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Moi, président !

2 décembre 2016, 11:03

Le Parti démocrate et les médias font tout leur possible pour banaliser le transfert du pouvoir politique à Donald Trump, même si ses choix de conseillers initiaux confirment le caractère extrême et historiquement sans précédent du gouvernement qu’il dirigera.

Pour le procureur général, Trump a fait appel au sénateur de l’Alabama Jeff Sessions, longtemps connu pour son opposition aux droits civils et son soutien aux formes les plus invasives d’espionnage de la part du gouvernement, au-delà même de celles soutenues par les agences de renseignement. Il a appelé à une expansion de la militarisation de la police et a dénoncé férocement les immigrés, déclarant que « presque aucune personne de la République dominicaine » ne vient aux États-Unis avec « une compétence prouvable qui nous serait bénéfique ».

Pour le poste de directeur de la CIA, Trump propose le représentant (député) Mike Pompeo, un autre défenseur des programmes d’espionnage anticonstitutionnels, qui a dit plus tôt cette année que le lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden devrait être poursuivi, jugé coupable et exécuté.

En tant que conseiller à la sécurité nationale, Trump a choisi le général à la retraite Michael Flynn, un fanatique anti-Islam qui soutient la suppression des restrictions de la torture pourtant assez symboliques, disant qu’il « laisserait autant d’options possibles sur la table jusqu’au dernier moment possible ».

D’autres choix suivront un modèle similaire. Le principal candidat au poste de secrétaire (ministre) de la Défense est le général de marine à la retraite, James Mattis, qui mena l’assaut brutal contre Falloujah en Irak en 2004 et, de triste mémoire, une année plus tard, que « c’est amusant de tirer sur des gens ».

Plus important, pourtant, il y a le rôle central du nouveau « stratège en chef » de Trump, Stephen Bannon, l’ancien chef de Breitbart News, qui a été salué par les organisations nationalistes blanches qui entourent l’alt-right [autre droite] (qui ont aussi applaudi la sélection par Trump du sénateur Jeff Sessions comme procureur général).

Bannon jouera un rôle central dans l’élaboration du programme politique global de la nouvelle administration. Dans un entretien publié vendredi par Hollywood Reporter, Bannon décrit une politique de nationalisme économique et politique, avec des connotations fascistes.

« Je ne suis pas un nationaliste blanc », déclare Bannon, « je suis nationaliste. Je suis un nationaliste économique ». Il dénonce les « globalistes »- un terme populaire dans l’alt-right pour se référer à quiconque ne soutient pas les restrictions sur le commerce et le mouvement des peuples - pour avoir « abandonné la classe ouvrière américaine et créé une classe moyenne en Asie ».

L’objectif de Bannon, dit-il, est de « construire un mouvement politique entièrement nouveau » s’appuyant sur cette politique économique nationaliste combinée à des dépenses d’infrastructure alimentées par la dette. Il déclare : « Avec les taux d’intérêt négatifs à travers le monde, c’est la plus grande occasion de reconstruire tout [...] Nous allons juste tenter des choses et voir si ça colle. Ce sera aussi excitant que les années 1930, plus grand que la révolution de Reagan, les conservateurs, et les populistes, dans un mouvement nationaliste économique ».

C’est un type de langage qui n’a jamais été entendu au sommet de la puissance américaine. Alors que Trump, Bannon et d’autres cherchent à diffuser leur programme dans un langage populiste, exploitant l’hostilité généralisée envers le Parti démocrate et la politique fondée sur l’identité des sections privilégiées de la classe moyenne supérieure, le programme du nationalisme économique est un programme de guerre de classe brutale.

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