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Qui était Jean Jaurès ? Etait-il marxiste ou non, réformiste ou non, idéaliste ou matérialiste, dirigeant bourgeois de gauche ou dirigeant prolétarien, politicien ou non, nationaliste ou universaliste, pro-capitaliste ou pro-socialiste ou même communiste ?

9 décembre 2012, 17:26, par Robert

La tactique de Jaurès et le radicalisme (Rosa Luxemburg dans « La crise socialiste en France » - 1900) :

« Ce qui distingue la politique socialiste de la politique bourgeoise, c’est qu’en tant qu’adversaires de l’ordre existant, les socialistes sont obligés, par leurs principes, de se tenir sur le terrain de l’opposition au parlement bourgeois. La tâche primordiale de l’activité parlementaire des socialistes : éclairer la classe ouvrière, réside avant tout dans la critique systématique de la politique gouvernementale. Mais, loin de rendre impossibles des résultats pratiques, des réformes immédiates d’un caractère progressif, l’opposition de principes est, pour tout parti en minorité, en général, et particulièrement pour le Parti socialiste, l’unique moyen efficace d’arracher des résultats pratiques.

Etant dans l’impossibilité de donner à leur propre politique la sanction directe de la majorité parlementaire, les socialistes sont obligés d’arracher à la majorité bourgeoise des concessions dans une lutte incessante. Mais grâce à leur critique d’opposition ils y parviennent par trois moyens : en faisant aux partis bourgeois une concurrence dangereuse par leurs revendications les plus larges et en poussant ces partis en avant par la pression des masses électorales, ensuite en dénonçant le gouvernement devant le pays et en l’influençant par l’opinion publique, enfin en groupant autour d’eux, de plus en plus, par leur critique à la Chambre et au dehors, les masses populaires jusqu’à devenir ainsi une puissance telle que le gouvernement et la bourgeoisie aient à compter sur elle.

Avec l’entrée de Millerand au ministère les socialistes français groupés autour de Jaurès se sont privés de ces trois moyens.

Et d’abord, la critique sans réserve de la politique gouvernementale leur est devenue impossible. S’ils voulaient flageller sa faiblesse, ses demi-mesures, sa lâcheté, leurs coups leur retomberaient sur le dos. Car si l’action républicaine du gouvernement est un fiasco, la question se pose aussitôt de savoir quel rôle un socialiste joue dans ce gouvernement ? (…) De plus, les partisans de Millerand, même lorsqu’ils critiquent le gouvernement, ont enlevé à leur critique toute signification pratique. Leur attitude à l’égard du projet d’amnisitie a montré qu’aucun sacrifice ne leur semblait trop grand pour maintenir le gouvernement au pouvoir. »

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