quand elle n’avait d’autre symbole de son unité, que la famille royale en qui elle résumait mystiquement son origine, son titre, son droit. Même alors elle était une ; mais ce qui est vrai, c’est que cette nation, cette patrie, la Révolution française l’a singulièrement élargie et intensifiée. Et pourquoi la patrie à l’heure de la Révolution est-elle devenue plus une, plus consciente, plus ardente et plus forte ? (…) Parce que tous ces hommes entrant ensemble avec leurs âmes neuves et ardentes dans la patrie d’hier l’ont enflammée et l’ont agrandie. (…)Les luttes des classes elles-mêmes, si âpres qu’elles puissent être, supposent un terrain commun. La classe bourgeoise et la classe ouvrière sont les filles d’un même monde moderne, d’un même système de production et de pensée. Elles ont l’une et l’autre besoin que la science développe par la liberté de l’esprit les forces productives de l’homme, et de même en se combattant elle reconnaissent des nécessités communes et des communes pensées. Au contraire, s’il est entendu qu’entre les fils d’un même pays, d’une même génération, d’un même siècle, d’une même classe, l’antagonisme de doctrine, de pensée et de conscience doit être à jamais si irréductible qu’on ne pourra jamais rassembler ces enfants sous la discipline d’une même école, messieurs, c’est le déchirement intégral de la nation. (…) J’ai peur que nos écrivains ne soient pas justes, lorsqu’ils condamnent toute une époque par le seul trait des famines qui l’ont désolée, oubliant que ce n’est pas la seule faute de l’organisation politique et sociale d’alors, mais d’une insuffisance des moyens de production. (…) Il faut se demander dès l’origine de notre histoire française et avant Clovis, avant le christianisme, dans cette gaule qui avait déjà, même avant les romains, une physionomie saisissable, il faut se demander d’époque en époque, de génération en génération, de quels moyens de vie, d’action, de culture disposaient les hommes (…) et rendre justice à chacun sous leur fardeau. Et pour moi, le Charlemagne qui, au huitième siècle, quand tout croule, sait, un moment, organiser et maintenir pour ainsi dire à la surface de l’eau un monde qui allait sombrer, celui-là m’apparaît avec une admirable hauteur (…) C’est ainsi que les enfants apprendront à connaître la France, la vraie France, la France qui n’est pas résumée dans une époque ou dans un jour, mais la France qui tout entière dans la succession de ses jours, de ses nuits, de ses aurores, de ses crépuscules, de ses montées, de ses chutes et qui, à travers toutes ces ombres mêlées, toutes ces lumières incomplètes, et toutes ces vicissitudes, s’en va vers une pleine clarté qu’elle n’a pas encore atteinte, mais dont le pressentiment est dans sa pensée. »

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