Accueil > ... > Forum 29645

Les meilleurs écrits athées - Deuxième partie - Diderot, La Mettrie

13 décembre 2017, 06:40

Diderot dans l’Encyclopédie :

« M. Leibnitz a sur l’origine des ames un sentiment qui lui est particulier. Le voici : il croit que les ames ne sauroient commencer que par la création, ni finir que par l’annihilation ; & comme la formation des corps organiques animés ne lui paroit explicable dans l’ordre, que lorsqu’on suppose une préformation déjà organique ; il en infere que ce que nous appellons génération d’un animal, n’est qu’une transformation & augmentation : ainsi puisque le même corps étoit déjà organisé, il est à croire, ajoûte-t-il, qu’il étoit déjà animé, & qu’il avoit la même ame. Après avoir établi un si bel ordre, & des regles si générales à l’égard des animaux ; il ne lui paroît pas raisonnable que l’homme en soit exclu entierement, & que tout se fasse en lui par miracle par rapport à son ame. Il est donc persuadé que les ames qui seront un jour ames humaines, comme celles des autres especes, ont été dans les semences, & dans les ancêtres jusqu’à Adam, & ont existé par conséquent depuis le commencement des choses, toûjours dans une maniere de corps organisés ; doctrine qu’il confirme par les observations microscopiques de M. Leuwenhoek, & d’autres bons observateurs. Il ne faut pas cependant s’imaginer qu’il croye qu’elles aient toûjours existé comme raisonnables ; ce n’est point là son sentiment : il veut seulement qu’elles n’aient alors existé qu’en ames sensitives ou animales, doüées de perception & de sentiment, mais destituées de raison ; & qu’elles soient demeurées dans cet état jusqu’au tems de la génération de l’homme à qui elles devoient appartenir. Elles ne reçoivent donc, dans ce système, la raison que lors de la génération de l’homme ; soit qu’il y ait un moyen naturel d’élever une ame sensitive au degré d’ame raisonnable, ce qu’il est difficile de concevoir ; soit que Dieu ait donné la raison à cette ame par une opération particuliere, ou si vous voulez, par une espece de transcréation ; ce qui est d’autant plus aisé à admettre, que la révélation enseigne beaucoup d’autres opérations immédiates de Dieu sur nos ames. Cette explication paroît à M. de Leibnitz lever les embarras qui se présentent ici en Philosophie ou en Théologie : il est bien plus convenable à la Justice divine de donner à l’ame déjà corrompue physiquement ou animalement par le péché d’Adam ; une nouvelle perfection qui est la raison, que de mettre une ame raisonnable, par création ou autrement, dans un corps où elle doive être corrompue moralement. »

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.