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Syndicats contre luttes de classes révolutionnaires - Plus grands les combats de la classe ouvrière, plus ils montrent les limites des politiques syndicales, les directions syndicales passant carrément dans le camp adverse en période de révolution.

13 février 2014, 17:06

Nous avons toujours entendu dire, jusqu’ici, que les ouvriers organisés représentent la partie consciente du prolétariat. D’aucuns même vont jusqu’à affirmer qu’un ouvrier organisé est un révolutionnaire. Tout cela n’est pas bien sûr et mérite d’être examiné et discuté. Je ne pense pas, en effet, qu’un ouvrier est révolutionnaire parce qu’il est syndiqué. En général, l’ouvrier adhère à un syndicat, non point parce qu’il est révolutionnaire, mais tout simplement parce qu’il espère ainsi défendre mieux son bifteck. Nous entendons dire également que les syndicats sont un moyen de lutte, une arme entre les mains du prolétariat, contre le capitalisme, pour son abolition ; et que si l’on pouvait s’entendre pour réaliser l’unité syndicale, les plus grands espoirs seraient permis.

Eh bien, non ! pour un marxiste révolutionnaire conséquent, les syndicats n’ont jamais été que des organes de revendications économiques qui ont eu leur raison d’être dans la période d’essor du capitalisme, mais qui ne l’ont plus à présent dans la période de déclin, de crise permanente de ce dernier. Aujourd’hui, les syndicats, non seulement ne sont pas ce qu’ils n’ont jamais été, c’est-à-dire des organes de lutte contre le système capitaliste, pour son abolition, mais ils ne sont même plus des organes de revendications économiques. Tout au contraire, ils sont devenus (et même, on pourrait dire qu’ils l’ont toujours été, comme on le verra plus loin), dans la période présente des organes de compromis qui permettent au capital, chaque fois que ses bénéfices sont en danger, de se tirer d’affaires en faisant accepter aux ouvriers, par l’intermédiaire de leurs chefs, une diminution de salaires ayant pour but de sauvegarder plus ou moins intégralement ces bénéfices. Ainsi, nous pouvons même dire que le syndicalisme n’est pas seulement un moyen de compromis, mais aussi et surtout un moyen de conservation et de stabilisation du régime qu’il prétend combattre et abolir.

Karl Marx écrivait déjà :

« Les syndicats agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du Capital, ils s’avèrent en partie inefficaces par suite de l’emploi peu judicieux qu’ils font de leur puissance. Ils manquent généralement leur but (but qui est, comme on vient de le voir, de s’opposer par la grève à toute aggravation de la misère ouvrière) parce qu’ils se bornent à une guerre d’escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et de se servir de leur force organisée comme d’un levier pour l’émancipation définitive de la classe travailleuse, c’est-à-dire pour l’abolition définitive de la classe travailleuse, c’est-à-dire pour l’abolition définitive du salariat ».

Et ce que Marx avait prédit s’est réalisé : « … l’existence de la bourgeoisie est, désormais, incompatible avec celle de la société »… « … la bourgeoisie est incapable de remplir son rôle de classe dirigeante et d’imposer à la société, comme loi suprême, les conditions d’existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu’elle ne peut plus assurer à son esclave (le prolétariat) même une existence compatible avec son esclavage, parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination ». (Voir le Manifeste Communiste).

Aujourd’hui, la classe ouvrière doit lutter directement pour l’abolition du capitalisme, et les syndicats sont absolument incapables de mener cette lutte. Toutes les grèves, englobant même la totalité des ouvriers d’une industrie donnée sont, désormais, vouées d’avance à un échec certain. Les ouvriers seront toujours forcés d’accepter, d’une manière ou d’une autre, les diminutions de salaire que la nécessité commande au capital de leur imposer quand il se trouve pris dans ce dilemme : fermer les portes des usines pour ne pas travailler à perte, ou bien diminuer les salaires pour pouvoir continuer la production. Nous n’insisterons pas là-dessus : toutes les grandes grèves de ces dernières années, sans parler de celles toutes récentes, sont là pour nous éclairer.

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