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Plus la gauche gouvernementale donne du crédit aux forces policières et militaires, plus elles veulent de pouvoir

23 novembre 2016, 12:31

Plus le pouvoir fait appel à la police, plus elle ne se sent plus pisser, ni voler, ni frapper, ni tirer, ni tuer...

Un policier de 26 ans a été condamné, jeudi 23 novembre, à huit mois de prison avec sursis pour avoir asséné un violent coup de poing à un élève du lycée Bergson à Paris le 24 mars, en pleine mobilisation contre la loi travail. Le tribunal correctionnel de Paris n’a pas inscrit cette condamnation à son casier judiciaire. Une vidéo de la scène, largement diffusée sur des réseaux sociaux et dans les médias, avait suscité l’émoi. On y voit le lycéen à terre, entouré de policiers qui le somment de se lever, avant de lui prendre les bras pour le remettre debout. C’est alors qu’un policier casqué lui porte un violent coup de poing au visage, qui fait basculer et tomber l’adolescent. La victime a eu le nez cassé, et s’est vu prescrire une incapacité totale de travail (ITT) de six jours. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, s’était dit « choqué » par la scène.

Dans la soirée du 8 juillet 2009, des policiers interviennent dans ce quartier de Montreuil (Seine-Saint-Denis), pour dégager des manifestants qui empêchent l’évacuation d’un squat. Les policiers font usage de leur flash-ball à six reprises, blessant six manifestants. Parmi eux, Joachim, 34 ans et militant d’extrême gauche. Il est touché en plein visage et perd l’usage d’un oeil. Les policiers ont toujours affirmé que les tirs étaient justifiés. Au-delà des responsabilités des trois policiers dans ce procès, une question sera soulevée : celle de l’utilisation du flash-ball au sein de la police. En 20 ans, 42 personnes ont été grièvement blessées et 23 d’entre elles ont perdu l’usage d’un œil.

Seize avocats ont porté plainte contre la police pour les violences subies lors des manifestations contre la loi Taubira à Toulouse en octobre 2015...

En annonçant une « réflexion » (sic) sur les « conditions d’utilisation de la légitime défense » ainsi qu’un durcissement de la répression de « l’outrage à policier », le ministre de la police et de la justice signe la capitulation du pouvoir politique devant un mouvement, de nature factieuse, mené par une police gangrenée par l’extrême-droite. Les médias peuvent bien faire leurs gros titres et s’apitoyer sur la « colère », le « ras-le-bol » des commissariats, il faut appeler un chat un chat : avec des policiers masqués, cagoulés, armés, usant de l’intimidation, menaçant directement l’Assemblée nationale et les tribunaux, avec des revendications ciblant prioritairement l’exercice de la justice et l’exercice des droits de l’homme, c’est bien devant un processus quasi mafieux qu’a une fois de plus plié le gouvernement. Il faut dire qu’avec le trio Valls - Cazeneuve – Urvoas, il n’a pas eu à forcer sa nature. Les pleins pouvoirs à la police, en toute impunité : voilà de quoi faire taire les zadistes présents et à venir.

Dans ce contexte délétère, il est intéressant de relire l’ « enquête sur l’usage de la force par les représentants de la loi en France », réalisée par l’ACAT (l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) et publiée en mars dernier, c’est-à-dire avant le grand défoulement policier qui réprimera, au printemps, le mouvement social autour de la loi travail. Les chiffres, jamais évoqués par la grande presse, sont éloquents, avec, de 2004 à 2014, près d’un décès par mois lors des opérations de police ou de gendarmerie. L’ACAT qui s’est intéressée plus particulièrement à 89 cas d’usage de force survenus entre 2005 et 2015 dénombre relève « 26 décès, 29 blessures irréversibles (infirmités permanentes) et 22 blessures graves. » Mais le rapport précise également : « ces chiffres ne comptabilisent cependant pas un nombre important de violences dites « de l’ombre », telles les utilisations abusives de menottes, les mesures portant atteinte à la dignité, et les injures ou les tutoiements, dont l’ACAT a également reçu témoignage. Ils ne mentionnent pas non plus les cas de décès lors de courses-poursuites avec des forces de l’ordre qui ont été portés à sa connaissance.

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