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L’indignation morale ne s’attaque pas aux fondements de la tromperie sociale

10 avril 2013, 17:20

Le Parisien/Aujourd’hui en France revient sur l’affaire Cahuzac, non sur le plan de ses comptes en Suisse, mais sur les relations de l’ex-ministre du Budget avec l’industrie pharmaceutique. "Un jeu trouble", titre le quotidien dans son édition du mercredi 10 avril. Côté face, au grand jour, il y a le conseiller technique "médicaments" du gouvernement Rocard, mais côté pile, dans l’ombre, tout devient ambivalent, écrit le journal. Et d’évoquer les "très confidentiels contrats de consultant conclus auprès de l’industrie pharmaceutique" que Jérôme Cahuzac décroche à peine après avoir quitté le cabinet ministériel, raconte le journal. Or c’est cette activité -plus encore que la "clinique du cheveu" montée à la même époque avec sa femme, Patricia- qui servait à alimenter un compte bancaire hors de France, comme l’expliquait l’avocat du médecin, Me Jean Veil, au lendemain des "aveux" de son client. Une activité florissante puisque, "créé en 1993, Cahuzac Conseil affiche dès 1994-1995 un chiffre d’affaires de plus de 300.000 euros", indique Le Parisien qui révèlent trois nouvelles histoires sur les étroites relations de Jérôme Cahuzac avec les labos.

Comment Cahuzac a poussé un veinotonique

La première nous apprend comment "dans les années 1990, Cahuzac a discrètement poussé le veinotonique des laboratoires Boots, l’Esberiven". "Il le fera avec une efficacité redoutable", souligne le journal puisque "le prix fixé pour l’Esberiven est suffisamment élevé pour que le nouveau produit [anti-jambes lourdes, ndlr] soit très vite rentable". Notons que la France est quasiment la seule à rembourser encore ce médicament, alors que dès 1994, la commission de la transparence prévient que ce produit ne présente pas "d’amélioration du service médical rendu".

"Quand l’inventeur du Prozac faisait la promo du député"

Deuxième exemple : "début 2000, alors député et rapporteur du budget de la Sécu, Jérôme Cahuzac a bénéficié d’une incroyable opération de promotion dans la ville qu’il s’apprêtait à prendre l’année suivante, Villeneuve-sur-Lot", note Le Parisien, selon qui le mécène de ce grand raout n’était autre que l’américain Lilly, huitième laboratoire mondial à l’époque et inventeur, notamment, de l’antidépresseur Prozac. L’intérêt du labo dans l’histoire ? "Améliorer son image", surtout alors qu’il comptait demander, en 2002, que le Zyprexa puisse être prescrit à un plus grand nombre de patients. Cette demande lui sera accordée".

Matignon avait été alerté dès 1989.

Enfin, l’avocat de Daniel Vial, lobbyiste dans le domaine de la santé et incontournable dirigeant de la société PR International dans les années 1990 à 2000, déclare au quotidien comment la compétence de Cahuzac "était précieuse", notamment car il devait "expliquer dans des notes remises aux clients qui il fallait rencontrer dans l’appareil d’Etat. Le ministère d’Etat est d’une telle complexité que son expertise était d’une absolue nécessité".

Et tandis que le PS et l’exécutif semblent découvrir la face sombre de Jérôme Cahuzac -exclu du Parti-, le journal assure que l’alerte avait été donnée à Matignon dès 1989, chez Michel Rocard.

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