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Vive la lutte des enfants prolétaires du monde contre l’exploitation !

3 avril 2015, 05:40

Sans la moindre gêne, le PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, bavarde sur un sujet que l’on pensait désormais impossible à remettre en cause : l’interdiction du travail des enfants. Mais manifestement, pour le patronat décomplexé, aucun sujet n’est tabou. « Je me suis penché sur l’évolution du travail des enfants. On a d’abord interdit aux enfants de moins de huit ans de travailler, puis l’interdiction a été portée à douze ans, puis à seize. (…) Qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? Est ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr », disserte-t-il. C’est vrai, rien n’est sûr. Dans la grande compétition mondiale, il faut savoir tout relativiser. Dommage qu’il n’y ait plus de mines en France, on pourrait remettre les petits de cinq ans à pousser les chariots. Même une partie de son auditoire a paru en être gênée. (...)

Se sentant porté par son sujet, le PDG d’Air France ne peut s’empêcher alors de raconter une anecdote, qui manifestement lui tient à cœur : « Comme le disait mon homologue de Qatar Airways hier à propos de la grève, “M. de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison” », raconte-t-il d’une mine gourmande, sous les applaudissements de la salle. C’est dire combien la France est défavorisée ! Et le Qatar est un si bel exemple ! Les salariés émigrés, traités comme des esclaves, y meurent par tombereaux sur les chantiers. N’est-ce pas un modèle pour les Français, à moins qu’on ne préfère les camps de travail chinois ?

Quand un patron, qui lui bénéficie d’acquis et de protections intangibles pour avoir réussi dans sa jeunesse un examen à Polytechnique et à l’ENA, en arrive à défendre de telles vues, il ne faut pas s’étonner que la confiance avec les syndicats ne puisse plus exister. Même s’ils sont tous convaincus de la nécessité d’évoluer, ils ne peuvent poursuivre avec une direction qui affiche mépris, arrogance, ignorance comme mode de gouvernance sociale. Ce dont on s’étonne, en revanche, c’est que le gouvernement tolère de tels propos d’un dirigeant d’une entreprise où l’État détient encore 15,9 % du capital.

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